Travail obligatoire et gratuit pour les allocataires du RSA

Des précaires en colère s’invitent à La Maison Départementale de l’Insertion et de l’Emploi de Lille

paru dans lundimatin#358, le 7 novembre 2022

Que s’est-il passé lundi 31 octobre dernier à la Maison Départementale de l’Insertion et de l’Emploi (MDIE) de Lille ? Si l’on en croit la presse régionale et nationale [1] et les services du département, un « groupuscule politique » aurait agressé les fonctionnaires en charge de l’accompagnement des allocataires du RSA. Selon Christian Poiret, président du département, une cellule psychologique aurait même été crée pour accompagner les accompagnants. Le Collectif précaires en colère à l’origine de cette intervention nous a transmis cette mise au point qui vient expliquer leur action et contester le récit médiatico-policier qui en a été fait. Cette réponse a été affichée sur les murs des différentes CAF, Pôle-Emploi et missions locales de la métropole lilloise.

COMMUNIQUÉ DU COLLECTIF PRÉCAIRES EN COLÈRE

Le 31 octobre dernier, le « Collectif précaires en colère » s’est rendu à la MDIE de Lille (maison départementale de l’insertion et de l’emploi) pour dénoncer le harcèlement des allocataires du RSA. Suite à l’emballement médiatique qu’a provoqué cette visite, on se pose une question : COMMUNIQUÉ DE PRESSE OU COMMUNIQUÉ DE LA PRÉFECTURE ?

Trois jours plus tôt, le département du Nord annonce fièrement être candidat à l’expérimentation « RSA activité » : nouvelle réforme du RSA qui va conditionner le versement de cette allocation à 15 à 20h de travail hebdomadaire, obligatoire et gratuit. Sans possibilité de se syndiquer, sans cotisations chômage ni retraites… La main d’oeuvre rêvée du patronat !

Le « Collectif précaire en colère » considère le tweet provocateur de Christian Poiret, directeur du département, comme une attaque directe contre les allocataires des minimas sociaux et l’ensemble des salarié.es, alors que le harcèlement des bénéficiaires du RSA explose dans la région. En effet nous sommes nombreuses et nombreux à avoir vu notre RSA réduit ou carrément supprimé de manière arbitraire, sans possibilité de nous défendre face à une administration toute puissante au service du patronat.

Suite à ce fameux tweet nous nous sommes vus obligé.es de dénoncer cette nouvelle forme de violence contre les précaires en investissant les locaux de la MDIE. Une entrevue assez courte avec le personnel et la responsable du lieu - qui défendait sa politique de harcèlement - a permis de faire entendre notre colère. Nous comprenons que les travailleuses et travailleurs du social n’ont pas choisi ce métier pour faire la chasse aux allocataires et casser le code du travail, mais il nous semblait important de les mettre face à l’évidence de leur véritable mission « sociale ».
Quelle surprise le lendemain lorsqu’on découvre dans l’ensemble de la presse nationale (AFP, Le Figaro, Voix du Nord, La Dépêche, Le Parisien, France 3, BFM TV, France Bleue, 20 Minutes…) un article clairement écrit d’une main policière et repris tel quel par l’ensemble des journalistes.
On y parle d’agression physique qui n’a jamais eu lieu, d’un « groupuscule politique sans revendications claires » ; alors que nous sommes un collectif ouvert à toutes et tous et qu’un tract a été distribué à l’intention des salarié.es.

Tout comme le confusionnisme de Darmanin, qui deux jours plus tôt qualifiait les militant.es écologistes de « terroristes », le terme fourre-tout « d’ultra-gauche » employé par la presse au sujet de la visite à la MDIE a pour but d’isoler les précaires qui cherchent à s’organiser face aux attaques successives du gouvernement et du MEDEF (réformes de l’assurance chômage et des retraites, du RSA…). C’est une insulte à l’intelligence, habitude sémantique des médias qui appartiennent tous au grand patronat très avide de pouvoir bénéficier de cette future main d’oeuvre défiant toute concurrence.
Les médias fabulent sur la violence imaginaire de notre action alors que la violence bien réelle est celle qui est au coeur des discours politiques et des nouveaux dispositifs administratifs, exercée au
quotidien contre les allocataires. En conditionnant les aides sociales a toujours plus de contrôles et d’humiliations, l’Etat fait plusieurs milliards d’économies sur le dos des précaires : un tiers des personnes ayant le droit au RSA n’en fait pas la demande, soit par méconnaissance soit par découragement face aux harcèlements.
S’il faut revendiquer une cellule de soutien psychologique, ce n’est pas pour les agents de la MDIE face aux précaires en colère mais pour les aider à faire face aux conséquences de la violence sociale de l’état et de ceux qui croient pouvoir nous gouverner.

Le tract distribué le 31 octobre :

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