Lettre à un camarade [Vidéo]

Il y a un an à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, Maxime 21 ans perdait sa main droite, arrachée par une grenade GLI F4 de la gendarmerie

paru dans lundimatin#192, le 21 mai 2019

Le 22 mai 2018 à la ZAD de Notre Dame des Landes, Maxime 21 ans perdait sa main droite, arrachée par une grenade GLI F4 de la gendarmerie. [Relire notre article à l’époque.]. Les cinéastes de la BAC nous ont envoyé cette lettre adressée au blessé, sous la forme d’un court-métrage accompagné d’un court texte.

Lettre à un camarade from Signé X on Vimeo.

Il y a un an, l’État envoyait l’armée détruire nos cabanes, polluer une forêt pour les décennies à venir, essayer de nouvelles tactiques de guerre contre la population civile et traumatiser une génération. C’était à Notre-Dame-des-Landes. Un camarade y a perdu sa main. Nous étions dans la bataille ; nous avons eu envie de lui témoigner notre soutien depuis nos solitudes. Nous avons vu et entendu les médias dominants et leurs formes insidieuses. C’est avec le cinéma que nous choisissons de combattre leur violence culpabilisatrice et nous voulons lui dire, nous dire, et redire encore avec Philipe Garrel : « ceux qui viennent au monde pour ne rien changer ne méritent ni égards ni patience ».

C’est que le cinéma a une double histoire : La plus répandue, des frères Lumière à Hollywood, est celle du cinéma capitaliste. Intimement lié à l’industrie, il s’impose comme une réalité souveraine et oppressive, est un formidable instrument de pouvoir et de répression, une aliénation. Il existe un autre cinéma, que l’on range injustement dans une marge : « cinéma expérimental » que l’on nomme absurdement « artistique, intellectuel »… Dont l’origine vient pourtant de la foire, du cinéma d’attraction, du cinéma artisanal. Cet intermédiaire abstrait entre des individu.es agissant.es se propose d’être un langage populaire, c’est-à-dire une expression vitale, directe et collective.

C’est depuis ce cinéma que nous faisons ce film comme une lettre, comme un poème.

C’est en rendant la fonction poétique au cinéma et à travers le geste manuel du montage que nous écrivons .

Avec Kateb Yacine, nous pensons qu’il « ne faut pas laisser les gouvernements écrire l’histoire, car c’est aux peuples d’y travailler ». Ici, c’est avec le remploi et/ou le détournement des images que nous participons à écrire cette contre-histoire, en liant, par le dialogue des images entre elles, le passé et le présent.

Nous croyons que le cinéma peut être un langage révolutionnaire en ce qu’il reconfigure des éclats du monde et des fragments d’expériences, permettant de voir et de comprendre ensemble.

Qu’il peut être à la fois un moyen d’échange intime et un objet commun.

Cette lettre s’adresse à nous tou.tes.

Elle s’adresse particulièrement aux exilé.es, aux traumatisé.es, aux combattant.es, aux habitant.es de la ZAD de Notre-Dame-Des Landes.

Camarades, écrivons-nous !

Des films, des lettres, des poèmes

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