Nous l’avons longuement analysé (Punk Anarchism, Miettes 6) l’énergie psychique (la pulsion), le rêve, l’amour, l’illusion, tout cela peut être mobilisé, canalisé, concentré.
Et cette mobilisation de l’énergie psychique, de l’amour dans le cas religieux (évangélique, la manipulation de la croyance), cette mobilisation autoritaire, perverse, est au centre de l’œuvre fasciste [2].
Qu’est-ce qui est au centre de l’œuvre fasciste ? La mise en ordre des énergies utopiques. La mise en route du rêve. La militarisation de l’illusion (une variante du nationalisme et de ses propagandes guerrières).
Combattre le fascisme ? Rêve contre rêve ? Utopie contre utopie ?
Ne faut-il pas plutôt déserter le champ de bataille libidinal, l’espace commun des illusions ?
Définir le rêve, le fantasme, l’utopie, l’illusoire, comme l’espace psychique de la contre-attaque, c’est tomber dans une canalisation du libidinal qui promet la victoire au fascisme (comme le montre ce siècle).
Car le fascisme est le maître des énergies utopiques.
Il y a un champ commun utopique.
Là où officient les maîtres rêveurs, les grands manipulateurs, les démagogues, les chevaliers de l’imaginaire radical (du « socialisme utopique »). Les magiciens du fascisme qui font sortir le fascisme de leur cœur utopique.
Il est temps de reprendre, à nouveaux frais, le « socialisme scientifique ».
Il faut penser scientifiquement : déconstruire les rêves de manière matérialiste (via la psychanalyse).
Toujours relier les rêves aux structures de domination. L’extérieur qui envahit l’intime. Car il n’y a pas de rêve extérieur aux structures de domination : le rêve est dans la réalité.
Pour sortir de la domination, il faut sortir du champ utopique. Sortir du libidinal, de l’amour, de la croyance et de toutes les illusions [3].
Un pas de côté est exigé.
Mais un pas de côté impossible à effectuer pour l’animal proliférant, rêveur ou pulsionnel.
Un pas de côté qui, cependant (mais on le sait depuis longtemps – et les religions s’y sont cassé les dents !), définit l’humanité.
L’humanité au-delà de l’animal.
Mais y a-t-il un au-delà de l’animal ?
Ce que toutes les religions, depuis toujours, ont échoué à promouvoir, « l’humanisation » (par l’étude scolaire), pourquoi, maintenant, en ce stupide moment présent (mais le présent est toujours stupide, économique désormais), trouverait-on un (hyper) maître rêveur, un prophète évangélique, capable d’extraire de l’humain pensant et scolaire à partir de la fange libidinale pulsionnelle, saturée à l’illusoire, au rêve ?
Bien plus, si ce maître rêveur n’a pas pensé, donc déconstruit, l’impasse millénaire de l’utopie, ce cul de sac qui précipite dans un champ de mines, n’a pas pensé ce pas de côté (qui débute avec la pensée freudienne désespérée des années 30), alors il n’est qu’un charlatan frauduleux, comme l’évangélisme sait en produire tant, l’évangéliste missionnaire (qui propage la guerre).
Échanger l’Ukraine contre Gaza ! [4]
Ne voit-on pas désormais les Anges s’équiper pour la guerre spirituelle ?
Incapables, bloqués par leurs ailes imaginaires, incapables du pas de côté (qui définirait « l’angélisme »), incapables de sortir des cercles vicieux des rêves, plus encore piégés par l’illusion de l’amour, incapables de sortir des évangiles militarisés.
Ah ! Arrivent des Anges blindés !
Depuis Troie jusqu’à Hiroshima, et bien au-delà, partout, sans cesse, à l’infini.
Ils poussent ! Leurs miracles illusoires !
Faisant croire à l’animal proliférant (et démographiquement aussi) qu’il pourrait être humain ! Spirituel même ! Le fusil en main ! Alors qu’il n’est qu’un colon vulgaire !Cherchant, toujours, à dépecer son voisin !
Qu’est-ce que l’humanité ? Uniquement l’étude, dans une bibliothèque, l’âme du monde !
Sans cet acharnement à étudier, la science, la gnose, il ne reste que l’animal proliférant, le fameux entrepreneur libertarien, et, donc, fasciste : le roi de la pratique !
Alors que l’humain c’est l’inutile, l’impraticable.
Le problème n’est pas de savoir « comment partir en guerre ». Ça c’est facile !
La croyance, le rêve, l’illusion, le fantasme, le familialisme, la vendetta, la folie trop normale de la jeunesse, l’amour. Ah ! L’amour ! Regardez ce que les chrétiens (et autres évangélistes) en font !
Voilà les ressorts de la guerre, et du fascisme, de la guerre à l’infini, qui définit l’animal proliférant, tant qu’il n’est pas humain – y arrivera-t-il ?
L’animalité psychopathologique, « normale » donc (il est temps de relire Freud).
Le problème est de savoir « comment empêcher la guerre ». Si une telle chose est possible avec cet animal pas encore humain. Mi ange mi bête ? Plutôt un ange bête !
Arrêtez de rêver, cesser de croire.
Pensez, critiquez. Surtout vos croyances.
Sortez des guerre évangéliques, ces guerres infinies.
Abandonnez tout évangélisme. Arrêtez de promettre.
Dehors les bateleurs, les mythomanes.
Cassez tout ce libidinal, l’amour, l’espérance, l’espoir. La grande croyance indéracinable au monde d’après.
Laissez cela aux marchands de sommeil. Et aux fascistes.
Pas d’autre passion dépassionnée que celle de la pensée, de la mathématique la plus inutile (70% des mathématiques, la musique de la pensée).
La paix c’est la sécession, la désertion, le refus des rêves, le rejet des croyances (toutes à déconstruire), l’indifférence à l’évangélisme.
Jacques Fradin