Pour fairefaire un beau régicide (suite)

« Dans un caca / Comme la France / Il y a des gens qui sont orgueilleux »

paru dans lundimatin#199, le 8 juillet 2019

À nous aussi
Il se pose
Le problème de fairefaire
Les choses qu’on préfère
Aux gens.
Fairefaire l’émeute, le pique-nique, l’intransigeant,
Et pis,
Ben, bon
Tant pis
Le régicide.

Ben bon ben bon
Pin pon pin pon
Miam.
Les sirènes avertissent
Qu’il y a quelque part
De la politique.
Sortons
Les couverts
Pour manger la moutarde.

Ô
Mais comment
Fairefaire aux gens ?

Une idée :
En faire des propagandistes.
En faire des gens qui se posent le problème de fairefaire
Des choses
Aux gens
Comme nous
Quoi,
En fait : des agents.

Par un effet 
Celui qui se pose le problème de fairefaire
Pour suivre ensuite ceux qui fontfont
– A cause de la vieille trouille de se voir appliquer
La vieille formule
Faites c’que j’dis pas c’que j’fais –
Fera.

Dans un caca
Comme la France
Il y a des gens qui sont orgueilleux.
Des gens comme moi
Qui sont orgueilleux,
Qui parlent pas
À la première personne
Tellement ils sont usés
De ruses
D’usure
Ou du combo-rusurosaure
Qui pue.

Du coup
On se laisse pas faire
Sans se faire le principe
De ce qu’on nous fait –
On dit bien mes affaires.
On devient pas soi-même
Comme dans devenez vous-même
Après coup,
Sans l’avoir cherché.
C’est comme à l’armée
Et c’est là que ça se complique :
Il y en a de plus forts
Que nous
Pour faire les principes.

Du coup ça bifurque
C’est la bifurcation 
Entre la servitude
Et le rond-point.
Tout droit : vent nord nord-ouest, ciel dégagé,
Pneus neufs, route refaite l’hiver dernier.
On se fait au principe.

Au rond-point : un rond-point.
Merde, c’est tout.

Mais quand même, c’est con, je me dis
Je fais meilleur consultant
En marketing
Que théoricien en révolution.

On se tutoie

– On se tutoie ? Nickel. C’est parti :
– Qu’est-ce qui est beau et bien et propre et neuf ?
Un paquet de gâteaux ?
– Oui, pas entamé.
Pas entamé.
– Oui.
Vous avez l’heure ?
– Reste concentré.
Pardon, pardon, merde.
Merci « mon gars », héhé.
Un rond ?
– Propre et neuf ?
Oui.
– Ok. Continue.
Je peux t’interrompre ?
– Je t’en prie.
Je suis en mal d’un sentiment tragique,
Tu me permets d’en essayer un ?
– Oui.
« Dessine-moi un mouton. »
Héhé, j’déconne.
Voilà :
Pendant qu’un parle l’autre se tait.

– Oouaaais ! C’est propre, ouéé ! attends, à moi, attends :
– Comment tu sais ?
Que ?
– Pendant qu’un parle, l’autre se tait ?
Tout à l’heure, je me taisais,
Je me disais, attends,
Peut-être on peut être
Que binaire
A la fois,
Je veux dire,
Par fois
Quand on discute
Je me sens bien.
– Et ?

Alors Ils s’en allèrent Manger quelques gâteaux.
Ils terminèrent le paquet.
Avant d’en remettre un
Sur l’étagère.

Ils avaient su tirer parti
D’une offre concernant
Les Figolu
Dans un magasin.

Un missionnaire au peuple

Je suis plus loquace que vous
J’écris, vous parlez,
Et encore
Si ça s’appelle parler
Et encore,
J’écris comme vous parlez
Si je veux,
Ou autrement.
Comment vous vous sentez ?
Vous triez vos déchets ?

J’en étais sûr
– soupir
Je soupire.
Arrêtez de chahuter
On s’entend plus.
Qu’est-ce que vous voulez ?
N’ayez pas honte
Allez-y,
J’écoute
Je note
Je suis là.
Des frites ?
Bon.
Attendez, je vous aide :
Tout est possible,
Tout
Est possible.
Vous imaginez ?
Est-ce que vous imaginez ?
Non, vous n’imaginez pas.
Attendez.

Ecrivez-moi
Si ça vous vient
À mon adresse
Professionnelle.
Alors par un effet
Vous serez confisqués,
Confisqués.
Allez-y,
Dites-moi,
Vous voulez bien ?
Qu’est-ce que vous voulez ?

Mathieu Farizier

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