(A propos du film Les Fantômes de mai 68)
« Les images des luttes ont des référents concrets, les corps filmés se sont battus, certains ont été blessés, les lieux et les décors ont été chamboulés, les murs ont été marqués de mots définitifs... et tout cela, photographié, revient comme spectral. »
Jean-Louis Comolli, 2018
« Un spectre hante l’Europe. »
Marx & Engels, 1847
Les Fantômes de mai 68 est un documentaire co-réalisé par Ginette Lavigne et Jean-Louis Comolli. La force de ce travail est de ne pas avoir fermé la parenthèse de Mai 68 en donnant un sens nouveau aux archives filmées à l’époque et donc un nouveau statut, celui d’une histoire toujours active. « Ces images sont hors nostalgie. Elles actualisent ce qui, passé, pousse à revenir » nous indique Comolli. Alors, au lieu de parler de commémorations, il s’agit davantage de réfléchir à une transmission. Mais que reste-t-il à transmettre de mai 68 ? Et comment ? Les fantômes sont notre futur, c’est certain, ils reviennent vers nous sous une autre forme. Aller à leur rencontre est une tâche historique qui nous incombe. D’autant plus lorsque nos aînés nous y invitent. Nous avons donc eu envie de poser quelques questions à Ginette Lavigne.
|