Vincenzo Vecchi bientôt libéré ?

Les soutiens du militant italien condamné pour avoir pris part aux manifestations à Gênes en 2001 espéraient avoir gagné une première bataille judiciaire fin août à Rennes.

paru dans lundimatin#206, le 9 septembre 2019

Quelques semaines avant la tenue du G7 de Biarritz, un militant italien était arrêté à Rochefort-en-Terre, en Bretagne. Il n’était guère soupçonné de préparer quelqu’action contre le rassemblement de chefs d’états, mais d’avoir commis des exactions lors d’un événement similaire, il y a de cela… 18 ans. En effet Vincenzo Vecchi a été condamné en Italie pour sa participation à la mobilisation contre le G8 de Gênes en 2001, lors de laquelle un opposant avait été abattu par la police, et à une manifestation contre un groupuscule fasciste, à Milan en 2006, à respectivement 12 ans et demi et 4 ans de prison. Si la police française s’est permise de l’arrêter dans son nouveau chez lui, où il vit depuis 8 ans, c’est que l’Italie a émis deux mandats d’arrêts à son encontre. La cour d’appel de Rennes devait statuer le vendredi 23 août sur la demande de supplément d’information formulée les avocats de M. Vecchi.

Il est 10h30 ce vendredi matin. Environ 200 soutiens sont rassemblés depuis une heure devant le tribunal et donnent l’impression, comme la semaine précédente que c’est tout un village, Rochefort-en-terre, qui s’est mobilisé pour Vincenzo, un voisin, un ami pour beaucoup des personnes présentes ici. L’audience vient d’avoir lieu et la vingtaine de membres du comité de soutien qui a pu y assister sortent, plutôt souriants, accompagnés de deux des avocats de Vincenzo, Maîtres Tessier et Asselin. Maxime Tessier prend la parole. Il a trois annonces à faire.

D’abord, la demande de supplément d’information formulée par la défense à propos des deux mandats d’arrêt, manifestement incomplets et inapplicables en l’état, a été acceptée par la cour. Il appartient maintenant à la justice italienne de tenter de compléter les dossiers transmis, si elle veut toujours que Vincenzo lui soit livrée. Maxime Tessier remercie chaleureusement les amis de Vincenzo, membres du comité de soutien, pour leur travail. Ce sont notamment eux qui ont découvert et transmis l’arrêt de la cour de cassation relatif à la condamnation de Gênes. Celui-ci cassait partiellement le premier jugement, en spécifiant une remise de peine de 6 mois, avec annulation de la condamnation pour « transport et port d’armes ». Les autorités italiennes n’ont visiblement pas pris en compte cet arrêt pour délivrer leur mandat d’arrêt européen.

Maxime Tessier nous informe ensuite que concernant la demande de remise en liberté qui a été faite, la cour ordonne une enquête de faisabilité, qui établira si les conditions envisagées pour la libération de M.Vecchi sont matériellement possibles (assignation à résidence sous bracelet électronique, interdiction de sortie du Morbihan, interdiction de manifester sur la voie publique, obligation de pointage auprès des autorités et versement d’une caution).

Enfin, Maître Tessier nous fait part d’une découverte, établie grâce d’une part au travail mené avec ses collègues avocates au barreau de Rennes, Maître Glon et Maître Asselin, et d’autre part grâce à l’activité des membres du comité de soutien formé à Rochefort-en-terre : la peine de quatre ans de prison liée à la manifestation antifasciste de Milan semble avoir déjà été exécutée. M. Vecchi ayant été soumis à trois ans d’assignation à résidence avant son procès, qui a lui-même été suivi d’une remise de peine. Les éléments fournis par les avocats italiens de Vincenzo Vecchi, dont Maxime Tessier ne doute pas de l’authenticité, attesteraient que l’Italie savait dès 2009 que cette peine avait été purgée. Il appartient maintenant à la justice italienne de produire des éléments, qui seront à comparer avec les découvertes faites par la défense de Vincenzo. En attendant, la mobilisation des comités de soutien devrait continuer.

Et c’est d’ailleurs l’un des membres du comité de soutien constitué à Rochefort-en-terre immédiatement après l’arrestation qui prend la parole. Après deux semaines de luttes, passées à se mobiliser intensément et à dormir peu, les pressentiments des amis de Vincenzo Vecchi semblent se vérifier. Dès l’arrestation de Vincenzo, ceux-ci se sont avérés méfiants, à la fois vis-à-vis des discours tenus par le pouvoir qui dépeignaient leur ami sous un jour qu’ils ne reconnaissaient pas, et face à la peine extrêmement lourde prononcée en vertu de la loi Rocco datant du régime fasciste et réactivée par Berlusconi en 2001 pour mater la contestation anti G8. La tentative de l’Etat italien de masquer le fait que la peine prononcée pour la manifestation antifasciste de Milan avait déjà été purgée confirme ces intuitions. En tant qu’opposant, Vincenzo Vecchi n’est pas seulement traité comme un justiciable mais comme un ennemi, et ce qui tentait de prendre les atours de l’impartialité judiciaire est évidemment une basse opération de police. La mobilisation continue et exige que les mandats d’arrêts européens soient cassés. Peu après à cette audience, les comités de soutien des différentes villes se sont réunis, pour coordonner leurs actions, et mettre en place les prochaines initiatives.

Voici où ils s’expriment :
https://www.comite-soutien-vincenzo.org/

https://www.change.org/p/soci%C3%A9t%C3%A9-civile-libert%C3%A9-pour-vincenzo-vecchi

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