Stop the Darmachine

Mayotte, Darmanin et les enfants

paru dans lundimatin#350, le 12 septembre 2022

À la fin du mois d’août dernier, le ministre de l’Intérieur et des Outre-Mer, Gérald Darmanin, s’est rendu à Mayotte. Il a beaucoup parlé : il a notamment donné une interview sur La 1re (chaîne du groupe France télévision dédiée aux Outre-Mer) ainsi que plusieurs prises de paroles publiques ponctuelles délivrées lors de ses déplacements.

Une professeure de français de Seine-Saint-Denis nous a transmis ce commentaire composé d’une de ses interventions, qui en dit long des mécanismes institutionnels et discursifs par lesquels le gouvernement articule une certaine vision (méprisante, coloniale, répressive) de ses territoires extra métropolitains à un imaginaire à la fois frustré et fantasmé de l’indiscipline présupposée de ses populations. Il est particulièrement question ici des plus jeunes d’entre elles.

Mis bout à bout, ça fait un beau tas d’ordures. C’est presque irréel à quel point il cristallise tout ce qui me donne envie de foutre le feu. Riche, la citation. Poisseuse aussi. On ne sait même pas par quel bout la prendre.
Faut bien relire le texte, noter ses impressions, se pencher sur les procédés stylistiques et leur effet, dégager des axes ; après seulement, on peut se lancer dans l’analyse.
Comme je suis bonne qu’à ça, que ma révolution sera de papier, je vous propose un petit commentaire de texte, bien scolaire et énervé.

« D’abord il faut qu’on équipe encore mieux nos policiers et nos gendarmes. Il y a des armes qui ne sont pas possible à utiliser quand on est policier à Mayotte, parce qu’on a en face de soi des enfants – il faut dire la vérité, de 11, 10, 9 ans, et qui ont des machettes ou des haches. » [La 1re]

« Évidemment, quand on appréhende des mineurs, même extrêmement violents, il n’y a pas la possibilité de tirer à balle réelle comme on le ferait lorsqu’on est attaqué par des personnes adultes. » [AFP]

« Je reviendrai dans deux mois avec des propositions d’armes intermédiaires. C’est pas des tirs à balle réelle, c’est des tirs de plastique, ca peut être des types de grenades, pour pouvoir répondre à cette impunité qui est inacceptable. Et moi je veux aider les policiers et gendarmes qui font un travail formidable. » [La 1re]

« Il faut aussi une réponse pénale plus forte. Non pas que les magistrats ici soient mous, ils font un travail extraordinaire. » [La 1re] « Aujourd’hui, c’est bien normal, ils les libèrent, puisqu’on ne met pas les enfants en prison, mais il faut pourtant leur offrir un lieu de sanction et d’éducation. » [AFP]

« Ce qu’a annoncé Eric Dupont Moretti de ce CEF [qui va être créé à Mayotte], c’est une très bonne chose – en gros, quand on arrêtera les enfants, on les mettra dans un centre d’éducation fermé et ils feront leur peine là avec des éducateurs. » [La 1re]

« Le président de la République dans sa campagne a proposé quelque chose qui n’a pas beaucoup été discuté : des lieux encadrés par des militaires, qui sont des lieux de rééducation, de redressement d’une partie des enfants, des adolescents très jeunes, qui n’ont pas de parents, ou si peu. » [AFP]

« J’ai échangé avec le président aujourd’hui : l’un des premiers centres d’encadrement militaire qu’il proposera, pour rééduquer, pour faire la sanction de ces adolescents, qui manifestement sont devenus des gens qui attaquent, qui tuent, qui pillent, eh bien on le fera ici à Mayotte. » [La 1re]

I. La jeunesse emmerde Gerald Darmanin

 [1]

De toutes les minorités, les enfants sont probablement ceux dont l’oppression choque le moins. C’est plutôt normal, dans la tête des gens, qu’on gueule sur les gosses, qu’on leur demande d’arrêter de gigoter, qu’on les enferme le cas échéant. Vraiment une sous-race, qu’on est en droit de dominer et de tordre jusqu’à ce qu’ils intègrent la subordination qui les attend dans la vraie vie.
Personne ne veut trop s’y coller, à cette patiente torsion éducative, alors on les balance au jardin d’enfant le plus tôt possible, pour s’éviter la migraine. Là, de la crèche au lycée, une bande d’adultes vaguement animés par leur sens du collectif essayent :

1. a minima de surveiller le champ ;

2. de mettre un coup d’arrosage automatique occasionnel histoire d’éviter les départs de feu – on n’en fera pas un jardin à la française, mais au moins ils nous foutent la paix entre 8h et 18h ;

3. on peut déjà compter sur un petit appareil répressif plutôt bien rodé pour arracher les mauvaises herbes de temps à autre (exemples : mise en garde – on ne dit plus « avertissement », ça fait partie des opérations coup de poing qui révolutionnent [2] la terminologie de l’Éducation Nationale, comme quand on a remplacé le Z de zone par le R de réseau dans ZEP/REP ; conseil de discipline ; suppression des allocs pour enrayer l’absentéisme – ah ça ! ça enraye...)

L’arsenal disciplinaire à l’école se veut une palette de réponses graduées aux transgressions de sa palette de règles arbitraires. L’énergie dépensée chaque jour par plus de 800000 fonctionnaires pour s’assurer qu’un élève ôte sa capuche en classe, ça devrait faire l’objet d’un article dédié, mais je sens bien qu’on n’est pas si nombreux, à trouver ça débile. En fait, on n’est pas si nombreux, chez les soi-disant gauchistes de l’EN, à avoir un problème avec notre mission de flicage, avec ces Assises des Minikeums qui rythment la vie d’un établissement scolaire.

Pour la plupart de mes collègues, et pour leur santé mentale je comprends bien, c’est normal qu’il y ait sanction (on ne met pas l’article, on le dit d’une voix légèrement pénitente) quand une limite est franchie, puisque, tout le monde le sait, les enfants ont besoin d’un cadre, ça les rassure (tu vois bien que je suis du bon côté, full bienveillance, c’est peut-être toi qui devrais te questionner – c’est vrai quoi, ça pose question non ? – sur ta pratique – au singulier sinon c’est connoté sexuellement – tu ne crois pas que peut-être tu les déstabilises, tu les effraies même, avec ton laxisme ? Quels repères tu leur donnes ? L’autorité, c’est le safe space !)

Bon. Il faut bien avouer que l’inconscient raciste, colonial, et la pédophobie (mot compte double tkt) de Darmanin est plus prononcé que celui de n’importe lequel de mes collègues. Gérald ne supporte aucune forme d’autocensure, il a coupé les freins, en roue libre le mec, il galope devant.

Petit portrait uncensored de l’adolescent mahorais par le ministre de l’intérieur :

« des enfants – il faut dire la vérité, de 11, 10, 9 ans, qui ont des machettes ou des haches [...] et qui manifestement sont devenus des gens qui attaquent, qui tuent, qui pillent »

Pas mal de gens auraient jugé opportun de caler un petit modalisateur, au moins pour la forme, au moins devant « qui tuent », mais l’inconscient de Gérald (petit indocile !) est tyrannique, et il ne tolèrera aucune modalisation.
Incroyable. Gérald flippe grave. Son pire cauchemar, le monstre en embuscade sous le lit, c’est un putain de barbare d’un mètre douze. Ici, « barbare » est polysémique, c’est bien ça qui fait de l’ado mahorais une sous-sous-race, car entre l’infans – celui qui ne parle pas – et le barbare – celui qu’on ne comprend pas – la frontière est mince : le barbare-enfant est le jumeau maléfique du barbare-indigène ; dans les deux cas : inférieur, indocile, à (re)dresser.
Cet enfant-là est vraiment la palme d’or de ses terreurs nocturnes, le petit bronzé ensauvagé armé d’une machette, cannibale [3] à n’en point douter, qui chop chop du gendarme. En comparaison, ça fait un bon point pour le Noir francilien armé d’un glock, violent mais pas sanguinaire. Pas certaine d’où se place l’Arabe muni d’une kalash dans ce palmarès. Il sait bien, Gérald, ou du moins il le saurait s’il l’avait lu, qu’il meurt en premier dans Sa majesté des mouches, et ça le met profondément mal à l’aise.

En même temps, nous dit-il, c’est vraiment pas du jeu, parce que :

« les magistrats, c’est bien normal, les libèrent, puisqu’on ne met pas les enfants en prison [et] évidemment, quand on appréhende des mineurs, même extrêmement violents, il n’y a pas la possibilité de tirer à balle réelle comme on le ferait lorsqu’on est attaqué par des personnes adultes. »

Snif. Là, si tu veux mon avis Gérald, on aurait pu se passer de la modalisation , mais c’est pas plus mal de préciser, dans le doute. Franchement, abusé de ouf : si on ne peut ni les enfermer, ni les buter, qu’est-ce qu’on va faire ?
Ok Gérald, you’ve got a point, dis-nous tout.

II. Une classe qui se tient sage : TUTO

Astuce personnelle. Véridique : dans mes premières années de jeune prof, j’ai eu la candeur de demander leurs tips à mes collègues afin d’aborder sereinement l’année (moi aussi j’avais intégré, avec au moins autant d’évidence que le fait de rentrer le ventre sur la plage, l’injonction à tenir sa classe et à ne se faire, en aucun cas, bordéliser). Des profs de tous horizons m’ont répondu en chœur : « Au début, tu fais la gueule. » J’ai mis un peu de temps à ne plus négocier avec moi-même entre le complexe du bordel et le régime disciplinaire, mais ces conseils réitérés ont eu le mérite d’accélérer mon entrée en dissidence.
Soit. Une chose est sûre, néanmoins, c’est que cette astuce ne suffira pas à mater la jeunesse ensauvagée dont nous parle Darmanin. Il a bossé, pensé à tout, penchons-nous donc ses propositions, entre tradition et innovation.

Intermède : petite histoire du redressement des mineurs [4]

• Avant le XIXe : on ne distingue pas vraiment les enfants des adultes, et ils sont tous mélangés en prison, ce qui pose les innombrables problèmes que vous imaginez.

• À partir de 1836 : fort du constat susmentionné, on fonde le premier centre d’enfermement réservé aux mineurs, la tristement célèbre Petite Roquette – attention concept : 500 cellules individuelles dans lesquelles les enfants sont enfermés 20/24h ; lorsqu’ils circulent dans les couloirs, ils doivent être cagoulés ; l’amphithéâtre dans lequel ils assistent à la messe est construit en alvéoles, c’est à dire que chaque enfant est enfermé dans une petite case qui l’empêche de voir son voisin et de communiquer avec lui.

Une prise de vue de l’amphithéâtre de la Petite Roquette et de ses alvéoles dans lesquelles les enfants doivent assister bien sagement à la messe.

• Dans les années 1840 : Comme l’opinion publique commence à s’inquiéter un peu du traitement de ses jeunes délinquants, on crée les colonies pénitentiaires agricoles, en métropole, mais aussi à la Réunion, en Algérie, au Maroc, en Tunisie... avec l’idée d’éloigner les enfants de la Ville qui les pervertit, et le projet de les redresser par le travail de la terre dans le bon air de la campagne. IRL : des corps épuisés jusqu’à ce qu’ils ploient. Drôle de vision du redressement. Les colonies pénitentiaires ne sont rien d’autre que des bagnes pour enfants, où la maltraitance et les abus sont la norme, et la plupart des détenus passe en vérité plus de 15h/jour à casser des cailloux.

• Ordonnance de 1945 : depuis les années 30, un bref répit dans l’image de la jeunesse (post guerres mondiales) et un fait divers à la colonie pénitentiaire de Belle-Île-en-Mer (« la chasse aux enfants » de Prévert) a poussé les pouvoirs publics à fermer progressivement les colonies pénitentiaires. Ces évolutions aboutissent à l’Ordonnance de 1945 qui fixe, en matière de délinquance juvénile, la primauté de l’éducation sur la répression. Elle atténue la responsabilité pénale des mineurs, et crée des juridictions spécialisées.

• En 2002 : la loi Perben abaisse la majorité pénale de 13 à 10 ans ; autorise la sanction éducative dès 13 ans ; crée des établissements pénitentiaires pour mineurs (jusqu’alors circonscrits dans des quartiers réservés des prisons pour adultes – vous vous en doutez, ces quartiers n’ont pas fermé pour autant, et les EPM ont simplement ouvert la possibilité d’incarcérer plus d’enfants qu’auparavant) ; enfin, elle invente le Centre Éducatif Fermé (CEF) qui, quoiqu’il ne soit « pas un lieu de détention, mais un lieu de résidence », d’une part permet d’enfermer les petits délinquants moins vénères que ceux qu’on envoie en prison, afin de sanctionner une infraction pénale mais aussi éventuellement un nombre un peu flou de comportements déviants (exemple : la fugue, qui n’est pas un délit), d’autre part autorise la détention provisoire des moins de 16 ans, ce qui était impossible depuis 1945.

• La dernière réforme de la justice, entrée en vigueur en 2021, abroge l’Ordonnance de 1945 : accélération des délais de procédure (qui pénalise les jeunes désormais susceptibles de passer, selon certains critères, en « audience unique » aka comparution immédiate des minikeums) ; possibilité pour le juge de prononcer des peines en chambre du conseil (c’est à dire seul dans son bureau). On craint au Syndicat de la magistrature que ces fast-pass de la justice des mineurs aboutissent à davantage d’incarcérations.

Fin de l’intermède

2022. Mayotte. D’abord, il y a la promesse de Dupont Moretti de la création prochaine d’un CEF. Tout ce qu’il y a de plus classique. Mais, le gros problème du CEF, c’est qu’on ne peut pas y envoyer un ado avant ses 13 ans. Encore un scrupule dans la chaussure du gouvernement, décidément. Darmanin s’en émeut ouvertement :

« il faut pourtant leur offrir un lieu de sanction et d’éducation »

Qu’à cela ne tienne, Gérald – qui a beaucoup à offrir – innove. Main dans la main, le ministère de l’intérieur et celui des armées (gageons qu’ils seront un jour rejoints par celui de l’éducation), sous l’égide du président de la Rep’ , dessinent leur grand rêve disciplinaire.
Macron dans le texte (au débat d’entre-deux-tours) :

« de la rétention dans un environnement militaire [...] pour en particulier ces plus petits délinquants »

Gardés à vue, en joue, sans machette et les mains sur la tête, même – surtout – les minus de l’école primaire, pourquoi pas, voilà, enfin, une classe qui se tient sage ! La grosse voix, la grosse matraque, les grosses couilles, le treillis c’est autre chose que l’uniforme-robe-monoprix inclus dans le starter pack de la prof de français. Mais ouais Manu, mais carrément Gérald, on va enfin pouvoir casser du petit [5] délinquant.
Cela vous aura peut-être échappé, mais ce qui précède constitue le volet éducatif du programme énoncé par Darmanin. MDR. Jetons un œil à présent au second volet : répressif donc. (Riche, la citation).

Rappel du problème : on n’a pas (encore) le droit de tirer sur les gosses. Alors qu’est-ce qu’on fait Gérald ?

« Je reviendrai dans deux mois avec des propositions d’armes intermédiaires. C’est pas des tirs à balle réelle, c’est des tirs de plastique, ca peut être des types de grenades, pour pouvoir répondre à cette impunité qui est inacceptable. Et moi je veux aider les policiers et gendarmes qui font un travail formidable. »

« C’est vrai ça, c’était pas mal, quand ils ont vu le RAID arriver l’an dernier , ils avaient fermé leur gueule les gosses... » [6]

« Mais nous on a l’air de quoi à la BAC de Mamoudzou avec nos pistolets à eau , faut de l’équipement adapté. » [7]

« Regarde le concert de Niska , y aurait pas eu d’incident si on avait pu tirer dans la foule. » [8]

Tout est bien qui finit bien, les forces de l’ordre mahoraises pourront donc prochainement péter des dents en toute autonomie avec le matériel requis.
Je ne sais pas comment ils feront, et je n’aimerais pas être à leur place, mais j’espère – j’y crois – que les enfants parviendront à rester tête haute, que le redressement qui arrive pour leur courber l’échine les trouvera dressés déjà.

Magnéto 1 / Léon Gontran-Damas

« Qu’attendons-nous » […]/ pour jouer aux fous/ pisser un coup/ tout à l’envi/ contre la vie/ stupide et bête/ qui nous est faite ? »

Continuons de dépolitiser la fureur des enfants, de prendre la résistance pour de la délinquance, la révolte pour de l’émeute, le grondement pour du brouhaha. Ne vois-tu rien venir Gérald ?

Magnéto 2 / René Char

« Ma sœur vermeille est en sueur, ma sœur furieuse appelle aux armes. »

[Retour à l’antenne *poets have left the chat room*]

III. Les territoires perdus de la République

C’est une vieille histoire, celle qui consiste à expérimenter les méthodes de maintien de l’ordre dans les colonies, et les banlieues, avant de les appliquer à l’ensemble du territoire. [9] Le rapport persistant de domination coloniale entre la métropole et les outre-mer se porte bien (scandale du chlordécone dans les Antilles ; mortalité infantile de 9/1000 à Mayotte pour 3,6/1000 en métropole ; taux de pauvreté aux alentours de 30% dans les Caraïbes pour 14% en métropole - seule la Seine St Denis, à 28%, est confrontée à un taux comparable aux Outre-Mer ; durcissement du droit du sol spécifique à Mayotte où il est exigé que l’un des parents soit en situation régulière sur le territoire depuis plus de trois mois – bientôt un an, d’après Darmanin...)

Ceux qui parlent de « territoires perdus de la République » pour désigner les îles et les banlieues ne semblent pas percevoir l’ambivalence de l’expression. Qui cause la perte ? La jeunesse un peu plus encline qu’ailleurs à caillasser du flic, ou les espèces de bad lieutenants encouragés à leur déboiter la gueule ? Mantes la Jolie, décembre 2018 : c’est qui, exactement, le grand explorateur des formes de vie extra-républicaines ? l’ado qui fait son petit blocus pépouze, ou le flic qui le met à genoux les mains sur la tête ?

Intuition d’énarque : à genoux, les mains sur la tête, et avec une arme (évidemment) non-létale sur la tempe, pas sûr que le petit retiendra mieux l’accord du participe passé, mais pour sûr il la fermera. C’est notre projet, casser des bouches, plier des gosses jusqu’à les faire rentrer dans la fente de la petite boîte où ils finiront leurs jours, leur passer l’envie de se délivrer de Deliveroo.

Ces jeunes, de toute façon, « n’ont pas de parents, ou si peu ». Ça veut dire quoi « si peu » de parents ? Absents, démissionnaires, incompétents et faibles, des ombres sans poigne, incapables d’imposer une Autorité à laquelle ils refusent par ailleurs de se soumettre eux-mêmes, les chiens ne font pas des chats, la féralité comme le crime est héréditaire. Le racisme qui transpire du discours ministériel légitime l’expérience en zone de (non-)droit coloniale.

Alors allons-y, créons un camp où l’armée aura toute latitude dans son redressement de la mauvaise graine.
Un jour, le mini-guantamano-club, il se pourrait qu’on l’ouvre à tous, qu’à tous soit offert ce lieu de sanction et d’éducation, et que bientôt on remplisse des charters d’indociles du 93 puisque, à n’en pas douter, l’expérience aura porté ses fruits. J’y mets ma main à couper par une machette mahoraise.

Lucile Braly

[1Ici, emmerder est polysémique, il faut comprendre en même temps la jeunesse fait un gros doigt à Gérald et ça le fait chier.

[2il faut entendre révolution comme tour sur soi-même.

[3Si jamais on m’affame, je mange la chair de mon spoliateur / Prends garde...prends garde à ma faim et à ma colère ! « Identité », Mahmoud Darwich.

[5ici il faut bien entendre petit comme dans « crèche des petits canards » ou « l’histoire du petit poucet » et non comme dans « j’ai fait une petite bêtise » ou « on a pris un petit détour pour venir par la départementale »

[9cf Mathieu Rigouste, La domination policière.

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