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#211 | 7 octobre
 
 
 
Lubrizol : la catastrophe n’a pas (encore) eu lieu
 

Renaud Bécot



Ce texte est écrit moins d’une semaine après l’incendie de l’usine Lubrizol de Rouen, survenue le jeudi 26 septembre 2019 [1]. Dans ce temps très court, alors que les controverses se poursuivent, plusieurs historiens ont déjà pris la parole pour rappeler que l’événement s’inscrit dans une histoire longue de la gestion des catastrophes industrielles et, plus encore, que « la régulation des risques et des pollutions ne protège donc pas assez les populations, parce qu’elle protège avant tout l’industrie et ses produits, dont l’utilité sociale et l’influence sur la santé sont insuffisamment questionnées [2] ». Tout en partageant bien des analyses produites ces dernières jours par des historien.ne.s des risques industriels, cette contribution propose un autre apport en se fondant sur des sources documentaires concernant le site industriel Lubrizol et la gestion de crise depuis le 26 septembre 2019. Ces sources sont inévitablement incomplètes et lacunaires.

 
 
 
 
 
L’amiante et la fange
 

« Il ne reste alors que les membres complaisants de la gouvernance et ses relais pour continuer à nier l’évidence. »



Alors que Lubrizol continue de fumer et que tout le monde commence à comprendre que nous ne saurons jamais rien de la toxicité réelle de ce qui s’est répandue sur des centaines de kilomètres. Alors qu’on se rassure d’une odeur qui commence à passer tout en sachant pertinemment que ce qui nous menace est désormais minuscule, inodore, invisible. Le Blog Ccession nous a transmis ce poème particulièrement actuel.

 
 
 
 
 
Lettre d’Antonin Bernanos depuis la prison de la Santé
 

« Toute lutte révolutionnaire ne peut être qu’anticarcérale »



Antonin Bernanos est en détention provisoire depuis plus de 6 mois. Nous avions notamment interviewé sa mère en juin pour évoquer les conditions exceptionnelles de son incarcération. Il est soupçonné d’avoir participé à une bagarre contre des militants fascistes dont Antoine Oziol de Pignol, membre de génération identitaire, qui a jugé audacieux de déposer plainte auprès de la police pour s’être fait voler une basket bleu blanc rouge et avoir pris quelques coups. Cependant, selon les aveux même de l’enquête de police, Antonin Bernanos n’apparait pas sur les enregistrements des caméras de vidéosurveillance qui ont filmé l’altercation, ce qui n’a pas empêché certains magistrats de juger utile son maintien en détention.
Dans cette lettre ouverte depuis la prison de la Santé que nous publions aujourd’hui, Antonin Bernanos contextualise son incarcération dans une situation où police, appareil étatique et extrême-droite semblent collaborer chaque jour un peu plus.

 
 
 
 
 
Occupation du Centre Commercial Italie 2 à l’initiative d’Extinction Rebellion
 

« La violence : oui ou non ? »



Ce samedi 5 octobre 2019, le mouvement activiste et écologiste Extinction Rebellion (XR) organisait une "dernière occupation avant la fin du monde", action annoncée le mois dernier et qui devait servir d’apéritif à la "Rébellion d’octobre", qu’XR lance cette semaine au niveau "international". Cette date correspondait aussi au 47e samedi, selon le calendrier Gilets Jaunes, et certains membres d’XR, accompagnés de divers collectifs, jaunes et militants, avaient appelé à une "jonction entre luttes « écologistes » et luttes « sociales »". Et pensaient ainsi pouvoir transformer le lieu occupé en une « maison du peuple ».

 
 
 
 
 
« Je suis pêcheur, je suis du côté de la loi de la mer »
 

Retour sur un rassemblement à Marseille, sur terre et sur mer, en soutien aux migrants et aux opérations de sauvetage.



Dimanche 29 septembre un rassemblement en soutien aux actions de sauvetage en mer (par Sea Watch3, SOS méditerranée, Open Arms, la SNSM, les pécheurs et tous les autres) se déroulait à Marseille.

La manifestation, pour exprimer le soutien des marin.es aux migrant.es et à celles et ceux qui sauvent des vies en mer, avait lieu sur le parvis du Mucem, mais aussi sur l’eau. Ainsi 19 bateaux, 5 embarcations comme des kayaks et canoés accompagnés par deux radeaux ont caboté le long de la côte pour lancer un appel à la solidarité et affirmer que Marseille serait un port ouvert.

La vidéo qui suit revient sur ce rassemblement, et nous y joignons deux tracts qui y furent distribués.

 
 
 
 
 
« L’aire d’accueil des gens du voyage »
 

ou l’hospitalité SEVESO



La semaine dernière, nous révélions [l’effarant traitement des gens du voyage lors de l’accident industriel de Lubrizol à Rouen]. Un lecteur du voyage nous a interpelé sur le terme d’« aire d’accueil » que nous utilisions dans l’article pour évoquer les places désignés dans lesquelles on parque les gens du voyage. Dans ce texte, il étaye cette nuance qui n’en est effectivement pas une.

 
 
 
 
 
Hong Kong : trois mois d’insurrection
 

« L’avenir, comme horizon planifié et prévisible, un itinéraire de projections réalisables et auxquelles on peut se préparer, s’est effondré »



Il y a quelques semaines, nous publiions, en retard, une interview d’un groupe d’anarchistes hongkongais qui faisait le point sur la situation insurectionnelle après les premières journées du mouvement, en juin. Voici la suite de cette interview du même groupe parue d’abord en anglais sur Crimethinc et généreusement partagée dans sa version traduite par le site Agitation autonome. Après la semaine qui vient de s’écouler, il était déterminant de continuer à creuser le sens de la révolte hongkongaise. Néanmoins, cette interview a été réalisée durant le mois de septembre et analyse le mouvement avec un peu de recul au travers d’une proposition de chronologie puis d’un long décryptage. L’article permet par exemple de penser en quoi la Chine, loin d’être un avatar de l’ancien monde communiste, une ruine de la Guerre Froide, est au contraire une des formes prometteuses du libéralisme autoritaire qui semble avoir parmi les meilleurs outils au monde pour gérer les catastrophes à venir. Par conséquent, et le point de vue de cet article le montre bien, on ne peut réduire le mouvement à un simple appel au libéralisme tel que nous le critiquons par ailleurs. Reste qu’on ne saurait se contenter d’un éloge béat : contre une tendance facile à dépeindre deux blocs qui se font face, l’enjeu est plutôt de montrer les tensions, parfois très fortes, qui habitent le mouvement.

 
 
 
 
 
Dernière sommation
 

Les bonnes feuilles du nouveau livre de David Dufresne



David Dufresne vient de publier chez Grasset un livre nourri par son expérience du décompte des violences policières depuis le début du mouvement des gilets jaunes à partir de son compte @alloplacebeauvau. Puissance de la fiction : l’apparition sous le titre du mot « roman » nous ouvre aussitôt les ressources de la polysémie.

 
 
 
 
 
Se révolter - Marion Bernard
 

Penser Hong Kong depuis Sunzi



Suite à la publication la semaine dernière de notre entretien avec un Frontliner de Hong-Kong, le Comité de Grève de Poitiers nous a fait parvenir cette intervention de la Philosophe Marion Bernard lors d’un séminaire organisé en 2018.

"En lisant l’entretien du « frontliner », il m’a semblé comprendre que cette idée de sacrifice politique était présente au sein de la révolte hongkongaise. La correspondance se prolonge dans la mesure où Marion Bernard conclut sa phénoménologie de la révolte par l’idée du « Be water », en citant Sunzi.
J’ai donc pensé qu’il était opportun et qu’il serait intéressant de la publier pour appuyer ou du moins nourrir les discussions que cette cet entretien et cette stratégie peuvent susciter.
"

 
 
 
 
 
Le progrès ressenti - Alain Brossat
 

(au sens où l’on parle de froid ou chaud ressenti)



« Progress is not an illusion, it happens, but it is slow and invariably disappointing », écrit quelque part George Orwell – le progrès n’est pas une illusion, il existe bien, mais il est lent et invariablement décevant ».

Formule incisive, dans son ironie même, mais dont on pourrait encore intensifier la portée critique – en opérant des distinctions, par exemple, entre différentes formes de progrès et en se demandant en particulier si toute forme de progrès matériel (la modalité massive du progrès dans nos sociétés) trouve nécessairement son prolongement dans la sphère spirituelle ou morale.

 
 
 
 
 
Quelques considérations épistémologiques
 

à l’attention de ceux qui souhaitent se Rebeller contre l’Extinction



« Que « les choses continuent comme avant » : voilà la catastrophe. Elle ne réside pas dans ce qui va arriver, mais dans ce qui, dans chaque situation, est donné. »
Walter Benjamin

« C’est le négatif qu’il nous incombe encore de faire, le positif nous est déjà donné. »
_ Franz Kafka

En 1681, un auteur anglais nommé Thomas Burnet écrit Telluris Theoria Sacra et donne au mot catastrophe son sens moderne : un bouleversement fatal à une large échelle.

 
 
 
 
 
Bon courage !
 

Notes autour de Ne croyez surtout pas que je hurle de Franck Beauvais



Comment rendre compte ? Que les choses soient claires : je ne parlerais pas si ce n’était en désespoir de cause. Comment rendre compte de Ne croyez surtout pas que je hurle, écrit et réalisé par Franck Beauvais, monté par Thomas Marchand ? Un spectateur fait un film sur le spectacle... Et voici, comme de juste, qu’un autre spectateur cherche à formuler ce qu’il va voir. Ce qu’il a vu. Pour comprendre un peu mieux. Quoi ? Le spectacle ? Le monde ? La vie ? Que les choses soient donc bien claires : si ce n’était à désespérer de tout, je n’écrirais pas. Pas une ligne. Rien. Du reste, s’agit-il vraiment d’écriture ? Plutôt d’un film de films : Ne croyez surtout pas que je hurle. Film en abyme sur l’absence de monde et l’omniprésence du spectacle. Sur l’absence tout court. Mais film tout de même : un cri.

 
 
 
 
 
Considérations sur la victoire (et ses conséquences)
 

Depuis la zad de Notre-Dame-des-Landes



Il y a deux semaines, nous publiions « Prises de terre(s) », un long article d’analyse et de prospective qui tente de clarifier ce qui s’est joué sur la zad ces dernières années et comment cela pourrait se poursuivre dans les temps à venir. Comme en écho, nous publions cette semaine une analyse complémentaire qui interroge en particulier la notion de victoire dans le cadre du prochain numéro de la revue Liaisons : selon les auteurs, si l’abandon du projet en 2018 fut indéniablement une victoire, les difficultés commencent au moment de ne pas « perdre la victoire ». Bonne lecture.

 
 
 
 
 
Estivants de saison
 

À propos de Les estivants de Maxime Gorki, mis en scène par Marie Devroux



Les estivants sont les touristes de l’Histoire, ce sont eux qui mangent en terrasse le samedi devant un déploiement de chars de la gendarmerie nationale. Ceux qui n’agissent pas et qui réagissent quand la nourriture vient à manquer à monoprix. Les estivants est une pièce de théâtre écrite par Gorki en 1904.

 
 
 
 
 
Radio et transmission avec Barbara Balzerani
 

« Comme dit une chanson : on n’a plus fui, on a affronté »



Nous avions déjà interviewé Barbara Balzerani, écrivaine italienne et ancienne directrice stratégique des Brigades Rouges. Cette semaine nous publions cet entretien radio réalisé par nos amis de la Maison de la Grève de Rennes dans lequel il est encore une fois question d’héritage et de transmission.

 
 
 
 
 
300 000 ans pour en arriver là (2/3)
 

Une BD dans lundimatin ! #capitalocène #écologie #climat #findumonde



Grégory Jarry et Otto T., déjà auteurs d’une « Petite histoire des colonies françaises » en 5 tomes, viennent de publier « 300 000 ans pour en arriver là » aux éditions FLBLB. En voici la seconde partie, la première peut-être lue dans l’édition de la semaine dernière.

 
 
 
 
 
 
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