Non vous ne l’êtes pas

« Architecture, pouvoir, libéralisme et infrastructure »
Keller Easterling

paru dans lundimatin#455, le 11 décembre 2024

L’année de parution d’À nos amis du comité invisible est aussi celle d’un livre entièrement consacré au pouvoir infrastructurel et encore non traduit en français, Extrastatecraft : the Power of Infrastructure Space, par l’architecte Keller Easterling, enseignante à Yale aux États-Unis. Dans l’ensemble de ses livres, d’Organization Space (1999) à Medium Design (2021), Easterling développe une critique des dispositifs de production de l’espace globalisé et des divers récits du libéralisme qui les accompagnent.

« Le pouvoir réside désormais dans les infrastructures de ce monde. Le pouvoir contemporain est de nature architecturale et impersonnelle, et non représentative et personnelle. (…) Le pouvoir, c’est l’organisation même de ce monde, ce monde ingénié, configuré, designé. (…) Le pouvoir est désormais immanent à la vie telle qu’elle est organisée technologiquement et mercantilement. »

Comité Invisible, À nos amis

En 2014, dans À nos amis, le comité invisible s’attardait sur les mécanismes de détermination sociale liés aux dispositifs logistiques et infrastructurels de l’organisation matérielle de la vie humaine. Il poursuivait ainsi le travail entamé par la revue Tiqqun15 ans plus tôt qui explorait notamment les relations entre libéralisme, dispositifs, et politique de la vie humaine — ou biopolitique — des concepts que Michel Foucault a développés dans sa généalogie du libéralisme : Sécurité, Territoire, Population, puis Naissance de la Biopolitique (1978-1979). Selon Foucault, l’émergence du libéralisme est celle d’une technologie de gouvernement qui cherche à maximiser certains phénomènes en intervenant sur nos milieux de vie. Cette intervention prend la forme de dispositifs : des organisations architecturales, économiques, juridiques, et, plus tard, informatiques. Une ligne à haute tension, une autoroute, un sens giratoire, un supermarché, une banlieue pavillonnaire, une raffinerie, un programme informatique, un câble sous-marin, une fibre optique, ou un data center sont autant de dispositifs complémentaires donnés comme exemples par le comité invisible.

L’année de parution d’À nos amis est aussi celle d’un livre entièrement consacré au pouvoir infrastructurel et encore non traduit en français, Extrastatecraft : the Power of Infrastructure Space, par l’architecte Keller Easterling, enseignante à Yale aux États-Unis. Dans l’ensemble de ses livres, d’Organization Space (1999) à Medium Design (2021), Easterling développe une critique des dispositifs de production de l’espace globalisé et des divers récits du libéralisme qui les accompagnent. Plutôt que de commenter des architectures singulières et exceptionnelles, elle analyse les règles, protocoles, et récits qui régissent leur production, ainsi que leurs conséquences sur le gouvernement de nos vies humaines. À l’exception d’un court extrait des thèses d’Extrastatecraft, traduit récemment par le journaliste et DJ Hervé Loncan dans le numéro 6 de la Revue Habitante (2024), il n’existe à ce jour aucune autre traduction du travail d’Easterling en français, malgré sa proximité avec le trio Foucault-Tiqqun-comité invisible, ou, plus récemment, avec les recherches de la philosophe Barbara Stiegler sur la biopolitique néolibérale et l’organisation mercantile du monde dans Il faut s’adapter : sur un nouvel impératif politique (2019).

Nous proposons donc la traduction française d’un article d’Easterling paru initialement en 2016 dans e-flux], une plateforme de critique culturelle basée à New York. Des figures majeures de la critique du capitalisme contemporain y ont publié, comme McKenzie Wark ou Franco “Bifo” Berardi. Ce texte fait partie d’une série de contributions à un projet éditorial d’e-flux, intitulé “Superhumanity,” qui interroge les relations de formation réciproque entre design et vie humaine, et qui a abouti en la publication d’un livre, Superhumanity : Design of the Self (2018). Dans cette contribution parue peu après la première élection de Trump à la présidence des États-Unis, Easterling propose une critique des discours binaires et totalisants, et de leur omniprésence sur la scène politique et médiatique. Elle plaide en faveur d’une attention aux dispositifs, aux déterminismes qu’ils produisent, et d’une capacité du design à les déjouer pour y réintroduire de l’indétermination. Alors que Trump entame désormais son second mandat, et que son équipe gouvernementale se compose notamment de libertariens très attentifs au pouvoir infrastructurel, le moment ne peut être qu’opportun pour introduire le travail d’Easterling à une audience francophone.

MLAV.LAND & Nagy Makhlouf, 2024

Non vous ne l’êtes pas - Keller Easterling, 2016

Le ratio de Fibonacci appliqué à l’univers.

Il est certainement inexact de valoriser les attributs du système nerveux d’homo sapiens consistant à rechercher à tout prix la bonne réponse, la pensée totalisante, la particule élémentaire ou la vérité universelle. Ces convictions ne se limitent pas aux philosophies formelles, aux religions ou aux régimes politiques, mais imprègnent profondément les activités humaines quotidiennes. Certaines constructions mentales — les plus immatérielles et éphémères inventions du corps humain — finissent par se figer en raisonnements circulaires qui exigent d’être les seuls et uniques valables. Un dictateur, un professeur, un guide spirituel, un parent ou un collègue s’engagent tous dans des méditations quotidiennes, d’inlassables justifications pour prouver qu’ils ont raison. Quasiment tout ce qui compose les assemblages souples de la plupart des organismes vivants fonctionne par des itérations infinies, par la multiplication et par le tâtonnement. Pourtant, ce symptôme d’un égocentrisme obstiné continue à exercer son emprise sur l’organisme, le forçant à tourner autour d’un répertoire très limité de comportements. Constatant le fait qu’il n’y a vraisemblablement pas d’autres créatures assises, absorbées dans leur pensées et méditant sur la dialectique ou le telos, les humains commettent même l’erreur de croire que cette habitude contraignante de réflexion est un don qui les élève au-dessus des autres.

Comme la supériorité ne peut tolérer la contradiction, cet argument oscille entre un raisonnement circulaire - où circulent les preuves opportunes et compatibles — et une confrontation binaire — où la preuve non conforme est dénigrée. Pour avoir raison, il faut combattre. Il n’y a ni développement ni idéation sans affrontement. Il n’y a pas de littérature sans conflit. Les débats grandiloquents ne favorisent pas la coexistence des idées et des pratiques, mais plutôt leur succession. Ils doivent se débarrasser de celles en place pour instaurer du neuf et du transcendant. La racine du problème — le désir d’avoir raison — est traitée comme la réponse progressive à ce même problème. La nouvelle bonne réponse supplante l’ancienne, tandis que les schémas mentaux qui encouragent la violence se déploient dans une vaine tentative de l’apaiser. Il existe finalement très peu de différences entre une avant-garde d’idées et une avant-garde militaire. Qu’il s’agisse de joutes intellectuelles ou de guerres totales, ce sont les histoires sordides des “humanités”.

Selon la disposition du raisonnement circulaire, une démonstration incontournable sera toujours structurellement correcte. Dans un récent ouvrage consacré aux arguments gagnants, un humain du nom de Stanley Fish cite un dialogue de “The Argument Clinic” des Monty Python. Michael Palin, venu à la clinique pour débattre, déclare : “Une argumentation est un processus intellectuel. La contradiction n’est que le rejet automatique de tout ce que dit l’autre personne.” John Cleese réplique : “C’est FAUX !” Renforçant à son insu le comique de la situation, Fish se sert de ce dialogue pour prouver que lui avait raison dès le départ quant à l’inévitabilité du débat [1]. Comme tant d’autres, il pense que répéter “Vous voyez bien !” sera toujours une démarche humaine et sera toujours correct. Et la culture continue de se flatter de sa capacité à débattre, à déployer les logiques de la pensée raisonnable pour parvenir aux preuves qui établissent la bonne réponse.

John Cleese, Michael Palin, Terry Gilliam, et Terry Jones prennent la pose en avril 1976.

Au-delà des préoccupations quotidiennes individuelles, le circulaire et le binaire s’étendent à grande échelle. Des populations entières et d’immenses territoires subjugués par une croyance universelle ou un régime totalitaire peuvent se mettre en branle pour prouver qu’ils ont raison. Les muscles se tendent, les poings se transforment en armes. Les statistiques, les données, et la théorie des jeux contribuent à rationaliser les guerres et le consumérisme en prétendant que leurs conséquences sont raisonnables. Historiquement, on a toujours présenté les infrastructures mondiales comme des solutions ultimes, transcendantes et rédemptrices ; c’était aussi vrai des chemins de fer que ça l’est des technologies digitales qui traitent la donnée comme l’unique forme d’information dans un monde qui est Turing-complet [2]. Les adolescents de Daech ne sont pas les seuls à aspirer à leur propre califat, fusil et marteau à la main.

Des anciens aux modernes, ceux qui ont tenté de briser l’emprise du circulaire et du binaire à travers d’autres pouvoirs d’homo sapiens sont souvent ramenés à son vortex. Les anciens, qui sont encore souvent perçus comme une apogée culturelle avec leur foi dans les facultés du corps, le polythéisme et la démocratie, n’ont fait qu’initier, de manière prometteuse, la connaissance de la puissance de l’organisme. Pour échapper à la “cage d’acier” [3] de la culture rationalisée, nous choisissons une idéologie encore plus juste. Peut-être qu’une position marxiste se battra avec le marché jusqu’à ce qu’elle parvienne à une utopie ultime, laquelle échouerait uniquement à cause d’un manque de pureté. Deleuze et Guattari offrent un autre exemple frappant de philosophes si érudits qu’ils sont capables d’indiquer des choses hors de leur philosophie, qu’il s’agisse d’animaux, de pratiques quotidiennes ou d’expressions familières. Ils écrivent : “Beaucoup de gens ont un arbre planté dans la tête, mais le cerveau lui-même est une herbe beaucoup plus qu’un arbre”. En cherchant à s’affranchir, ils adoptent cependant des habitudes de pensée qui, parfois, dérivent vers le monisme et l’opposition binaire. “Il y a tant de règlements de comptes, car l’épistémologie n’est pas innocente” [4]. Le circulaire et le binaire ne sont-ils pas solidement ancrés lorsqu’une tentative d’échapper aux humanités se prétend “radicale” ou “post-humaine” : Une fois de plus, la logique valorisée par les humains semble prospérer sur la reproduction de sa propre négation.

Mais bien que difficile à exprimer dans des structures de pensée rationnelles, les humains cherchent constamment à s’échapper de leur cage et à dépasser les limites de l’humain. Le monde est régi par une irrationalité et un cirque souvent incompatibles avec nos philosophies. Beaucoup de choses ne changent pas à cause d’une preuve logique ou d’un plan raisonné, mais à cause de désirs irrationnels. Même la théorie du jeu la plus élaborée peut être contrecarrée par une simple série de mensonges. Pour les philosophes, ces pouvoirs sont souvent interprétés comme de la sorcellerie ou comme une quête magique et obscure, alors qu’ils ne sont en réalité qu’un autre type de savoir qui est souvent manifeste dans les activités éphémères, voire pratiques. Il s’agit de savoir-faire — du “savoir comment” en plus du “savoir que” [5]. Ce sont les pouvoirs de la table dansante “mystique” de Marx [6], souvent considérée comme statique. Mais peut-être qu’ils sont, en réalité, beaucoup plus comme les “contagions” sociales de Gabriel Tarde, le coeur des économies d’échanges. Ces influcences sont davantage des formes de persuasion que des arguments, qui émergent et se propagent au sein des populations. Il est possible que beaucoup des problèmes les plus énigmatiques du monde — ceux qui échappent à l’explication rationnelle — résident dans ce territoire lointain.

Peut-être que la robustesse des humains brutaux et des sociopathes les plus dangereux est dûe à leur foi inébranlable dans la logique binaire et circulaire, mais aussi dans leur habileté à manier l’irrationel et le fictionnel. Ils ne se lassent jamais d’un argument circulaire et s’engagent, presqu’à leur insu et jusqu’à leur dernier souffle, dans des échanges du type “a fait—n’a pas fait” ou “est—n’est pas non plus”. Non seulement ils ne reculent pas, mais ils sont impatients d’attaquer. Ils sont contents d’être dans le circulaire parce qu’ils sont le circulaire. Ils sont “le seul et l’unique”, et la moindre contradiction n’est pas seulement rejetée mais aussi traquée et anéantie. Cependant, les brutes les plus efficaces comprennent aussi le pouvoir contagieux de la persuasion et savent en jouer. Ils savent qu’un seul mensonge active et renforce le comportement rationnel, car il fait appel à la nécessité d’un comportement rationnel pour rétablir la vérité, mais que la présence de nombreux mensonges commence à former un revêtement de Teflon sur lequel la rationalité perd pied et dérape. C’est là le pouvoir des leaders religieux, des politiciens et des célébrités. Leur chant de sirène peut entraîner les gens à se mettre en file indienne pour se jeter du haut d’une falaise. Comme un ivrogne qui essaie péniblement de marcher comme s’il était sobre et posé, chaque suiveur qui chute affirmera qu’il est plus juste, voire plus rationnel, que ceux qui ne font pas la queue. Agissant comme s’ils étaient les seuls à détenir la vérité, les suiveurs daignent discuter des détails de leur projet à ceux qui sont moins rationnels ou mal informés. Ce désir familier humain d’occuper une position supérieure dissimule habilement le pouvoir de séduire et de manipuler. Ainsi, armé uniquement de rationalité ou du désir de gagner le débat, il devient presque impossible d’entraver ou d’interrompre cette séduction ou oppression, qu’elle émane d’une menace à l’école, d’un administrateur mesquin ou d’un dirigeant autoritaire dans nos “démocraties” modernes.

Le ratio de Fibonacci appliqué à la coupe de cheveux de Donald Trump.

S’opposer à un tyran conduit inévitablement à la tautologie humaine de vouloir avoir raison. Cependant, offrir un répertoire plus vaste de comportements constitue un pouvoir capable de dérouter les philosophies en allant au-delà de la compétition, de la rationalité et d’une juste estime de soi. Ces pouvoirs sont si familiers qu’ils sont presque imperceptibles, ou bien ils sont seulement difficiles à exprimer dans des formes de discours habituels. Pour aller au-delà de l’humain, ils l’incluent plutôt que de le nier. Ils sont “plus-qu’humains”, parfois au-delà de la peau et du soi [7]. Bien qu’ils soient souvent jugés comme paranormaux par la raison humaine, chacun a la capacité d’exercer ces pouvoirs, de s’affranchir des constructions dominantes et de déjouer leur violence omniprésente.

Le design [8] est un terrain privilégié pour observer à la fois l’inflexibilité humaine et les potentialités du plus-qu’humain. Dans un cadre limité à l’humain, le design peut signifier l’inscription totale de l’environnement dans des systèmes rationnels de proportion ou de géométrie qui aspirent à être des “lois naturelles”. Si l’on peut facilement penser à un Gesamtkunstwerk [9] historique illustrant ces idéologies, les environnements numériques actuels sont aussi enfermés dans ces rêves totalisants et dans les capacités très limitées d’un système nerveux saturé par les flux visuels et une sexualité par défaut. Cependant, le design peut aussi viser à étendre d’autres capacités que celles du système nerveux. Il existe de nombreuses facultés sous-exploitées dans la voix, la peau, le squelette ou les muscles, en interaction avec d’autres éléments tels que les solides, les photons et les ondes. Le plus-qu’humain ne nie pas le design humain, il en multiplie les formes dans un champ plus large, de sorte qu’il y en ait toujours plusieurs au lieu d’une seule.

Cintres utilisés pour construire un nid de corbeaux. Photo : Yosuke Kashiwakura.

Au-delà de la conception des choses, il y a celle des modalités qui les déterminent, et au-delà d’un mode opératoire global, il y a la conception d’une modalité itérative. La bonne réponse n’est jamais définitive et sera inévitablement remise en question. De la même manière que la navigation d’une rivière est imprévisible mais praticable, les conceptions dont les effets se déploient progressivement dans le temps produisent des changements indéterminés qui déjouent continuellement le circulaire et le binaire. Cette indétermination n’est ni marginale ni faible — elle est suffisamment flexible pour réagir lorsqu’elle est mise à l’épreuve. En plus de la conception des plans directeurs, on devrait voir la conception d’éléments réactifs, de combinaisons, d’interdépendances, de produits chimiques, de réactions en chaîne et d’effets de cliquet. Ce type de design ne cherche pas à produire une réponse définitive ou un équilibre parfait. Mais s’il y a des dispositifs de violence spatialisés, est-ce qu’il y en a pas aussi qui atténuent ou neutralisent cette tension ? Les documents que les architectes présenteront à l’avenir ne seront peut-être plus des instantanés d’instants parfaits, mais des spécifications pour des liens et des interdépendances qui restent en place pour s’équilibrer et se déséquilibrer mutuellement.

Concevoir le plus-qu’humain, c’est comme jouer au billard. Les boules sur la table forment une topologie, un réseau complexe de relations séquencées. Il ne s’agit pas de viser une seule cible, mais d’interagir avec un réseau flexible de surfaces dures ou absorbantes. Un joueur qui se concentre sur une seule séquence limitera ses possibilités, empochera moins de boules et perdra. La boule de choc, la cible et le trou à atteindre sont rarement alignés, ce qui exige une expertise des contacts indirects et des ricochets pour la plupart des coups. Le jeu se joue comme une réaction en chaîne avec des ramifications qui évoluent à chaque coup. Pourtant, à chaque coup, le meilleur choix consiste à maximiser ses chances de continuer à jouer, en générant plus de possibilités, plus d’options dans ce réseau. Inutile d’annoncer chaque tir, mieux vaut laisser les spectateurs deviner. Finalement, tout repose sur une forme de toucher, difficile à décrire mais qui se comprend seulement dans l’action. Le billard n’est qu’un rappel de toutes les choses qui peuvent changer lorsqu’un corps, avec toute sa sensibilité et ses champs de forces, effleurent l’air alentour. Parfois, c’est une question de vitesse et d’impact, de la main à la queue de billard jusqu’à la boule. D’autres fois, c’est une question de langage — l’effet imprimé sur la boule de choc, transmis à la cible. Le langage est une technique raffinée, imprévisible mais exploitable. Ce n’est pas tant l’intention du joueur que l’interaction entre les solides en mouvement qui importe. Un joueur qui maintient constamment des options ouvertes peut jouer plus longtemps. C’est un peu comme être trop intelligent pour avoir raison.

Traduction par MLAV.LAND et Nagy Makhlouf


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[1Stanley Fish, Winning Arguments : What Works and Doesn’t Work in Politics, the Bedroom, the Courtroom, and the Classroom (New York : Harper Collins, 2016).

[2NdT : Un système est dit Turing-complet s’il peut simuler une machine de Turing, c’est-à-dire qu’il peut exécuter n’importe quel algorithme théoriquement concevable, à condition d’avoir suffisamment de temps et de mémoire. En d’autres termes, un système Turing-complet est capable d’effectuer toutes les opérations de calcul possible, comme celles qu’un ordinateur moderne peut accomplir.

[3NdT : La “cage d’acier” est un concept développé par le sociologue Max Weber pour décrire la manière dont la rationalisation et la bureaucratisation de la société moderne enferment les individus dans un système rigide de règles et de procédures. Selon Weber, l’essor du capitalisme et de la bureaucratie, centrés sur l’efficacité et la rationalité, conduit à une perte de liberté personnelle et à une aliénation, où les individus sont piégés dans des structures impersonnelles, contraints de suivre des processus standardisés plutôt que de prendre des décisions autonomes ou éthiques.

[4Gilles Deleuze and Felix Guattari, Mille Plateaux : Capitalisme et Schizophrénie (Paris : Les Éditions de Minuit, 1980), 24 & 63.

[5Gilbert Ryle, The Concept of Mind (Chicago : University of Chicago Press, 1949), 27–33.

[6NdT : La “table dansante” de Marx est une métaphore utilisée pour illustrer le concept de fétichisme de la marchandise dans son ouvrage “Le Capital” (Volume I, Chapitre I). Ce concept décrit comment, dans les sociétés capitalistes, les biens sont perçus comme ayant une valeur intrinsèque, indépendamment du travail et des relations sociales qui les ont produits. La table “danse” comme si elle avait sa propre existence, occultant ainsi les conditions de travail et les liens sociaux réels impliqués dans sa production. Cela critique la manière dont le capitalisme déforme les relations humaines et crée une illusion de valeur qui masque l’exploitation et l’aliénation.

[7Jane Bennett, “Systems and Things : a response to Graham Harman and Timothy Morton,” New Literary History 34, 2 (Spring 2013) : 225.

[8NdT : Dans son sens large, le mot design fait référence au processus de planification et de création de solutions fonctionnelles et esthétiques pour répondre à des besoins spécifiques. Selon le contexte, “design” peut désigner différents moments du processus de conception. Selon le contexte, il est traduit par “design” ou par “conception”.

[9NdT : Le terme Gesamtkunstwerk désigne une “œuvre d’art totale” qui intègre plusieurs formes artistiques en une seule création cohérente. Différentes disciplines collaborent ainsi pour créer une expérience artistique complète et immersive, où chaque élément renforce l’autre pour aboutir à une œuvre harmonieuse et unifiée.

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