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#166 | 19 novembre
 

Chères lectrices, chers lecteurs,
Pardon pour ce second envoi de la semaine mais nous avons rajouter un article très important que vous pourrez lire ci-dessous.
Bonne journée,
lundimatin

 
 
En prison pour un livre et une interview à l’AFP ?
 

L’incroyable histoire de Nicolas Fensch



Peut-on se retrouver en prison pour avoir écrit un livre ou répondu à une interview pour la plus grande agence de presse française ?
A priori non, mais c’est pourtant ce qui risque d’arriver à Nicolas Fensch jeudi 22 novembre.

Condamné à 5 ans de prison dont 2 ans et demi avec sursis pour avoir commis des violences lors de la manifestation du Quai de Valmy en 2016, l’ingénieur en informatique était ressorti libre de son procès, un juge d’application des peines ayant jugé qu’il disposait de toutes les garanties pour bénéficier d’un régime de liberté conditionnelle. Depuis sa sortie de prison, Nicolas Fensch a néanmoins eu la mauvaise idée de raconter son parcours atypique dans un livre paru aux éditions Divergences en octobre 2018 : Radicalisation express - Du gaullisme au Black Block. De nombreux médias se sont intéressés à ce témoignage singulier et étonnant jusqu’à l’AFP qui lui consacra un long article qui fut repris par une grande partie des sites d’information. Trois jours plus tard et alors qu’il n’était soumis à aucune interdiction de s’exprimer, le parquet de Paris faisait appel de sa liberté conditionnelle. Nicolas Fensch est donc convoqué jeudi 22 novembre à 13h30 au tribunal de grande instance de Paris. Les juges accepteront-ils la demande du procureur de le remettre en prison pour avoir raconté son histoire alors que rien ne le lui interdisait ? Quel que soit le résultat, les débats lors de l’audience s’annoncent passionnants. Nous publions aujourd’hui une tribune signée par une quarantaine d’écrivains, historiens, artistes, éditeurs et philosophes qui s’inquiètent d’une telle « atteinte à la liberté d’expression » et d’une pareille « servilité du parquet ».

 
 
 
 
 
« Depuis samedi, nous nous sentons un peu moins seuls et un peu plus heureux »
 

Que pensent les gilets jaunes ?



Bonjour,
J’ai 57 ans et je suis employé dans une PME en Seine-Maritime. Je ne suis pas un de vos lecteurs mais il s’avère que mes enfants vous lisent régulièrement et qu’après de longues heures de discussion (et d’engueulades) ce dimanche, ils m’ont convaincu de rédiger et de vous envoyer ces quelques réflexions sur le mouvement des gilets jaunes auquel je suis heureux et fier d’appartenir.

 
 
 
 
 
« Le pouvoir est logistique. Bloquons tout ! »
 

Mais que font les gilets jaunes ?



Depuis dix jours que chaque journal, chaque JT, chaque émission et aussi bien chaque site militant se perd en sociologismes creux sur « qui sont les gilets jaunes ? », en ventriloquie désolante sur « ce que disent les gilets jaunes ? », en fines spéculations sur « ce que veulent les gilets jaunes ? », il n’y a personne pour se pencher sur ce que font les gilets jaunes. Il est vrai que se pencher sur ce que les gens font n’est dans l’intérêt d’aucun de ceux dont la prospérité est fonction de la passivité générale. Or l’évidence est que « les gens », dans cette époque, lorsqu’ils rentrent en action, bloquent. Ils bloquent les flux qui maintiennent en vie le réseau redondant de la métropole universelle. Les éternels trotskystes qui font profession d’appeler sans fin et sans effet à la grève générale en sont une nouvelle fois pour leurs frais. Les gens ne font pas grève, ils bloquent. Mais le plus cruel pour tous ces militants qui ne cessent d’enjoindre « le peuple » au mouvement quand il est devant sa télé pour mieux le dauber quand il commence à s’organiser, c’est que cette façon d’aller bloquer les axes de communication, les entrepôts, les centres commerciaux, les centres de loisir, ne répond à aucun appel central, à aucun chef, à aucune idéologie : bloquer s’impose comme une évidence - exactement comme faire grève, dans une autre phase du capital, relevait de l’évidence.

 
 
 
 
 
Une émeute anti-Macron sur les Champs-Elysées ?
 

Quelques réflexions sur le mouvement des Gilets Jaunes à Paris



De jeunes lecteurs de lundimatin sont allés enquêter sur les gilets jaunes à Paris. Ils racontent ici la journée de samedi tout en essayant d’en tirer quelques vérités pratiques. (Merci à Serge D’ignazio de nous avoir laissé utiliser ses photos.)

A l’heure où sont écrites ces lignes, au lendemain de la première journée de mobilisation des Gilets Jaunes, ce que l’on ne peut se risquer à appeler un « mouvement » est encore en pleine évolution, de sorte que le moment de leur parution pourra leur donner tort.

Qu’à cela ne tienne : il s’agit précisément, face à ce phénomène, d’accepter de but en blanc d’entrer dans le registre de l’expérimentation ; celui-là même où, pour certains, le bât blesse. Mais il s’agit aussi, par là, d’élaborer un protocole.

 
 
 
 
 
Le Dieu rond (Gille est jaune ?) - Olivier Long
 

« Certains de ces gilets jaunes sont dans un monde parallèle, il y en a même qui pourraient devenir autonomes » (un journaliste de BFM-TV)



Olivier Long est peintre et maître de conférence à la Sorbonne [1], il s’est rendu à la mobilisation des gilets jaunes sur le périphérique parisien puis à la tentative avortée de prendre d’assaut l’Élysée. Il nous raconte cette journée surprenante.
(Merci à Serge D’ignazio de nous avoir laissé utiliser ses photos.)

 
 
 
 
 
Les amours jaunes
 

« La confusion des gilets jaunes est à l’image de la confusion même de l’époque, qu’il convient de démêler à minima. »



Presque 300 000 gilets jaunes, plus de 400 blessés, une manifestante tuée, 282 personnes interpellées, le tout sur environ 2000 points de blocages et le ministre de l’Intérieur qui lance un appel au calme en début de soirée. Qui s’aviserait encore d’affirmer qu’il ne s’est rien passé ce samedi 17 novembre ?

 
 
 
 
 
Penser le fascisme aujourd’hui… - par Alain Brossat
 

Tout le monde adore la police [1/6]



Alain Brossat est professeur de philosophie. Il est l’auteur, avec Alain Naze d’Interroger l’actualité avec M. Foucault. Téhéran 1978 / Paris 2015 (dont nous avions publié une recension au printemps dernier), ainsi que d’une tribune parue dans lundimatin à la suite de la victoire en coupe du monde de l’équipe de France de football.

Nous vous proposons à partir de cette semaine une série de six articles écrit depuis 2016 et tous en rapport avec la question policière. Le texte publié ce lundi s’attaque au « fascisme » entendu comme « affect qui donne le ton aussi bien du discours public des gens de l’Etat que de l’esprit de vindicte qui a conquis de vastes secteurs de la population ». Les suivants auront pour point de départ des faits d’actualité mettant en scène les forces de l’ordre (Viry-Châtillon, un reportage journalistique dans un commissariat, l’homicide de Shaoyao Liu, Arnaud Beltrame à Carcassonne et bien entendu l’affaire Benalla).

 
 
 
 
 
Ailton Krenak, figure historique des luttes indigènes au Brésil, à propos de l’élection de Bolsonaro.
 

« Le projet politique de créer une nation appelée Brésil est si petit qu’il est plus petit que l’Amazonie elle-même. »



Dernière branche survivante de l’ancien peuple des Botocudos, qui habitait le sud-est du Brésil bien avant l’arrivée des portugais, la population Krenak se bat depuis des générations pour la reconaissance de son territoire et la protection des fleuves et rivières qui le traversent. Depuis 2015, les communautés Krenak ont été privées de leur principale source d’eau lorsque la rupture du barrage minier de Bento Rodrigues a contaminé l’ensemble du Rio Doce, plus grand fleuve de la région, en y déversant des tonnes de boue toxique. Le barrage dépendait de l’entreprise Vale do Rio Doce, géant brésilien de l’extraction minière. L’épisode a été considéré comme la plus grande catastrophe industrielle et environnementale de l’histoire du pays. Les Krenak, qui se battent depuis plus de dix ans contre la présence de la Vale do Rio Doce dans la région, poursuivent actuellement leur lutte pour protéger les rivières encore en état de préservation et pour reprendre une partie de leur territoire ancestral. Ailton Krenak, figure historique de la lutte des peuples indiens du Brésil et du peuple Krenak, parle ici brièvement de l’histoire de son peuple et du gouvernement d’extrême-droite récemment élu. Ces propos ont été recueillis par le journal portugais “Expresso”.

 
 
 
 
 
À propos du prix Nobel d’économie - Antoine Costa
 

« Une planète en surchauffe plongée dans les eaux glacées du calcul égoïste »



Le 8 octobre dernier la question climatique se trouva au centre de l’actualité médiatique. La Banque de Suède décernait son prix (nommé à tort Prix Nobel d’économie) à deux économistes, dont l’un, William Nordhaus est réputé pour avoir été le premier à crée des modèles économiques intégrant la variable du changement climatique dans des calculs et à calculer ainsi un réchauffement « optimal ». Le même jour, le GIEC publia un énième rapport « de la dernière chance » de 400 pages essayant de décrire au mieux les conséquences d’un réchauffement à 1,5°C ou 2°C. Les journalistes ont évidemment saluée cette surexposition médiatique de manière positive. Pourtant à y regarder de plus près il n’y a vraiment pas de quoi se réjouir à ce qu’un économiste s’intéresse à la question environnementale.

 
 
 
 
 
Marseille : Marche de la colère et violences policières
 

« Si on m’avait dit qu’un jour je balancerai des bouteilles en verre sur les flics en hurlant, j’aurais ri. »



Lundi 5 novembre dernier, trois immeubles se sont effondrés dans le quartier de Noailles à Marseille, faisant 8 morts et une vingtaine de blessés. Après une marche blanche le samedi 10 réunissant quelques dix milles personnes (durant laquelle un balcon s’est effondré sur le cours Lieutaud) avait lieu, mercredi 14, la marche de la colère. Ce soir là, ce sont 15 000 personnes qui ont exprimé leur colère avec force slogans et détermination. Alors que la lutte contre la rénovation de la Plaine est entrée dans une phase de combats acharnés depuis plus d’un mois, cette manifestation historique a fait converger des flots de rage contre la politique de la ville et ses représentants. « 20 millions d’euros pour la Plaine, pas une thune pour Noailles, à qui profite le crime ? » pouvait-on lire sur une des banderoles. La ville est en ébullition et se prépare déjà à une nouvelle manifestation, samedi prochain. Évidemment, il n’en fallait pas autant pour que la police, elle aussi, passe à la vitesse supérieure. Repoussant les manifestants de la mairie, les flics se sont ensuite livrés à une traque et des tabassages systématiques sur la cannebière et jusqu’à Noailles. Une lectrice de lundimatin nous a envoyé son récit de la soirée.

(Merci à Patxi Beltzaiz pour ses photos)

 
 
 
 
 
Marseille : lettres de la Plaine
 

« Ils ont peur parce qu’ils ont tort »



 
 
 
 
 
La Plaine : appel à une « manif de masse(s) » le samedi 24 novembre.
 

Le mur de la Plaine doit tomber. Le mur de la Plaine tombera.



Depuis plus d’un mois, Marseille est le terrain d’une bataille acharnée contre le projet de rénovation de la Plaine. Le 20 octobre dernier, nous relayions un appel national à venir défendre la place. 3000 personnes ont manifesté et accompagné la construction d’une structure en bois, le « gourbi 8 », apporté en cadeau à la Plaine de la part de la Zad de Notre-Dames-des-Landes. Depuis, le Gourbi s’est fait détruire, la place a été murée, les travaux ont bel et bien commencé. Mais Marseille est une ville d’acharnés : tous les jours, des gens sont venus perturber le chantier jusqu’à faire tomber le mur qui le protégeait le soir du 4 novembre. Après l’effondrement des trois immeubles à Noailles le 5 novembre, la colère est montée d’un ton et le chantier de la Plaine apparaît d’autant plus inutile. Mercredi dernier, 10 000 personnes ont défilé lors de la marche de la colère qui s’est terminée par un déferlement de violences policières alors que la manifestation était aux portes de la mairie. Voici un nouvel appel à une manifestation nationale le samedi 24 novembre qui prévoit de s’en prendre à la politique de la ville et au désormais fameux « Mur » de la Plaine.

 
 
 
 
 
Le théâtre est-il soluble dans l’écran d’un smartphone ?
 

Thibaud Croisy



C’est la prochaine question culturelle qui nous attend. Et donc aussi le prochain business. Faut-il interdire l’utilisation du smartphone dans les lieux culturels ? Faut-il considérer qu’à partir du moment où les gens décident de se faire spectateurs, ils doivent l’être jusqu’au bout et que le téléphone est devenu une prothèse trop envahissante qui remet en cause l’exercice même du regard et le rapport « naturel » aux œuvres ? À partir du moment où l’on reçoit une notification toutes les cinq minutes, un texto tous les quarts d’heure et un mail toutes les demi-heures, on est effectivement en droit de se poser la question.

 
 
 
 
 
G20 : Les habitants de Buenos Aires invités à partir de chez eux
 

« On se souvient du slogan "Que se vayan todos", et bien les dirigeants l’ont repris à leur compte, cette fois contre nous tous. »



Alors que le prochain G20 se tiendra à Buenos Aires du 30 novembre au 1er décembre, le gouvernement argentin vient de lancer une vague de répression préventive tous azimuts dans les milieux contestataires. Voici le récit de notre correspondant sur place.

 
 
 
 
 
Hypocrisie quotidienne et soumission volontaire
 

Quelques observations simples sur l’école



Lundi dernier avait lieu la première grève unitaire dans l’éducation nationale depuis 2011, et donc la première du quinquennat Macron. Une partie des syndicats appelait à la grève contre les suppressions de postes (plus de 2000 prévues selon le nouveau budget), une autre y ajoutait la contestation de la réforme en cours du Lycée. La grève a été particulièrement suivie dans le secondaire et a été analysée comme un signe de rupture entre le corps enseignant et la politique du ministre M. Blanquer.

Le texte que nous publions ici ne s’attarde pas sur les réformes actuelles ni sur les coupes budgétaire mais s’attaque, du point de vue enseignant, aux problèmes structurels de l’apprentissage en France. Et notamment aux questions posées par son organisation hierarchique et aux rapports de domination qui en découlent.

 
 
 
 
 
Crève la ComUE, vive la Commune
 

« À cette conception du monde, et donc de l’université, nous opposons l’autonomie. »



De la Loi Travail à la Loi Vidal, voilà que le politique a refait surface sur les campus universitaires, après quelques années de calme plat. Et il était temps ! Derrière ces deux lois se cache une même logique, la même qui se cache encore derrière la fusion des universités, derrière la « restructuration » des bibliothèques d’UFR, derrière la transformation de l’université en entreprise, avec sa marque, sa publicité, ses slogans pétés, sa fête de rentrée et sa communication 2.0. Cette logique, c’est celle du néolibéralisme, de la concurrence et de l’individualisme. C’est celle qui sépare les individus les uns des autres, les enjoint à être flexibles et dynamiques, à se percevoir comme un produit, à se vendre, être monnayables.

 
 
 
 
 
Réjouissons nous camarades !
 

« Camarades nous sommes l’arrière-garde : quelle joie ! Quel bonheur ! »



Signé X, l’un de nos contributeurs irréguliers, nous a fait parvenir ce billet de bonne humeur. Si notre rédaction n’est pas certaine de partager son enthousiasme, son point de vue nous est apparu rafraîchissant.

Aujourd’hui n’est pas un jour comme les autres, aujourd’hui les braves gens sont partis bloquer l’économie. Nous pouvons enfin écouter la radio. On y parle d’un bordel monstre ni ami, ni ennemi, pour lequel nous n’avons pas dû nous lever à 6 heures, aller en prison ou à l’hôpital. Aujourd’hui en zieutant BFM au kebab nous n’entendrons pas comment les nôtres se sont faits écraser, nos victoires oubliées, nos messages transformés. Nous n’entendrons pas le débat sur la violence, nous n’entendrons pas parler de division entre bons et mauvais manifestants, ni d’ultra-gauche ou de mouvance anarcho-autonome. Non.

 
 
 
 
 
La ZAD et le Colibri : deux écologies irréconciliables ?
 

« De la "famille zéro déchet" qui participe à sa première marche pour le climat au radicalisme des cortèges de tête, l’écart est grand, immense même. »



Ce texte de Maxime Chédin, a paru initialement dans la nouvelle revue Terrestres. Il décortique le Petit manuel de resistance contemporaine de Cyril Dion afin de mettre à jour les tensions qui tiraillent les différentes formes de résistances écologiques.

 
 
 
 
 
Rupture
 

[Vidéo]



 
 
 
 
 
 
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