A propos du film italien Heureux Comme Lazzaro, par Gerardo Muñoz, enseignant à la Lehigh University, en Pennsylvanie et auteur de l’ouvrage à paraître For a posthegemonic politics (2020).
Lazzaro felice (Heureux Comme Lazzaro, 2018, réalisé par Alice Rohrwacher) a été projeté pour la première fois l’an dernier à New York. Voir ce film, sans pitié pour l’hégémonie de la dernière forme spatiale de notre civilisation, la métropole, projeté au coeur de la Grande Pomme, procurait un sentiment étrange. Le chef-d’œuvre de Rohrwacher a été hativement réduit à un simple dispositif esthétique, inspiré par la tradition cinématographique : une belle réinterprétation de Pasolini, Rossellini, De Sica et d’autres grands noms du cinéma italien. Ce n’est pas une lecture totalement erronée, mais elle est limitée, dans la mesure où sa potentialité se retrouve ainsi encadrée par cette institution à bout de souffle que nous appelons « université ». Dans les thèses qui suivent, nous proposons une lecture alternative. Une lecture qui n’est ni conceptuelle, ni fondée sur une « analyse filmique », disciplinaire. Nous proposons plutôt une constellation d’images permettant de lire Heureux Comme Lazzaro comme un document unique qui exprime ce que d’autres ont nommé « un communisme plus fort que la métropole ».
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