Rodolphe (Saadé) Arrête Ton Char 

Réponse des carnavaliers.es de la Plaine au journal La Provence 

paru dans lundimatin#469, le 31 mars 2025

Dimanche 16 mars, le mythique carnaval autonome et indépendant de la Plaine à Marseille réunissait 13 000 participants. Dans la presse locale, en l’occurrence La Provence, les journalistes auraient pris soin de ne pas évoquer l’incendie du char représentant la CMA-CGM, propriété de leur propriétaire Rodolphe Saadé. Le comité Rodolphe Arrête Ton Char revient ici sur cette dangereuse (auto)censure.

On ne réagit pas bien, et on le fait savoir


Lors d’une visite dans les locaux de BFMTV, le 19 mars 2024, Rodolphe Saadé a asséné aux salarié.es que si un sujet venait toucher ou remettre en cause la CMA-CGM, il ne « réagirait pas bien et le ferait savoir ».
C’est donc sans surprise qu’on a appris, dans un article de Marsactu, que l’ordre direct avait été donné aux journalistes de La Provence de ne pas faire mention de notre magnifique char en forme de tour CMA CGM Poulpisée dans le récit de la journée du Carnaval.
On y apprend par la même occasion que le directeur de la rédaction Olivier Biscaye, en réponse aux sollicitations du SNJ, déclare avoir, tout seul comme un grand, établi cette auto-censure journalistique.

Cher Rodolphe,

On te voit.
On sait que depuis la plus haute tour de ton plus haut château de Marseille, tu voudrais que personne ne vienne troubler ton repos, que personne ne vienne gâcher ta fête, mais malheureusement, comme l’a dénombré La Provence, 13000 personnes ne sont pas passées à côté de notre char, ni de sa flamboyante mise à mort. Par ailleurs, on ne te cache pas que nous sommes très nombreuses à ne pas croire à ton petit numéro de milliardaire respectable et philanthrope. On connaissait ton goût prononcé pour les petits bisous à Macron, et maintenant que tu vas obséquieusement brosser la perruque de Trump, on va travailler à montrer que tu es détesté pas seulement à Marseille mais bien de partout sur la planète.
Ton acceptabilité de vitrine n’est plus de mise, et même si tu n’embrasse pas aussi goulûment le projet fasciste que Bolloré et consorts, ton projet impérialo-économique contredit en tous points nos intérêts.

Chers journalistes de La Provence,

On vous a entendu commencer à vous inquiéter de la crédibilité de votre journal, de ce que cette censure pourrait ressembler à une remise en cause de l’indépendance journalistique.
Alors on voudrait vous rassurer.
Tout le monde sait que La Provence est un journal très sérieux, d’ailleurs, vous avez signé une Charte d’Indépendance, et non, votre patron Rodolphe n’est pas là pour vous empêcher de faire consciencieusement du journalisme ; non, sa mainmise n’est pas un obstacle structurel à votre travail ; et personne, personne ! ne s’était douté ni ne se doute encore que concentrer les médias dans les mains des plus gros milliardaires de la planète pourrait altérer la qualité ou le contenu des informations que vous délivrez.
Donc pour continuer à flâner sur le boulevard de l’abnégation qui est le vôtre, on vous invite à finalement considérer la gestion patriarcale et despotique de votre patron comme une véritable marque de respect.
Puisque si les journaux mainstream tels que vous s’emparaient sérieusement du sujet Saadé, de son parcours de fils à papa, de sa responsabilité dans l’inflation récente, de ses profits, de ses méthodes managériales criminelles dont vous faites les frais, de ses avantages fiscaux monstrueux, etc., et bien cela aurait sûrement un impact non négligeable sur la bonne tenue de son empire. Et il le sait.
Donc autant envisager qu’il vous prend très au sérieux.
Recevez donc, pour votre Charte d’Indépendance, le prix du Meilleur Espoir Cosmétique 2025.
Pour votre inquiétude naissante et la découverte inédite que la concentration des médias aux mains des grands patrons est un problème fondamental, recevez le prix Candide 2025.

Cher Olivier Biscaye (directeur de rédaction de La Provence,

Pour ne pas vouloir froisser l’égo tentaculaire de ton grand patron, reçoit le prix Fer à repasser 2025.
Entendons-nous bien, que tu te défèques dans les chausses par crainte de lui déplaire est parfaitement compréhensible. On se souvient du traitement malheureux réservé au dernier à avoir occupé ton poste. Par curiosité, c’est combien, le salaire de la peur ? Selon toi, à partir de combien ça commence à valoir le coup ?
À notre humble avis, ça mériterait un article sur toi, sur ton parcours, sur tes conditions de travail. Non ?
Dommage. Il a donc été décidé qu’au prochain carnaval, si rien ne change, on brûlera un caramantran à l’effigie de ton intégrité. Sa disparition mérite un hommage.

La RATC (Rodolphe Arrête Ton Char)

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