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#263 | 16 novembre
 
 
 
Le vent souffle où il veut
 

Jeanne Casilas



« L’art est comme l’incendie, il naît de ce qui brûle. »
J-L Godard

Nous avons tellement attendu la fin de ce monde, nous ne l’imaginions juste pas comme ça. Quand la fin approche, quand les masques tombent, quand le vacarme du non-sens recouvre la planète émergent aussi les voix de ceux qui, à ce moment précis, dans la cassure, parviennent à dire la vie.

 
 
 
 
 
Un pays sans visage
 

Giorgio Agamben



Présenté comme mesure visant à limiter la contamination, le port du masque généralisé a été imposé sans qu’un réel débat fournisse les preuves scientifiques de son efficacité et de son innocuité. Comme une idée fixe qui aspire la politique, la présence du virus se manifeste par la disparition du visage. On peut émettre un doute légitime sur le bien-fondé de cette nouvelle règle de vie, à l’effet spectaculaire. Plus encore, ne convient-il pas de questionner la métamorphose achevée que la vie masquée inflige à notre société ? Dans le geste prétendument sanitaire, Giorgio Agamben déchiffre une défiguration qui semble abolir la cité des hommes. À la séparation réalisée par l’exigence de « distanciation sociale » s’ajoute l’effacement des traits émouvants où se dessine la reconnaissance : le masque est signe d’une amputation politique de l’humain réduit à la transmission mécanique de messages. Qui ne voit à présent le délitement forcé du lien sensible, toujours inédit et incontrôlable, affinité qui vient se peindre sur le visage, lieu de l’ouverture sans quoi le monde devient monstre ?

 
 
 
 
 
On a aboli l’amour
 

Giorgio Agamben



À la source du poème, un acte de résistance contre la destruction insidieuse du langage : saper le pouvoir en son cœur, par inversion du geste mortifère. Ciseler une parole belle et vraie qui garde la mémoire des hommes.

 
 
 
 
 
Sur l’élection et la crise américaine
 

« Une des mesures d’urgence des nouveaux gestionnaires de l’Etat sera de tenter d’intégrer [la] contestation dans leur agenda politique »



Le feuilleton de l’élection américaine a animé les commentateurs depuis bientôt deux semaines. Ce que l’on peut a minima constater c’est que les « incidents » voire la « guerre civile » que d’aucuns annonçaient ne s’est pas produite. Et que la « transition » devrait bien avoir lieu. Dans un texte que nous publions cette semaine (traduction d’un article paru dans The Brooklyn Rail) Paul Mattick Jr tente de tirer quelques enseignements de la victoire de Joe Biden, et livre au passage une autopsie de la nature du pouvoir trumpiste. Charles Reeve, auteur portugais marxiste réfugié en France, revient ici sur la pertinence des analyses de Paul Mattick Jr. Nous conseillons de lire ce premier texte comme une introduction au second.

 
 
 
 
 
Happy Days
 

Paul Mattick Jr



La tradition de toutes les générations défuntes pèse comme un cauchemar sur le cerveau des vivants.
Marx

Au cours des quatre dernières années, il m’est arrivé d’expliquer que la présidence de Donald Trump ne représentait pas, comme beaucoup le redoutaient, l’arrivée du fascisme aux États-Unis. [[Nous conseillons, avant de s’enfoncer dans cet article qui revient sur la récente élection américaine, de lire cette introduction de Charles Reeve]

 
 
 
 
 
Du luxe contre la nécessité - Philippe Tancelin
 

A considérer comme un luxe la nourriture spirituelle, les autorités, se croyant compétentes et en santé, risquent fort l’anorexie nerveuse.



On ne saurait en appeler sans cesse à l’unité de la nation contre les fléaux naturels, moraux, politiques et priver celle-ci de sa nourriture essentielle et de base que représentent non seulement la lecture, mais le corps de l’objet livre et ce qu’il cultive de nos sens, ce qu’il nous fait éprouver, ressentir depuis nos perceptions visuelles, sonores, tactiles, olfactives. Dresser des « barrières sanitaires » entre le livre, {{}}le, la libraire, (ses passeurs essentiels) et les lecteurs.ces à travers la fermeture des librairies de proximité, n’est pas loin du placement sous coma artificiel d’une part très importante de notre société.

 
 
 
 
 
Du libéralisme autoritaire - Carl Schmitt & Herman Heller
 

Notes de lecture



Grégoire Chamayou avait publié en 2018 à La Fabrique La Société ingouvernable, un livre important qui s’annonçait lui-même comme « Une généalogie du libéralisme autoritaire ».

 
 
 
 
 
La vie brûle de Jean-Claude Leroy [Bonnes feuilles]
 

Egypte et révolution



Ce lundi 16 novembre, dix ans après la révolution égyptienne qui a mis fin au règne de Moubarak, les éditions Lunatique publient La vie brûle. L’ouvrage est un roman, issu du séjour que fit Jean-Claude Leroy [1] en Égypte durant la séquence révolutionnaire de l’hiver 2011.

On y suit un vrai faux touriste pris dans la révolte d’un peuple, dont il dresse le tableau multivoque, croisant les propos entendus dans les manifestations ou dans les cafés, la couverture médiatique des événements, par les médias du pouvoir obligés de changer de ton à mesure que le rapport de force s’inverse, et les échanges avec des amis français se passionnant pour la situation égyptienne.

 
 
 
 
 
Visite guidée de la maison d’arrêt de Lyon-Corbas : L’horloge
 

Kamel Daoudi



Daoudi-plus-vieil-assigne-a-residence-de-France-incarcere-pour-un-retard], Kamel Daoudi, assigné à résidence depuis plus de 12 ans, a écopé d’une peine de 12 mois de prison ferme à la suite d’un retard de 30 minutes sur son couvre-feu quotidien. Plutôt que de s’indigner du traitement judiciaire et extrajudiciaire ahurissant que M. Daoudi et sa famille subissent depuis bientôt 20 ans, il nous apparaît plus opportun de laisser place au témoignage et à l’enquête. Après nous avoir fait visiter sa cellule, puis la promenade du quartier d’isolement de la maison d’arrêt de Lyon-Corbas, il évoque cette semaine le temps qui malgré tout, passe.

 
 
 
 
 
 
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