Politique des confins

Bruxelles, Hong Kong, France, États-Unis

paru dans lundimatin#237, le 6 avril 2020

De la politique du « zéro lit vide » dans les hôpitaux français aux prisonnières qui fabriquent des masques à Hong Kong pour 100 euros par mois, de la politique de quarantaine carcérale en Belgique aux projets délirant de Google pour « prédire et prévenir les risques liés aux maladies infectieuses et au climat », cet article donne un aperçu tantôt effrayant, tantôt amusant du monde à l’heure du coronavirus.

« Quitter le navire ne suffira pas,
Des réponses viendront,
À la mesure de l’offense »
Justin Delareux [1]

Confins : le point extrême, le dernier degré

Aujourd’hui la ville est grise et partout l’air est clair. Le dialogue des feux de circulation perce la pluie tombante. Aujourd’hui seule la présence des coursiers vert et gris, parfois orange, manifeste que le monde n’a pas encore disparu. Qu’il se trame là quelque part, confiné dans ses intérieurs plus ou moins spacieux. Les avenues se parsèment de salons illuminés, la vie se confine derrière ses murs. Les voitures, comme échouées sur le bas trottoir semblent seules, réceptacles vides qu’elles ont toujours été, prolongation d’un espace privé désormais d’autant plus brandi comme seul espace vivable. Que reste-t-il vraiment d’un tel espace quand il ne ponctue plus le temps du travail, quand il n’est plus récompense et interruption éphémère ? Que reste-t-il de cet espace quand il devient le lieu du travail et non plus son envers ?

Triste envers, des mains jusqu’alors invisibles qui nous font tenir, qui rendent nos espaces privés des lieux d’arrêt, et aujourd’hui sont les seuls qu’on laisse encore s’exposer au dehors. Petites mains tenues par la précarité, par des loyers et la dette, enfermés dehors pendant que les drones-mégaphone répètent en boucle la nécessité de l’absence de contacts. Rester chez soi, les panneaux publicitaires gardent leur fonction informative, « stay safe en » hashtag qui s’agite dans la prunelle des consciences.

Les drones survolent les quartiers aux arbres rasés il y a peu pour construire une nouvelle ligne de métro. Stalingrad [2], dernière sacrifiée des projets urbanistiques d’endiguement d’une circulation trop dense. Les voitures de société hier roulaient encore, c’est un métro que l’on construira pour aérer les voies de circulations qui mènent les travailleurs à leur point d’occupation et retour. Des voitures roulent en surface, des individus se terrent dans les profondeurs des rames de métro. Aujourd’hui les volontés urbanistiques de circulation continue se conjuguent aux impératifs de surveillance et de confinement. Restez chez vous beugle le drone de sa voix dystopique. Une camionnette de police stationne sur le boulevard vide, un flic joue à la PlayStation grandeur nature. Les panneaux publicitaires ne réclament jamais rien dans le vide, même dans l’absence de la nuit leurs lumières nous illuminent, il en va de même pour la voix du drone qui ne s’adresse à personne et à tout le monde. Bruxelles embouteillée, Bruxelles se vide.

De mémoire, aucun été jamais n’a vidé la ville, pourtant, la population est là, claquemurée. C’est sa manière de rester solidaire. On le lui demande, une solidarité collective relayée par les panneaux publicitaires et les drones, une manière de se protéger aussi. Unique proposition de solidarité et de respect des normes sanitaires en temps de pandémie mondiale. Le virus n’a pas de frontière, il circule sans but, de transmission en transmission. Sa logique, celle de la chaîne de transmission, ne dit rien, si ce n’est celle du fonctionnement chimique de sa singularité propre. Que dit-elle de la nôtre ? Quelles sont nos chaînes de transmission ? Par où se transmet ce qui passe en nous ? Qu’est-ce qui nous lie-nous entre nous quand le virus ne vient pas casser nos chaînes de relations ? Pendant que les livreurs des nouvelles plateformes numériques, les aides ménagères, les caissiers et caissières, les postiers, les postières, les éboueurs fournissent la possibilité de continuer nos vies, la population s’enferme. Unique proposition à deux termes : protection et solidarité. Geste promu en solidarité pour empêcher la saturation des hôpitaux au bord de leur propre crise, toujours au bord. Désastre repoussé dans la clameur des applaudissements nocturnes. Les fenêtres des intérieurs s’ouvrent de reconnaissance pour celles et ceux qui continuent leur labeur essentiel au bord du gouffre. Rien pourtant ne change, l’hôpital public héroïsé aujourd’hui peine encore à rejoindre les deux bouts. Agnès Buzin se vantait des nouvelles logiques opératoires à mettre en œuvre dans les hôpitaux : le bed management. Le malade devient une particule dans le flux du roulement [3]. Zéro lit vide nous disait-on. Slogan politique. Toujours au bord du gouffre, au bord du désastre qui ne vient pas ou plutôt « qui ruine tout en laissant tout en l’état » [4] Le lean management devenu modèle social. Si aujourd’hui nous devons nous confiner, nous terrer dans nos « chez-soi » pour acclamer en héros un peuple de médecins et d’aides-soignantes sous-financés, c’est qu’il ne peut rester au pouvoir que cette héroïsation pour pouvoir tout continuer comme avant. Le lean management répond au principe de la création maximale de valeur pour un minimum de ressource. Poussé dans sa logique, c’est le « zéro stock » qui en est l’objectif, tout doit toujours être continué sur le flux tendu de la production de valeur. Modèle archétypal des sociétés de plateformes ou de livraisons, qui ne possèdent rien, mais font tout circuler en continu, de jour comme de nuit. Le flux conditionne le modèle social, conditionne l’hôpital dans la quotidienneté de son désastre toujours avenir. Toujours à flux tendu il est aujourd’hui incapable d’absorber le choc d’un dérèglement, la mobilisation collective dans l’urgence le permet. Le flux tendu est continué par la réaction que l’urgence mobilise : celle du confinement. Maggie De Block, ministre belge de la Santé, bloquait les numéros de licences pour les médecins, la concurrence est plus rude dès le début des études, les étudiants se confinent dans leurs chambres. Aujourd’hui il n’y a pas assez de médecins et demain il n’y aura plus de lits vides dans les prisons.

À Hong-Kong, quand la crise n’était pour l’Europe encore que grippe asiatique lointaine, l’État manque de masques et de gel hydroalcoolique nécessaires pour freiner la contamination de notre anarchique virus couronné. Les prisons sont mobilisées. Des chaînes de productions, ateliers de mains-d’œuvre disponibles au cœur du pouvoir judiciaire, sont redirigées vers la confection de masques à destination de la population. Ce sont surtout des femmes incarcérées qui sont mobilisées.

Hong Kong est l’un des États avec le taux de femmes incarcérées le plus haut de la région. La plupart du temps pour infractions aux modalités d’obtention du visa touristique. En d’autres mots, ces femmes détenues par l’État de Hong Kong le sont parce qu’elles ont travaillé durant leur séjour touristique. Hong Kong représente la prospérité économique de la mondialisation financière dans la région. Hub des valeurs boursières et hub aérien. Hub de transits de chiffres et de distribution de masses touristiques occidentales par frets aériens. Pour Hong Kong, Harbour, femmes et hommes quittent leurs régions avec l’espérance d’un avenir plus prospère. Les conditions de visas de travail, même pour de la main-d’œuvre, sont très strictes. Le visa touristique est une manière de tirer son fil. Souvent les femmes détenues à Hong Kong le sont pour prostitution via des réseaux. Aujourd’hui en prison, les autorités pénitentiaires font marcher les chaînes de production à pleins régimes pour combattre le coronavirus. Des ateliers sont ouverts de jour comme de nuit, les travailleuses sont rémunérées 100 euros par mois pour 6 jours de travail par semaine, parfois de nuit, 10 heures par jours. Il faut imaginer la chaîne de production continue dans l’enfermement des machines à coudre, leur bruit métallique. Les autorités pénitentiaires précisent : elles peuvent refuser. Comment refuser pouvoir sortir de sa cellule, comment refuser un afflux financier, même infime ? Entrées avec un visa touristique pour trouver du travail, incarcérées pour les mêmes raisons pour être ensuite mises au travail en détention. Le taux de chômage officiel est l’un des plus bas de la région et les avions circulent à plein régime, les rames de métro sont bondées du matin au soir par une population affairée. Le flux se tend.

Dans les prisons d’Italie, l’annonce des suspensions des visites, coupés de l’information du dehors, des émeutes éclatent. Des détenus montent sur les toits, ils rappellent leur existence et appliquent les recommandations sanitaires : prendre l’air et le soleil avant d’étouffer. En taule on étouffe déjà, le coronavirus est un SARS : Severe Acute Respiratory Syndrome. Les familles des détenus s’époumonent à crier leurs solidarités depuis le dehors des enceintes de la prison, depuis un monde que d’autres ne verront plus. La police rétablit l’ordre des deux mondes, retour en cellule, retour chez-soi, gardes à vue. Des lieux exigus dans les tourments de la précarité qui se font écho dans leur séparation exacerbée. Solitudes pour solitudes des corps qui restent confinés dans la promiscuité étouffante. Étouffer, cri contre les violences policières « I can’t breathe », symptôme du virus. On manque d’appareils respirateurs en prison, les personnes âgées ne sont plus prises en charge, elles meurent du tri. On manque de lits, de personnel soignant, on manque de presque tout, surtout d’air. Hier encore la Belgique amputait l’hôpital public d’un milliard d’euros. Orthodoxie budgétaire oblige, le FMI et la BCE débloquent 750 milliards d’euros pour sauver l’économie, des flux d’échanges boursiers qui se crashent parce que les gens tombent malades et se confinent. Ces coupes : « sans conséquences sur les patients » (peut-être sur le corps médical alors, ce ne sont pas les mêmes choses, jusqu’au jour où). Hier la Belgique faisait construire une nouvelle méga-prison hi-Tech par un consortium privé, introduction des visions-conférences pour les avocats et les institutions judiciaires, on ne bouge plus que par bandes passantes [5]. Prison cloud, nouvelle [6] plateforme informatique de gestions des données et des demandes de chaque détenu. Coût : 1,3 milliard d’euros, 1190 places disponibles. Je vois encore des SDF dans la rue que personne n’approche, ils toussotent, ils toussotaient déjà avant. Le taux de chômage explose. 1 million de nouveaux inscrits en Belgique.

Aujourd’hui, il y a quelques jours, quelques heures, je ne sais plus, le temps de l’urgence peine à se dater en dehors des scansions officielles (scansion de l’urgence, du nombre de semaines de confinement, du nombre à venir, du nombre de morts, de courbes, des pics, des seuils à atteindre), la presse nationale titrait : « Solidarités dans nos prisons : les détenus belges se mettent à fabriquer des masques pour les hôpitaux » [7]. Le taux de chômage est corrélé au taux d’enfermement [8]. Les prisons craquent, les murs non. Les gardiens continuent la pratique de fouille au corps à la sortie des préaux, corps à corps, « distanciation sociale » répétait le drone-policier. Les détenus travaillent, la production de masques est commandée par la Régie Pénitentiaire du travail, garanti CellMade [9]. Les masques seront pour dehors. L’hôpital en pénurie de matériel sauvée par la prison ? À voir. L’Iran libère 89 000 détenus, la Belgique met en place une quarantaine carcérale. Mitard dans le mitard. Seuls circulent entre le dedans et le dehors, les autres lumpenprolétaires de la prison, ceux qui la font marcher, les gardiens. Les prisons sont de plus en plus excentrées, leur trajet en transport en commun d’autant plus long. Le télétravail du maton ce sera demain [10]. Des émeutes éclatent, les Syndicats de gardiens déplorent les conditions d’exercice « on s’expose, on n’a pas de gants ». Une directrice se plaint de claustrophobie. Trop d’attente entre chaque sas. On ne libère personne, ou presque. La prison sera le nouvel épicentre pandémique, au cœur du système de régulation sociale de la violence. Les gardiens répriment les émeutes, les blocages de détenus. La police intervient. La dernière fois qu’elle intervenait en prison, elle cassait la grève, le blocage des gardiens. Aujourd’hui les gardiens ne peuvent plus faire grève, tenus au service minimum [11]. La police rentre dans les prisons, les portes resteront closes.

Le virus ne veut rien dire, tout comme « un phénomène naturel ne devient catastrophe que lorsqu’il rencontre un terrain morbide. Un modèle économique qui organise le monde sur le mode du flux tendu et de la rareté est un terrain morbide. » [12]

Les marchés en plein air sont désormais interdits. À la caisse d’un supermarché-local, un client placé à un mètre de moi m’interpelle : « je ne me suis jamais autant fait chier, je ne sais pas quoi faire de tout ce temps libre ». Les coursiers de la restauration continuent de livrer sur le pas de la porte. Garanti absence de contact. Les bancs publics sont interdits par la police. Seuls restent dans les parcs les joggers solitaires. Les librairies sont fermées. Amazon embauche à tour de bras. Des caissiers de renforts sont embauchés avec le statut d’autoentrepreneur en France. Je vogue de chez moi aux étalages de plus en plus vides des supermarchés. Je fais la file dehors, il fait encore beau comme en hiver. Je fais la file à la caisse sous les néons de la marchandise blafarde. Je reste chez moi.

Stratégie du choc : le néolibéralisme ne veut pas la crise, et contre tout complotisme ne l’attend pas. Néanmoins, il ne cesse de la produire : modèle d’organisation sociale à flux tendu, modèle de gestions de nos milieux. Il y en aura d’autres, des crises. Il y aura d’autres moments de mobilisation dans l’urgence. Comme a pu l’écrire Lordon, « la crise présente est la crise à venir ». La temporalité du néolibéralisme est non pas le temps d’une suspension, de la normalité en état d’urgence, mais le temps d’un désastre qui ne vient jamais. La crise est toujours après coup un moment continué de la réorganisation néolibérale. Ce n’est qu’après coup que sa violence constituée devient le moment de la violence constituante, toujours en virtualité dans son modèle d’organisation. L’impréparation des États phagocytés en est l’image. Il n’y a ni plan ni intention de la mise en état de l’urgence. Les États produisent les conditions de possibilité de l’actualisation de la crise comme virtualité toujours présente, à chaque moment, dans chaque temps. C’est en fin de compte le modèle du lean management : un mode d’organisation qui est toujours confronté à son propre écroulement sans jamais le voir venir. Prisons toujours sur le point de craquer, suspendue à son propre écroulement par un jeu morbide de circulation tendue entre les sorties et les entrées (aux USA par ans 10 millions de personnes entrent dans les prisons pour des délits mineurs). En Belgique on construit une prison de 1190 places pour selon les discours officiels désengorger les prisons existantes. Remplir à ras bord, tout en sachant que construire de nouvelles prisons ne fait que remplir de nouvelles prisons. Aux USA, 500 000 personnes par an passent par des centres de rétention. En France 45 000. Aujourd’hui avec la fermeture des frontières l’agriculture française se retrouve sans main-d’œuvre saisonnière. Lean management : toujours au bord du désastre qui ne vient pas, pour exploiter les mondes, il faut qu’il en reste au moins un.

Aujourd’hui confinés, nos échanges informatiques n’ont jamais été en augmentation aussi exponentielle. Le flux informationnel sur les bandes passantes n’a jamais été aussi important. Le confinement accélère l’utilisation du flux des données à travers le monde, et les opérateurs téléphoniques pensent agrégats des données. 6 opérateurs européens pourront nous géolocaliser sans notre consentement. Les droits qui régulent l’accès et l’utilisation de nos données peuvent être suspendus en temps de crise. Les RGPD comprennent une clause d’exception pour raison de santé publique. Pas le maintien des budgets hospitaliers. « Nous avons besoin d’une approche plus ciblée et personnalisée de la situation ». Real Impact Analytics [13] s’est déjà rodé à d’autres pandémies. Bis repetita.

Google.org, fondation philanthropique pour un développement durable à cinq grands projets dont : accélérer la vente des véhicules électriques ; prédire et prévenir les risques liés aux maladies infectieuses et au climat. Ne demandons pas l’urgence climatique. Son premier directeur : Larry Brilliant, épidémiologiste. Il est aussi l’un des pionniers de l’internet : contamination par le flux, chaînes de transmission.

Le coronavirus est une zoonose, une maladie qui passe, qui se transmet de l’animal à l’homme. Il est très certainement l’un des facteurs principaux des dernières et des prochaines pandémies mondiales.

Cette transmission homme / animal, au-delà des catégories des espèces, risque de se répéter. Les atomes de Fukushima contaminent les écosystèmes, les maladies passent de l’homme à l’animal. Contamination. Nous sommes de plus en plus en contact avec des « écozones » jusqu’ici hors de portées. Le commerce mondial et l’élevage intensif ont rapproché des espèces qui jusqu’ici ne se connaissaient pas. La destruction des milieux provoque des migrations forcées interspécifiques vers des zones densément peuplées par l’humain.

Aujourd’hui, Bruxelles est vide. La fiction du film de Suleyman, It must be heaven rejoint la nôtre. Des policiers orange fluo sillonnent en Segway électrique [14]. Leurs batteries sont au lithium, minerais extraits dans les mines d’Afrique de l’Ouest. Ils traquent les bancs occupés. Il fait encore froid à Bruxelles, Bruxelles se vide. (Je dois interrompre un instant le flux de l’écriture, j’apprends que la police, armée de chiens, chasse les derniers lieux de solidarités pour réfugiés. Les centres d’asiles ferment. Un ami chômeur isolé de longue date vit mal son confinement, il me le dit).

La population se confine, les hôpitaux saturent et la circulation financière des marchés de HK, Londres, Paris, New York s’écroule. En juin 2019, médecins et urgentistes manifestent contre les coupes budgétaires. En France La police les gaze et les disperse, ils sont sommés déjà de rentrer chez eux, enfermés en cellules. Aujourd’hui les médecins urgentistes s’exposent au-dehors de la contamination, la police traque les écarts pour que les hôpitaux ne craquent pas, eux aussi. L’Occident se noie dans une pénurie de matériel médical. Un phénomène naturel ne devient une catastrophe que lorsqu’il rencontre un terrain morbide. Zéro stock, zéro-lit vide.

La vitesse de contamination du virus à un niveau global (Baudrillard : la globalisation virale) n’a d’égale que la rapidité de territorialisation sur nos nouvelles habitudes. En l’espace de quelques semaines à peine les places mondiales se sont vidées, le télétravail enfin la norme. Comme l’écrivait Bernard Kappenne, économiste : il y a un basculement des habitudes des consommateurs vers une nouvelle économie. Des individus jusqu’à alors rétifs à l’utilisation de nouveaux services technologiques vont être forcés de les expérimenter. L’habitude ne s’en va pas. Comme l’écrit le journal Forbes : « le coronavirus finira par s’évanouir, pas le QLED 8K de Samsung ». Il existe désormais un index boursier « stayathome index ».

Les voitures ne roulent plus, le télétravail continue, les petits commercent sont fermés, les coursiers livrent, rester chez soi, quand on en a un, la police veille dans les rues, les parcs ferment, les centres d’hébergement d’urgence aussi, l’hôpital tourne à plein régime, les prisons craquent, les corps aux frontières de l’Europe aussi, on ferme les frontières intérieures, les camions de production circulent, les coursiers aussi, les centres d’asiles ferment, les compagnies aériennes s’arrêtent, les centres culturels et les librairies aussi, Amazon embauche, il n’y a pas encore de grève générale et pourtant tout s’arrête, et pourtant tout continue, comme si, épargnés par la crise, la crise avait tout de même lieu sans que nous puissions à proprement parler la situer dans le temps. Ou peut-être est-ce justement la crise de ne pas pouvoir situer son temps ?

Théophile Gürtin

[4Maurice Blanchot, L’écriture du désastre

[9Journal du Genepi Belgique, La Brèche « Des peines et du travail »

[11Journal du Genepi Belgique, La Brèche « Des peines et du travail »

[13« Nous avons mis en place ce type de dispositif pour Ebola en 2014 en collaboration avec les Nations unies, nous l’avons fait pour Zika en 2016 et nous avons réalisé également plusieurs études sur la malaria à ce niveau.

En d’autres mots, nous sommes les spécialistes mondiaux de cette exploitation des données télécoms à des fins de santé publique et, par chance, nous sommes Belges », explique Sébastien Deletaille, fondateur de Real Impact Analytics (devenue Riaktr) », https://plus.lesoir.be/286282/article/2020-03-11/coronavirus-proximus-pourrait-mettre-ses-donnees-disposition, consulté le 3 avril

lundimatin c'est tous les lundi matin, et si vous le voulez,
Vous avez aimé? Ces articles pourraient vous plaire :