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#146 | 14 mai
 
 
 
La police a-t-elle espionné l’assemblée générale de Paris 8 ?
 

« Dans sa sacoche, l’homme dissimulait une caméra et un micro espion »



Ces dernières semaines, nous avons vu la police et le gouvernement mettre en oeuvre des moyens exceptionnels pour attaquer le mouvement étudiant contre la sélection à l’université : évacuations des universités occupées, envois de CRS sur les blocages, etc. Mais comme chacun sait, la police n’a pas pour seuls buts et méthodes, la répression ; pour être pleinement efficace, elle doit aussi être en mesure de surveiller et de s’informer. Jeudi 10 mai lors d’une assemblée générale de l’Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis, des étudiants ont intercepté un individu « louche » et récupéré le curieux attirail qu’il dissimulait dans sa sacoche : une caméra et un micro espion qui lui servait à enregistrer les débats.

 
 
 
 
 
Tartuffes à l’Odéon
 

Répétition et répression



Lundi 7 mai, le théâtre de l’Odéon organisait sa commémoration de mai 68. La soirée s’annonçait trépidante : "Performances historiques" et prises de paroles de figures de la culture. Sur son site, l’Odéon rappelait son rôle clef dans le soulèvement-d-il-y-a-40-ans : « À l’occasion du cinquantième anniversaire de mai 68, il faut redire l’importance de l’Odéon qui, du 15 mai au soir au 14 juin au matin, fut la principale tribune du “tout est possible”. Là, sur la scène, partout dans le théâtre, une communauté de jeunes gens tenta d’inventer une utopie et de la vivre. Ce fut l’espace, contradictoire et expérimental, de la prise de la parole. »

Nous publions ici le communiqué que nous ont envoyé d’autres "jeunes gens" qui, s’étant invités à la petite sauterie, n’ont pas eu l’occasion de goûter au contradictoire et à l’expérimental mais aux gaz lacrymogènes de la police.

 
 
 
 
 
Du vrai Godard
 

Mercredi 9 mai à 18h, nous publiions un court-métrage intitulé « Vent d’Ouest » et attribué à Jean-Luc Godard. Très rapidement, le film de 5 min en soutien à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes faisait le tour des réseaux sociaux et suscitait l’enthousiasme, tant chez les cinéphiles fans du maître que chez les militants écologistes touchés par cette prise de partie. Si dans les années 60, certains de nos prédécesseurs estimaient que le cinéaste était « le plus con des suisses pro-chinois », en 2018, c’est son (...)



Mercredi 9 mai à 18h, nous publiions un court-métrage intitulé « Vent d’Ouest » et attribué à Jean-Luc Godard. Très rapidement, le film de 5 min en soutien à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes faisait le tour des réseaux sociaux et suscitait l’enthousiasme, tant chez les cinéphiles fans du maître que chez les militants écologistes touchés par cette prise de partie. Si dans les années 60, certains de nos prédécesseurs estimaient que le cinéaste était « le plus con des suisses pro-chinois », en 2018, c’est son talent et le courage de cette attaque en règle de l’ordre dominant qui ont fait l’unanimité. Alors que Le livre d’images, son dernier film officiel, devait être présenté à Cannes le lendemain, quel meilleur hommage à la subversion que ce contre-pied à toutes les spéculations creuses quant à sa présence ou non, dans les salles obscures du palais des festivals ?

 
 
 
 
 
Appel aux syndicalistes à converger sur la ZAD
 

« À chaque syndicaliste de reconsidérer la question, quelle qu’ait été sa position concernant l’aéroport »



Depuis quelques années, et notamment après le mouvement contre la loi travail, des complicités toujours plus fortes se sont tissées entre zadistes, étudiants et syndicalistes faisant de Nantes et de ses alentours une région particulièrement offensive, surtout lorsqu’il s’agit de se défendre. La semaine dernière, nous publiions la vidéo de la conférence de presse des postier.e.s de Rennes, en grève depuis 3 mois, venu.e.s rendre visite à la ZAD. Dans le présent appel, plusieur.e.s syndicalistes appellent en leur nom à converger sur la ZAD en cas d’expulsion et livrent également une analyse plus poussée des rapports possibles entre des mouvements souvent trop distants : « La ZAD n’est pas seulement utile au mouvement syndical par les soutiens qu’elle lui apporte. Elle l’est aussi par l’exemple qu’elle donne d’une alternative possible au monde marchand. »

 
 
 
 
 
Tank, on est là - Comité pour le Maintien des Occupations
 

Alors qu’une nouvelle opération d’expulsion et de destruction de la ZAD est annoncée pour mardi 15, le CMDO analyse la situation



Au fil de cette « trêve » qui a des accents d’occupation militaire, la vie quotidienne a, de-ci de-là, repris timidement quelques-unes de ses habitudes. Flics ou pas, il faut semer, soigner les bêtes, tenir les lieux publics. Si une certaine hésitation se fait parfois sentir au moment de mettre les graines en terre, elle est vite balayée par cette certitude que les blindés n’ont su faire vaciller : nous resterons là. Nous verrons les fruits de nos vergers, nous goûterons nos récoltes à l’automne, peut-être même verra-t-on les arbres de haute futaie constituer les charpentes des cabanes de ceux qui sont encore des enfants. Nous n’avons pas attendu les propositions de régularisation pour nous projeter ici sur un temps long, au-delà même de notre propre existence. Ce jalon-là nous fait tenir en cette veillée d’armes, alors que l’on attend la nouvelle opération de destruction qui va frapper la zad.

 
 
 
 
 
Des monstres et des célébrations - Barbara Balzerani
 

« Au cours de cette période, je rappelle qu’il a été recensé 269 sigles de groupes armés, 36.000 personnes ont été mises en accusation pour délit d’association subversive et bande armée dont 6.000 ont été condamnées à de longues peines de détention. »



Barbara Balzerani est une écrivaine italienne, son livre Camarade Lune a récemment paru en France aux éditions Cambourakis. Nous nous étions, à cette occasion entretenus avec elle. Issue d’une famille ouvrière, elle participe dans les années 60 aux révoltes des étudiants et des travailleurs avant de rejoindre, en 1974, les Brigades Rouges. Arrêtée en 1985 par la police italienne, elle est condamnée à perpétuité et passera 21 années en prison. Elle ne s’est jamais dissociée ou repentie. Le 15 janvier 2018, alors que l’état italien prépare la commémoration des 40 ans de l’assassinat d’Aldo Moro, elle publie sur son compte facebook une phrase qui lui vaudra d’être à nouveau au centre d’une polémique nationale :
« Qui m’héberge de l’autre côté de la frontière pendant les célébrations du 40e ? ». Elle nous a transmis ce texte afin de clarifier son rapport à l’histoire et à la mémoire.

 
 
 
 
 
Entretien avec Josep Rafanell i Orra
 

« Comment se passer des institutions ? Comment provisoirement les trouer ? Comment fabriquer des formes pour se soigner, se nourrir, habiter, apprendre, transmettre ? »



Nous republions cette semaine cet excellent entretien entre Jean-Baptiste Vidalou (auteur de Être forêts - Habiter les territoires en lutte dont nous avions publié les bonnes feuilles ici et un entretien audio là) et Josep Rafanell i Orra (auteur de Fragmenter le monde dont nous avions publié les bonnes feuilles ici).

D’abord publié dans la revue Bogues puis chez nos concurrents de l’excellent site Grozeille cet échange très soutenu, parfois ardu, nous paraît ouvrir des pistes précieuses quant à la compréhension des nouvelles formes de gouvernementalité et de la manière de s’y opposer.

Illustrations : Caterina Rafanell

 
 
 
 
 
Grenoble, l’université (dés)intégrée
 

Un enquête sur le complexe universitaro-militaro-industriel grenoblois



Il y a deux ans, nous publiions une « petite histoire du génie et des ingénieurs » de Jacques Fradin, généalogie idéologique des grandes entreprises françaises et de leurs dirigeants.

Cette semaine, nous publions cette longue enquête sur le « modèle grenoblois » qu’un lecteur nous a transmise. À partir du grand projet d’« université intégrée », l’auteur décortique l’articulation de l’industrie, de la recherche et de l’armée qui fait de la région Rhône-Alpes l’un des « pôles » les plus « dynamiques » de France dans plusieurs domaines, en particulier les nano-technologies. La présente enquête a l’avantage de retrouver les hommes derrière les acronymes infinis qui agissent comme autant d’écrans qui nous empêchent d’y voir clair et donc, aussi, d’appréhender ces institutions.

Si la conclusion de l’article fait usage de conceptualisations qui nous paraissent quelques peu datées et difficilement opérantes, le travail de recherche est méticuleux et précieux pour qui tente de mettre à nu les structures qui soutiennent le présent.

 
 
 
 
 
Le cortège de tête, une tradition française ?
 

Old school riot porn



Depuis l’apparition du "cortège de tête" lors du mouvement contre la loi travail en 2016, notre journal a souvent insisté sur le caractère novateur et inédit de cette composition des manifestations. Nous avons publié de nombreux articles qui tentaient de saisir ce qu’il y a de significatif politiquement et philosophiquement dans cette reprise de la rue en dehors des cadres rituels et syndicaux. Un lecteur que l’on imagine plus âgé a cependant tenu à nous raconter ses souvenirs des années 70 à Paris et qui permettent une perception plus historique d’un phénomène toujours plus d’actualité : « la baston avec les flics ».

 
 
 
 
 
San Salvador Atenco, l’autre lutte contre l’aéroport...
 

Notre-dames-des-Landes/Mexico



Le 17 janvier 2018, le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes est annulé après plusieurs dizaines d’années de lutte. L’écho de cette victoire est vite arrivé au municipio de San Salvador Atenco, qui lutte contre le nouvel aéroport de la ville de Mexico (NAICM) depuis presque deux décennies et qui s’est solidarisé à plusieurs reprises à la lutte de NDDL. Douze ans, jours pour jours après l’horrible répression d’Atenco, le 3 et 4 mai 2006, alors que le projet revient à l’ordre du jour, il était nécessaire de dresser un portrait général de la situation ainsi que de souligner la trajectoire de lutte de ses habitants et habitantes.

 
 
 
 
 
ERREKALEOR - Le plus grand squat du Pays basque
 

« Territoires en bataille » par le collectif Mauvaise Troupe. [Extrait]



Le collectif Mauvaise Troupe se lance dans une nouvelle série intitulée « Territoire en bataille ». Nous publions ici un extrait du premier volet consacré à Errekaleor, le plus grand squat du Pays basque.

 
 
 
 
 
La vision de BHL - par Ivan Segré
 

À propos de L’Empire et les cinq rois, (Grasset, 2018)



 
 
 
 
 
Que lire pendant les occupations ?
 

[Bonnes feuilles] Le mondes des Grands Projets et ses ennemis – Voyage au cœur des nouvelles pratiques révolutionnaires de Serge Quadruppani



Extrait de la quatrième de couverture : Ce livre « a pour ambition de cerner la nouvelle subjectivité collective révolutionnaire qui émerge en de nombreux endroits de la planètre : hétérogène, multiforme, d’une grande richesse culturelle et réflexive, parcourue de forces contradictoires mais unifiée par son ennemi même : le monde de la « révolution managériale » et de sa loi « Travaille ! », un monde qui est, indissociablement, celui des Grands Projets « inutiles et imposés », ces infrastructures qui accompagnent la métropolisation du monde et entraînent un peu partout la naissance de Zones à Défendre. »

 
 
 
 
 
Que lire pendant les occupations ?
 

Errico Malatesta - Vie du révolutionnaire redouté de tous les gouvernements et polices du royaume d’Italie [Bonnes feuilles]



Rome, 10 novembre 1931. Condamné aux arrêts domiciliaires, une bonbonne d’oxygène en guise de boulet et surveillé en permanence par deux sbires de Mussolini, Errico Malatesta, octogénaire et malade, se remémore sa vie, sans nostalgie ni regrets. Au cours d’une journée ponctuée par le tic tac de l’horloge, celui qu’on a surnommé bien malgré lui le « Lénine d’Italie » se souvient : la rencontre avec Bakounine dans le Jura, l’insurrection manquée du Matese, l’exil à Paris puis à Londres, l’aventure en Argentine, les soulèvements massifs du biennio rosso. Soixante ans d’anarchie entremêlés à l’histoire d’Italie et à celle du mouvement ouvrier international.

Jusqu’ici racontée exclusivement dans les rapports des policiers qui l’ont toujours traqué, la vie de Malatesta, internationaliste et partisan de la propagande par le fait, est relatée en ces pages dans les mots de celui qui l’a vécue, tel que l’imagine Giacopini après avoir étudié de près la correspondance et l’œuvre de celui qu’il surnomme l’« Ulysse de l’anarchie ».

 
 
 
 
 
Toulouse : l’étudiant grièvement blessé par la police témoigne
 

Ses blessures seraient notamment dues à l’explosion d’une grenade de désencerclement



Les étudiants mobilisés contre la sélection à l’entrée à l’université fêtaient les trois mois d’occupation du site Jean Jaurès. C’est cette date anniversaire qu’avait choisi le préfet de Haute-Garonne pour envoyer la police déloger les mécontents. Mercredi 9 mai, dès 3h45 du matin, les forces de l’ordre ont donc pénétré sur le campus pour défaire les barricades de chaises et de tables érigées par les étudiants. Ces derniers, qui étaient quelques dizaines à dormir sur place et à se relayer pour ne pas être surpris dans leur sommeil par l’irruption de la police, sont sortis en groupe et dans le calme, certains en levant les bras, avant de se diriger ou d’être repoussés vers la station de métro Mirail-Université aux alentours de 5 heures. En tout début de matinée, la préfecture produisait un communiqué indiquant notamment que :

« L’opération s’est déroulée dans le calme et sans incident. Les forces de l’ordre ont procédé à l’évacuation d’une soixantaine de personnes qui bloquaient les locaux. Aucun blessé n’a été recensé ni du côté des forces de l’ordre, ni du côté des personnes occupant l’université. A 5 heures, les locaux étaient totalement vides ».

A 5h30, Frédéric Rose, le directeur de cabinet du préfet de Haute-Garonne, tenait sensiblement les mêmes propos. Affirmant ainsi « qu’il n’y avait pas eu d’interpellations suite à des violences, ce qui montre que les choses se sont passées dans le calme ».

Pourtant, à peu près au même moment, et dans la continuité de l’évacuation de l’université, un étudiant a été grièvement blessé.

 
 
 
 
 
 
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