on déménage un jour sur deux
sans changer sa nature
et sur terre on sature
y a trop d’objets, monuments, fric
du grand au petit
la civilisation nous engloutit
la vie se sépare de nous
asphyxie, qui met les gaz ?
y a ceux qui nous écrasent
planqués derrière les vitres sans tain
d’un blockhaus immaculé
qu’il faudra bien dévaster
pour que la lumière
pour que reviennent
k-sœurs mes frères
aux yeux de loups travestis
cachez-vous bien parmi nous
cernés par les hommes en armes
voyous des ministères
séides, flics, cerbères,
cachez-vous bien sous ma peau
ou au-delà de l’horizon
je suis à double fond
pas rêveur par hasard
dans ma chambre d’écho
ce loup un jour quelque part
casseur aussi bien que cassé
masqueur de quoi
masqué de qui
de toi et de moi je me cache
et j’apparais ailleurs derrière
un paravent de sentiments
casseur je suis
casseur je reste
si ce n’est toi c’est donc
mon moi qui fraternise
et carrément je casse
casse et je me casse
je casse la vitrine
je casse le DAB
je casse la coque
d’un géant Léviathan
qui se moque
j’égratigne le mur
d’une prison qui sature
dont plus personne ne répond
à part une armée de zombis
aux yeux entiers trop petits
chargés de tuer la vie dans l’œuf
à coup de crimes
et de matraque
cachés sous des lois
on n’a pas le choix
on continuera
en loups garous
à vous casser les pieds
casser les dents
autant de temps
que le temps
on continuera
même pas peur
nous les casseurs
casseurs d’oreilles
et d’oseille
avec nous
les loups-garous
sortis d’enfer
pas de sang
de la poussière
on continuera
et le temps parlera
le temps parlera
pour les fous
ou parlera pour nous.
Adélie Kantrop
Photo : Bernard Chevalier
