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#177 | 4 février
 
 
 
Cher Eric Drouet,
 

« S’il y a des émeutes qui ne conduisent ni à l’insurrection ni à la révolution, il n’y a pas de révolution ni d’insurrection qui ne commencent par une émeute. L’émeute est un début de débat. »



Cher Eric,

Nous ne te connaissons pas. Depuis le 17 novembre, nous sommes de toutes les manifestations parisiennes. Nous apprécions la finesse tactique dont tu as fait montre, ainsi que le courage qui est le tien de tenir tête face à une telle adversité. Aussi, nous t’adressons ces lignes en toute bienveillance. Si nous t’écrivons aujourd’hui, c’est que depuis quelques semaines, les choses prennent à Paris un tour qui nous semble dommageable au mouvement. Ce qui faisait sa force en novembre-décembre, c’était justement de rompre avec la tradition d’échec des manifestations syndicales, de surprendre, de n’être ni là ni comme on s’y attendait. Or peu à peu, nous avons l’impression que la pression policière, judiciaire et médiatique qui s’exerce sur toi et tes amis commence à faire son effet.

 
 
 
 
 
Dialectique de la brutalité et de la violence
 

« Si la violence est spontanée, libératrice, la brutalité est organisée, disciplinaire. Elle est l’organisation même de l’État. »



A partir de l’oeuvre de Jean Genet, cet article propose de substituer à l’opposition médiatique entre violents et non-violents ou casseurs et pacifistes, la distinction, plus subtile, entre la violence et la brutalité. Alors que la violence est naturelle et créatrice, indispensable au développement de toute vie, la brutalité fait un usage destructeur de la force dont elle dispose.
« Il y a d’une part la violence des Gilets Jaunes (émancipatrice) et de l’autre la brutalité (répressive) de la police. D’un côté des corps mutilés, de l’autre des vitrines brisées. D’un côté la brutalité, de l’autre la violence. »

 
 
 
 
 
Fous ta cagoule,
 

Vers une étho-politique de l’anonymat



Une première version de ce texte a été rédigée à l’occasion d’un colloque. Quelques artistes, esthéticiens et psychologues étaient invités à gloser sur une « politique du visage ». Notre intervention avait alors pour but de confronter, par jeu, pour l’expérience, ces auditeurs à deux perspectives qui leur étaient sans doute incompréhensibles : 1. le désir de ne pas vouloir de visage, 2. voir ce qu’on voit depuis l’intérieur du masque.

Initialement destiné à être publié dans le prochain numéro de la revue Parade qui paraîtra bientôt, l’imminence du vote d’une loi créant un délit de dissimulation du visage a précipité cette publication sur lundimatin.

 
 
 
 
 
« Travailler maintenant, jamais, jamais ; je suis en grève. »
 

Note de lecture sur Rimbaud révolution, de Frédéric Thomas



Frédéric Thomas récidive : il avait déjà publié Salut et Liberté. Regards croisés sur Saint-Just et Rimbaud chez Aden en 2009 et, comme ne le signale pas son éditeur d’aujourd’hui dans son « Du même auteur », Rimbaud et Marx. Une rencontre surréaliste, à L’Harmattan en 2007. Cette omission est-elle due à la mauvaise réputation de L’Harmattan, dont on sait qu’il donne beaucoup dans le compte d’auteur à peine déguisé ? Ou au fait que cet ouvrage abordait déjà le thème de celui qui paraît aujourd’hui à l’Échappée, soit la rencontre entre Rimbaud et Marx dans la politique surréaliste ? Je ne saurais le dire, d’autant moins que je n’ai pas cet ouvrage sous la main… Quoi qu’il en soit, Rimbaud révolution est un excellent essai dont je ne puis que recommander chaudement la lecture.

 
 
 
 
 
Franck Page : Étudiant, livreur à vélo, mort au travail
 

[Reportage vidéo]



Jeudi 17 janvier, Franck Page, livreur à vélo pour l’entreprise Uber Eats et étudiant en économie, meurt pendant une course dans la banlieue bordelaise. Le 27 janvier, le syndicat CGT des coursiers à vélo de la Gironde organisait une marche en hommage au jeune homme. Spread media s’est rendu sur place pour recueillir la parole de ceux qui n’hésitent pas à se présenter comme des forçats du bitume.

 
 
 
 
 
BRIGADES D’ACTION CINEMATOGRAPHIQUES : Appel d’offre
 

Expérimenter votre talent révolutionnaire en zbeulant le concours du Crous 2019 tout en participant à un immense film collectif et anonyme



[Nous recevons et relayons cet appel d’offre des Brigades d’Action Cinématographiques.]

Au comble de l’hypocrisie,
après l’écrasement du mouvement étudiant par la police au printemps 2018, la répression des occupations universitaires par des milices fascistes ou étatiques en partenariat avec des directions administratives, l’expulsion militaire de la ZAD de Notre-Dames-des-landes et aujourd’hui la guerre policière et médiatique contre les gilets jaunes, le centre régional des œuvres universitaires et scolaires propose un concours sur le thème « révolution » :
http://www.etudiant.gouv.fr/cid133546/presentation-des-concours-de-creation-etudiante.html

 
 
 
 
 
Résistance solidaire
 

Photo-reportage à l’Auberge des migrants par Yves Salaün



Les Nouveaux Justes

« Peu importe les raisons qui nous poussent à venir ici. Quand on vient ici, même si cela est purement égoïste, même si ton action ici est de neplier que des jean’s toute la journée, et bien, c’est bien ! C’est un acte de résistance. Tu fais parti d’une chaine ici. Nous sommes des résistants... des Justes...nous sommes les Justes d’aujourd’hui. »

C’est une phrase entendue de la bouche d’un bénévole travaillant à « l’Auberge » depuis presque 7 mois. C’est ce témoignage et cette réflexion marquante, attrapés entre deux cafés en fin de journée, que j’ai voulu mettre en avant suite aux quinze jours passés à photographier la Warehouse.

 
 
 
 
 
Le retour de la Horde d’Or
 

Des gilets jaunes sur la Canebière...



C’était samedi, sur la Canebière. Nous étions là, un peu perdus au milieu des cortèges multiples qui faisaient le pied de grue, avec leurs pancartes et leurs rituels bidons. Nous avons alors entendu des clameurs au loin et nous sommes descendus vers le Vieux Port. La place était envahie par les gilets jaunes. Devant la rue de la République et aussi sur le quai menant à la mairie, des rangées de flics et même des blindés. Nous nous sommes mêlés à la foule, nous ne connaissions personne mais je sentais là, pour la première fois dans ce pays, comme un appel d’air, quelque chose dont je n’avais pas l’habitude, une colère populaire qui venait certainement de fort loin. J’avais ressenti la même émotion quelques mois auparavant en Arménie, lorsque le peuple avait bloqué tout le pays pour obliger les gouvernants à partir. Cette même force s’exprimant de manière autonome, sans toute la merde politicienne.

 
 
 
 
 
La Maison du Peuple de Saint Nazaire ciblée par la répression
 

[Appel à soutien]



Depuis le début du mouvement des gilets jaunes, ceux de Saint-Nazaire ont ébloui de par leur Maison du Peuple, véritable exemple d’organisation et de solidarité, leur blocage du port autonome et leurs différents appels dont celui à occuper les lieux de pouvoir qui avait fait plus d’un millions de vues sur Facebook.

Dans le mouvement répressif sans précédent à l’encontre des gilets jaunes qu’il s’agisse des nombreuses mutilations provoquées par le maintien de l’ordre ou des arrestations massives, affaires judiciaires et peines de prison à la clés, Saint Nazaire n’est pas en reste.

Deux d’entre eux avaient été gravement blessé par tir de flashball lors de deux manifestaions différentes à Nantes, fracture de la rate pour l’un, fracture du crâne pour l’autre. Début janvier, cinq gilets jaunes se sont fait arrêtés au petit matin. On leur reproche l’attaque de la préfecture et la dégradation d’agence bancaire lors de l’acte VIII. Ces accusations de dégradations semblent être le prétexte pour cibler des personnes impliquées dans la Maison du Peuple. En témoignent la teneur des descriptions des accusés faites par la juge à l’audience de comparution immédiate, telle que « tête pensante de la Maison du Peuple » ainsi que cette interdiction de paraître dans la rue de la Maison du Peuple durant leur contrôle judiciaire.
Nous avions déjà consacré deux reportages vidéos aux gilets jaunes de Saint Nazaire, le premier sur la Maison du Peuple, le second sur l’acte VIII.
Ils ont désormais besoin de soutien, ils ont lancé une cagnotte pour les frais de justice et appellent à un rassemblement devant le tribunal à 14 H le 14 février.
Nous relayons ici leur appel.

 
 
 
 
 
La rébellion zapatiste - Jérome Baschet
 

[Fiche de lecture]



[Cette note de lecture est extraite du blog Bibliothèque Fahrenheit 451]

Pour déjouer la logique médiatique qui réduit les réalités sociales et les rend incompréhensibles en concentrant les projecteurs sur un fait individuel, « ruse du spectacle ambiant qui s’efforce de neutraliser ses ennemis en les façonnant à son image », Jérôme Baschet entreprend avec cet ouvrage moins de revenir sur l’histoire du mouvement zapatiste depuis 1994 que de cerner la contribution de celui-ci à la « reconstruction d’une réflexion et d’une pratique critiques, à la fois radicales et rénovées » : 1994 représente un « anti-1989 », une dénonciation du mensonge de « la fin de l’histoire auto-proclamée au profit du capitalisme triomphant », obligeant celle-ci à « reprendre sa marche ».

 
 
 
 
 
Les dérives d’une absence (d’analyse) - Jérémy Rubenstein
 

Fiche de lecture : Partisans et centurions. Une histoire de la guerre irrégulière au XXe siècle de Elie Tenenbaum



Au fil d’une odyssée subversive, pour reprendre le titre de sa thèse, soutenue en 2015 à Science Po, dont est issu le livre, Eli Tenebaum traite des circulations des techniques de guerre dite irrégulière entre trois puissances occidentales, la Grande Bretagne, la France et les Etats-Unis durant le « court XXe siècle » (c’est-à-dire 1917-1989, selon l’expression d’Eric Hobsbawm). L’ouvrage vient combler une véritable lacune, grâce à une approche enfin globale d’un sujet qui doit être abordé au-delà des cadres nationaux. Je ne m’attarderais pas ici sur les éloges qui pourraient être faites aux nombreux apports de l’auteur, grâce à son travail sur un important corpus de sources essentiellement militaires et une imposante bibliographie. Je me concentrerai bien plus sur l’absence de dimension critique de cet ouvrage dont le point de vue surplombant qui sied bien à l’universitaire finit par dissoudre son objet –les techniques de guerre dite irrégulière- dans des relations de coopération ou de concurrence entre puissances alliées.

 
 
 
 
 
Manifeste contre les armes de la police
 

44 blessées exigent l’interdiction immédiate des grenades GLI-F4, et des lanceurs de balles de défense



Depuis le début du mouvement des gilets jaunes, le journaliste David Dufresne a recensé 358 cas de violences policières, 1 décès, 160 blessures à la tête, 17 éborgné·es, 4 mains arrachées. Bilan partiel et provisoire.

Ce jeudi 31 janvier, 44 femmes et hommes blessés par les armes de la police, ainsi que des dizaines d’avocats et de collectifs, cosignent un manifeste contre les armes de la police. Publié sur le site Désarmons-les ! qui depuis de nombreuses années recense et documente l’usage de ces armes, cet appel commun exige que l’usage du flash ball, du lanceur de balles de défense et des grenades GLI-F4 soit immédiatement interdit.

Précisons que de nombreux blessés ont annoncé qu’ils prendraient la tête du cortège gilet jaune ce samedi à Paris afin de réclamer là encore, l’interdiction des grenades, flash ball, et autres LBD 40.

 
 
 
 
 
 
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