#LaRépubliqueEnMiettes

Une invocation incantatoire à en finir avec le macronisme

paru dans lundimatin#114, le 24 septembre 2017

Il n’aura échappé à personne qu’à peine 5 mois après une élection marquée par un taux d’abstention record, le pouvoir macronien est en crise de légitimité. Il a déçu la CFDT, énervé l’Etat-Major des Armées, agacé les syndicats policiers, et il semblerait qu’il se soit mis à dos les fainéants, les cyniques et les extrêmes. Chose surprenante, il semblerait que même dans les sphères de la militance la plus radicale et incorruptible, le nouveau président peine à convaincre. En témoigne cet étrange appel, à la fois drôlement vague et curieusement enthousiaste, que nous avons reçu cette semaine et reproduisons pour information.

« Pour l’instant, il fait un sans fautes, nous sommes sur un nuage. » Si les mamours post-élection de Laurence Parisot pour décrocher un fauteuil n’avaient pas suffi, ce petit sexto de Pierre Gattaz en mai dernier a eu le mérite d’être clair sur qui partage le lit de Manu une fois le soir venu – car son Epeda est grand et Brigitte, semble-t-il, se pousse. Comme le disait un autre, l’explication du coup de force macronien n’a jamais été aussi simple : « Des milliardaires possèdent la presse et entreprennent de porter un banquier d’affaire à la présidence de la République. Voilà. »

Quand à la machinerie l’ayant porté au pouvoir, LREM, le fait que cette vaste opération de recyclage de vieilles charognes socialistes et umpistes, savamment doublée d’une promotion conséquente de néo-députés godillots, ahuris et quasi-exclusivement issus des classes supérieures ait pu apparaître comme un « renouvellement de la politique » n’a que trop duré. 5 mois, c’est bien assez. L’arrogance méprisante du nouveau boss, l’offensive sans précédent sur le peu qui subsiste de « droits sociaux », l’état d’urgence une bonne fois pour toute normalisé - bref, la mise à la trappe de ce qui prétendait servir de médiations entre le Pouvoir et la vie nue -, l’incompétence absolue du Parlement renvoyé à son inutilité fondamentale, ne peuvent que dessiller les yeux de celles et ceux qui ont fait mine d’y croire en se bouchant le nez.

Le temps des rotations politiques s’accélère, les mandats se raccourcissent, 14 ans pour Mitterrand, 12 ans pour Chirac, puis 5 ans pour les deux guignols précédents… Les partis changent de noms plus vite, se créent en un clic. Les marchandises humaines cocaïnées courent comme des hamster dans la cage de leur date de péremption. Le temps est révolu de la politique bipartisane à papa : ces comédies politiciennes sont maintenant d’une extrême volatilité, d’une étonnante imprévisibilité – bienvenue dans le monde paniqué des youtubeurs, des buzz et des tueries de masse. LREM pourrait donc bien être le premier exemple de parti au pouvoir mort-né : il suffit de l’y aider.

Il s’agit maintenant, à nouveau, de taper juste. Ciblons conséquemment toutes les permanences du parti, celles des députés, toute l’infrastructure qui permet l’existence de cet appareil tout entier au service d’un homme. Les salariés déter d’Air France avaient ouvert la voie en 2015 par l’arrachage joyeux de la chemise de leur DRH. L’image de celui-ci, fuyant en panique par dessus une grille a fait le tour du monde. Ce sont ces gestes salutaires qu’il faut impérativement convoquer lorsque l’image même du Pouvoir coïncide maintenant parfaitement avec la figure du manager – tu sais, le n+1 du troisième qui te bats toujours à la boxe en séminaire de team-building ? Déchirer la chemise, asperger de peinture, étoiler les vitrines, etc, etc, tout est nécessaire pour à nouveau pouvoir respirer.

Le mouvement de 2016 avait atomisé le PS en le ciblant sans concessions, dans tous ses slogans, ses gestes, comme une évidence. De l’apéro chez Valls à l’annulation de son université à Nantes, nous connaissons la suite. Peu à peu la grande arnaque de la Gauche – cette machine à convertir de la révolte en plus-value de pouvoir – s’effondre.

L’idée d’alternance, dernier rempart de la politique classique, n’est pas loin de subir le même sort. Car, après Macron, quoi, qui ? Même Le Pen s’embourbe – plus besoin d’elle pour que le fascisme progresse. Il y a bien Mélenchon et tous ses insatisfaits qu’il a su réveiller qui font leur business sur cette chimère électorale et républicaine, à coup de 6e république (éco-sociale celle-là, cette fois, on vous promet, regardez le Venezuela, la Bolivie, si, si, ça marche), de chauvinisme cryptique, d’appel à la citoyenneté policière et vice-versa. Le temps viendra pour la trahison de ce pantin.

Mais, pour l’instant, notre affaire est de régler son compte à LREM. Et restituer à la dernière lettre de ce sigle sa signifiance inavouée – car la « marche » est une activité trop belle et fondamentale, pour la laisser aux fanatiques ubérisés, qui préfèrent la trottinette - : La République ? Oui : En Miettes.

Alors : k ways noirs, chasubles rouges, joggings, leggings, travailleureuses de toutes formes, crevard-e-s de tous poils, retraité-e-s, intermittent-e-s de l’intermittence, tenons nous ensemble et pulvérisons le « plafond de verre » de l’alternance. Ciblons partout les permanences, les députés, les futurs ex-cadres de LREM. Qu’ils sentent que rien ne les protège et qu’ils sont dorénavant redevables, élection ou pas, de l’hostilité franche d’un sacré paquet de gens.

Nos actions ouvriront la voie au discrédit massif de cette entreprise de démolition. L’indécence des scandales à venir, la morgue de parvenu du start-uper en chef, le retour à une comm’ proprement versaillaise et l’assassinat en règle de tout ce qui prétend encore bouger feront le reste.

Après Macron quoi, après Macron, qui ? La rue, nous, les possibles et l’ouvert. Nul ne peut prédire de quoi les prochains mois et années seront fait. Mais, arrivé au point de condensation et de nihilisme où nous sommes, il est sûr qu’il doit se passer quelque chose. Nous en serons.

Nous sommes le renouvellement de la politique.

La République En Miettes, l’Autonomie en fête !

Motion « La République En Miettes »

Section des Fainéant-e-s, Cyniques et Extrêmes

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