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#152 | juillet
 

Chers lecteurs et lectrices,

Comme chaque année nous suspendons notre parution hebdomadaire du lundi matin et publierons nos articles au fil de ces vacances estivales, selon les nécessités du moment et la qualité du réseau wifi de tel camping ou coin reculé du monde.

La rédaction

 
 
Le conseiller en communication digitale du ministère de l’Intérieur se déguise lui aussi en policier
 

#voyoux ou #cosplay



Au vu du nombre de tiroirs que comporte désormais « l’affaire Benalla », il n’est pas simple de déterminer les faits, les mensonges et les postures qui font le plus scandale. De toute évidence, ce n’est pas la violence exercée par ce proche du président, — les images des manifestants brutalisés n’avaient pas suscité d’émoi particulier tant que le public pensait y voir l’œuvre de policiers en exercice —, il s’agit donc peut-être de cette même violence lorsqu’elle est exercée par un faux policier. En toute bonne logique, nous pouvons déduire que s’il est considéré comme scandaleux de tabasser des manifestants déguisé en force de l’ordre, le déguisement en lui-même fait partie du scandale.

 
 
 
 
 
Manu Militari
 

« Manu n’a pas de point de vue, il n’a que des scénarios pour un Plan, un Plan de destruction créatrice auto-entreprise, d’auto-entreprises d’auto-entreprises, d’auto-entreprises d’auto-entreprises d’auto-entreprises »



Manu assume. Manu blague, Manu ironise, Manu a été trahi, Manu pourfend la rumeur, dissipe la rumeur, tue la rumeur en tueur distingué, Manu veut tourner la page, Manu reconnaît la bavure du traître, mais surtout sa bravoure avant le forfait, Manu ignore souverainement, Manu méprise royalement la jeune fille et le jeune homme violentés Place de la Contre-escarpe, Manu n’en dit rien, Manu seul responsable ne s’excusera jamais devant eux, Manu n’en dit rien parce qu’ils ne sont rien, parce qu’ils n’ont pas notoirement réussi, sinon ça se saurait, ils n’auraient pas été là au mauvais endroit au mauvais moment en mauvais sujets, Manu agite sa main de Grand Jupiter Cynique dans un gant de velours, Manu défend sa force, soutient sa force, qui le défend et le soutient, Manu protège la force qui le protège, Manu trahi nettoie la force, sa force, plus qu’il ne la punit, Manu lave plus bleu, plus blanc, plus rouge, Manu promeut sa République du courant alternatif en prise directe, sans fusibles, Manu gouvernance, transparence, Manu avance toujours, s’avance, n’a peur de rien, Manu porte Sa France propre, sa propre France appropriée dans le propre, Manu tient un pressing sur les Champs, s’y connaît en lessiveuse, Manu tient la tenue, la correction exigée, Manu manie le K2R, efface la tache sur son veston, Manu se rase de près tous les matins, pas une tache de sang sur le col de sa chemise, pas de barbe de 8 jours, entretenue tous les 8 jours y compris le dimanche, la barbe qui ne chôme pas comme chez Castaner et Philippe et Crase et, Manu rase gratis mais ne promet rien, Manu promet la réussite à qui réussit la promesse, le fric à qui a du fric, le rien à qui n’a rien.

 
 
 
 
 
La nuit, les chiens ne portent pas de matricule
 

« Benalla est un flic comme les autres. Les flics sont tous des Benalla. »



Un lecteur de lundimatin qui était présent le 1er mai dernier place de la contrescarpe nous a transmis ce texte qui revient sur cette journée particulière et sur ce que l’on nomme depuis 4 jours le scandale Benalla.

Sur ce sujet, de nombreuses questions restent en suspens, à commencer par l’efficacité des rustines sémantiques que sont en train de bricoler les communicants du pouvoir. Pour ceux qui nous gouvernent, il va s’agir de plaider la planche pourrie, le bon copain embarrassant ; quitte à pousser Collomb dans les orties. Les observateurs moins naïfs savent que l’infâme Benalla, n’est lui-même qu’un fusible. L’étonnement avec lequel la France médiatique s’aperçoit que le « policier-qui-tabasse-un-manifestant » n’en était finalement pas un, est en soi plus significatif et scandaleux que le scandale lui-même. Si aujourd’hui tout le monde s’entend sur le fait que Benalla est une ordure, n’oublions pas que des centaines de milliers d’internautes l’ont d’abord et spontanément confondu avec un membre des forces de l’ordre et qu’il était, tout comme eux, rétribué pour ses activités.

Alexandre Benalla est un prolongement de la police par d’autres moyens, mais il est aussi l’incarnation du macronisme appliqué au maintien de l’ordre. Au milieu d’une institution policière raide, ankylosée, vaguement tenue aux protocoles, aux habitudes et aux règles de loi, Benalla est le manager pétaradant qui vient mouiller la chemise, fluidifier la structure, motiver le CRS. Son but et sa méthode c’est le pragmatisme et l’efficacité, il gère une manifestation comme d’autres des plans sociaux. Sa manière d’étrangler un manifestant à terre n’est pas gratuite, elle est fondamentalement libérale. Benalla n’est pas un excès mais la logique même du macronisme déployée dans la rue.

 
 
 
 
 
La victoire en shootant par Alain Brossat
 

« Au moins, soupire-t-on, "ils" nous auront donné un peu de rêve, un peu d’espoir... Quel rêve ? Quel espoir ? »



Dans L’opinion et la foule, Gabriel Tarde oppose foule(s) et public(s). Les foules sont soumises aux passions, elles se forment sous un régime d’imitation affective, leur trait dominant est l’uniformité, l’unanimité [1]. Aussi leurs penchants criminels sont-ils constants, même si elles peuvent se former aussi sous l’empire de sentiments plus positifs – amour, fraternité... Les publics, par contraste, sont des communautés purement spirituelles placées sous un régime de dissémination physique, leur cohésion est purement mentale, fondée notamment sur la lecture et la suggestion à distance. Un public, c’est pour lui, en premier lieu, un public de lecteurs, donc un public tributaire de l’invention de l’imprimerie, appareillé par la presse, le livre, la lecture à l’école – une idée que lui empruntera Peter Sloterdijk [2].

Le public, à ce titre, c’est la production par excellence de la modernité, la forme de rassemblement de l’avenir. Les sociétés modernes dont l’existence est placée sous le signe de l’interaction de moyens de communication tels que les chemins de fer, le télégraphe, les journaux, le téléphone, etc. sont des sociétés du public, l’époque (le tournant du XIX° siècle) est celle du public et non pas, comme l’affirmait Gustave Le Bon « l’âge des foules » [3].

 
 
 
 
 
Que lire pendant l’occupation ?
 

À propos de la Palestine et de lundimatin



« ...Vu le déclin désormais inéluctable de l’État-nation et la décomposition des catégories juridico-politiques traditionnelles, le réfugié est peut-être la seule figure pensable du peuple de notre temps, la seule catégorie dans laquelle nous est donné d’entrevoir les formes et les limites d’une communauté politique à venir, du moins tant que le processus de dissolution de l’État-nation et de sa souveraineté ne sera pas parvenu à son terme »

Agamben écrivait cela il y a vingt-cinq ans, dans un texte intitulé Au-delà des droits de l’homme qui partait d’une analyse d’Hannah Arendt sur la condition du réfugié.

Ces dernières années, et particulièrement ces dernières mois, l’actualité a montré combien cette idée non seulement reste valable mais s’impose de manière si nette, à un degré d’intensité et de généralité tel, qu’elle en devient effarante. La guerre des États contre les peuples se concentre de plus en plus sur la question des frontières et le contrôle des déplacements. Elle s’est illustrée récemment à travers plusieurs exemples dans les médias : enfants de moins de cinq ans arrachés à leurs familles aux États-Unis ; migrants traqués, enfermés, expulsés ou que la forteresse Europe assume de laisser périr en mer ; Palestiniens abattus parce qu’ils marchent vers la frontière de l’enclave qui les enferme depuis dix ans...

 
 
 
 
 
Images du football
 

Par Ivan Segré



« La différence des sexes est le petit caillou persistant à l’intérieur de l’individualisme abstrait (son scrupule) dont la figure que l’on croise quotidiennement est celle de l’individu isolé et contingent. »

Théorie communiste, n°26

« Ce que je sais de la morale, c’est au football que je le dois ».

Albert Camus

« Arrivé dans la surface et ne pas pouvoir tirer au but, c’est comme danser avec ta sœur. »

Diego Maradona

 
 
 
 
 
La Zad est morte, vive la Zad !
 

Une histoire des derniers mois et de ses conflits :
ce qui a été perdu, ce qui a été arraché, ce qui est encore possible.



La Maison de la grève de Rennes nous a transmis ce texte qui retrace, d’un point de vue situé ce qui s’est passé à la zad, depuis l’abandon de l’aéroport. « Il nous a semblé utile d’écrire ce texte étant donné l’absence de récit clair, même subjectif sur le sujet. »

 
 
 
 
 
Les Intermittents du désordre, interférences critiques
 

par Thibaud Croisy



Le 7 mai 2018, lors d’une journée de commémoration consacrée à Mai 68 et sobrement intitulée « L’Esprit de mai », des étudiants faisaient irruption au Théâtre de l’Odéon pour témoigner du mouvement de grève qui agitait les universités. Plutôt que de leur donner la parole, la direction du théâtre « demanda le concours de plusieurs brigades de CRS pour gazer et tabasser les étudiants contestataires » et « poursuivre sa commémoration dans le calme ».

 
 
 
 
 
Ils ont ga - gné !
 

Par Patrick Condé



Le football unit, le football divise. À la veille de la demi-finale de la coupe du monde qui va voir s’affronter l’équipe de France et l’équipe de Belgique, une question reste sur toutes les lèvres : une victoire des bleus fera-t-elle sombrer le pays dans une euphorie macronisto-nationaliste pour les 12 mois à venir. En attendant le résultat, nous publions ce récit de l’un de nos contributeurs qui a assisté au huitième de final France-Argentine.

 
 
 
 
 
Nantes : l’État reconnu responsable de la mutilation d’un lycéen lors d’une manifestation
 

Victoire juridique décisive contre les violences policières



Après presque 11 années de procédures, la cour administrative d’appel de Nantes reconnait définitivement la responsabilité de l’État dans la mutilation d’un lycéen. Un policier lui avait tiré une balle de LBD 40 dans l’œil lors d’une manifestation en 2007. L’État est condamné à verser à la victime, âgée de 16 ans à l’époque, la somme de 86 400 euros. C’est un camouflet pour le ministère de l’Intérieur qui avait interjeté appel après une première condamnation en 2016. Nous publions ici le communiqué rédigé par Pierre Douillard suite à cette décision historique dans la lutte contre les armes de la police.

 
 
 
 
 
Les réseaux comme champ de bataille
 

La construction d’une ligne THT dans le sud Aveyron déclarée d’utilité publique



Depuis l’Amassada nous lançons un appel. Depuis ce hameau fait de palettes, de taules, d’argile, de bois de charpente, de ballots de paille, ancrés là, défiant les lignes THT, leur réseau glacial. Nous sommes enraciné.e.s ici. Construisant toujours plus de liens avec les autres luttes territoriales. Comme à la ZAD, comme à Bure, comme à Roybon, comme au sein d’autres contrées en lutte, nous avons fait le pari de bâtir, le pari d’HABITER. D’habiter ces lieux, précisément contre le bétonnage que RTE leur réserve. Préférant y bricoler nos techniques que de se plier à leur Plan. Préférant mélanger le torchis pour nos cabanes que de nous aplatir devant l’horreur métallique de leurs infrastructures.
Extrait de l’appel à se défendre depuis l’Amassada

Alors que la déclaration d’utilité publique pour la construction du mega transfo sud Aveyron vient de tomber et qui devrait déboucher sur l’évacuation et la destruction de l’Amassada, un ami sur place nous a confié ces quelques considérations fragmentaires sur ce qu’implique ce genre de projet d’infrastructure.

 
 
 
 
 
Rennes : trois manifestantes jugées pour avoir entravé la liberté de manifester du syndicat de police Alliance
 

« Ne pensez-vous pas que les policiers avaient plus le droit que vous de manifester ? »



Le 5 juillet prochain trois jeunes femmes comparaitront devant le tribunal de Rennes pour répondre des accusations de vol de bien appartenant à autrui et d’entrave aggravée concertée de l’exercice de la liberté d’expression, de réunion ou de manifestation. Dans les faits, la justice leur reproche d’avoir contesté la présence du syndicat de police Alliance (classé à droite et à l’extrême-droite) dans le cortège de la manifestation pour la défense du service public du 22 mai dernier à Rennes. Un drapeau du syndicat controversé aurait aussi été dérobé. Arrêtées le 30 mai dernier à 6h30 du matin par toute une armada de policiers, fusils mitrailleur et armes de poings à la main, elles ont passé 28 heures en garde à vue et sont depuis astreintes à un contrôle judiciaire stricte. Un rassemblement est annoncé au tribunal ce 5 juillet, en attendant, notre juriste s’est penchée sur cette affaire singulière qui mêle liberté syndicale, corporatisme policier et un usage foisonnant du Droit.

 
 
 
 
 
La démocratie comme défaite
 

Notes sur l’élection présidentielle au Mexique



Alors qu’Andrés Manuel Lopez Obrador, candidat de gauche, vient de remporter les élections présidentielles mexicaines, nous publions cet article [4] paru la semaine dernière sur le blog de nos correspondants mexicains artilleriainmanente.noblogs.org. L’auteur y critique le processus électoral mexicain comme étant la continuité d’un travail de pacification visant à écraser toute forme d’auto-organisation populaire par la régénération des plus plates ilusions gouvernementales.

 
 
 
 
 
 
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