La petite nouveauté cette fois-ci, c’est la mobilisation d’un article de la loi Séparatisme (2021) qui vient modifier la loi du 10 janvier 1936 sur les groupes de combat et milices privées. Désormais, des groupes peuvent être dissous à partir du moment où l’État considère qu’ils incitent « à des agissements violents à l’encontre des personnes ou des biens ». Une modification substantielle du texte, taillée sur mesure pour s’attaquer aux groupes autonomes et un peu trop remuants. D’ailleurs, au cours des débats autour du vote de cette loi, le ministre de l’Intérieur ne s’en cachait pas et évoquait sans détour à quel genre de pratiques et de groupes il comptait s’attaquer : « Imaginons une association de black blocs dont les membres revendiquent des attaques contre les forces de l’ordre, contre les biens ».
Avec un critère de dissolution aussi large, les collectifs et organisations syndicales qui ont appelé, ces dernières années, à manifester contre la loi Sécurité Globale, la réforme des retraites ou n’importe quel méga-projet d’infrastructures pourraient tomber sous le coup de pareilles dissolutions. De même que les organisations autonomistes corses qui ont appelé à des manifestations après le meurtre d’Yvan Colona (lesquels appels se sont conclus par de nombreux affrontements avec les forces de l’ordre). Sans parler des appels à blocage et à manifestations sans déclaration lancés sur facebook par des groupes gilets jaunes...
Les avocats de la GALE ont donc déposé un référé liberté devant le Conseil d’État qui sera examiné le 11 mai. Déjà le 29 avril dernier, le Conseil d’État a suspendu le décret de dissolution du « collectif Palestine Vaincra » et du « comité Action Palestine ». Un sursis pour les deux collectifs pro-palestiniens et anti-sionistes accusés par le Ministère de l’Intérieur de lancer des « appels à la haine, à la discrimination, à la violence » et des « provocations à des actes terroristes ». Une tribune de soutien à la GALE signée par une centaine d’avocats, d’intellectuels et de personnalités vient d’être publié par Médiapart. Une cagnotte pour les frais judiciaires est disponible à cette adresse : https://www.helloasso.com/associations/temoins-des-acteurs-en-mouvement/collectes/contre-la-dissolution-de-la-gale.
En attendant la décision du conseil d’État, nous laissons la parole à plusieurs antifascistes lyonnais qui nous racontent la réalité des motifs, du plus farfelu au plus grotesque, avancés pour dissoudre le groupe de la GALE.
Pour celles et ceux qui souhaiteraient connaître le détail de l’argumentation du ministère de l’Intérieur, vous pouvez télécharger la notification de dissolution en intégralité ici ou la lire directement sur scribd [2] .
Notification de dissolution du Groupe Antifasciste Lyonnais et Environs by lundimatin on Scribd
