Première Mad Pride autonome du 11 octobre 2025

Un manifeste

paru dans lundimatin#491, le 6 octobre 2025

Le 11 octobre 2025, Paris accueillera sa première Mad Pride autonome organisée par et pour des personnes concernées. Pour accompagner l’entretien que nous publions cette semaine avec certains membres du collectif qui l’organise, nous publions ce manifeste qu’ils nous avaient transmis et qui nous a beaucoup plu au poins de leur proposer une interview au débotté que vous pouvez regarder par ici.

Manifeste

La Mad Pride, faisant suite à une vague mondiale, est la première marche parisienne autonome, organisée par et pour des concernées. Nous nous flattons ainsi d’être la seule manifestation publique de concernées durant cette année de la « santé mentale : grande cause nationale » qui n’a fait que reconduire notre invisibilisation. Mais nous ne nous laissons pas silencier, et nous affirmons : « rien sur nous sans nous ».

Cette marche est un acte pleinement politique. Nous, fous, folles et autres abimées psychiques, sommes l’incarnation de ce que le système d’oppression capitaliste, sexiste, raciste, validiste, saniste, psychophobe, LGBTQIA+phobe, âgiste, écocidaire etc. produit chez les individues de désordres psychologiques. Nous sommes le miroir de la violence que produit leur monde. Nous refusons la pathologisation dont nous sommes l’objet, c’est leur monde qui est malade, pas nous.

C’est pourtant ce que prétend la psychiatrie, qui est un brutal instrument d’oppression. Contre celle-ci, nous affirmons avec force le renouveau d’une antipsychiatrie radicale, portée par des concernées qui s’affirment comme sujets politiques à part entière. Nous portons la critique de la notion de « santé mentale », outil de propagande qui nous astreint à nous conformer à des normes et un système économique qui usent et marginalisent les corps les plus fragiles. Nous nous réapproprions le langage du soin et de la santé qui ont trop longtemps été confisqués par un système médical qui ne soigne personne et ignore tout de la santé : la psychiatrie.

Nous dénonçons les violences psychiatriques systémiques qui vont de la contention physique et chimique, de l’hospitalisation forcée (76 000 personnes en 2022 selon l’IRDES) et de l’isolement (imposé à plus d’un tiers de ces patients) aux pratiques les plus quotidiennes et banalisées de déshumanisation, en conformité avec la Convention relative aux Droits des Personnes Handicapées de l’ONU.

Nous revendiquons des lieux de soin dignes de ce nom, exempts de violence, et des lieux de répit, pour que l’alternative à l’hospitalisation ne soit plus jamais, pour aucunes d’entre nous, ni la rue ni la prison. Nous revendiquons des lieux de socialisation et de lutte où construire collectivement nos dignités et nos joies. Nous revendiquons un monde enfin vivable, pour toustes.

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