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#250 | Juillet
 

Chères lectrices, chers lecteurs, nous ressortons tout juste la tête des cartons et reprenons doucement mais sûrement nos activités. Les publications s’étaleront tout au long de l’été sans nécessairement respecter la cadence hebdomadaire et l’échéance du lundi matin. En voici la première salve. Bon été et bonne lecture.

 
 
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Chères lectrices, chers lecteurs,
Vous êtes toujours plus nombreux à lire lundimatin chaque semaine et c’est une très bonne nouvelle

 
 
 
 
 
Le 9 décembre 2019 à Bordeaux la BRI interpellait 16 « gilets-jaunes-d’ultra-gauche-radicalisés »
 

Mise en examen, la photographe Maya Huesca raconte



On s’y sera finalement fait. Les policiers cagoulés, les portes défoncées, les insultes, les menottes et tout le petit manège judiciaire qui s’enclenche en même temps que les annonces tonitruantes dans la presse. La répression politique en France est devenue un fait divers. Médiatiquement en tous cas ; pour les personnes ciblées, c’est une autre histoire. Qui se souvient de l’information principale du 9 décembre dernier ? À Bordeaux, plusieurs dizaines de policiers de la BRI (Brigade de Recherche et d’Intervention) interpellent 16 gilets-jaunes-blackblocs-d’ultragauche-radicalisés qui se « préparaient ensemble à la guerilla » selon nos confrères du Parisien. On leur reproche des tags dans le quartier et on les arrête dans un « appartement conspiratif » où sera découvert rien de moins qu’un « atelier de confection d’engins explosifs ». « On n’avait jamais vu ça auparavant » confiait un haut responsable policier bordelais au même Parisien. Mediatiquement, cette affaire n’a jamais connue de suite. Que reprochait-on réellement aux 16 interpelés ? Qu’est-ce que l’enquête judiciaire est venue confirmer ou infirmer ? Dans quelle mesure cette « affaire » était-elle d’abord un objet de communication policier et préfectoral ? Qu’est-il arrivé aux interpellés ? Il semblerait que les dizaines de rédactions ayant repris ce « fait divers » pour le diffuser massivement ne se soient pas posés ces questions. La répression politique sait trouver des relais peu regardants.

Il s’avère qu’une contributrice de lundimatin, Maya Huesca, photographe et professeur dont nous avions notamment publié l’exposition Diemocratie fait partie de ces 16 interpellés et mis en examen. Nous publions aujourd’hui son récit depuis les premières loges de cette opération de la BRI contre les « gilets-jaunes d’ultragauche radicalisés », illustré par Slyz. Nos lectrices et lecteurs pourront dès lors apprécier le décalage entre la propagande que cette opération aura servie et le vécu des personnes instrumentalisées. Une cagnotte vient d’être lancée pour soutenir Maya.

 
 
 
 
 
Dignité - À propos du soulèvement George Floyd
 

Bilan et perspectives après deux mois de révolte aux États-Unis



Le voile de la peur s’est déchiré avec l’assaut du commissariat de Minneapolis. En même temps qu’il brûlait, c’est l’ancien monde et ses certitudes arrogantes qui partaient en fumée. Plus de la moitié des Américains considère que l’incendie du commissariat était justifié. Et alors que toutes les institutions perdaient leur légitimité – gouvernement, police, médias, économie – la loi se montrait pour ce qu’elle est : des hommes tristes drapés dans leur bannière « Blue Lives Matter » et qui pleurnichent dès la tombée de la nuit. Le libéralisme et ses traités de paix sont en lambeaux. Cette fois, c’est bien la fin d’une époque, l’effondrement d’un ordre intolérable. Il nous faut désormais apprendre à habiter nos propres ruines. [1]

 
 
 
 
 
La petite (mais libre) République des Mulini
 

La nouvelle vague No Tav et comment elle s’est formée. Un récit de Wu Ming 1*



Le soir du 5 juillet, en rentrant de la « battitura »[séance de tapage collectif contre une clôture] sur le portail de la zone rouge, une pensée : quelqu’un devrait écrire à propos de cette nouvelle génération No-Tav. Des gens de vingt ans et même des adolescents qui avaient appris à être ensemble et à s’organiser au festival du Grand Bonheur, qui s’étaient agurris dans les grandes mobilisations pour le climat de 2019, avaient participé durant le printemps 2020 aux flash mob planétaires consécutifs à l’assassinat de Georges Floyd, et au début de cet été, étaient acteur de la renaissance du mouvement de la Vallée de Susa. La énième renaissance, après quelques années difficiles.

 
 
 
 
 
Allez, Jean (Castex), En Avant vers le Monde d’Après 
 

(ou la Nouvelle Etape (du Quinquennat))



Quand j’étais jeune
dans le monde
d’avant avant
d’avant le monde d’avant
où on ne parlait pas
(encore)
du monde d’après
il y avait
un Castex
qui allait avec un Surer
(le manuel
des études littéraires
le « Castex et Surer »

 
 
 
 
 
Lettre à Michèle Rubirola, Maire de Marseille
 

« Tu sais, il ne suffit pas de revêtir une écharpe tricolore pour faire le V de la victoire. Non non non. »



 
 
 
 
 
Incitation au déboulonnage
 

« Il revient ainsi aux habitant·e·s d’un territoire de déterminer et d’inventer les usages de ses espaces »



Doit-on déboulonner les statues ? La question, posée depuis plusieurs années déjà par nombre d’artistes et de penseur·e·s de la décolonisation, connaît depuis peu une animation inédite en France. Il faut dire que ce crépuscule des idoles concrétisé le 22 mai dernier à Fort-de-France par plusieurs activistes ayant fait tomber deux statues de Victor Schœlcher a créé bien de l’agitation. L’acte n’est pourtant ni nouveau ni individuel puisque, dans la ville martiniquaise de Schœlcher elle-même, une statue de l’homme avait déjà été recouverte d’inscriptions puis restaurée par la municipalité au cours des dernières années.

 
 
 
 
 
Les idées d’Ailton Krenak pour retarder la fin du monde
 

« Comment les blancs vont-ils faire pour s’en sortir ? »



C’est en cultivant son potager qu’Ailton Krenak, le grand leader de la lutte des peuples de la Forêt au Brésil, a communiqué à l’Université de Brasilia, qui le sollicitait par téléphone, le titre de la conférence qui donne son titre au petit livre que les Editions Dehors viennent de publier avec une postface de son ami Eduardo Viveiros de Castro : Idées pour retarder la fin du monde [2]. Le chaman yanomami Davi Kopenawa, l’auteur avec Bruce Albert de cette œuvre « fantastique » qu’est La chute du ciel, à laquelle Ailton Krenak rend hommage dans son petit livre, est lui aussi souvent au potager. Il s’y rend pour y travailler la terre chaque fois que ça va mal. Et ça va mal.

 
 
 
 
 
La passion du communisme
 

Jacques Camatte, Giorgio Cesarano et la « communauté humaine »



À l’occasion de la parution de Apocalypse et Révolution de Giorgio Cesarano aux éditions La Tempête, nous avions publié le mois dernier deux articles (ici et ) présentant succinctement la pensée de cet italien qui, au début des années 70, avait perçu les nouvelles tendances du capitalisme (destruction de la planète, règne de la valeur et de la technologie, aporie du militantisme classique) en s’échinant à faire valoir un communisme non dogmatique. L’article qui suit, publié d’abord sur le très bon site anglophone de la revue Endnotes et traduit par des lecteurs assidus de lundimatin, propose une réflexion plus large à partir de l’oeuvre de J. Camatte et de G. Cesarano. Jacques Camatte (dont on peut consulter le site par ici a produit une réflexion sur le marxisme qui rejoint celle de son ami Cesarano sur plusieurs points : l’analyse situationniste, un marxisme hétérodoxe qui attaque la valorisation généralisée plus que l’exploitation mais aussi une réflexion à partir de la notion marxienne de « communauté humaine » (gemeiwesen). C’est ce dernier point, sans doute l’un des plus difficile à concevoir puisqu’il revient, au fond, à réfléchir en termes politiques à partir d’une réalité biologique (l’espèce humaine), qui est l’objet de cet article. En plus d’apporter de la clarté conceptuelle, ce dernier replace également les écrits de Camatte et Cesarano dans leur contexte historique et les tentatives politiques qui les ont accompagnés. Bonne lecture.

 
 
 
 
 
Années d’apprentissage d’un apprenti sorcier
 

À propos du film Dark Waters



On peut saisir dans Dark Waters, film sorti en décembre 2019 aux États-Unis et en février 2020 en France, le récit d’un immense et irrémédiable aveu. Du genre de ceux qu’on ne peut livrer autrement qu’en détruisant jusqu’à la moindre parcelle de son être.

 
 
 
 
 
« La révolution du Trou »
 

Jeanne Casilas



Les choses racontées dans ces lignes se situent vulgairement dans notre monde. Habitué qu’il est à visiter des projections futuristes au cinéma comme à s’immiscer dans des foyers de sdf dans les reportages télévisés, le lecteur ne sera pas dépaysé. A celle ou à celui qui chercherait une vérité dans un tunnel ou au-delà d’un tunnel je n’ai rien à offrir, n’ayant pu moi-même dépasser une époque qui n’était qu’une question.

 
 
 
 
 
Sous le survenir
 

Romain Candusso



Aller aux urnes pour voter est le signe le plus sûr que cette politique est morte. Service funèbre, rituel funéraire. Dehors la ville est quadrillée ; la vie colle mal à ses lignes droites.

 
 
 
 
 
À propos des enfants de Saturne
 

Leïla Chaix



Paul B. Preciado parle de la balle. J’aimerais m’attarder sur le trou. Sur le trou dont on n’a pas su qu’il était causé par une balle. Dont on n’a pas retiré la balle. Elle s’est dissoute. Elle a pourri…

 
 
 
 
 
Chile Desperto : un reportage sonore dans le Chili insurgé
 

Épisode 4 : Les Luttes Fraternisent



Chile Desperto est un reportage sonore, un récit mêlant les voix d’une trentaine de personnes rencontrées dans un Chili en pleine transformation. Le 18 octobre 2019 surgit « l’estallido », l’explosion, comme le nomment d’abord les Chiliennes et les Chiliens. Mais cette révolte s’est mue en quelques mois en un phénomène qui, pour beaucoup, ressemble déjà à une Révolution. Si le système néo-libéral mis en place sous le régime de Pinochet ne s’est pas encore effondré, le peuple chilien a bel et bien rompu avec sa normalité en se retrouvant durablement dans ses rues et sur ses places.
C’est précisément ce virage que ce documentaire tente d’explorer à travers six épisodes, dans une perspective à la fois chronologique et thématique.

 
 
 
 
 
 
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