Notre Dame de Paris : qui a allumé le feu ?

4 hypothèses

paru dans lundimatin#196, le 17 juin 2019

Les élections passées, revenons aux choses sérieuses (non pas que les élections ne soient pas une chose sérieuse, entendons-nous bien, je parlais seulement des dernières) : le 15 avril, le toit de la cathédrale Notre Dame de Paris a brulé. Ça fait maintenant deux mois de cela. Et à cette heure, aucune cause, aucun incendiaire volontaire ou involontaire n’ont été identifiés. On ne va pas tourner autour de la flèche en cendres, il n’y a pas dans cette affaire trente six mille hypothèses, on en retiendra quatre :

Dieu : sa main, son jugement, que sais-je, son courroux (« coucou ! » comme dirait son voisin actuel au Paradis, le regretté Desproges). Les croyants - c’est le moins qu’ils puissent faire - sont sommés de prendre cette hypothèse au sérieux. Dieu, en effet, n’aurait-il pas eu de bonnes raisons de rentrer dans une très sainte colère ? Bien sûr que oui. On l’imagine tout d’abord fondre en larme en découvrant le discours d’Emmanuel (pas son fils, notre Président) dans l’après-midi du lundi 15 avril 2019 (une date à retenir) : Emmanuel a écarté le rétablissement de l’ISF, et n’est pas revenu sur sa décision de renationaliser la branche nucléaire d’EDF (et ne parlons pas de l’absence de refus de démarrage de l’EPR de Flamanville dont tout le monde se fout, par ignorance du drame qui s’annonce). L’effet « waouh ! » tant attendu par les commentateurs politiques ne concerne donc pas le rétablissement de l’ISF, d’importance pourtant toute relative puisqu’il ne s’agit que de rétablir ce qui a été supprimé, mais la suppression de l’ENA ; laquelle suscite l’indifférence. Dieu a jugé que c’était se foutre de son peuple, non élu certes mais néanmoins chéri, de la France fille aînée de l’Église. En agissant ainsi Emmanuel Macron a fini par atteindre les sommets de l’indécence préfigurés par les abus de la fête de la musique en 2018 à l’Elysée, aggravés d’un comportement inconcevable à Saint Martin. Tout cela a fini par devenir insupportable à Dieu : ses foudres, destinées à Jupiter, ont visé la charpente de la très symbolique Notre Dame de Paris une heure avant son allocution. Il n’était pas question pour lui de foudroyer directement celui dont il espérait un changement d’orientation. Mais cette hypothèse, visiblement, n’a pas reçu l’aval du très pieux Emmanuel. Si l’on se fie au contenu de son allocution décalée, à l’évidence pour lui l’incendie n’était pas l’œuvre d’une colère divine.

Sans hésiter - et sa bonne humeur sur le chemin de la cathédrale en témoigne - il a préféré à cette version des faits celle d’un signe de sens contraire, celui d’un soutien divin : Dieu souhaitait compatir à son malheur politique. N’est-il pas tellement essentiel à l’équilibre du monde ? N’est-il pas celui par qui adviendra l’arrêt du nucléaire ?

(Commentaire en off, si vous le voulez bien. Dieu voudra bien me le pardonner  : « Allons donc ! comment l’arrêt du nucléaire pourrait-il résulter d’une renationalisation d’EDF, aboutissement du principe néolibéral de la privatisation des profits et de la socialisation des pertes ? Ce choix politique a au contraire le double avantage pour Macron de combiner libéralisme et prolongation de la fuite en avant nucléaire de la France ! ». Fin de commentaire)

 

Après l’"accident" métaphysique, deuxième hypothèse : l’accident laïc. Ou l’accident tout court. Il a été présenté d’emblée sans enquête approfondie et pourtant de manière péremptoire par les Autorités comme la version privilégiée. D’où le fait qu’on ait entendu un très autoritaire ’version à privilégier’, alors même qu’elle a été décrite comme improbable par un expert. Et il s’avère qu’un tel évènement arrangeait parfaitement les desseins d’Emmanuel Macron. Persuadé du caractère inéluctable de l’échec de son allocution, parce qu’il sait que cette affaire des Gilets jaunes a peu de chances de s’arrêter tant ces gueux veulent sa démission, que la répression n’a pas eu l’effet escompté, bien au contraire le mouvement s’est radicalisé et ils ne lâcheront rien, qu’il n’en est pas à exclure la dissolution de l’Assemblée mais l’hypothèse s’exclut d’elle-même à proximité des Européennes, et au fur et à mesure que l’on s’approche de l’heure fatidique, puisqu’il a été capable de l’idée géniale du Grand Débat il aimerait se donner encore un peu de temps pour en trouver une autre et tester ses décisions sur les journalistes et les commentateurs politiques, ce qu’il n’a pas pu faire parce que ces affidés, eux, veulent une allocution solennelle et des surprises à la hauteur du génie de leur demi-dieu. Et c’est alors que l’évènement inespéré survient.

On appelle cela une coïncidence ou de la synchronicité (Ce n’est pas de la métaphysique mais on n’en est pas très éloigné, car ça tient souvent du petit miracle vu le haut degré d’improbabilité. On parle aussi de providence en théologie).

Emmanuel Macron était dans une panade sans issue apparente, et, miracle, une heure avant la diffusion de l’enregistrement de son allocution le feu démarre de la manière la plus inopinée et inimaginable qui soit dans les combles de la cathédrale, créant un immense brasier traumatisant l’édifice et les esprits du monde entier. Les travaux de rénovation en cours ne semblent pas pouvoir être suspectés puisque les ouvriers n’en étaient encore qu’au stade du montage de l’échafaudage, et qu’on ne met pas le feu à une poutre en chêne avec un mégot de cigarette jeté sur elle par inadvertance, et cela d’autant moins que les ouvriers étaient sur le toit et non dessous. Avec la récente restauration du système électrique, le haut niveau de sécurité incendie et la présence en permanence, 24h/24, de deux agents, l’ancien architecte en chef de Notre-Dame, Benjamin Mouton ne comprend pas ce qui a bien pu se passer. Un autre expert, anonyme, convoqué par un média européo-israélien voulant souffler sur les braises, ne peut concevoir qu’ « une forte charge calorifique » au départ du feu. Tandis que la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem subissait un début d’incendie au même moment qu’à Notre Dame, venant accréditer l’hypothèse d’une synchronicité mondiale. Se trouverait-elle confirmée par la coïncidence survenue sur le plateau de ’N’oubliez pas les paroles’ de Nagui, où, à la même heure, une des candidates choisit de chanter la célèbre chanson "Belle", tirée de la comédie musicale "Notre Dame de Paris", et enchaina par la chanson : "Allumez le feu" !

Pour qu’il s’agisse bien d’une coïncidence, il faut une synchronicité de très haut niveau, d’une improbabilité quasi-absolue, le vrai miracle en somme. Et ça existe. N’est-ce pas Emmanuel (pas notre Président, Son fils ! [Non, pas à Macron ! A Dieu ! Y’a un ’s’ majuscule tout de même ! Et notre président lui n’est pas roi, il est juste Jupiter. Et il n’a pas d’enfants... Enfin peut-être... mais bon, ne compliquons pas les choses s’il vous plait, la situation, déjà, n’est pas des plus simples]) ? Et ne me demandez pas de vous décrire le scénario, la succession de tous les improbables évènements pourtant bien réels s’articulant dans une telle hypothèse, et menant au premier feu précédant l’incendie, je n’ai pas assez d’imagination.

 

Troisième hypothèse : l’attentat. N’en déplaise à Madame Loiseau, celui-ci est une hypothèse recevable. Cette ancienne ministre amnésique, oublieuse de son passé d’extrême-droite, et tête de liste LREM aux Européennes boutée d’Orléans par les Gilets jaunes, a jugé que Nicolas Dupont-Aignan méritait « deux claques » pour le seul fait d’avoir questionner la cause de l’incendie. Pas un simple rappel à la Raison, non, pas un procès éventuellement, pas une claque : deux ! Pour le seul motif d’avoir mis en doute la conviction du Procureur de la République et de notre extralucide Castaner privilégiant l’accident. Et il n’évoquait même pas l’hypothèse d’un complot !

Or non seulement l’attentat ne peut être écarté d’un revers de main, mais on peut même considérer comme une faute morale, politique, et même philosophique le fait d’exclure l’action d’un déséquilibré, autrement dit l’attentat pathologique, source potentielle par ailleurs de coïncidences en raison du caractère profondément irrationnel de la folie. A New-York le mercredi 17 avril par exemple, soit deux jours plus tard, l’homme arrêté à la cathédrale avec de l’essence a bien « été hospitalisé pour évaluation psychiatrique  ».

Concernant l’hypothèse d’un attentat politique, on observe qu’à cette heure il n’y a eu aucune revendication, ce qui tendrait à écarter cette hypothèse. Même Daech n’a pas revendiqué l’incendie quand, dans le passé récent, l’organisation s’emparait en général de tout évènement dramatique ou à forte portée symbolique.

A moins qu’il s’agisse d’un de ces attentats ne nécessitant pas de revendication dans la mesure où sa signification est très clairement identifiable par les services de renseignements ? Un peu comme le survol des centrales nucléaires par des drones à l’automne 2014 et le casse du cerveau électronique de l’EPR de Flamanville début mai 2018 ? Et dans l’hypothèse d’un attentat, quelle organisation terroriste ou quel pays pourraient être suspectés ? La Suisse, comme dans mon incrimination assez peu convaincante ?

En tout cas on voudrait attenter à la respectabilité du Président de la République française en attirant sur lui les soupçons de manipulation, qu’on ne s’y prendrait pas autrement. François Mitterrand aurait dit : « Les Français ne le savent pas, mais nous sommes en guerre contre les États Unis, une guerre féroce, une guerre invisible, une guerre sans morts ».

 

Reste enfin l’hypothèse la plus insupportable moralement : le complot intérieur, ou plus précisément la manipulation : un attentat d’Etat. Une origine à l’incendie que l’on ose à peine évoquer, sauf à voix basse entre amis, pour moins risquer d’être accusé de complotisme. Ou d’être roué de gifles par Mme Loiseau ; voire pire. Et pourtant l’avocat Gilet jaune François Boulo a bien raison : ce qu’il y a d’inquiétant dans l’idée de complot, c’est d’y penser tout le temps ou de ne jamais y penser. Et Libération de s’interroger : le gouvernement a-t-il interdit aux architectes des monuments historiques de répondre aux interviews ? Des internautes ont évoqué un projet architectural de l’ile de la cité datant de 2016 dans lequel le toit de Notre Dame est fortement remodelé, et soulignèrent que l’incendie tombait drôlement à pic [1], [2] et[3]. D’autres firent remarquer que la thermite, un puissant agent incendiaire, dégage en brulant une fumée de couleur jaune semblable à celle du début de l’incendie. Le très controversé site Panamza informa : Notre-Dame : les tours étaient « exceptionnellement » fermées. Sur la foi de cette information apparemment explosive, il accusait : « le site officiel de la cathédrale Notre-Dame avait annoncé - fin mars et jusqu’au jour mêmeque les tours seraient rendues inaccessibles aux visiteurs une heure plus tôt dans la journée du lundi 15 avril. (…) En clair : c’est précisément durant la tranche horaire de 17h30/18h30 (qui fut spécialement interdite aux visiteurs, mais aussi aux ouvriers qui avaient tous quitté les lieux à 17h30) que le foyer du feu fut activé… accidentellement. Ou délibérément... ». On attendit avec impatience d’observer les réactions à cette assertion incendiaire et sa destinée. Le gestionnaire du site Panamza ne pouvait à priori qu’être « pendu » haut et court. Elles se limitèrent curieusement à une confirmation par Libération, laquelle ne fut pas commentée : Pourquoi les tours de Notre-Dame ont-elles fermé plus tôt le jour de l’incendie ?

 

L’attitude autoritaire de Christophe Castaner imposant d’emblée et contre toute logique une vision et une seule, ne peut que contraindre un esprit indépendant à s’interroger, et à questionner l’hypothèse d’une manipulation. Avec d’autant plus d’inclinaison à cela qu’une telle posture provient d’un homme politique inspirant peu confiance (à l’époque la confiance qu’on pouvait lui accorder était déjà très faible, mais après sa scandaleuse manipulation de l’hôpital de la Pitié Salpêtrière elle s’est réduite à rien), qu’il est en plus d’une extrême violence à l’égard de ses concitoyens Gilets jaunes, et qu’il a, ou a eu, des relations dans le grand banditisme, où il lui serait aisé de puiser d’éventuels acolytes .

Néanmoins, quelque soit le lourd passif du ministre de l’Intérieur, la seule interrogation qui vaille réellement, notamment après la lecture du livre de Juan Branco consacré à Emmanuel Macron, de celui de Marc Endeweld, Le grand manipulateur, et d’un article tel que celui-ci : Emmanuel Macron et son harcèlement sexuel par mails, la seule interrogation qui importe est la suivante :

Emmanuel Macron peut-il nous apparaitre comme un politicien capable en période de grande crise politique intérieure de faire le calcul et le choix d’un attentat uniquement matériel et impressionnant, de très forte charge symbolique et émotionnelle n’occasionnant pas de victimes, propice à un projet architectural qui à l’évidence ne pourrait jamais faire l’unanimité en d’autres circonstances, et susceptible de ressouder la nation, offrant ainsi l’espoir d’éteindre le feu des Gilets jaunes ?

 

Voilà. On peut se limiter à quatre hypothèses. Et à moins d’être dans une dictature, il n’est pas interdit de les soupeser. Toutes.

Y compris une bouffonnerie du fantôme de Johnny.

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