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#243 | 18 mai
 
 
 
Sur la pandémie actuelle, d’après le point de vue d’Ivan Illich
 

David Cayley



De fidèles lecteurs de Lundimatin nous ont envoyé cette traduction depuis l’anglais d’un article de David Cayley publié d’abord sur Quodlibet aux côtés des interventions de Giorgio Agamben. David Cayley est écrivain et fait de la radio à Toronto (voir son site internet et ses podcasts par ici). Proche d’Ivan Illich, il a participé à la publication de certains de ses livres. Dans cet article passionnant, il part des thèses d’Illich pour analyser la pandémie de coronavirus, en particulier au Canada où il vit, l’évolution de la médecine occidentale et ses dérives ainsi que le devenir « statistique » des êtres humains.

 
 
 
 
 
À nos corps tempérés
 

[Fiction]



Pendant un an et demi, il fallait prendre sa température trois fois par jour.
matin, midi et soir
Mais depuis peu, notre température est enregistrée trois, cinq, huit ou douze fois, jour comme nuit.

 
 
 
 
 
Biosécurité et politique
 

Giorgio Agamben



Dans le récit largement partagé sous l’empire du Covid-19, le civisme le plus pur a été associé au respect des mesures sanitaires – confinement, distanciation sociale, gestes barrières –, rendant moralement suspect le questionnement sur le bien-fondé de tels choix qui, s’ils sont justifiés par le conseil d’experts, relèvent de la décision politique. En France comme en Italie, sous le couvert de chasser les fake news, le gouvernement et ses relais médiatiques laissent peu de champ à la parole contraire, vite calomniée, si ce n’est effacée. Que la politique compose avec le pouvoir de la fiction n’est pas une révélation ; la vigilance s’impose quand une action collective (fondée sur l’élaboration spectaculaire d’une vraisemblance) dirige en sens unique les chemins divers de nos vies. Considérant le déroulement de la crise épidémique, Giorgio Agamben énonce les enjeux d’un nouveau régime de gouvernement, qui confirmeraient l’analyse de Patrick Zylberman (en 2013) sur l’usage stratégique de la sécurité sanitaire, faisant adopter des réponses globales (qui entament la souveraineté démocratique), en créant une sorte de “terreur” inédite. La biosécurité trace une voie dangereuse vers le règne de la transparence : une société de contrôle où, la connexion virtuelle se substituant au lien sensible, l’existence s’éloignerait d’un destin proprement humain.

 
 
 
 
 
Ensemble mais séparément - Gil Bartholeyns
 

« Les hommes sont malades à cause des animaux, mais les animaux sont aussi malades des hommes. »



Gil Bartholeyns est historien à l’université de Lille, corédacteur en chef de la revue Techniques & Culture, auteur du roman Deux kilos deux (JC Lattès, 2019). Dans ce texte il rappelle le rôle des élevages dans le développement de maladies se transmettant des animaux à l’homme, mais aussi de bacteries pathogènes (résistantes aux antibiotiques). En ajoutant que dans ces conditions les hommes transmettent aussi des infections aux bêtes, il en appelle à « arrêter de manger des animaux » sauf à vouloir « courir le risque de mourir, et de faire mourir les autres ».

 
 
 
 
 
Une brève histoire de l’homosexualité à Cuba, de la Révolution à nos jours
 

Reportage [2/3]



Si la révolution cubaine de 1959 a immédiatement apporté un grand nombre d’avancées sociales sur les plans de l’éducation, du logement ou encore de la santé et si l’arrivée au pouvoir des barbudos et Fidel Castro s’est accompagnée de mesures très progressistes à destination des femmes, des noirs et des plus défavorisés, il n’en fut pas de même pour toute une frange de la population, en l’occurrence, les homosexuels. [1]

 
 
 
 
 
Déconfire la pédagogie
 

« Faire cours avec un bâillon m’indique assez bien l’importance qu’on accorde à ce que je peux bien vouloir dire en classe. »



déconfire (v. trans)
1. (militaire) Mettre en déroute l’ennemi lors d’ une bataille
2. (figuré) Réduire à ne plus savoir que dire ni quelle contenance tenir.

 
 
 
 
 
Vivre sans ? - Trempette dans un verre d’eau
 

« Cher Frédéric Lordon... »



« Dans mon pays, les tendres promesses du printemps et les oiseaux mal habillés sont préférés aux buts lointains ».
René Char, Les Matinaux

Cher Frédéric Lordon,

J’écris ce texte pour répondre à la perplexité dans laquelle m’a mis la lecture de ton dernier livre.

 
 
 
 
 
EMPTY PLAZAS
 

Le confinement dans le Chili insurrectionnel : « qui contrôle le territoire et comment l’habitons-nous  ? »



Si en France le confinement est venu interrompre un mouvement des retraites qui commençait à battre de l’aile (et auquel le Covid va peut être finalement offrir la victoire), au Chili le Covid a surgi en plein soulèvement. La pandémie a été l’occasion pour le gouvernement chilien de décréter un nouvel état d’urgence, le second en 6 mois, après celui d’octobre visant à éteindre le mouvement de protestation. Or, si l’état d’urgence automnal n’avait pas mis un terme aux manifestations, celui de mars y est parvenu. Pourquoi ? Emilio, qui nous écrit de Santiago, essaye ici de décaler la question du droit (l’état d’urgence vs l’état de droit) au territoire (qui le contrôle, qui l’habite et quand est-il possible de trancher cette question ?)

 
 
 
 
 
Main d’œuvre
 

« S’organise l’équivalent d’un dressage de masse. »



En file indienne, elles semblent flotter au dessus des promeneurs. Contre les grilles, leur silhouette râpe le fer d’un mouvement linéaire et heurté : barreau-interstice-barreau. Elles filent comme ça en criant : « sans les mains ! ». Trois fluettes amazones, le côté gauche vissé et l’autre libre, récitent la géométrie du biais. Sous leurs pieds, le petit espace mural renvoie à l’agilité enfantine.

 
 
 
 
 
Macron II écologiste
 

Notre meilleur économiste, Jacques Fradin, prévoit le tournant (sans changement et à venir) écologiste de Macron.



Cet essai de politique fiction a été imaginé sur la base d’un retour en arrière au Grenelle de l’environnement (fin 2007). Ces rencontres politiques, sous la férule de Nicolas Sarkozy, ont mis en avant l’idée de « développement durable », c’est-à-dire d’économie verte ou de gestion économique de la biodiversité et des autres problèmes écologiques (dont le changement climatique). Cette initiative de Sarkozy doit être tenue pour importante dans la mesure où l’on peut affirmer qu’Emmanuel Macron se tient dans la lignée de Sarkozy ; Macron est l’héritier de Sarkozy et en est le plus important successeur.

 
 
 
 
 
Note de lecture : « Jamais » de Véronique Bergen
 

« Votre compte en banque lexico-sémantique atteint quel montant ? »



Cette semaine, Hugues, de la librairie Charybde nous présente un monologue combattant, celui d’une vieille dame en Ehpad qui remet en cause la manière qu’a sa fille d’habiter la langue : c’est Jamais, de Véronique Bergen. « Si pour elle, tôt déchirée entre la langue maternelle flamande / néerlandaise, endossée par le père bien vite abhorré, à rejeter, et la langue adoptive wallonne / française, dont la maîtrise devint très tôt un enjeu, à gagner, l’ennemi immémorial, en tout cas celui bien haut revendiqué, c’est sa fille, déjà passionnée enfant de mots et de phrases, férue de précision linguistique et de curiosité langagière (presque) sans bornes, devenue autrice, loin de l’héritage du grand-père propriétaire terrien et du sien propre d’assistante sociale, qu’elle ne révèlera que dans certains creux vitaux de son monologue. »

 
 
 
 
 
Décaméron-19
 

Le Decameron de Boccace, chaque matin, à 8H00.



Nous avons demandé à des acteurs d’enregistrer depuis chez eux les nouvelles du Décaméron de Boccace. Ils ont répondu. Une série de miniatures sonores, de petites histoires du XIVe siècle. À partir du mardi 24 mars 2020, tous les jours à 8h, lundimatin publiera une nouvelle, lue par des acteurs français, mais aussi allemands, autrichiens, italiens, et autres. Cent nouvelles, une par jour, au petit déj pour les abdos et les zigos. [2]

Sylvain Creuzevault

 
 
 
 
 
 
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