Intifada étudiante de mai 2024

Chronique d’une occupation à Bruxelles

paru dans lundimatin#442, le 9 septembre 2024

On a beaucoup parlé des occupations d’universités en soutien à la Palestine, celle de Science Po à Paris ainsi que toutes celles qui ont essaimé aux États-Unis. Nous publions cette semaine le récit de l’occupation de l’Université Libre de Bruxelles doublé d’une étonnante schizoanalyse Deleuzo-Guattarienne.

Aucune mobilisation estudiantine depuis 2009 et avant cela 1968 [1] n’a autant marqué l’actualité de l’Université libre de Bruxelles (ULB).

Un bâtiment de l’université sur le campus du Solbosch a été occupé du 7 mai au 25 juin 2024 par des étudiant•es en soutien au peuple palestinien essuyant l’intensification des offensives et la purge ethnocidaire israéliennes depuis les attentats du 7 octobre 2024. Les revendications portent sur les liens qu’entretient l’ULB avec le régime israélien. Une université populaire de Bruxelles s’est formée avec sa logique interne de fonctionnement. La levée de bouclier venant de la fachosphère française et belge contre ce mouvement, trahit la complicité des universitaires et intellectuel•les s’autoproclamant neutres, laïc•ques et républicain•es. Nous proposons de revenir sur cette période historique à travers une chronique de la mobilisation puis d’une analyse schizoanalytique d’un mouvement subversif fortement pourfendu dans les médias et par les personnalités politiques conservatrices.

« Les questions importantes dans la lutte palestinienne pour la liberté et l’autodétermination sont minimisées et rendues invisibles par ceux et celles qui tentent d’assimiler à du terrorisme la résistance palestinienne contre l’apartheid israélien. »

Angela Davis [2]

Depuis le 7 octobre 2023, le cabinet de guerre de Benjamin Netanyahu coordonne et intensifie des bombardements et raids terrestres sur la bande de Gaza. Ce siège a déjà entrainé, 8 mois plus tard, la mort de plus de 38 000 Palestinien•nes [3], la destruction de nombreuses infrastructures indispensables à la survie des habitant•es de ces territoires et un état de famine sans précédent. Benjamin Netanyahu fait l’objet d’une demande de mandat d’arrêt par les juges de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité [4]. Parmi les infrastructures ciblées par les frappes israéliennes, figurent plusieurs monuments historiques mais aussi des écoles, des hôpitaux et des lieux de cultes, sans compter les cimetières et les tombes déterrées à l’aide de bulldozer au nom de la découverte de corps d’otages que le Hamas aurait ensevelis [5]. Une procédure pour la prévention et la répression du crime de génocide a été engagée par l’Afrique du Sud auprès de la Cour Pénale Internationale.

En sus d’un risque de génocide que perpètre le régime israélien en Palestine avec le soutien de plusieurs pays occidentaux, le nettoyage ethnique [6] se complète également d’une visée ethnocidaire [7] c’est à dire d’une«  destruction systématique des modes de vie et de pensées de gens différents de ceux qui mènent cette entreprise de destructions. » Destruction, et effacement de toute histoire, de toute archive et de tout témoin qui pourrait en attester. La destruction de lieux de cultes et des monuments nationaux, l’interdiction d’arborer le drapeau palestinien dans l’espace public [8] associées à la répression et aux assassinats de la population civiles, soulèvent dans le monde (en particulier chez les étudiant•es) une importante indignation, souvent réprimée par les forces de l’ordre. En France, des campements installés dans l’enceinte de la Sorbonne et de Science Po ont rapidement été évacués par les CRS ; tout comme aux États-Unis dans les universités de Columbia et Harvard. En Belgique, les universités de Gand, Liège, Leuven, d’Anvers ainsi que la VUB (Vrije Universiteit Brussel – partie flamande de l’université de Bruxelles) et l’ULB ont été occupées à partir de mai 2024 par plusieurs centaines d’étudiant•es réclamant un arrêt de la collaboration avec les universités israéliennes (accusées entre autres de financer les forces armées à l’origine de l’occupation [9]).

L’anthropologue israélienne Maya Wind montre dans une étude récente [10] les implications des établissements de l’enseignement supérieur dans le processus d’expansion coloniale : l’université de Tel-Aviv est en étroite collaboration avec un fournisseur d’arme (Elbit System) bénéficiant du travail de recherche des étudiant•es ; elle abrite également l’ Institute for National Security Studies (INSS) responsable du développement des stratégies militaires visant les cibles civiles. Comme la « doctrine Dahiya » fondée par le général israélien Gadi Eizenkot, qui impose de considérer tout village civil comme une base militaire ennemie et fournit ainsi une justification à l’éradication complète de certaines villes.

« Nous ferons un usage de la force disproportionné contre ces zones et y causerons de grands dommages et destructions. Ce n’est pas une recommandation, c’est un plan, et il a déjà été approuvé » afin « d’infliger des dégâts et des pertes considérables, de porter la punition à un niveau tel qu’il exigera un processus de reconstruction long et coûteux » [11].

Le général Gadi Eizenkot prononce ces phrases en 2008 et sera nommé par Benjamin Netanyahu le 12 octobre 2023 au cabinet de guerre comme ministre sans portefeuille afin d’appliquer cette doctrine sur la ville de Gaza, exterminant plus de dizaines de milliers de civils [12]. Ces mêmes universités concourent au développement du logiciel d’intelligence artificielle « Absora » (« l’Évangile ») [13] « capable de sélectionner quotidiennement plus de 100 cibles et programmé pour autoriser un grand nombre de victimes civiles » [14] que le Procureur international Johann Soufi qualifie de crime contre l’humanité. D’anciens villages bédouins palestiniens sont aujourd’hui colonisés par des étudiant•es israélien•nes qui y jouissent d’infrastructures universitaires [15].

Face à l’intensification des attaques d’Israël et le maintien du siège de Gaza, plusieurs étudiant•es de l’ULB commencent à occuper le bâtiment B du campus Solbosch. Les principales revendications portées sont la cessation de tout partenariat académique avec les universités israéliennes et de tout liens, notamment économiques, avec certaines entreprises participant au projet d’expansion coloniale. Du 7 mai au 25 juin 2024, le bâtiment B de l’ULB est occupé par des étudiant•es en protestation contre le siège de Gaza. L’université bruxelloise avait déjà connu une mobilisation étudiante en mai 1968 réclamant plus d’espaces de débat et moins de décisions institutionnelles arbitraires et unilatérales. En 2009, c’était une occupation en soutien aux personnes sans papiers qui bouleversa l’université. Dans un esprit similaire, les étudiant•es de l’ULB forment l’Université populaire de Bruxelles (UPB) dans l’enceinte du bâtiment renommé « Walid Daqqa » du nom de l’écrivain et philosophe citoyen arabe israélien, enfermé pendant 38 ans et torturé en prison par le régime sioniste. Ce dernier avait été jugé coupable d’appartenir à une cellule du Front populaire de libération pour la Palestine (FPLP). Son statut particulier ne l’autorisait pas à bénéficier des accords d’échange de prisonniers prévus par les accords d’Oslo. Il meurt en prison le 7 avril 2024 après avoir été torturé [16] ; l’autorité israélienne refuse de rendre le corps à la famille et détruit la tente funéraire installée dans sa ville natale après avoir violemment réprimé les personnes venues lui rendre hommage [17].

Tout comme l’université de Vincennes en France (devenue l’université Paris VIII), l’UPB organise des assemblées générales (AG) publiques et ouvertes à tous•tes, afin de discuter de son organisation, des revendications à porter auprès des autorités universitaires, des conclusions des groupes de travail, des actions militantes, de la mise en place de groupe de lecture et de l’organisation de conférences ainsi que de tout autres questions intéressant la mobilisation et la cause défendue. Nous proposons de revenir chronologiquement sur ce moment historique avant d’en proposer une lecture schizoanalytique à travers l’œuvre de Félix Guattari et la parution récente aux éditions Météores d’un livre entretien de Brian Massumi. Loin des réquisits médiatiques conservateurs, nous essayerons de dégager conceptuellement ce qui s’est noué dans l’agencement syncrétique de multiplicités subjectives qui permet de soutenir des revendications politiques et axiologiques, au sein d’un système pourtant récusé par ce mouvement.

Chronique d’une mobilisation

7 mai 2024

L’UPB est créée et s’organise au sein du bâtiment B renommé Walid Daqqa. Cet espace est réaménagé en salles de travail à l’étage pour les étudiant•es ayant des examens ou bien pour des groupes de réflexions autour des questions intéressant le mouvement ; des salles calmes pour les personnes souhaitant se recueillir et se reposer ; une salle nursing où des soins médicaux sont administrés par un•e médecin ; des chambres à coucher pour celleux restant sur place la nuit. Dans l’auditoire principal se tiennent des AG quotidiennes où sont mis en commun les résultats des groupes de travail (ayant ou non travaillé en mixité), les conférences à organiser, des arpentages autour d’un texte du philosophe Mohamed Amer Meziane, le développement des questions intéressant le mouvement et notamment les revendications adressées au cabinet de la rectrice Madame Annemie Schauss.

10 mai 2024

Dans la soirée, des étudiants arborant le drapeau israélien marchent devant le bâtiment en narguant les membres de l’UPB. Des personnes ayant des origines palestiniennes sont présentes et la plupart sont en deuil. Sous les huées, il est demandé aux étudiants de partir ; ce à quoi ils s’opposent de façon provoquante. Commencent alors des altercations physiques très vite endiguées par le service de sécurité et de médiation. Pourtant, des médias parleront de « rouage de coups » et souhaitent l’identification et l’arrestation des membres de l’UPB en cause. « Ces étudiants nous ont ouvertement provoqué•es ; si on avait été une occupation ukrainienne et que des étudiants pro-russes avec un drapeau étaient venus, je pense pas que la presse aurait accusé l’UPB de russophobie ! » nous partage un des membres de l’UPB. Une image apparaît dans les médias d’un étudiant juif blessé au coup : il n’était pas présent lors de l’altercation.

Une manifestation de l’Union des Étudiants Juifs de Belgique (UEJB) sera organisée le lendemain « contre l’antisémitisme ».

23 mai 2024

La rectrice arrive à 12h30 dans l’auditoire principal accompagnée d’une „délégation rectorale“ qu’elle ne présentera pas. Se déploie alors une dialectique discursive entre d’une part une adhésion personnelle affichée à la cause défendue par l’UPB, et d’autre part sa responsabilité institutionnelle auprès de l’ULB et notamment dans la diretion du Conseil Académique (COA). Cet organe constitue le levier décisif dans les négociations. Cette invitation intervient dans un moment charnière du mouvement enclenché par l’occupation : la rectrice et son cabinet détiennent le monopole de l’information légitime autorisée à circuler sur le campus parmi la communauté universitaire alors que l’UPB ne dispose que des médias sociaux pour communiquer sur ses actions et revendications – touchant alors un public déjà averti et sensibilisé aux causes défendues – limitant fortement sa visibilité dans les sphères académiques. Cette asymétrie d’influence, donne de fait plus de crédit et de valeur aux propos émanant du cabinet rectoral. Dans l’enceinte du bâtiment Walid Daqqa, seul le média indépendant ZinTv [18] est autorisé à filmer (suite à la décision collective d’une AG dérogeant à la règle qui proscrivait toute captation d’images internes).

Au début de l’AG, se pose la question de l’enregistrement vidéo et audio de l’intervention de la rectrice ; en cohérence avec les valeurs de l’UPB, un vote est organisé et la majorité se prononça contre l’enregistrement (150 voix contre 118). Le contraste entre cette décision collégiale, collective et démocratique et les assertions unilatérales, impérieuses et arbitraires du cabinet rectoral, suscitent chez Madame Schauss un étonnement patent, elle qui jusqu’ici accusait l’unilatéralité autoritaire et le fanatisme idéologique de l’UPB.

27 mai 2024

Le COA doit se tenir ce jour. Les revendications de l’UPB y seront normalement discutées.

Le média Le Vif publie une carte blanche signés par 29 universitaires de l’ULB [19] décrivant le mouvement comme « une lueur d’espoir » et les accusations d’antisémitisme à son encontre comme une « instrumentalisation honteuse » provenant de «  mouvements postfascistes et d’extrême droite qui appellent à se battre contre la « barbarie islamique », sans avoir abandonné pour autant leurs préjugés antisémites  ». Nadia Geerts, chroniqueuse dans les journaux conservateurs et réactionnaires Causeur et Marianne, sous couvert de défense de la laïcité et de liberté d’expression, n’hésite pas à qualifier l’ULB coupable d’un « théâtre de l’apologie du terrorisme et de l’antisémitisme violent  [20] », ce qui ne l’empêchera pas d’accepter l’invitation à un séminaire à l’ULB le jour même de la parution de l’article.

Le COA annonce « la suspension des accords et projets institutionnels de recherche impliquant une université israélienne ; il s’engage, par ailleurs, à ne pas conclure d’accord avec une université palestinienne. » Israël et la Palestine sont mis sur le même plan. « C’est n’importe quoi ! C’est une aberration de mettre sur le même plan l’agresseur et la victime. Est-ce que la Belgique a boycotté et la Russie et l’Ukraine ?! » rétorque un•e membre de l’UPB.

Au Walid Daqqa, se maintient une volonté ferme et forte de perpétuer les revendications, une mise à l’épreuve permanente des principes de fonctionnement internes, un esprit inclusif et collectif d’apprentissage et une veille active.

Cette nuit, un camp de réfugié à Rafah est bombardé par l’armée sioniste. Les images atroces circulent sur les réseaux sociaux et sous nos yeux, des tentes et des familles sont immolées par le feu.

28 mai 2024

Face à l’escalade des violences et la multiplication des crimes de guerre perpétués à Rafah au nom de la lutte contre le terrorisme, une manifestation est organisée par l’UPB et d’autres mouvements de soutien à la Palestine devant l’ambassade d’Israël à Uccle. Un départ groupé est organisé depuis le bâtiment Walid Daqqa et le cortège traverse le bois de la Cambre où il égrène les slogans

« Free Palestine » « On est là, même si le monde ne veut pas nous on est là, pour l’honneur de la Palestine les enfants qu’on assassine, même si le monde ne veut pas nous on est là » « Nous sommes tous des enfants de Gaza » « Siamo tutti antifascisti » « The occupation has to go ».

Plusieurs agent•es de police attendent au niveau de la chaussée de Waterloo et bloquent le passage principal menant à l’ambassade. Des manifestant•es sont déjà présent•es et notamment des familles avec des enfants en bas âges. L’ambiance est militante, pacifiste et pleine d’émotion. Plusieurs habitant•es de la petite rue se mettent à leurs fenêtres et arborent un keffieh, un drapeau de la Palestine ou simplement applaudissent. Une ligne de policier•ères barre le passage vers l’entrée de l’ambassade et le bourgmestre d’Uccle singe les manifestant•es derrière les forces de l’ordre. Apparaît alors au fond de la rue, un véhicule à autopompe [21] qui s’arrête pendant une dizaine de minutes avant d’avancer vers le cortège sur ordre du bourgmestre. Sans sommation, une sirène retentit et tire immédiatement deux jets continues à haute pression sur la foule. Les vidéos prises par les manifestant•es sont d’une violence inouïe : on y voit des étudiant•es fauché•es par la puissance du jet, plaqué•es contre des murs sans issue possible, une étudiante de la VUB aura la cornée arrachée par un jet dirigée vers son œil l’obligeant à subir une chirurgie en urgence le lendemain.

Les quelques personnes restant sur places sont rapidement chargées par les forces de l’ordre sous les nuées des gaz lacrymogènes, un manifestant sera gravement blessé au visage par la matraque d’un policier [22]. Le bourgmestre d’Uccle se félicitera de l’action pourtant condamnée par Amnesty International [23].

29 mai 2024

Une plainte collective contre le bourgmestre d’Uccle est lancée.

Des médias se réapproprient les événements et accusent les manifestant•es de soutien au Hamas, d’antisémitisme et d’ultra gauchisme. « L’intervention est une bavure mais l’argument d’illégalité avancé par les autorités sert à nous décrédibiliser et minimise les violences que nous avons subies. » nous rapporte un•e autre membre de l’UPB.

Une nouvelle manifestation est organisée ce jour, mais cette fois la police réprime beaucoup plus rapidement. Le cortège se dirige vers le centre-ville. Il est finalement dispersé par plusieurs agent•es d’interventions qui pourchassent les manifestant•es dans les rues du quartier européen. Comme trop souvent, les arrestations administratives touchent surtout les personnes racisées. Des médias condamneront la mobilisation et loue l’intervention « mesurée » de la police.

Depuis ces manifestations de mai, l’ULB intensifie son dispositif de surveillance sur le campus en plaçant notamment des ’girafes’ avec capteur de mouvement et caméra panoptique « comme dans Black Mirror » nous dit un membre de l’UPB. Par ailleurs, le service de sécurité est suspecté de collaborer avec la police, qui n’hésite plus à traverser le campus en civil ou en uniforme. Par ailleurs, plusieurs membres de l’UPB reconnaissent être suivi•es par des agent•es de police en civil jusqu’à leur domicile.

3 juin 2024

« La chose la plus simple, c’est de soumettre Gaza à un tapis de bombe sans se poser de question. [24] »

Ces propos sont ceux de l’ancien ambassadeur et historien Éli Barnavi quelques jours après le 7 octobre, considérant que la réponse armée d’Israël était « justifiée et nécessaire ». L’ULB invite ce jour Monsieur Barnavi pour une conférence sur le campus. L’UPB demande à ce que l’ULB annule son intervention. Des personnalités comme Monsieur Joël Rubinfeld [25], qualifie les membres de l’UPB de « stupide allié objectif de Netanyahu » ; Éli Barnavi dénoncera une « abyssale ignorance » ; Nadia Geerts, encore, parlera d’antisémitisme.

L’invitation est maintenue par l’ULB qui revendique la liberté d’expression et délocalise la conférence vers la maison de la radio du centre Flagey craignant pour la sécurité de l’intervenant. Un dispositif policier digne d’un chef d’État est mis en place : barbelés, fourgons, contrôles d’identité, hélicoptère. Le cortège venu de l’ULB sera rapidement pourchassé par le dispositif policier et plusieurs arrestations et matraquages ont lieu. Un membre de l’UPB a néanmoins pu intervenir dans l’auditoire sous les huées des participant•es ; la prise de parole est publié sur le fil Instagram sous la forme d’une « Réponse des écervelés à l’ignorance abyssale » [26] et dans un communiqué plus détaillé [27] dont voici un extrait :

« M. Barnavi vous connaissez encore mieux que nous le fanatisme qui anime le gouvernement de Netanyahu, et ses conséquences destructrices. Mais quand vous-même estimez que ‘ l’humanitaire a ses limites’, que ‘la riposte israélienne était parfaitement non seulement justifiée, mais nécessaire’ ou que Tsahal, que vous appelez encore ‘nos forces’ n’a aucune volonté délibérée de cibler des civils et d’affamer la population, par ces déclarations, votre apparence de modéré et votre vernis de respectabilité tombent très vite. Et ce n’est pas un problème personnel : la plupart des crimes historiques commis par Israël depuis 1948 l’ont été par des gouvernements de gauche, le sionisme laïc, celui-là même dans lequel vous vous inscrivez. […] Nous voulons que l’ULB invite des voix qui n’ont pas habituellement l’occasion de s’exprimer, des voix réellement libres et engagées, et non les voix « modérées » d’un système répressif.  Toda Raba »

9 juin 2024

Les résultats des élections européennes affichent les couleurs de l’extrême droite dans de nombreux pays dont la Belgique et la France où le président décide de dissoudre l’assemblée, ouvrant les portes du gouvernement à l’extrême droite.

16 juin 2024

Journée pluvieuse à Bruxelles à l’occasion de la grande marche antifasciste mais nous sommes tout de même 10 000 à la manifestation.

17 juin 2024

Ce jour doit se tenir un nouveau COA, mais nous apprendrons plus tard que les revendications de l’UPB n’ont même pas été discutées.

Alors qu’une réponse aux revendications discutées en AG était attendue, la rectrice adresse un courriel à l’ensemble de l’ULB (très vite relayé dans la presse et les médias) demandant expressément la fin du mouvement et une restitution « pristin » des bâtiments. L’UPB ne reçoit pas de sommation officielle pour évacuer le bâtiment.

23 juin 2024

Organisation de l’ « intifida festival » ouvert à toustes avec plusieurs stands militants, de la musique et une piste de danse improvisée sur l’herbe, un repas équilibré et complet à prix libre, un concert, des danses traditionnelles et des slogans militants. L’ambiance est teintée d’inclusivité sociale, générationnelle, culturelle : les luttes se croisent, les savoirs s’échangent, les résistances s’intensifient avec une fierté militante.

25 juin 2024

À 6 h : des agent•es cagoulé•es et casqué•es des forces d’intervention de la police enfoncent la porte d’entrée et surgissent dans le noir avec matraque, gaz lacrymogènes et bouclier. L’effet de surprise engendre la stupeur des étudiant•es assoupi•es. Certain•es seront jeté•es violemment hors du bâtiment. Du matériel informatique, essentiel pour les étudiant•es, est endommagé. Beaucoup de personnes remettent alors en question la légalité d’une telle intervention sans accord préalable et mandat autorisant la police à pénétrer le sol de l’université.

À 18 h : un appel à la manifestation devant l’ancien bâtiment Walid Daqqa est lancé et rassemble un grand nombre de personnes sur la pelouse. Arrivent quelques minutes plus tard en fanfare les étudiant•es de la VUB « So-so-so solidarité, avec les étudiants de l’UPB ». L’UPB, délocalisée hors les murs, se joint au cortège pour crier ses revendications avant de partir vers le rectorat où un barrage policier dissuade les manifestant•es de traverser. « Annemie c’est pas fini, septembre on est ici ! ». Iels font demi tour vers le campus de la Plaine où se trouve l’occupation Jabalia de la VUB en passant par le cimetière d’Ixelles.

Un mât sur lequel est inscrit « Walid Daqqa » accompagnera cette marche et sera planté à la VUB.

Aspect micropolitique et processuel

« Les gens qui, dans les systèmes thérapeutiques ou dans l’université, se considèrent comme de simples dépositaires ou canaux de transmission d’un savoir scientifique ont déjà pris, pour cette seule raison, une position réactionnaire. [28] »

Félix Guattari & Suely Rolnik

Depuis 1948, les limites de l’état d’Israël ne cessent de s’étendre par annexion territoriale dans une logique coloniale ; pour le dénoncer, les étudiant•es occupent l’université. Le même processus est dupliqué ce qui le rend subversif car au service d’une cause qui n’est plus celle qui récuse. La décision d’occuper la bâtiment de l’ULB ne s’inscrit pas dans une logique coloniale mais militante. La réappropriation d’un territoire institutionnel (le bâtiment B de l’ULB), son changement de nom ainsi que la création de l’UPB sont le fruit de mécanismes agentiels à l’échelle interindividuelle, qui par contiguïté ont permis d’accéder à des mesures macropolitiques, en réanimant un désir subversif. L’activiste et intellectuel Félix Guattari propose de replacer le désir au centre de la lutte des classes comme générateur de nouveaux possibles ; il distingue alors deux niveaux : « […] une politique qui s’adresse aussi bien au désir de l’individu [micropolitique] qu’au désir qui se manifeste dans le champ social le plus large [macropolitique]. [29] ». Ce changement de paradigme instille le concept psychanalytique de désir au cœur des luttes sociales en ce qu’il permet de repenser l’activisme politique à l’échelle humaine dans les rapports et les réseaux moléculaires.

La création d’un nouveau territoire : le bâtiment Walid Daqqa

En occupant l’espace universitaire, les étudiant•es se réapproprient un domaine qu’iels marqueront d’un sceau, d’une signature que ce soit symboliquement en donnant le nom d’une figure révolutionnaire au lieu, ou physiquement en y inscrivant des tags, banderoles, autocollants… Ce mode d’expression, selon Deleuze et Guattari, « est premier par rapport au possessif, les qualités expressives, ou matières d’expression sont forcément appropriatives, et constituent un avoir plus profond que l’être. [30] » L’indignation de certain•es face aux grafitis réalisés dans l’enceinte du bâtiment est ainsi moins la critique d’une dégradation matérielle, que le stigmate d’un malaise lié à une expropriation sémiotique. « C’est quoi des tags par rapport à un génocide ? » demande un•e membre de l’UPB. Les murs immaculés, « pristins » pour reprendre les termes de la rectrice, constituent le territoire de l’université considérée par elle comme « un phare dans la tempête » [31]. Les inscriptions « sauvages » sur la propriété de l’université sont les représentations de la marque d’une réappropriation territoriale d’un collectif vis-à-vis d’une institution. Ce n’est pas tant la « dégradation » du mobilier qui interpelle, mais bien plus l’accaparation du lieu. La fonction du tag se rapproche de celui du tatouage dans certaines tribus [32] en constituant un signe d’appartenance à un groupe, un mouvement, une institution. Le bâtiment n’est plus le B du Solbosch de l’ULB mais « le Walid Daqqa » de l’UPB : « on met sa signature sur un objet comme on plante son drapeau sur une terre.29 » La personne qui taggue importe peu, elle n’est que le héraut d’un réseau, l’agent d’un ensemble, l’incarnation d’une machine abstraite [33]. Deleuze et Guattari affirment que « les marques territoriales sont des ready mades »29 : le signataire disparait derrière le signifié. « Le Walid Daqqa » est moins une occupation qu’une reterritorialisation d’une lutte : l’UPB est un nouveau territoire micropolitique au sein d’une structure macropolitique (ULB – campus Solbosch) avec ses règles de fonctionnement singulières, ses codes spécifiques. Force est de constater que les codes de l’UPB différent avec ceux du territoire dans lequel elle s’insère à la façon d’une ambassade.
L’expulsion est l’action de rejeter et de sortir un objet d’un ensemble ; l’expulsion des membres de l’UPB du Walid Daqqa signe la reterritorialisation forcée de l’ULB et pousse l’UPB à se déterritorialiser. La marche organisée le soir même vers la VUB arborait un mât sur lequel était inscrit « Walid Daqqa » matérialise le processus de déterritorialisation ; ce mât est à l’heure où nous écrivons planté sur le campus de la VUB marquant sa reterritorialisation.

Agencement collectif des potentialités intensives

« Dans un territoire, deux effets notables ont lieu : une réorganisation des fonctions, un regroupement des forces. [34] »

La nouvelle territorialité comporte une multiplicité de possible non actualisée. Le bâtiment occupé pouvait devenir un restaurant, une salle de théâtre, un squat, un parc d’attraction… Parce que « le territoire est fait de fragment décodé  [35] », les agencements collectifs des possibles permettent de faire émerger de nouveaux codes, des événements. Les groupes de travail spécifiques, l’organisation des manifestations, la prise de décision collective résultent d’agencement collectif actualisé de potentialités d’abord décodées, puis assemblées. Les intensités de chacun•e sont branchées entre elles afin de former une intensité globale différentielle [36]. L’agencement est territorialisé (le Walid Daqqa) mais des « lignes de déterritorialisation » [37] s’ouvrent sur d’autres agencements (convergence des luttes entre UPB et d’autres organisations micropolitiques ou macropolitiques). L’agencement au sein de l’UPB est moléculaire, à une échelle micropolitique là où celui de l’ULB est molaire, à une échelle macropolitique.

« Une économie politique molaire, un pouvoir d’État despotique, peuvent toujours s’emparer des structures micro-sociales pour en scléroser et en stratifier les parties vivantes.  [38] »

L’expulsion des membres de l’UPB du bâtiment B par la police et sous ordre du rectorat de l’ULB constitue le rejet d’un territoire occupé par un collectif avec ses codes, ses règles spécifiques (auxquelles la rectrice dut se plier lors de l’AG). Guattari qualifierait ce collectif d’économie moléculaire en opposition à une économie politique molaire.

Appareils de capture – surcodage institutionnel

La stratification est à entendre du côté du surcodage c’est-à-dire de la propension d’un pouvoir à attribuer des codes contraints susceptibles de figer les mouvements de reterritorialisation et de déterritorialisation. Les accusations d’allégeances au Hamas, d’extrémisme, de « jeunes écervelé•es », de déraisonnable [39], surcodant l’UPB dans un champ sémiotique hostile allant jusqu’à l’amalgamer avec les groupuscules d’extrême droite. Elle devient alors une menace au maintien de la civilisation, de ses valeurs et de son histoire, s’inscrivant dans un discours nationaliste et conservateur. Ces codes essentialisant ont fusé sur les réseaux sociaux en particulier de la part de politiques réactionnaires comme M. Joël Rubinfeld, Mme. Nadia Geerts et d’autres personnalités médiatiques conservatrices. Ce discrédit jeté sur le mouvement de l’UPB à l’aide de surcodage sémiotique et de stratification verticale dénature son essence même. Tout comme la capture du terme sémite qui désigne avant tout les peuples nomades du Proche-Orient (et donc les Arabes et Juifs séfarades expulsé•es de Palestine et persécuté•es les sionistes occidentaux majoritairement ashkénazes).

Le discours conservateur permet de maintenir le système capitaliste dans l’inertie progressiste usant, entre autres, de l’argument de la raison pour ramener toute interjection subversive en son sein [40].

Le champ capitaliste est, selon le philosophe canadien Brian Massumi, « truffé de tendances qui sont autant de relations irréductibles à la relation capitaliste [41] » et requiert la multiplication d’appareils de capture [42]. Tout ce qui échappe à ce champ est capturé au sein « d’institutions et de quasi institutions » extrayant des plus-values intégrées dans son champ sous forme de plus-value de flux.

Tout ce qui dépasse du champ et tente d’en sortir, de s’externaliser, est internalisé, capturé. Massumi utilise le terme de « poussées adventices » [43] pour décrire ce phénomène. Le mouvement de l’UPB est capturé dans le champ capitalistique en tant qu’ennemi du système, menace à l’équilibre justifiant la multiplication des dispositifs technologiques derniers cris, installés sur le campus et déployés pendant les manifestations. Pour « garantir la sécurité des étudiant•es » une caméra panoptique sur quatre pieds dotés d’un détecteur de mouvement est déployée ; des drones de surveillance survolent les manifestations et annoncent par haut-parleur des ordres de dispersion ; des arrestations et contrôle d’identité arbitraire sur le campus se multiplient. « Il suffit que tu sois racisé•e, que tu portes un keffieh pour être automatiquement contrôlée sur ton campus » nous rapporte Tariq [44] qui est pourtant employé de la faculté et a subi plusieurs contrôle d’identité de la part de vigiles normalement non habilités à cette tâche.

Massumi fait la distinction entre d’un côté les plus valus de flux (capturées par le système et exploitées) et les plus-values de vie : « on pourrait même dire que l’antagonisme fondamentale que présente le capitalisme dans le néolibéralisme […] est celui qui oppose la plus-value capitaliste, monétisée, et la plus-value non capitaliste, purement qualitative –[…] la plus-value de vie [45] ». L’ensemble des activités proposées par l’UPB cultivent cette plus-value de vie, qualitative, avec cette volonté de création d’espaces inclusifs, communautaires où le savoir n’est plus cumulatif (comme à l’université – comptabilisé par des « crédits » universitaires »), mais événementiel et singulier à une échelle micropolitique.

« Par micropolitique, nous entendons un retour au moment génératif de l’expérience, à l’aube d’un événement, pour produire une commotion modulatrice dans la constitution de l’événement. Il s’agit de vous reconnecter processuellement avec ce qui est germinatif dans votre vie, avec les conditions d’émergence des situations que vous vivez. [46] »

Potentialité subversive dans le champ capitalistique – la duplicité processuelle

Tout en étant inséré dans le champ capitalistique, l’UPB a réussi à proposer un autre mode d’existence, un processus annexe, remettant en cause l’hégémonie culturelle et politique de l’universalisme [47]. Cette capacité à proposer une alternative processuelle face à l’uniformisation progressiste, est formalisé chez Massumi sous le concept de duplicité processuelle qui désigne « la capacité, pour un individu, d’appartenir à un ensemble flou ou à deux ensembles en même temps, mais de leur appartenir différemment, au travers de tendances simultanées et divergentes, en co-opération. [48] ». Ce concept permet de repenser la critique adressée aux étudiant•es d’être des révolutionnaires bourgeois•es faisant partie intégrante de la société de consommation et jouissant des privilèges de l’exploitation occidentale ; il s’agit au mieux d’un contre sens intellectuel, au pire d’une fallacieuse malhonnêteté. Suivant cette critique, aucune remise en cause ou révolte n’est possible dans la mesure où nous sommes toustes inclus•es dans le système. Mais la capacité subversive se loge précisément dans la propension à dupliquer le processus dominant, de s’en extraire, et de retarder au plus tard la capture par les équipements collectifs du pouvoir ; dupliquer un processus, c’est utiliser ses codes pour les détourner vers des possibles, les agencer à des luttes, échapper à l’ordre établi.

La formation de l’UPB au cours de l’occupation de mai 2024 dans le bâtiment Walid Daqqa à l’ULB est née de la conjonction de plusieurs événements captés par des processus différents. Le siège ethnocidaire de Gaza par l’armée israélienne suscita l’émoi auprès d’étudiant•es qui par des assemblés générales ont décidé de joindre leurs forces dans une lutte contre la collaboration de l’ULB avec Israël. N’ayant pas une capacité d’impact macropolitique direct, iels se sont formé•es à l’échelle micropolitique en un collectif avec son fonctionnement spécifique, détournant l’usage d’un territoire universitaire en un espace de création et d’agencement des multiplicités des possibles. Tout en honorant les prérogatives universitaires, iels ont dupliqué leur engagement en un processus alternatif, recréant au sein de l’ULB même, l’occupation récusée en Palestine. À l’ère du pouvoir déterritorialisé, c’est par la reterritorialisation d’une lutte que l’UPB marque un nouveau mode de militance. Loin de la désobéissance civile et des lendemains qui chantent, une microsociété s’est créée offrant aux potentialités existentielles l’espace et les modes de ses surgissements singuliers.

Nous terminons avec la lettre d’un des membres de l’UPB à l’intention du collectif. Nathan n’a pas tenu à rester anonyme et nous profitons des ces lignes pour remercier toustes les membres ayant bien voulu nous livrer leurs témoignages et assentiments à la publication de ce travail.

« Mes chèr.e.s antifas solid.e.s,

Je vous écris ce petit mot pour vous remercier. Hier soir, pris par l’émotion, je n’ai pas pu vous remercier comme je l’aurais voulu face aux marques d’affections suite à l’annonce de mon « départ ». En effet, je suis contraint pour des raisons de santé de m’arrêter. Je suis un peu comme la planète, j’ai dépassé tous les seuils :p :p physiques et je dois « m’arrêter » physiquement. J’ai un flic à l’intérieur du corps qui fait du maintien de l’ordre visiblement :p :p :p. Ce fut une décision difficile et extrêmement frustrante pour moi d’être rappelé au handicap de cette manière et de devoir revenir à monde qui ne veut pas de moi. Je voulais juste vous dire ce que je n’ai pas su vous dire hier. JE VOUS AIME. Vous avez pas idée à quel point. Vous m’avez donné une place dans la société, dans notre société, que l’on ne m’a jamais accordé. On ne m’a jamais accordé la dignité que vous m’avez donné sans rien attendre en retour. Vous avez réussi à reconnaître mes difficultés et à m’aider sans jamais m’imposer le statut d’handicapé. Je vous dois aussi le fait de m’être senti bien dans un groupe pour la première fois de ma vie. Vous ne m’avez pas seulement donné une place, vous m’avez donné ma place que j’ai pu co-construire avec vous. J’aurais voulu ne jamais avoir à partir car j’étais « chez moi » chez nous. Vous m’avez rendu à la vie, à l’existence et ça je vous le devrai toujours… MERCI JE VOUS AIME TELLEMENT

Je ne pars pas pour autant, je reste disponible en ligne à distance si vous avez besoin de moi pour des documents ou quoi. Je continue aussi à faire le lien avec le groupe de soutien dont une réunion est bientôt prévu pour s’inscrire dans la durée et à laquelle j’assisterai et je vous tien au courant.

On continue et j’espère nous retrouver sur d’autres fronts. Une grosse lèche à toustes

ET comme le dit la chanson de Bruxelles à Bethléem, les impérialistes c’est les mêmes. »

Vittore Z & Félix Genet

[1Pour un témoignage audiovisuel : L. De Heusch, Libre examen 68 - Chronique de la contestation estudiantine à l’U.L.B.

[2Citée par l’intellectuelle palestinienne Nada Elia dans son livre essentiel dont la traduction vient de paraître Palestine : un féminisme de libération, Remue ménage, 2024, p.41.

[4« Gaza : la CPI réclame un mandat d’arrêt contre Benjamin Netanyahou pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité », L’Humanité, 20/05/2024.

[5Zerrouky Madjid & Mas Liselotte, « A Gaza, les cimetières ne sont pas épargnés », Le Monde, 06 /03/2024.

[6Nous renvoyons ici à l’ouvrage de référence de I. Pappé, Le nettoyage ethnique de la Palestine, La Fabrique, 2024 (réed.)

[7Nous faisons ici référence aux développements de P. Clastres dans « De l’Ethnocide », L’Homme, 1974, tome 14 n°3-4, p. 102.

[8Mesure imposée par le ministre d’extrême droite radicale Itamar Ben-Gvir cf AFP, « Israël poursuit sa ligne dure en interdisant les drapeaux palestiniens dans les lieux publics », Le Monde,‎ 9/01/ 2023

[9Collectif de signataires de l’ULB, « Pourquoi l’arrêt des relations avec les universités israéliennes est-il utile ? », Le Soir, 12/06/2024.

[10Wind Maya, Towers of Ivory and Steel. How Israeli universities deny Palestinian freedom. Verso, London New York, 2024.

[11Backmann René, « Guerre Israël-Hamas : la dévastatrice « doctrine Dahiya » », Médiapart, 19/11/2023.

[12À l’heure où nous écrivons ces lignes, près de 40 000 civil•es palestinien•nes ont été tué•es et 85 600 blessé•es source Statistica.

[13Abraham Yuval, « A mass assassination factory ; Inside Israels’s calculated bombing of Gaza”, +972 magazine : independent journalism from Israel-Palestine, 30/11/2023. https://www.972mag.com/mass-assassination-factory-israel-calculated-bombing-gaza/

[14Mauzé Grégory, « Vider Gaza : le scénario israélien » in Palestine : bulletin de l’association belgo-palestinienne, n° 98, 2023, p. 7.

[15Wind Maya, op. cit., p. 70.

[16AFP, « Walid Daqqa meurt dans une prison israélienne après 38 ans de détention », Le Figaro, 7/04/2024.

[17AFP, « Le prisonnier palestinien Walid Daqqa... est mort dans les prisons israéliennes et la tente de condoléances que sa famille avait installée a été démolie », France 24,‎ 9/04/2024.

[19« Appel en soutien aux mobilisations pour la Palestine sur les campus universitaires (carte blanche) », Le Vif, 27/05/2024.

[20Geerts N., « À l’université libre de Bruxelles, il n’est plus question de liberté… seulement d’antisémitisme. », Marianne, 13/05/2024.

[21Véhicule de la police disposant de canons à eau haute pression destiné à disperser les manifestant•es.

[22« Gaz lacrymogène, canon à eau et SMUR : une manifestation devant l’ambassade d’Israël dégénère, le bourgmestre d’Uccle réagit », La Libre, 28/05/2024.

[23« Dispersion survenue à la manifestation devant l’ambassade d’Israël », Amnesty International, 29/05/2024.

[24Éli Barnavi au micro de France info le 15/10/2024.

[25Président de la ligue belge contre l’antisémitisme et pourfendeur de l’UPB.

[26Insulte prononcée par l’historien lui-même dans la presse.

[27UPB, « Communiqué de presse de l’UPB concernant notre demande d’annulation de la venue de l’ancien ambassadeur israélien », Stuut, 15/05/2024.

[28Guattari Félix, Rolnik Suely, Micropolitiques, Paris, Les empêcheurs de penser en rond, 2007, p. 43-44.

[29Guattari Félix, « Micropolitique du fascisme (1973) » dans Révolution Moléculaire et lutte des classes, Révolution Moléculaire, Paris, Les Prairies Ordinaires, 2012, p. 55.

[30Deleuze Gilles & Guattari Félix, Mille Plateaux : Capitalisme et Schizophrénie 2, Paris, Minuit, « Critiques », 1980, p. 389.

[32Claude Lévi-Strauss, Anthropologie structurale, Paris, Plon, 1958, p. 282.

[33« les machines abstraites consistent en matières non formées et en fonctions non formelles » Deleuze Gilles & Félix Guattari, Mille Plateaux, op. cit. p. 637.

[34Deleuze Gilles & Guattari Félix, Mille Plateaux, op. cit., p. 394.

[35Ibid., p. 629.

[36Deleuze Gilles, Différence et Répétition, Paris, PUF, „Épiméthée“, 2023.

[37Ibid., p. 630.

[38Guattari Félix, Lignes de fuite : pour un autre monde des possibles, Paris, L’Aube, « Mikros », 2021, p. 167.

[39Pour l’utilisation de l’argument progressiste de raison au service d’une politique réactionnaire cf Personat, Frédéric. « La jeunesse à ses limites », La Revue Nouvelle, vol. 7, no. 7, 2023, pp. 41-48.

[40Sur les processus de projection, rétrojection et interjection voir ibid.

[41Massumi Brian, Agitations : capitalisme et plus-value de vie, trad. fr Thierry Drumm, Bruxelles, Météores, 2024, p.59.

[42Deleuze Gilles é Guattari Félix, Mille Plateaux, op. cit., pp. 528-529.

[43Massumi Brian, op. cit., p.60-61.

[44Le nom a été changé.

[45Ibid.

[46Ibid. p.159.

[47Pour une critique de l’universalisme dans l’université Demotte Florence, et Justine Lacroix. « Lettre aux universalistes. À celles et ceux qui s’inquiètent de l’évolution de l’Université », La Revue Nouvelle, vol. 4, no. 4, 2024, pp. 44-49.

[48Massumi Brian, op. cit., p. 66.

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