Chantage à la Sextape à Saint-Etienne

Un comité défaite organise le pot de départ du maire

paru dans lundimatin#353, le 3 octobre 2022

Lundi dernier devant la mairie, le Comité Défaite de Saint-Étienne a dressé quelques tables, sorti les petits fours et monté une pyramide de coupes en plastique afin de faire correctement ses adieux à Gael Perdriau, maire Les Républicains (LR) et président de la métropole. Depuis la révélation par Mediapart, en août ; d’une sordide affaire de chantage à la sextape, les éléments incriminant le maire se sont accumulés, fragilisant toujours plus celui qui comptait profiter du premier conseil municipal depuis le début du scandale pour reprendre la main et continuer à faire taire toute opposition à sa politique.

Un pot de départ relativement classique en somme où, aux vols de confettis et de bouchons de mousseux, ont pu se succéder quelques prises de paroles. Nous vous transmettons deux d’entre elles. Un discours d’ouverture écrit par le journal local et indépendant le Couac donnant son point de vue sur la situation. Et un second provenant des membres du Comité Défaite, ayant eu tout le loisir d’observer Gael Perdriau et les siens durant les dernières années.

En ce lundi 26 septembre, tandis qu’une partie des cantonnier.e.s et autres agent.e.s municipaux de la ville sont en grève et se présentent devant la mairie, Stéphanoises et Stéphanois affluent également sur la place de l’hôtel de ville pour réclamer la démission du maire. Après celle de son directeur de cabinet aux méthodes criminelles, Pierre Gauttieri et de son ancien adjoint à l’éducation, Sami Kéfi-Jérome, les habitant.e.s semblaient prêt à faire en sorte que la série se poursuive « Et un, et deux, et Perdriau !! »

Pot de départ de Perdriau – 26 septembre – Discours d’ouverture

Mardi 20 septembre, Gauttieri - le dircab auto-désigné criminel - se fait limogé par Perdriau pour que lui-même puisse tenir. Mercredi 21 septembre, la municipalité accorde des concessions aux employé.e.s en grève. Jeudi 22 septembre, Perdriau se met en retrait de la présidence de la métropole, tout en conservant ses indemnités mensuelles. Manipulateur, voleur et menteur. Vendredi 23 septembre, Kefy-Jérôme démissionne subitement de son poste d’adjoint en charge de la jeunesse et de l’éducation. Le même jour, Mediapart publie un nouvel article accompagné d’un enregistrement de 2016 dans lequel on entend kefy-jérôme menacer Artigues pour négocier sa candidature aux législatives de 2017. Aujourd’hui, lundi 26 septembre, un soupçon de favoritisme pour l’entreprise « C Kel prod’ » fait la une de la presse nationale. Perdriau est maintenant seul, faible et sans fusible, lâché par les républicains, l’association des maires de france, certains membres de sa majorité et même le Medef loire !

Pour lui c’est clair : il n’a rien d’un maître chanteur, il est intègre et brandir la présomption d’innocence – appliquée à géométrie variable dans cette société - lui permet d’asseoir son déni. Heureusement que les méthodes d’investigation de Mediapart sont rigoureuses. Nous saluons l’excellence de leur travail journalistique. Leur indépendance et leur singularité dans le paysage médiatique français moribond et ultra-concentré démontre, une fois de plus, l’importance de l’investigation, grande absente de la presse locale.

Nous pensons que ce n’est pas le moment de lâcher, que c’est maintenant que ça se passe, que la société civile, le tissu associatif et les stéph doivent faire monter la pression. Nous saluons la prise de parole publique d’Ali Rasfi, conseiller municipal d’opposition, qui a mis à jour vendredi 23 septembre, les menaces qu’il avait reçu de Mohamed Goulam, chargé de mission au cabinet du maire, lors des élections municipales de 2020. Rien ne va dans cette affaire et les médias locaux et nationaux ont suivi les révélations, les rebondissements, les stratégies et les mensonges qui en ont découlé depuis maintenant un mois. Nous voulons souligner que cette affaire révèle, entre autres :

  • les petits enjeux de partis et de pouvoir d’une vieille france rance, bien loin des préoccupations des stéphanois.e.s et de ce qui devrait animer les politiques locales
  • les méthodes frauduleuses utilisées par nos dirigeants, permettant leur enrichissement, avec notre argent
  • le jeu de l’homophobie générale pour faire tomber un concurrent (lui-même homophobe) malgré le vernis du pinkwashing et d’une soi-disante inclusivité de la municipalité
  • le mépris d’un escort, travailleur du sexe manipulé, pour lequel aucun des protagonistes du chantage n’a eu de mot

Pour tout cela, et bien plus encore, ce chantage révèle une facette du système Perdriau. Nous n’oublions pas ce qu’il fait de notre ville. Nous n’oublions pas non plus qu’il est de droite même si, par stratégie de placement politique, il ne l’assume pas. Nous savons qu’il veut transformer les habitant.e.s, plus encore que l’image de la ville, par le design et la créativité au service des gagnants. Nous nous rappelons qu’il a été élu avec 14 139 voix dans une ville de plus de 170 000 habitant.e.s. Nous souhaitons que sa course à l’attractivité s’arrête ici. Et, nous pensons, à ce qu’il se dit ça et là, aux bons clients de la méthode Perdriau et aux manières de cette municipalité dont on parle entre associations ou en petits groupes mais qui peinent à devenir public. Nous pensons que c’est le moment de parler, de montrer combien les méthodes de ce chantage sont courantes au sein de l’équipe en place depuis huit ans, à quel point le clientélisme étouffe tout et comment les procédures « démocratiques » minimales ne sont pas respectées.

Nous voulons de la dérision face à la gravité de la situation, du cynisme face au déni. Nous rageons contre l’impunité et l’immoralité des crapules qui se veulent trop-puissantes. Nous voulons plus de pouvoir pour nous et moins pour eux.

Nous participons aujourd’hui au pot de départ d’un maire auquel nous ne voulons pas laisser d’autres choix que celui de démissionner. Les petits fours que nous dégustons ensemble sont tout l’inverse de la politique locale : autofinancés, mal présentés mais savoureux ! A l’issue de ce pot, nous vous invitons à prendre le micro pour que l’on se (re)dise tout ce que Perdriau a défait et méfait dans cette ville. Fêtons sa dégringolade et souhaitons lui un mauvais départ dans un cabinet de conseil poussiéreux.

Enfin, ce pot de départ est le premier, nous prendrons également part aux suivants : celui de Gauttieri le criminel lundi prochain, le 3 octobre, et celui de Kefy-Jérôme le lundi 10 octobre, fait de petits fours très secs pour finir d’étouffer ses ambitions. Mais aussi ceux de Labiche, Lacour, Liogier, Cinieri, Dallara, Pentecôte et tant d’autres. Nous pensons que l’ensemble de l’équipe municipale est illégitime, fidèles de perdriau en tête ! Nous ne leur laisserons pas la mairie. Nous n’attendrons pas quatre ans de plus pour élire une nouvelle équipe à la tête de cette ville. Nous sommes prêt à en découdre et à occuper l’hôtel de ville s’il le faut. Nous voulons que la mairie change de couleur et de camp. Nous voulons une politique à l’image de la ville : modeste, généreuse, cosmopolite, vertueuse et prolétaire !

Pour Gaël

Après huit années de travail acharné pour faire valoir l’attractivité de Saint-Étienne, nous tenons aujourd’hui à te remercier pour tout ce que tu as mal fait dans cette ville. Nous ne pourrons citer tous les sévices que tu as rendu à la collectivité, mais nous tenons à citer quelque-unes de tes réalisations, qui, à coup sûr, passeront à la postérité stéphanoise.

Nous pensons d’abord à cette formidable relation que tu as su entretenir avec les investisseurs de tous bords. Merci de leur avoir permis d’acheter notre ville pour la défigurer et la standardiser, faisant d’elle une banale cité dans la course des métropoles canons. Merci d’avoir permis le remplacement des vieilles pierres par des parpaings de standing. Merci d’avoir dépensé des millions dans la cité du désastre, enclave design et inutile dans la ville. Merci d’avoir porté la construction d’un projet du passé et complètement dépassé avec le lancement de Steel, et les cadeaux fait à Apsys, son promoteur. Merci pour la privatisation du soin à nos ancien.ne.s avec les cadeaux fait à Pierre & vacances pour sa résidence « Les Sénioriales », pendant que les EHPAD municipaux se délabrent. Merci d’avoir attiré Google jusqu’ici pour qu’on puisse bénéficier de son éducation au numérique en toute impartialité. Son atelier est maintenant fermé, comme les associations de pratiques numériques que tu as fait crever. Merci d’embourgeoiser Saint-Étienne avec la foncière « Topazze » et sa résidence étudiante de standing. Merci enfin pour la tentative d’installation de micros dans nos rues, en partenariat avec « Serenicity » et le fabricant d’armes Verney-Carron.

Tu as su faire du business sans oublier les valeurs consensuelles du sport. Merci pour l’accueil d’événements sportifs, comme l’Euro 2016 et la Coupe du Monde de Rugby de 2023, dont la démesure et le ringardisme de leurs barnums n’ont d’égal que la vétusté des équipements sportifs de cette ville. Merci de maintenir sous perfusion de millions d’Euros publics l’aéroport d’Andrézieux-Bouthéon pour pouvoir accueillir les (rares) officiels de ces événements.

Merci pour le sur-armement de la police municipale, couplé au grand déploiement de la vidéosurveillance. Nous pourrons nous délecter, en « ultra HD » et en « slow-motion », du top ten des meilleurs violences policières grâce au 300 caméras supplémentaires que tu as fait installer depuis 2014.

Merci d’avoir voulu dépenser 360 millions d’€ métropolitains pour le déroulé d’une bande d’asphalte, détruisant terres agricoles et biodiversité. Merci pour ta ténacité et ta défense du projet d’A45, en étroite collaboration avec Wauquiez l’intolérant et Vinci et sa fiscalité optimisée.

La cerise indigeste sur le gâteau de merde de tes mandats, n’aura été autre que ton époustouflante réélection de 2020. Jugeons plutôt : c’est un raz-de-marée humain de 14 139 personnes qui t’a réélu dans une ville de plus de 170 000 habitants. Il faut croire que ta com’ déployée à grands millions n’a donc pas suffit : les bâches annonçant les multiples démolitions, la mise en scène huilée du magazine de la Ville, les pubs à la gare Part-Dieu, l’ouverture du grenier des projets rue Louis Braille ou encore tes passages sur les plateaux télé de Bolloré, auront mis à jour ton égo et ton autoritarisme mal-venus. Oups, on voulait dire : ton « ambition » et ton « leadership » innovant.

Parmi tes multiples qualités professionnelles, nous louons tes maîtres mots : constance et loyauté, qui se traduisent notamment par ton obsession pour le pognon et ta tendance à le partager avec tes plus proches « collaborateurs ». Le racket quotidien des stéphanois.e.s via la généralisation du stationnement payant, le trucage des marchés publics, le détournement (massif) de subventions associatives, sont à coup sûr, des méthodes qui ont permis d’asseoir ton empire financier et celui de ta clique. Nul besoin de t’encourager à garder cet argent, tu as déjà pris les devants en te contentant d’une mise en retrait de la présidence de la Métropole en conservant tes indemnités mensuelles, bravo Gaël, tu les as bien volées !

Mais la plus belle de tes réalisations, petit cachottier, tu l’as faite il y a huit ans ! Quel n’a pas été notre bonheur d’apprendre que tu t’étais lancé discrètement dans la production cinématographique amateure. Un formidable gestionnaire comme toi, doublé d’un artiste au cœur sensible. Finalement, ton mandat s’était achevé avant même de commencer : dans les cendres de ta carrière artistique. Cela fait donc des années que tu as volé ta légitimité, nous n’attendrons pas quatre ans de plus pour te la reprendre ! Bravo pour ta démission et bon vent !

Le Comité Défaite

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