Sur les territoires libérés de l’Armée Syrienne Libre
En ce moment le régime mène une offensive sur la Ghoutta (déjà tristement célèbre pour avoir subi les attaques chimiques en août 2013), aux mains de l’insurrection dans la banlieue est de Damas. Après Alep-est, c’est le deuxième grand bastion que perd la révolution en l’espace de deux mois. Sur ces quartiers, ces villages de l’opposition syrienne soutenue par l’Armée Syrienne Libre, nous en savons très peu, alors que nous arrivent des territoires aux mains des YPG ou sous contrôle de l’Etat Islamique beaucoup plus d’informations. Depuis bientôt six ans, l’opposition syrienne aura pourtant vécu au rythme d’un riche processus révolutionnaire, déployant de denses réseaux d’organisations. Les comités locaux, municipaux répondent aux besoins vitaux et logistiques mais aussi à des questions d’ordre plus politique.
Les moments où le pouvoir est chassé d’un territoire, et où ses habitants doivent se ressaisir de la totalité de leur vie sont précieux, en ce qu’ils sont riches d’enseignements. Ils nous apprennent les dynamiques qui renforcent ou affaiblissent un camp révolutionnaire. Quelles sont les erreurs ? Quelles sont les victoires ? Quels sont les rapports de force ?
Pour jeter un peu de lumière sur cette partie du soulèvement, En route ! s’est entretenu avec Arthur Quesnay [1], chercheur et spécialiste des questions de guerres civiles, qui durant deux voyages en Syrie ( hiver 2012-2013 et été 2013) s’est spécifiquement attardé à étudier la mise en place des comités de coordinations et des administrations civiles, à Alep-Est.
Nous avons choisi de rendre compte ici uniquement de la partie « civile » et non militaire de la rébellion syrienne. Nous traiterons des aspects militaires du soulèvement depuis la formation de l’Armée Syrienne Libre dans un prochain article. Bien qu’au final ces deux aspects soient poreux sur le terrain, l’opposition syrienne tient à la distinction entre ce qui relève du « militaire » et du « civil ». Ceci est un véritable choix qui fait une des particularités de la structure du soulèvement syrien, que cet article éclairera en partie.
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