La croisade de la répression

« On oubliait la peur, les angoisses, les actes, les paroles, on oubliait même d’être un Homme. »

paru dans lundimatin#83, le 28 novembre 2016

D’un coup de matraque il prêchât la parole divine du Saint État. C’était le croisé qui partait en guerre contre les hérétiques, les déviants, ceux qui remettaient en cause les lois suprêmes. Il enfila son costume de guerre, son arme à la main, il allait partir en croisade de la répression. Dominé par des sentiments hexogènes, soumis au pouvoir du plus fort, il incarnait le nouvel Empire. Ce puissant Empire, qui réprimait les bons et qui aidait les mauvais. Ah ! il était fier, fier de servir sa cause, il devait prêcher la vérité : « Vis à genoux ou meurs debout ! ». Lui il vivait à genoux, mais il vivait, lui semblait-il. Il se disait qu’il respirait encore, bien qu’il ne soit plus un Homme, il faisait encore acte de présence sur Terre. Et il matraquait, il tirait, il leur montrait comment rester en vie, obéis, sois discret dans ton existence et tu respireras un peu plus longtemps cet air. Ne pas être un Homme, surtout pas, voilà ce qu’on lui avait appris, ne vit pas, contente toi de survivre. Penser par soi-même c’est mal et c’est dangereux, il faut une pouvoir suprême, un ordre divin, quelqu’un qui te guide. Et durant toute sa survie, il se laissa guider, il écoutait la voix du seigneur de l’autorité. Il priait beaucoup pour les hérétiques, lorsqu’il les frappait il les suppliait de renoncer à leur statut d’Homme, il était guidé par son seigneur.

Il s’en mangeait des pavés le croisé. Mais il n’attendait que ça lui, prouvé que son seigneur avait raison, que ces Hommes n’étaient que des hérétiques au coeur de pierre. Et avec sa matraque il prêchait la bonne parole. Entouré de ses frères d’armes, il prêchait encore et encore, il se sentait fort dans son armure, il se sentait invincible, il était protégé par le Saint-Empire de la répression.

Il fallait remporter cette guerre. Comme les croisés à Jérusalem, il rendrait à son Royaume la Terre Sainte. Tous ces Hommes, qui vivaient, qui pensaient qui aimaient, ils nuisaient à l’Empire de l’autorité. Il se tourna alors vers son Dieu et lui demanda pourquoi lui ? Son Dieu lui répondit qu’il devait protéger ses frères, protéger son créateur de ces menaces, sinon il deviendrait comme eux, un hérétiques, un Homme. C’était trop dur de devenir un Homme, alors il se tourna vers la soumission, celle qui le déchargeait de toutes responsabilités, que c’était bien de ne pas être responsable. On oubliait la peur, les angoisses, les actes, les paroles, on oubliait même d’être un Homme.

Dans son costume de croisé, il errait dans ce monde. Cette marionnette 2.0 elle ne faisait pas rire les petits, elle faisait pleurer les grands. Elle frappait les Hommes, elle détruisait les rêves et elle anéantissait la vie. Il répétait : « A genoux, à terre, ne bouge plus ». Tel était la vision de l’Empire vis à vis de ces sujets, « soumet toi, vis plus bas que tu ne peux le faire ». Il stoppait la vie, il y mettait un terme. Par ces mots, il prêchait la foi Etatique. Cette foi qui faisait de la vie des Hommes une simple présence organique dans notre Monde. L’Esprit c’est le diable, l’esprit pour les croisés et leur chef divin, c’est la preuve d’une liberté, et la liberté c’est la hantise de la domination.

Nejma

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