Marseille : un an après l’effondrement des immeubles rue d’Aubagne

Les habitants manifesteront samedi 9 novembre

paru dans lundimatin#215, le 4 novembre 2019

Nous avons reçu et diffusons bien volontiers ces deux appels depuis Marseille.

Noailles 1 ans après ; et quoi ?

Il y a un an, les immeubles de la rue d’Aubagne se sont effondrés ; un an que la plaine est aux griffes des aménageurs et vigiles, presque un an que Zineb Redouane est morte, assassinée par la police. Mais aussi un an d’une riche et forte agitation politique où la rue n’a pas cessé de faire entendre ses voix, un an de grande solidarité au pied des murs. Un an d’un increvable mouvement de gilets jaunes. Un an de forte répression, pendant lequel la légal-team travaille sans relâche alors que chaque semaine draine son lot de manifestants aux Baumettes.

La question se pose partout au coin des rues ; un an, et après quoi ? Le constat est amer. Depuis les 8 morts du 5 novembre, la peste dormante de l’insalubrité dans les quartier pauvres de notre ville s’est révélée au grand jour, la peur s’est répandue, chaque fissure fait l’objet d’angoisses bien justifiées et tout le monde ici sait qu’il n’en manque pas. Nombres des quartiers impactés sont dans le centre et sont des quartiers avec beaucoup de petits propriétaires et une population plutôt pauvre, que mairie et promoteurs veulent voir dégager plus loin en banlieue. Les institutions publiques tels des maîtres illusionnistes ont su se ressaisir de cette affaire qu’ils ont créée de toutes pièces.
Depuis déjà de nombreuses années, des structures indépendantes dénonçaient l’insalubrité d’une bonne partie du bâti de la ville, mais les élus et promoteurs semblaient contracter une défaillance chronique de l’ouïe. Aujourd’hui, on peut se permettre de douter de ce diagnostique trop médical et il paraît évident que la raison de cette surdité provenait plus d’une stratégie de gestion urbaine des populations. De plus, pour couronner le tout, on trouve des élus quand on fouille parmi les propriétaires de ces logement insalubres ; ils continuaient à louer ces taudis, sans scrupule, attendant patiemment le moment tant attendu de la grande colonisation par des populations « respectables ».
Depuis un an donc ce sont presque 4000 personnes qui se sont retrouvées obligées de quitter leurs domicile. Cette vidéo de BRUT explique bien la situation.

Chaque semaine, on découvre une nouvelle rue barrée pour chute d’immeubles imminente et cela paraît aujourd’hui d’une triste banalité.
Voraces, les sociétés immobilières démarchent les propriétaires d’immeubles mis en périls pour les racheter a prix imbattable. Par ailleurs les politique urbaines continuent de parier sur ces chantiers vitrines - on finance un coup de peinture sur les façades fissurées par là, ailleurs on s’affaire à la destruction totale d’un quartier ou d’une place pour favoriser les investisseurs et leur permettre d’y construire de grands complexes chers et ternes, comme aux Docks, à la Joliette ou même à la Plaine. Mais nul besoin ici de s’étaler plus sur les classiques de la gentrification qui opèrent partout avec une déroutante similitude et une violence qui n’a rien a envier aux mafias.

Si l’on peut sentir parfois un sentiment d’apathie face a cette situation qui n’a de cesse d’empirer, les réseaux de solidarité ne faiblissent pas, la colère grossit, les cœurs et les luttes quotidienne se poursuivent.Toute la semaine du 5 au 9 novembre c’est une suite d’évènements, entre banquets et témoignages, qui peupleront les rues de Noailles pour finir sur le Samedi 9 qui sera une grande manifestation de toutes les colères urbaines.

Depuis quelques temps, la lutte s’intensifie, les esprits s’échauffent, les rues se couvrent de phrases appelant à la commémoration et à la colère ; des bâtiments publics, locaux RN, associations de promoteurs ou sociétés de gestion immobilière se font passer à l’extincteur ; depuis chaque quartier, plein d’espoirs, on se donne RDV pour cette journée. Et la mairie, forte d’un fier cynisme, expulse méthodiquement avant la trêve hivernal. Ainsi ce jeudi nous avons perdu entre autre notre chère Maison du peuple qui constituait un point de jonction important entre les luttes, mais qui saura muer comme le serpent.

Pour les 8 morts de la rue d’Aubagne, pour Zineb Redouane, pour les 4000 expulsé(e)s, pour les sinistrés de maison blanche, pour la Plaine, pour tout ceux qui s’intoxiquent dans des logements insalubres à des prix exorbitants, pour crier notre rage et notre tristesse, pour se sentir forts ensemble, pour se donner de l’espoir, pour prolonger la lutte et construire des rapport de forces, Tout Marseille dans la rue le 9 novembre.
Et pour ceux qui lisent de plus loin, venez voir que parfois ici aussi il pleut, et venez chargés de vos histoires car la gentrification et son monde font système partout.
9 Novembre RDV 15h Notre-dame-du-mont.

Marche 1 an après les effondrements, commémorer ? Non, le 5 novembre 2018 n’est malheureusement pas fini...

Samedi 9 novembre, à 15h au Métro Notre Dame du Mont / Cours Julien aura lieu le départ de la grande marche “1 an après les effondrements”. Cela aurait pu être une marche blanche, comme exactement il y a un an déjà, mais ce sera une marche de la colère. De toutes les colères urbaines. Parce que la destruction du “Marseille populaire” n’a pas commencé le 5 novembre à Noailles. Depuis bien longtemps les autorités locales mènent une guerre sans relâche contre les populations précarisées du centre-ville et des quartiers : Euromed 1 (Rue de la république, la Joliette vidée et rasée), Euromed 2 (casse du marché aux puces, remplacement des populations et des activités aux Crottes ou à Bougainville), les plans de requalification de la SOLEAM (La Plaine notamment), les vagues de délogement couplées à une spéculation immobilière sans scrupule et sans borne, l’abandon des cités avec dernièrement le cas de la Maison Blanche incendiée, le circuit infernal pour les sans-papiers ou les plus pauvres entre campement-expulsion-squat-expulsion-marchand de sommeil...

Oui, nous honorerons les martyrs de la rue d’Aubagne. Tué.es à cause de la chute d’un immeuble MU-NI-CI-PAL (propriété de Marseille Habitat), signalé par des tas d’expert comme “en situation d’effondrement imminent” depuis plus de 5 ans. Tué.es parce que leurs proprios (des élus rappelons-le, dont Xavier Cachard, l’avocat de Renaud Muselier, des syndics foireux, certainement liés à des sociétés immobilières, que l’on retrouve dans de très nombreux cas d’expulsion-délogement comme Porte d’Aix) ont laissé pourrir les habitations, pour se goinfrer encore plus de pognon. Les 8 de la rue d’Aubagne ont été purement et simplement assassiné.es. La guerre aux pauvres dans la ville de Marseille est sanglante.

Et, comme à l’accoutumée dans ce genre de situation, pour maintenir leurs privilèges et se protéger, les responsables du massacre se planquent derrière des armées de flics. Qui n’ont eu de cesse de tabasser, ratonner. Et de tuer encore. Zineb Redouane, habitant.e de Noailles. La brutalité policière débridée a également contribué à exacerber les violences sexistes des milices privées qui défendent les chantiers et les lieux de pouvoir. Un an de répression tous azimut, banalisée et élargie à l’ensemble de la société révoltée, avec comme seule réponse des coups, des arrestations, des condamnations, des emprisonnements, chaque week-end de protestation. Quand certains collectifs militants et des délogé.es ont patiemment joué le jeu de la cogestion avec les autorités métropolitaines et étatiques (Fructus, Ruas, Préfet, ministre du logement...), ces derniers se sont bien marrés de tant de gentillesse... puis se sont littéralement torchés avec la prétendue “Charte du relogement” à la première occasion ! Pas un seul n’a démissionné !

Depuis le 5 novembre : 4000 délogé.es, 359 immeubles expulsés dans des tas de quartiers. Rien n’a changé, sauf le prix du mètre carré.

Avouez qu’il y a de quoi être en colère, non ? Le mot est faible...

Alors depuis un an, on s’est serrés les coudes : assemblées de quartier, collectifs d’habitant.es, squatteurs, gilets jaunes, syndicalistes, exilé.es en révolte ici pour leurs frères et soeurs qui se battent au pays. Toi et moi. On a tenté de sortir la tête du nuage de lacrymo. On a lancé l’occupation de dizaines de logements vides, des petits et des très grands comme St Just, on a réoccupé nos places publiques éventrées par les chantiers du nettoyage social, on s’est rencontré entre quartiers, on a ouvert une Maison du peuple et d’autres espaces occupés et autogérés, on a continué l’accueil des exilé.es tant bien que mal, on a manifesté, beaucoup, discuté beaucoup aussi. On a fait la fête aussi, dansé. On s’est donné la force.

ON SERA A NOUVEAU PRESENT.ES ENSEMBLE SAMEDI 9 NOVEMBRE DANS LA RUE.
CAR S’IL EST UN MOMENT HISTORIQUE QUI A ÉTÉ RATÉ C’EST BIEN CELUI DU RENVERSEMENT DES RESPONSABLES DU MASSACRE.
GAUDIN, VASSAL, FRUCTUS, RUAS, CHENOZ, NUNEZ, CASTANER... : DU SANG SUR VOS MAINS, DANS VOS BOUCHES DES CADAVRES.
VOUS VOULEZ NOUS CHASSER ? NOUS VOUS CHASSERONS.

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