Posez le crayon

Conseils techniques pour une stratégie de la flemme en entreprise

paru dans lundimatin#379, le 17 avril 2023

« Il ne faut pas parler plus haut que son caractère » écrivait Nicolas Chamfort, moraliste du 18iéme siècle.

Pourquoi prendre le risque de prétendre mettre le pays à genoux si l’on n’est pas sûr d’y arriver ?

Pourquoi demander aux français de se mobiliser, se mettre en grève, de renoncer à leur salaire, si l’on n’est pas sur d’emporter la partie ?

Il y a un moyen plus simple pour enrayer leur Économie chérie : Posez vos crayons.

Vous n’êtes pas certains que votre pouvoir d’achat augmentera ? Vous n’avez pas les moyens de vous mettre en gréve ou vous souhaitez garder vos RTT pour de vrais repos ? Et bien ne vous mettez pas en grève puisque cela ne semble pas de nature à faire fléchir le Gouvernement.

On vous demande de travailler plus, plus longtemps ? ? Commencez à vous ménager dès maintenant. Adaptez vous !

L’attention semble se porter sur la pénibilité : faites savoir à quel point votre travail est pénible. Si vous n’êtes pas entendus parce qu’il faut produire plus, aménagez vous-même votre travail afin de le rendre moins pénible.

Posez le crayon !

N’ayez crainte de la répression de l’Employeur. Le rapport social est en la faveur des employés. Pas de travailleurs, pas de dividendes. Groupez vous, parlez-vous entre collègues pour aligner et étalonner votre ralentissement, vous vous sentirez plus forts. Ils n’ont pas d’armée de re réserve.

Continuez à vous rendre au travail, mais faites tout lentement. Arrivez tard et partez tôt. Les taches répétitives doivent être faites plus lentement, avec plus de pauses. Ne cherchez pas à être productifs.

Prenez le temps de faire ce qui vous est demandé. Et ne faites rien de plus. Tenez vous en à votre contrat de travail.

Posez le crayon !

Si un supérieur vous questionne, dites que vous êtes épuisé, que votre corps et votre esprit souffrent. Et que pour faire deux ans de plus, vous devez adapter votre rythme et vous préserver. Puis passez à l’attaque : demandez des jours de repos, plus de pauses, des aménagements, du télétravail, plus de rotations (pas d’augmentations car on vous en demandera plus), à rencontrer un psychologue, le médecin du travail. Et le lendemain qu’un collègue demande la même chose ! Puis un autre. Vous n’obtenez rien de cela ? Nul ne s’étonnera que vous soyez encore plus lent.

On vous demande de faire quelque chose de nouveau ? Dites que vous ne préférez pas car vous devez vous préserver pour votre retraite.

Demandez, multipliez les réunions, les entretiens avec vos supérieurs pour faire ralentir la machine.

Posez le crayon !

« Ne pas faire » est paradoxalement une action. Et très dangereuse de surcroît. Devenez une armée de résistants. Dans l’ombre. Devenez le nombre. Rester invisibles, furtifs, insaisissables, c’est beaucoup plus inquiétant que proférer des menaces non mises à exécution. La police ne peut rien contre un ennemi fantôme.

Pourquoi rester loyal à l’égard d’un système qui ne vous rend plus le moindre service public ? Qui vous maltraite ? Et qui ne vous laisse aucune perspective de retour à meilleure fortune puisque la France est en faillite sur sa dette sociale à votre égard, et en incapacité d’exécuter sa part du contrat social. Alors pourquoi exécuter la nôtre ?

Mettez l’Économie à genoux sans perdre votre salaire, vos congés. Et en améliorant votre qualité de vie.

Posez les crayons, c’est reprendre la main !

Cela prendra du temps, mais une telle lame de fond est puissante. Ils viendront supplier que nous nous y remettions. Nous dirons alors à quelles conditions.

Faites circuler cet appel. Et demandez à toutes les personnes de votre entourage de poser aussi le crayon. Si nous le reprenons ce sera pour écrire nous mêmes notre devenir.

B.Y

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