Massacre à Rio de Janeiro

De Jacarezinhio à Penha : le narco-gouvernement à son apogée

paru dans lundimatin#496, le 11 novembre 2025

Ce texte a été écrit le 30 octobre [1], deux jours après l’opération policière la plus vaste et la plus meurtrière de toute l’histoire de Rio de Janeiro, à laquelle ont participé 2500 policiers, contre le Comando Vermelho, qui contrôle diverses favelas de la "cité merveilleuse". Cette “Operación Contención” qui s’est déployée sur les favelas de Penha y Alemão, a causé la mort d’au moins 121 personnes, ce qui en fait le massacre d’État le plus sanglant qui ait jamais eu lieu dans les périphéries du Brésil. Traduit par Alèssi Dell’Umbria à partir de la version castillane publiée par les camarades chiliens de Pensamiento & Batalla.

Le 5 mai 2021, le massacre de Jacarezinho a marqué une rupture symbolique : pour la première fois depuis des décennies, l’État brésilien a agi sans aucune honte, affichant ouvertement son visage répressif. Au cours de cet épisode, vingt-huit personnes ont été exécutées sous prétexte d’une opération « contre le trafic », mais ce à quoi on a assisté était en réalité la répétition générale d’une nouvelle forme de gouvernance : un gouvernement par la mort. Le texte que j’ai écrit à l’époque, intitulé « Jacarezinho et le narco-État » [2], allait déjà dans ce sens : l’État ne « faillit » pas en tuant, il remplit sa fonction structurelle de défense des intérêts des classes dominantes, transformant le contrôle social en source de profit et de pouvoir. La létalité n’est pas une erreur, c’est une méthode comptable de l’ordre.

Ce massacre a été le laboratoire de la doctrine qui allait mûrir quatre ans plus tard, dans les favelas de Penha et d’Alemão. Ce qui a changé entre 2021 et 2025, ce n’est pas la nature de la violence, mais sa gestion : la mort est devenue une donnée administrative, planifiée, mesurée, légitimée en tant que politique publique. Ce qui était un « excès » est devenu une méthode ; ce qui était « illégal » est devenu la norme. De Jacarezinho à Penha, nous parcourons l’itinéraire complet d’un État qui, au milieu de la crise structurelle du capitalisme dépendant, ne dissimule plus sa fusion avec les forces du crime, la milice et le capital. La répression n’est pas la réponse au désordre, elle est la forme même de production de l’ordre. Et cet ordre se construit sur l’extermination quotidienne d’une population noire et périphérique, héritière des quilombos [3] et des senzalas [4], aujourd’hui confinée dans des territoires abandonnés où l’État s’absente en tant que droit et réapparaît sous forme de balle. Si Jacarezinho était le test, Penha est la maturité du narco-État : le moment où la barbarie cesse d’être une exception et devient le langage administratif du pouvoir.

L’opération baptisée « Contenção » (Confinement), lancée le 28 octobre 2025 dans les complexes d’Alemão et de Penha, à Rio de Janeiro, s’inscrit dans une dynamique qui se répète depuis des décennies. La nouveauté réside uniquement dans l’ampleur, l’appareil mobilisé, le nombre de morts et la couverture médiatique, mais le cœur de l’action reste intact : la vieille guerre contre le trafic de drogue, les factions et le « pouvoir parallèle ». Ce qui change, et de manière intense, c’est que cette guerre est devenue une politique d’État. Pour la comprendre, nous devons donc déplacer l’attention du conflit immédiat vers son fondement structurel : pourquoi cette guerre est-elle vitale pour l’État ? Pourquoi se déroule-t-elle précisément dans les territoires périphériques ? Qui sont ses véritables acteurs, non seulement ceux qui sont visibles à la lumière des médias, mais aussi ceux qui restent invisibles parce qu’ils font partie du fonctionnement du système ?

L’État bourgeois, forme politique du capital, a pour principe la défense des intérêts des classes dominantes et de leurs classes auxiliaires. L’appareil répressif en est donc une composante habituelle. L’opération Contención met moins en évidence la « naturalisation » abstraite de la force létale qu’un régime de légalité managériale : dispositifs juridiques, mesures opérationnelles et routines administratives qui transforment la mort et la coercition en indicateurs de performance. Les déclarations du secrétaire de la police civile, Felipe Curi, ne se contentent pas de justifier la létalité, elles l’intègrent dans un modèle de gouvernement où les arrestations, les dossiers de résistance classés, les « neutralisations », les discours sur le « narcoterrorisme » et la coopération interinstitutionnelle servent de clés d’autorisation pour le budget, les achats publics, la protection politique et l’expansion technologique. En déclarant que Rio « vit un état de guerre », Curi énonce une doctrine de gestion territoriale : absence sociale structurée (pas d’écoles à temps plein, de crèches, de santé, de revenus, de culture) et hyperprésence policière comme technologie de contrôle. Cet arrangement produit des ennemis remplaçables (la main-d’œuvre juvénile noire) et des souverainetés qui se chevauchent (police civile, police militaire, police fédérale des routes, forces armées, ministère public et pouvoir judiciaire) qui distribuent l’exception, la maintenant licite et reproductible.

Concrètement, cela réorganise l’espace urbain (valorisation sélective des terrains, expulsions lentes, captation des services informels) et fournit un flux de revenus à l’économie de la sécurité. La favela, quilombo contemporain de survie noire, est une cible privilégiée car l’État lui-même s’est retiré en tant que garant des droits et réapparaît en tant que gestionnaire du risque et de la punition, imposant aux jeunes Noirs, élevés pour la plupart par des mères célibataires, dont les pères sont morts ou emprisonnés, un menu d’exploitations équivalentes : le sous-emploi dégradé ou le recrutement par des organisations armées qui disputent à l’État l’extraction de la valeur de ces mêmes corps.

La létalité n’est pas une erreur ; c’est une méthode comptable de l’ordre. L’utilisation de l’expression « état de guerre » est également révélatrice. Elle légitime la militarisation totale de la vie civile, la suspension pratique des garanties constitutionnelles et l’instauration d’un régime d’exception permanent dans les territoires périphériques. En affirmant que « la létalité élevée était prévisible, mais non souhaitée », elle banalise le massacre. La prévisibilité de la mort est, pour lui, une donnée opérationnelle, une sorte d’effet collatéral acceptable dans la logique de la sécurité. Cette phrase contient toute l’essence de la rationalité instrumentale qui domine l’État capitaliste en crise : la mort n’est pas une erreur, mais un coût calculé, inscrit dans la comptabilité de la gestion sociale.

L’affirmation selon laquelle « les victimes de cette opération étaient les militaires morts ou blessés » est un geste de déshumanisation totale. Réduire des dizaines de civils exécutés à des « criminels qui ont choisi de ne pas se rendre » est une forme moderne d’eugénisme politique. Le mot « choix » déplace la responsabilité : les morts sont devenus responsables de leur propre exécution. La nécropolitique de l’État transforme le pouvoir de tuer en un acte administratif. Le secrétaire renforce également le vieil argument selon lequel le gouvernement de l’État agit « seul » contre la criminalité, se plaignant du manque de soutien fédéral. Cette rhétorique est stratégique : elle donne l’image d’un État héroïque et abandonné, luttant contre des forces supérieures. Mais, dans la pratique, elle sert à cacher le véritable abandon, celui des pauvres, des favelas, des travailleurs précaires qui vivent assiégés. Le différend entre le gouvernement de l’État et le gouvernement fédéral n’est qu’un différend sur la gestion de la barbarie. Aucune des deux parties ne remet en cause le principe fondamental de la politique de sécurité : que la vie périphérique est jetable et que le territoire populaire est une zone militarisée.

Lorsque Curi affirme que l’opération a été « planifiée » et qu’elle « respectait les normes légales », nous assistons à la normalisation de l’absurde. Respecter la loi tout en assassinant des dizaines de personnes est un signe indéniable que la légalité a été totalement absorbée par la logique de l’exception. Le problème n’est pas le non-respect de la loi, mais le fait que la loi ait déjà intégré le crime comme fonction. La modernité juridique bourgeoise a toujours coexisté avec la violence comme fondement ; mais aujourd’hui, avec la décomposition de l’État bourgeois, cette violence émerge au grand jour comme principe organisateur. La loi et le fusil sont des instruments complémentaires de la même rationalité de contrôle. Le discours de Felipe Curi ne diffère pas, en substance, des doctrines contre-insurrectionnelles élaborées pendant la dictature militaire. Les idées de « territoires hostiles », de « guerre interne », de « pouvoir parallèle » et d’« élimination de l’ennemi » sont les mêmes. Seuls le scénario et la sémantique ont changé. L’ennemi, autrefois qualifié de « subversif », est aujourd’hui le « trafiquant », le « criminel », le « narcoterroriste ». La fonction politique est identique : maintenir la population dans la terreur, justifier le budget de la guerre, garantir la discipline de la main-d’œuvre et empêcher l’organisation autonome des classes subalternes. La favela est traitée comme une colonie interne, un espace d’occupation et de pillage, un laboratoire de la politique d’exception.

Lorsque le secrétaire affirme que « Rio vit en état de guerre », il ne ment pas, mais il ne précise pas qui a déclaré cette guerre. Ce ne sont pas les habitants qui ont envahi les institutions, c’est l’État qui a envahi les foyers des travailleurs. La guerre n’oppose pas « le bien et le mal », comme le répète la presse, mais le capital et la vie. Les forces de répression sont le bras armé de l’accumulation, nécessaires pour contenir le surplus humain que le capital n’absorbe pas. C’est pourquoi cette guerre ne prend pas fin. Elle est vitale pour le fonctionnement du système. Elle renouvelle la légitimité des gouvernements qui se maintiennent par la peur et la promesse d’ordre, et fait tourner toute une économie parallèle de sécurité, d’armes, de blindés, de surveillance, de contrats et de corruption. Le discours de Curi est emblématique d’une classe dirigeante qui gouverne par la violence et le mensonge. Son discours combine technocratie et brutalité, moralisme et cynisme. En justifiant le massacre au nom de la légalité, il réaffirme le dogme central de l’État bourgeois : la préservation de la propriété et de la hiérarchie sociale au-dessus de la vie. Au fond, ce que Santos appelle « contention » est la gestion de la misère. C’est l’administration de l’excès humain produit par la crise structurelle du capitalisme dépendant. C’est la manière dont l’État régule le flux de barbarie qu’il produit lui-même.

La guerre urbaine est l’instrument de contention de la surpopulation relative, une masse de travailleurs précaires, racialisés et confinés dans les territoires périphériques, dont l’existence dépasse les besoins de valorisation du capital, mais dont la discipline est vitale pour la stabilité de l’ordre. Ce qu’on appelle la « lutte contre le trafic » est le masque idéologique de cette contention : un dispositif qui transforme la pauvreté en menace et la misère en ennemi. La guerre contre le Comando Vermelho [5] est l’alibi qui légitime le réaménagement social et territorial exigé par le capital, réorganise l’espace de la ville, revalorise le sol, déplace des populations, reconfigure les pouvoirs locaux et renouvelle le pacte entre l’État, la milice et le marché. Depuis le milieu des années 1980, comme le montrent les études de Loïc Wacquant, entre autres, l’appareil d’État traite les favelas comme des zones d’exception : des territoires coloniaux internes où s’exerce la souveraineté de l’extermination.

Nous sommes donc face à un État qui a intériorisé la nécropolitique ; la soi-disant « guerre contre la drogue » est une méthode de gouvernement, une politique de mort administrée au nom de l’ordre. Pourquoi ce conflit existe-t-il et, plus encore, pourquoi se concentre-t-il dans des territoires comme Alemão/Penha ? Ces espaces sont des exemples paradigmatiques : des quartiers périphériques densément peuplés, une population majoritairement noire, un revenu par habitant inférieur à la moyenne de la ville, des infrastructures publiques déficientes et historiquement sous le contrôle partiel ou total de factions armées (comme le Comando Vermelho) ou de milices qui ont émergé du vide étatique. Ce lien entre informalité économique, absence de l’État et violence organisée est largement documenté. Une gouvernance parallèle, criminelle, politique et économique s’y est installée, et l’État, loin de l’éradiquer de front, se met à la contester ou à fusionner avec elle.

Le territoire de la favela constitue donc un laboratoire d’accumulation exceptionnel : la population y est soumise à une surveillance militarisée, à la disparition des garanties, à une létalité élevée et à l’exploitation lucrative (directe ou indirecte) de ses vies. Voyons la dynamique concrète de l’opération : des milliers d’agents (2 500 selon les sources) mobilisés dans des véhicules blindés, des drones, des armes automatiques ; la revendication gouvernementale de « narcoterrorisme » ; de nombreux cadavres abandonnés dans les rues ; des écoles fermées ; des transports interrompus. Cela révèle que l’opération ne visait pas seulement les chefs du trafic, mais tout un territoire dans son ensemble. Dans une opération de ce type, la mort fait partie du plan. La continuité du projet d’État-guerre devient visible. Ce qui s’est passé le 5 mai 2021 à Jacarezinho était donc un essai : la maturité est désormais vérifiée. Il s’agit d’une politique de confinement actif, et non d’un simple patch de sécurité publique. L’appareil répressif coïncide avec l’« arrangement » du narco-État : l’État, les milices/factions, le capital immobilier et la bureaucratie de la sécurité se soumettent à la logique de l’exception permanente.

Ce que l’État appelle « territoire en conflit » sont en réalité des territoires de survie noire, de véritables quilombos modernes, érigés sur les ruines d’une citoyenneté refusée. Historiquement, les favelas ont été le refuge des descendants d’esclaves, repoussés vers les collines et les périphéries des villes par un projet systématique d’exclusion. Au fil des décennies, les pouvoirs publics se sont retirés de ces espaces, abandonnant des générations entières à la survie et à la violence quotidienne. Là où l’État ne construit pas d’écoles à temps plein, ne garantit pas de crèches, n’offre pas d’alternatives en matière de revenus ou de loisirs, la loi du désespoir s’installe. Les jeunes Noirs grandissent avec deux seules possibilités : l’exploitation directe par le capital, dans des emplois dégradants et sans avenir, ou l’exploitation par les organisations criminelles qui se disputent le contrôle du territoire avec l’État lui-même. Les deux fonctionnent selon la même logique : celle d’extraire la vie et l’énergie des corps noirs jetables. L’absence de politiques publiques n’est pas une omission, c’est une méthode. L’abandon est une forme de domination. La favela, réduite à l’état de champ de bataille, est aussi l’expression la plus radicale de l’échec, ou plutôt du succès, de l’ordre capitaliste à maintenir un peuple sous contrôle par le biais du manque.

Mais pourquoi cette confrontation existe-t-elle, au-delà de la couverture idéologique de la « lutte contre le trafic » ? Parce que le territoire périphérique remplit deux fonctions pour le capital : celle de réserve de vie et celle d’accumulation par la précarisation. L’État-capital, en crise structurelle, a besoin de discipliner le surplus humain que le système économique n’a pas absorbé : les jeunes Noirs rejetés, les chômeurs, les sous-employés. La favela cesse alors d’être uniquement le théâtre de la « criminalité » pour devenir le théâtre d’une réorganisation de la main-d’œuvre, de la valorisation immobilière de ses versants et de l’extraction directe de revenus, par le biais des transports informels, du gaz et de l’électricité parallèles, gérés par des milices ou des trafiquants. La répression violente sert à contenir ce surplus et à réorganiser la discipline dans la périphérie. Ainsi, cette confrontation est une composante structurelle de la gouvernance néolibérale tardive dans des contextes dépendants comme celui du Brésil. L’idéologie de la « guerre contre la drogue » fonctionne comme un mécanisme de racialisation des périphéries, légitimant le massacre de corps comme politique d’État. Dans ces conditions, la guerre ne « combat pas le crime », mais produit le crime comme vecteur de discipline. Ce que l’on appelle le « crime organisé » est à la fois un agent économique et un instrument de gouvernance.

De plus, ce conflit se concentre dans des territoires tels que Alemão/Penha, car la résistance institutionnelle y est faible, la présence de l’État y est fragile, la bureaucratie y est limitée et les infrastructures y sont déficientes. La faction domine, certes, mais précisément parce que l’État a laissé le vide s’installer. Des projets tels que les Unités de police pacificatrice (UPP) ont été des tentatives d’occupation pacificatrice, notamment dans le cadre de méga-événements, mais ils n’ont pas profondément modifié les mécanismes structurels, avec le retour de la violence et de la répression militarisée. La confrontation s’intensifie précisément lorsque l’État décide de ne plus tolérer l’autonomie parallèle de la faction, non pas pour « libérer » le territoire, mais pour assumer ou coopter cette domination et l’insérer dans le dispositif d’accumulation capitaliste dépendante.

La faction fait partie du mécanisme : trafic, milices, marché immobilier, transport informel, tout cela absorbe la favela dans le cycle. L’attaque n’est donc pas dirigée contre la « criminalité » pure et simple, mais contre un rival qui doit être discipliné pour que l’ordre fonctionnel puisse perdurer. Cette contention ne se produit toutefois pas dans un vide ludique : elle résulte de la normalisation de l’exception. L’opération réaffirme que l’État fonctionne selon une nouvelle logique : l’exception n’est pas suspendue, elle est internalisée. Le droit démocratique et la juridiction civile deviennent accessoires. Comme l’analyse la théorie critique de la nécropolitique, l’État définit qui « peut vivre » et qui « doit mourir ». Cela est visible dans les favelas, où des jeunes Noirs sont tués lors d’opérations policières sans que presque personne n’en soit tenu responsable. Le système de garanties ne fonctionne pas non plus de manière intensive. L’impunité fait partie intégrante du système : le taux de létalité élevé est légitimé par l’absence de conséquences réelles. Il est aussi certain que le soleil se lèvera demain que les forces responsables s’en sortiront indemnes. L’opération de 2025 le confirme : sélectivité létale + impunité = régime de guerre permanente.

Et à ce stade, une chose s’impose : ni la gauche institutionnelle ni la droite ne résoudront le problème, car toutes deux s’inscrivent dans la logique de la barbarie criminelle promue par l’État. La droite rend hommage à l’exterminateur, la gauche réclame « moins de létalité », « une réforme de la police », « plus de droits humains », mais maintient intacte l’idée que l’État sécuritaire peut guérir le mal social. Cette croyance est fausse. Ce que nous avons, c’est l’État sécuritaire lui-même qui agit en tant que gestionnaire de la violence et de la discipline sociale. La gauche institutionnelle reproduit la confiance dans l’État et dans la formule de la surveillance policière, mais avec une couleur différente. La droite reproduit cela avec plus de virulence. Dans les deux cas, le narco-État se reproduit. Lorsque nous examinons la gestion de Cláudio Castro à Rio de Janeiro, nous constatons qu’il n’inaugure pas le modèle, mais qu’il l’approfondit. Il n’est pas la cause, mais l’opérateur conscient de la maturité du modèle. Il gouverne par la guerre, fait de l’opération létale sa marque de fabrique, comptabilise les morts comme des trophées de pouvoir. Et surtout, il institutionnalise la logique de l’exception. Les médias annoncent « la plus grande opération depuis 15 ans », les journaux célèbrent l’appareil, les analystes parlent de « choc de l’ordre ». Mais en réalité, cette opération en dit moins sur un gouvernement que sur le fonctionnement avancé du régime capitaliste dépendant brésilien, dans lequel la périphérie est une zone de sacrifice, d’extraction, d’expérimentation de la gouvernance d’exception. La létalité n’est pas un échec de la démocratie ; elle fait partie intégrante de sa fibre répressive.

De plus, ce modèle de contrôle et d’exception est intrinsèquement lié à l’accumulation de capital, au secteur immobilier, aux transports, aux services informels, au gaz et à l’électricité clandestins. Les factions et les milices opèrent avec le soutien tacite de l’État ou sous sa tolérance. Elles fournissent des sources de profits, contrôlent des territoires, garantissent des « services » et absorbent les excédents. Lorsque l’État intervient dans l’opération, ce n’est pas pour « éradiquer » ce système, mais pour le réorganiser sous sa tutelle ou sous une nouvelle hégémonie. L’opération Contención est le moment où l’État revendique ce territoire comme sien et annonce que la logique est « soit l’État, soit le criminel », mais le criminel fait déjà partie de l’État.

Ensuite, le message annoncé est : « Nous prenons le contrôle ». Et le contrôle exige du spectacle, de la létalité, de la surveillance et de la peur. Pour les habitants de la favela, cette guerre n’apporte pas la sécurité, mais la terreur. Pour le capital, elle apporte des opportunités : les valeurs immobilières des collines à risque chutent ; les investisseurs spéculent ; les transports informels sont contrôlés ; la violence génère la sous-traitance de la sécurité privée ; l’appareil répressif justifie les fonds, les contrats et les affaires de la guerre urbaine. Au final, la favela est doublement exploitée : par la faction/le marché et par l’État répressif. Le remède promis n’arrive jamais, car le chemin choisi a été celui de la guerre, et non celui de l’inclusion.

L’enjeu n’est pas « moins de létalité » ou « une meilleure police » : il s’agit de dépasser le régime de sécurité en tant que politique sociale. La solution ne réside pas dans l’État, mais dans la lutte contre l’État sécuritaire. La tâche de l’avant-garde politique n’est pas de réformer la police, mais de dépasser le régime d’accumulation et de discipline qui justifie sa létalité. L’ennemi n’est pas seulement le narcotrafiquant ni seulement le policier : c’est l’arrangement qui transforme les corps (principalement les corps noirs et périphériques) en territoire de guerre, de profit et d’impunité. L’opération Contención montre que l’ère du narco-État a déjà atteint sa maturité : ce n’est plus une fracture ou une exception, c’est une forme de gouvernement. Il est essentiel que nous reconnaissions cela afin de pouvoir réfléchir à une issue qui rompe avec la logique de la contention, qui remplace la guerre par une démocratie substantielle, la réparation, la transformation structurelle et le protagonisme de la classe ouvrière périphérique. Sans cela, nous continuerons à réclamer « moins de létalité » tandis que la guerre progresse, et nous continuerons à constater les cadavres sans enquêter sur le système qui les produit.

Il n’y a aucun moyen de lutter contre cette logique avec des réformes. La gauche institutionnelle, en réclamant « l’amélioration de la police », le « respect des droits humains » ou une « nouvelle politique de sécurité », ne fait que renforcer l’édifice de la domination. Elle veut humaniser la barbarie sans en abolir la cause. La droite, quant à elle, fait de la barbarie son étendard, exigeant plus d’armes, plus de fusils, plus de sang. Les deux sont les deux faces d’un même projet : le maintien de l’ordre capitaliste et la perpétuation de la misère. La solution ne se trouve pas parmi ces alternatives. La solution réside dans le rejet radical de cette structure, dans l’organisation autonome des travailleurs et des peuples périphériques, dans la construction d’une politique de libération qui ne dépende pas de l’État, mais qui le confronte. L’histoire fera payer cher cette normalisation de l’horreur. Quand l’État appelle « guerre » ce qui est un massacre, quand il appelle « contention » ce qui est extermination, quand il appelle « planification » ce qui est barbarie, il n’y a plus aucun doute sur le chemin parcouru. Rio de Janeiro, sous Cláudio Castro et Felipe Curi, est devenu le miroir le plus clair de la dégradation de l’État bourgeois brésilien : un régime de sécurité qui ne protège pas, une démocratie qui tue, une loi qui justifie l’exception. Et tant que nous ne briserons pas ce cercle infernal, tout le pays continuera d’être gouverné par la mort.

Les forces armées, intégrées à ce processus, jouent le rôle de gardiennes de la propriété et de la stabilité sociale, et non celui de défenseuses du peuple. Leur fonction est de garantir que la guerre interne reste confinée aux frontières invisibles qui séparent le monde légal du monde jetable. Ce sont elles qui définissent où le sang peut couler et où le silence doit régner. Cette structure s’est sophistiquée au fil du temps. Depuis les campagnes coloniales, les forces armées de l’État sont moins orientées vers la défense de la souveraineté nationale que vers la répression des insurrections internes. Il s’agit d’une armée tournée vers l’intérieur, vers le contrôle de sa propre population. L’opération de 2025 n’est que la version actualisée de cette fonction historique. La véritable fonction des forces armées dans cette guerre est donc politique. Elles ne combattent pas la drogue et ne défendent pas des vies : elles assurent la pérennité d’un régime de domination. Elles fonctionnent comme des médiateurs entre les élites économiques, le capital financier et les appareils policiers. Leur présence est la garantie que la violence ne déborde pas, que la révolte populaire ne trouve pas de brèche, que la guerre reste contrôlée et productive.

La militarisation de la vie quotidienne est la réponse préventive à la menace latente de désobéissance sociale. C’est une façon de neutraliser toute possibilité de rupture. La terreur est une méthode. Il faut comprendre que l’économie du trafic et l’économie formelle ne sont pas deux mondes séparés. L’argent du trafic circule dans les banques, finance des campagnes, achète des biens immobiliers, soutient des entreprises de façade. La frontière entre le légal et l’illégal n’est qu’une convention idéologique. Ce qui existe, en fait, c’est une division fonctionnelle du travail violent. L’État réglemente qui peut tuer, qui peut tirer profit et qui doit mourir. Cette réglementation est au cœur de la politique de sécurité. C’est pourquoi les opérations n’atteignent jamais les échelons supérieurs du trafic de drogue. La guerre est menée contre le maillon le plus faible, contre la main-d’œuvre précaire, contre le corps qui sert de bouclier à l’économie de la mort.

La réorganisation promue par l’État à travers l’opération Contención est un ajustement de la topographie du pouvoir. Il ne s’agit pas de rétablir l’ordre, mais de redistribuer le chaos. À chaque massacre, les lignes de commandement sont redessinées, les alliances sont refaites et l’équilibre est rétabli. Ce qui est vendu comme une victoire est en réalité le maintien du même système sur de nouvelles bases. L’opération fonctionne comme un rituel de purification : l’État démontre sa force, les médias le célèbrent, la classe moyenne se sent protégée et le capital respire de soulagement. La violence remplit sa fonction symbolique de renouvellement de la foi dans l’autorité, tout en reconfigurant les relations de pouvoir au sein même de la machine étatique. La lutte contre le trafic est une fiction nécessaire. Elle alimente le mythe de l’autorité morale et la croyance en la neutralité des institutions. Mais ce qui se cache derrière ce discours, c’est le vieux fonctionnement de la domination de classe : l’utilisation de la violence sélective comme instrument de gouvernement. L’opération ne combat pas le crime ; elle combat la possibilité d’émancipation. Avec chaque corps abattu, chaque maison envahie, l’État réaffirme qu’il n’y a pas d’issue en dehors de sa tutelle. La guerre est le moyen d’empêcher le peuple de percevoir que le véritable ennemi est le système qui l’extermine au nom de l’ordre.

La contention est donc plus qu’une politique de sécurité : c’est une politique de classe. Son objectif n’est pas de protéger, mais de préserver. Préserver les profits, préserver la peur, préserver le silence. L’État se réorganise lorsque les contradictions sociales menacent de lui échapper. contrôle. Elle recalibre ses rouages, déplace le foyer de la crise économique vers l’ennemi intérieur et offre à la société le spectacle de la guerre comme catharsis. Chaque opération est une pédagogie de la soumission : elle enseigne que la paix est un privilège, que la vie est une concession et que la mort est méritée. Au final, ce que révèle l’opération Contención, c’est le visage nu du pouvoir : l’État en tant qu’administrateur du crime, l’armée en tant que gardienne de l’ordre, la police en tant que médiatrice entre le légal et l’illégal. Et tant que la société continuera à croire que le problème est le « trafic », et non le système qui le produit et le régule, la barbarie restera le langage officiel de la politique. La véritable contention est celle du peuple : contenu par la peur, la misère et la mort. C’est la victoire silencieuse de l’État sur la vie.

La guerre interne brésilienne est un projet de l’État, pas du gouvernement. Sa persistance depuis des décennies révèle que la répression est une nécessité fonctionnelle. Le capital a besoin d’ordre pour continuer d’exister ; et l’État, sa forme politique, se charge de garantir le maintien de cet ordre par la violence légalisée. Les gouvernements changent, les discours alternent, mais la structure reste la même. Quand on parle des « forces de sécurité », on parle de la colonne vertébrale de la domination bourgeoise. C’est le véritable parti permanent de l’État. Le gouvernement fédéral, sous toutes ses formes, ne s’est pas contenté de reproduire cette structure, il l’a développée. La conviction que le renforcement des institutions républicaines impliquerait une démocratie plus robuste a servi de justification à l’expansion sans précédent des appareils répressifs. Pendant les années d’euphorie développementaliste, l’enjeu était clair : blinder l’État contre toute menace de rupture sociale. Lorsque Dilma Rousseff a inauguré la « Cité de la police », elle ne promouvait pas la modernisation technique ou l’efficacité administrative ; elle consolidait la centralisation du contrôle policier et militaire sur le territoire urbain. Ce complexe de commissariats spécialisés, de laboratoires et de forces tactiques synthétisait le projet de l’État brésilien après 2003 : sophistiquer la répression sous l’esthétique de la gestion.

La construction de la « Cité de la police » a été présentée comme un symbole de rationalité et de lutte contre la corruption au sein des corporations. Mais ce qu’elle a réellement instauré, c’est un modèle d’intégration entre les services de renseignement policiers, le pouvoir judiciaire et la technologie militaire, un bond qualitatif dans la coordination des forces répressives. Sous prétexte de lutter contre le crime organisé, l’État a organisé sa propre structure de guerre permanente. La gauche institutionnelle l’a appelé « sécurité citoyenne » ; la droite, « ordre et progrès ». En réalité, il s’agissait de consolider la surveillance des corps et des voix qui menaçaient la stabilité de l’accumulation. Le projet politique de « pacification » des territoires périphériques, les UPP, et l’investissement dans les infrastructures policières étaient les deux faces d’une même médaille. La prétendue intégration sociale des favelas a servi de laboratoire pour la gestion militaire de la pauvreté.

L’engagement du gouvernement fédéral envers les forces armées n’a jamais été celui de la confrontation, mais plutôt celui de la conciliation et de la récompense. Le budget de la défense a connu une croissance exponentielle au cours des deux dernières décennies. Aucun gouvernement n’a osé réduire l’influence politique des militaires ; au contraire, tous ont cherché à la transformer en une force stabilisatrice. Les forces armées sont restées la puissance tutélaire de la république. Elles ont reçu des fonds, des postes, des hommages et un rôle central dans la légitimation morale de l’État. L’ancienne caste en uniforme a été intégrée à l’appareil administratif comme symbole d’efficacité et de patriotisme, cachant ainsi sa véritable fonction : garantir que le peuple reste à sa place. Le renforcement des structures répressives, dans ce contexte, n’est pas un échec des gouvernements populaires, mais leur contradiction interne. En essayant de gouverner pour tous, ils ont maintenu intactes les bases de la domination de classe. La conciliation avec les militaires et la police a été le prix à payer pour assurer la stabilité institutionnelle. Mais le Le prix à payer fut élevé : la militarisation de la vie. La rhétorique de la « citoyenneté armée » et de la « guerre contre le crime » remplaça la perspective d’émancipation par la promesse d’ordre. Ainsi, l’État élargit ses instruments de contrôle sur les masses tout en se présentant comme leur protecteur. La répression cessa d’être l’apanage de la droite et devint une politique d’État.

Le gouvernement fédéral agit en tant que garant moral et financier de cette structure. Il assure le flux des ressources, les programmes de modernisation, les accords technologiques et le soutien politique aux opérations de guerre interne. Même lorsqu’il critique les massacres, il le fait dans les limites de la légalité qu’il soutient lui-même. Les gouvernements progressistes et conservateurs divergent dans leur discours, mais convergent dans la pratique : aucun n’a rompu le pacte armé. L’armée continue de contrôler l’Amazonie sous le prétexte de la sécurité nationale, les forces de police restent militarisées et les territoires urbains continuent d’être surveillés par des caméras, des drones et des bases mobiles. L’État démocratique de droit est, dans la pratique, un état d’exception administré. Dans ce contexte, le gouverneur de Rio de Janeiro, Cláudio Castro, n’est rien d’autre que la personnification régionale de cet engrenage. Avocat, catholique militant et allié organique de l’extrême droite, Castro est l’expression la plus claire du consensus répressif. Il a hérité du poste après la destitution de Witzel et a été réélu avec le soutien des milices politiques, des entrepreneurs de la sécurité et du clergé fondamentaliste. Son gouvernement repose sur trois piliers : la répression armée, le moralisme religieux et l’alliance avec le capital immobilier. Il gouverne par la guerre et par la foi. Chaque opération policière est un sermon sur la nécessité de la mort pour garantir la paix.

Castro gouverne comme un syndic du narco-État. Il administre le pacte entre l’État officiel et les forces illégales qui contrôlent réellement le territoire. Son rôle est de coordonner la coexistence entre la police, la milice et les factions, en équilibrant les intérêts et en redistribuant les gains. Lorsque l’un de ces éléments devient dysfonctionnel, lorsque la violence dérape, lorsque le trafic défie la hiérarchie ou lorsque l’opinion publique exige du spectacle, le gouverneur autorise le massacre. L’opération Contención fait partie de ce mécanisme d’ajustement. Sous prétexte de lutter contre le « narcoterrorisme », l’État redéfinit les frontières de sa souveraineté et rétablit la hiérarchie de la peur.

La figure de Cláudio Castro représente la synthèse parfaite de l’État bourgeois dans sa phase de décomposition morale. Un homme de foi qui bénit le fusil, un administrateur qui transforme le massacre en statistique, un politicien qui gouverne avec l’Évangile dans une main et le décret de mort dans l’autre. Sa rhétorique de « guerre juste » légitime le génocide et confère une apparence de vertu à la barbarie. Il se présente comme le défenseur de l’ordre, mais son ordre est un chaos administré. C’est la même logique qui imprègne tout le système : le pouvoir ne veut pas éliminer la violence, il veut la monopoliser.

Les forces de l’État, du gouvernement fédéral et du gouvernement régional sont articulées autour d’une répartition des tâches. Le gouvernement central fournit le cadre juridique, le financement et le discours de modernisation. Le gouvernement de l’État applique, avec brutalité, la politique de confinement. Les forces armées garantissent le fondement moral et le soutien symbolique de l’autorité. Cette répartition maintient l’équilibre entre les classes dominantes, tout en réprimant tout mouvement de rupture. La violence est répartie de manière rationnelle : le centre formule, la périphérie meurt. Cette structure révèle le véritable engagement de l’État envers les forces armées.

Le pacte est simple : la stabilité en échange de l’autonomie. L’armée conserve son influence, sa structure corporative, ses privilèges et son rôle d’arbitre ; en échange, elle garantit que la république ne sera pas traversée par des forces populaires incontrôlables. Cet accord, signé pendant la transition démocratique et réaffirmé par tous les gouvernements suivants, est la colonne vertébrale du régime. Il explique pourquoi la militarisation de la politique est si profonde et pourquoi les massacres se répètent avec une régularité bureaucratique. L’État a appris à gouverner par exception.

Au milieu de cet engrenage, le peuple est la matière première sacrifiée. Chaque opération policière est un acte liturgique : elle célèbre l’union de la nation autour de la violence et renouvelle la foi dans les institutions. L’image des soldats patrouillant dans les favelas, des hélicoptères sillonnant le ciel et des blindés dans les rues sert de spectacle de puissance. La peur devient le ciment idéologique de la société. Les travailleurs, les habitants, les corps noirs et pauvres sont le prix à payer pour la stabilité. En tuant, l’État réaffirme sa légitimité. Tant que la société continuera à croire que le changement viendra de l’intérieur de cette structure, la guerre restera la politique officielle. L’engagement du gouvernement fédéral envers les forces armées est l’engagement du capital envers sa propre garde. Le rôle du gouverneur est celui de gestionnaire local de la violence. Et le rôle du peuple, imposé par la force, est celui de spectateur et de victime.

Le véritable combat ne se livre pas entre l’État et le trafic, mais entre la domination et l’émancipation, entre la vie et la mort. Et, dans ce domaine, l’État a choisi son camp depuis longtemps.

Arthur Moura

[3Les quilombos au Brésil furent des communautés auto-organisées fondées par des esclaves fugitifs et fugitives, en des lieux retirés, formant des points de résistance politique et culturelle, et souvent autosuffisantes. Elles cessèrent officiellement d’exister en 1888, à l’abolition de l’esclavage, mais il existe encore aujourd’jui des communautés quilombolas, tant urbaines que rurales.

[4Les senzalas étaient les baraquements collectifs insalubres où étaient parqués les esclaves d’origine africaine dans les plantations et les fazeindas du Brésil colonial et de l’Empire.

[5Le Comando Vermelho-CV est une organisation surgie en 1979 comme groupe d’autodéfense contre les violences de l’administration pénitentiaire, dans la prison de Ilha Grande, à partir de la convergence entre prisonniers de droit commun et militants emprisonnés de la Falange Vermelha [Falange Roja]. Actuellement il se consacre au narcotrafic, à l’extorsion, au vol, aux enkèvements et aux exécutions, et constitue le groupe criminel le plus puissant de l’État de de Río de Janeiro, contrôlant territorialment de nombreuses favelas, et s’est étendu à plusieurs autres villes du Brésil, fonctionnant comme une franchise du crime organsié. Il compte des milliers de soldats armés de fusils d’assaut, la plupart adolescents et jeunes racisés, population superflie et jetable pour le capital, qui sont recrutés massivement dans les favelas, au vu de l’absence d’avenir. A Río de Janeiro il rivalise avec le Terceiro Comando Puro-TCP, Amigos dos Amigos-ADA et les milices d’extrême-droite. Voir le livre de William de Silva Lima, ’Quatre cents contre un’, aux éditions L’Insomniaque.

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