L’université perdue {ou} : ce qui se cherche dans le mouvement contre la Loi Travail

Par Plínio W. PRADO, maître de conférences en philosophie

paru dans lundimatin#70, le 29 août 2016

Aux étudiants de l’atelier de grève « Réinventer l’Université »,
Paris 8 - Vincennes à Saint-Denis, printemps 2016.

« Un jour viendra où l’on aura besoin d’institutions dans lesquelles vivre et enseigner… »
Nietzsche, Ecce Homo, 1888.

1.

Le film de Virginie Linhart, Vincennes, l’université perdue, sort au milieu du printemps 2016, au moment où le mouvement « contre la Loi Travail et son monde » bat son plein.

On n’a guère fait attention à cette coïncidence. Elle est pourtant le pendant de la concomitance du dévoilement du projet de ladite Loi Travail, en février dernier, avec la sortie du film Merci patron ! de François Ruffin.

Le film-riposte de Ruffin aura été un prélude au mouvement en cours. Il se déroule au cœur de la relation féroce capital/salariat, aux prises avec la loi du monde libéral, où la rapacité sans limite des empires économico-financiers condamne des milliards de personnes à mort, sous toutes ses formes (chômage, famine, internement, suicide). Merci patron ! traite alors de quelques expédients et embuscades ponctuels, à y mener à l’occasion ; des ripostes consistant en une rétorsion, à la faveur du faible, d’une situation qui lui était initialement adverse (selon la vieille ruse logique chère aux sophistes et aux cyniques grecs, qu’on étudiait naguère au bois de Vincennes…). Par celle-ci, les petits deviennent un instant plus forts que le plus fort.

Le scénario du film (au double sens : cinématographique et stratégique) déjoue ainsi pendant un moment, avec paradoxe et humour, la subjectivité-type, frappée d’impuissance, de découragement et de désorientation, que fait régner aujourd’hui sur les populations le libéralisme mondialisé triomphant.

Vincennes, de Virginie Linhart, se place dans la perspective d’un autre camp, à un autre moment (1968 et son après-coup) ; une autre aventure : celle d’une université expérimentale pour tous (sans distinction d’âge, de scolarité, d’origine sociale ou de nationalité), qui entend exercer le droit (et le devoir) inconditionnel à la critique, y compris à la critique de l’université (critique de la logique magistrale incluse, au bénéfice des paralogies des « faibles » justement, parents des sophistes et des cyniques). Par où Vincennes réinvente l’université.

C’est donc un camp à l’écart de la brutalité des rapports capital/salariat, un campus désincrusté de la subjectivité dominante, où notamment la question des fins peut se poser au grand jour, irriguée par des expériences, des pensées et des enseignements inédits : quelle vie-ensemble voulons-nous, qui soit juste, qui vaille d’être vécue ?

Tout cela animé par un intense sens des possibles, par l’idée qu’un autre être-ensemble, un autre destin pour l’humanité est viable, que changer la vie est effectivement possible (Rimbaud y côtoie alors Marx et la « politique libidinale »).

2.

Entre ce lieu subjectif des années 70, qu’évoque Vincennes, et la subjectivité hégémonique d’aujourd’hui, que Merci patron ! s’applique à contrecarrer un moment, une mutation violente et majeure a eu lieu : l’éradication du sens du possible des esprits. L’anéantissement de l’idée que d’autres manières de vivre et d’être ensemble sont possibles.

Cet arrachement, cette forclusion, trouve son image emblématique dans l’affairement brutal des bulldozers du pouvoir giscardien à la fin de Vincennes, leur acharnement à tout raser, à déraciner le sol même où l’idée d’autres voies possibles prenait corps, avait lieu et moment dans le campus expérimental.

Agression inaugurale : elle ouvre les années 80, de la fin de « Vincennes » à l’année 1989 — année emblématique, surchargée de sens, s’il en fut, où ont été mis en place tous les éléments constitutifs de notre condition actuelle (chute du Mur, effondrement de l’URSS et des pays de l’Est, disparition de tout horizon alternatif radical ; triomphe du libéralisme mondialisé, ouvrant la séquence du « capitalisme cognitif » ; et aussi, simultanément : la première fatwa islamique lancée contre un écrivain occidental).

3.

Au sein de la désertification libérale installée et de l’oubli qu’elle entretient, le film Vincennes opère aujourd’hui comme une sorte d’anamnèse. À travers la voix et les gestes de quelques survivants, au fond du bois, il s’approche peu à peu d’un quelque chose, quelque chose qui a été « perdu », dit-il (et qu’est-ce qui s’en est allé ainsi, si ce n’est justement, sous le nom de « Vincennes », le désir intense d’un autre monde possible ?).

Mais une magie se dégage du film cependant, à travers sa perlaboration délicate. Elle tient à ceci que, de ce qui est perdu, éradiqué, on peut cependant dire qu’il est toujours là, vivant, saisissant, s’indiquant dans l’altération des voix, dans la tonalité affective des témoignages, présent comme une aura.

On n’a pas accordé à ce retournement de l’absence en présence l’attention qu’il mérite. Or il atteste que, quoi qu’en aient les bulldozers du pouvoir libéral, réels ou symboliques, administratifs, médiatiques ou policiers (déclarant en permanence le possible « impossible »), l’université perdue ou du moins son esprit, le camp du sens des possibles, persiste, inéradicable.

4.

Dès lors, et grâce à la coïncidence du moment, il est permis d’entendre le film nous souffler à l’oreille ceci : ce qui se cherche aujourd’hui dans le mouvement contre la Loi Travail et son monde libéral, à travers les grèves, les manifestations, les ateliers, les occupations, les Nuits Debout…, est animé de ce même esprit, de ce désir d’un autre monde possible, qui était à l’œuvre dans la quête dont il s’agissait à l’université selon « Vincennes », et qu’il s’agit ou doit s’agir toujours à l’université, dans toute université digne de ce nom.

Je ne dis pas que ce qui se cherche à travers l’actuel mouvement, c’est l’« université perdue », ou ce qu’elle était censée figurer. Encore que… si l’on considère la vision qui apparaît soudain à l’esprit de Robyn Penrose — la femme littéraire, protagoniste de Nice Work de David Lodge — à la fin de ce campus novel…, vision d’après laquelle l’université figurerait « le type idéal de la communauté humaine, un lieu où le travail et le jeu seraient en parfait accord… » (« work and play » dit le texte : on songe au libre jeu des facultés dans le plaisir esthétique… — combien infiniment loin est-on de la régression asservissante et mutilante du monde actuel de la Loi Travail…), on trouvera alors que nombre d’expressions et d’aspirations du mouvement en cours sont en parfaite affinité avec cette idée de l’être-ensemble, de penser et de vivre autrement en commun. Horizon que Lyotard a appelé un jour, à Vincennes, par jeu (ou par travail, pour remettre la pensée au travail), le « sensus communiste ».

5.

Si l’on veut déterminer comment cet horizon, cet objet de désir était visé, pensé, cherché à « Vincennes », il est deux aspects dans le film de Virginie Linhart qu’il convient alors de faire ressortir et de suivre : le style de la relation enseignante qui y avait lieu alors, et son ancrage dans la manière de vivre éthique et politique.

D’abord ceci : de grands professeurs, comme on dit, critiques par définition de la « philosophie des professeurs » (Châtelet), s’y adressaient alors à un public fort bigarré, composé en particulier de non-bacheliers, de travailleurs et d’étrangers (métèques, sans-patrie, « fous », artistes), ordinairement interdits d’accès aux grandes écoles et universités françaises (— que de non-bacheliers puissent alors accéder directement à l’enseignement supérieur, voilà qui faisait sauter un verrou majeur de la structure napoléonienne de l’université française).

Et cependant, il n’y avait pas pour autant de clivage tranché entre enseignement et recherche, entre la responsabilité devant la pensée et celle devant le public (populaire) : « ils élaboraient leur pensée en enseignant », a-t-on dit, ils expérimentaient un idiome commun à même la classe.

Il y avait encore moins, donc, ce mépris hautain pour l’enseignement et pour son public au nom de la seule recherche (c’est-à-dire en fait, de nos jours, au nom du plan de carrière), qu’il est de règle aujourd’hui, notamment après la mise en place sous Sarkozy de la loi dite « relative aux libertés et responsabilités des universités » (LRU), sur fond du grand marché de la connaissance et de la compétition mondiale entre universités.

Ensuite : cette recherche en acte, essayant son idiome à même l’agora vincennoise, était justement nouée indissolublement à l’existence et aux problèmes de l’existence, éthique et politique, et en dernière analyse à la question : comment faut-il vivre et pourquoi ? De sorte qu’on peut dire de « Vincennes » ce que Foucault disait de L’Anti-Œdipe : elle retrouvait ou réinventait le lien antique et essentiel entre mode de pensée et vie, induisant une « technique » d’existence, un style de vie dont la critique-pratique dessinait la ligne générale.

Plus encore : dans ses élaborations les plus exigeantes, chacun était incité à débusquer dans ses propres discours, dans ses conduites, en soi même, les traces les plus infimes d’un désir de pouvoir, d’un amour de l’ordre ou de l’adaptation, du contrôle (une trace de « fascisme » ignoré en soi, disait-on alors), qu’il s’agissait de travailler et de liquider. Ce style de pensée et vie rappelait ainsi cette sage consigne (complètement oblitérée aujourd’hui) : un travail constant de soi sur soi-même et sur l’autre de soi est toujours nécessaire, si l’on veut se rendre digne d’une politique du juste.

6.

Cette pensée en cours, élaborant son idiome à même l’auditoire, nouée à un style d’existence éthique et politique, tenant un quantum d’énergie à l’état flottant, entretenant le sens des possibles, — cela même qui fut détruit par les bulldozers et l’institution du marché mondial de la connaissance, — voilà ce qui fait grandement défaut dans l’impasse auquel nous sommes acculés à présent. Dans l’université elle-même comme à l’extérieur de celle-ci, en ces temps de divorce général entre le peuple et les œuvres de l’esprit, entre vie et pensée (où il est de règle de vivre sans pensée et de développer et de transmettre des savoirs « de la chaire » déconnectés de la vie et des sujets). {{}}

Or, c’est quelque chose de cet ordre-là qui est clairement demandé aujourd’hui, un peu partout : un espace ouvert de subjectivité critique, en exception de la subjectivité dominante, nouant pensée et existence. Et cela est demandé à l’extérieur de l’université cette fois, dans les rues françaises, à travers les fragments de discours et mots d’ordre qui courent lors des manifestations de ce printemps 2016 : l’existence n’est pas acquittable dans le circuit de l’échange, le cycle production/consommation, acheter et être acheté ; il faut la délivrer du monde du système libéral et de sa « classe politique », qui agit pour le compte de ce monde et tient à garder le contrôle sur l’opinion, les corps et les esprits pour son seul profit ; le destin capitaliste de l’existence (la prostitution de tout un chacun) n’est pas inéluctable ; ce qu’il nous faut, ce sont d’autres formes d’être-ensemble, il est temps de les inventer !

C’est à l’université de se mettre maintenant au diapason de la rue, de l’agora populaire et d’essayer d’entendre la demande qu’elle adresse à notre temps. Une université digne de ce nom doit pouvoir contribuer à élaborer une riposte au problème du monde que soulève aujourd’hui le mouvement en France ; elle doit pouvoir aider à ouvrir de nouveaux possibles, à construire des vecteurs de résistance au nouvel ordre libéral mondial.

Parce qu’elle a constitutivement affaire à ces matières vivantes, explosives que sont les savoirs, l’université ne saurait pas en effet être complètement contrôlée et programmée, quoi qu’en ait le « libéralisme cognitif ». En particulier, elle ne saurait pas complètement éluder un moment de contingence intrinsèque à tout maniement du savoir, où ce qui n’est pas déjà connu et déjà établi, l’indéterminé, peut toujours faire irruption au cours du déploiement d’une pensée ou d’un enseignement. Cela suffit pour que le surgissement de l’autre de ce qui est reste toujours possible en principe. Il faut « seulement » y travailler à sa venue (et pas l’étouffer sous la poigne de la routine établie, académique ou gestionnaire) : il faut aggraver la contingence, travailler à se rendre disponible à l’inattendu, à l’improgrammable, à la « déviation » (au clinamen, aimerait-on écrire avec Lucrèce, revendiqué à « Vincennes »).

7.

Cela fut et reste un enjeu majeur de cette figure particulière de la rencontre, à valeur de retournement ou d’initiation, qu’on appelle « relation enseignante », suivant le double aspect souligné plus haut, à propos du film Vincennes (§ 5).

Pour faire un pas de plus dans l’intelligence de cet enjeu, il conviendrait d’analyser les principales composantes de cette relation. On se contentera ici de trois remarques générales, en guise d’introduction à cette analyse.

7.1. On trouvera dans l’histoire de Polémon (IVe siècle av. J.-C.) que rapporte Diogène Laërce, un condensé de l’essentiel du dispositif « métanoïaque » de retournement qui nous intéresse ici. Polémon, l’Athénien, entra un jour par défi, avec une bande d’amis, dans le cours du platonicien Xénocrate ; mais en entendant celui-ci, il fut séduit par sa parole et décida de se convertir au mode de vie philosophique. Il s’appliqua avec une telle ardeur à vivre en philosophe, qu’il succéda plus tard à Xénocrate à la tête de l’école.

Tout y est : hasard, rencontre, initiation, désir, transformation de soi. Je me limiterai à faire remarquer que le dispositif répond strictement à la célèbre définition attribuée à Aristophane : « Enseigner, ce n’est pas remplir un vase, c’est allumer un feu ». Non pas simplement « transmettre » (des informations, des savoirs établis, des compétences opératoires), mais susciter une passion (quelque nom qu’on donne à celle-ci, vocation, inspiration, raison d’être) ; l’important est que l’ardeur soit capable d’opérer un retournement existentiel, un sursaut de vitalité, en engageant un nouvel êthos. Une petite révolution, déjà. Deleuze dirait, dans son lexique spinoziste et nietzschéen : accroître la puissance d’exister. La confusion des sentiments de Stefan Zweig (1926) en donne une version admirable, admirée par Freud, dans le contexte de l’université moderne.

7.2. En commentant l’épisode Polémon, Pierre Hadot souligne sa limite historique : de toute façon dans l’enseignement moderne, note-t-il, ce qu’il peut arriver tout au plus, c’est que l’étudiant adhère intellectuellement à la position théorique de tel ou tel professeur ; cela n’implique aucune modification de son mode de vie (pas plus que cela n’engage celui du professeur universitaire d’ailleurs). Et pourtant… les provocations et le hasard de rencontres, faisant événement, suscitant un désir et entraînant la transformation dans le cours d’une existence, intensifiant celle-ci — cela avait lieu à « Vincennes ». Le film Vincennes en fait état. En quoi l’université que réinventait « Vincennes » se démarquait de l’université moderne courante dont parle Hadot.

On est en droit de se demander même si cette possibilité — celle pour quelqu’un de changer sa vie à l’occasion d’une rencontre inaugurale, d’y apprendre alors qu’il n’y a pas de destin inéluctable —, si cette possibilité-là, donc, n’était pas le cœur de la cible visée par l’entreprise politique, libérale, d’éradication de Vincennes, de l’esprit de « Vincennes » et de son sens des possibles.

« Vincennes » a toujours résisté à l’enseignement fonctionnarisé, déconnecté du mode de vie. Ce fut même là le lieu de la plus formidable méprise du ministère de l’Éducation nationale. Celui-ci a cru pouvoir en finir avec le département de philosophie de Vincennes-Paris VIII en le privant de la reconnaissance officielle de ses diplômes ; le nombre d’étudiants n’a pas faibli pour autant, au contraire, il n’a cessé de croître. C’est que les étudiants n’y venaient pas pour les titres académiques, ni pour faire carrière universitaire, mais pour autre chose ; disons : trouver un autre abord, rencontrer un « mode de pensée et vie » autre, devenir soi-même un autre. (C’est dire s’ils étaient en exception de la loi étatique des établissements d’enseignement de la nation. La privation des crédits ne leur faisant rien en définitive, l’État a fini par recourir aux bulldozers et à tout ce qui s’en est suivi.)

7.3. L’enseignement allégué ici relève d’un art, celui de toucher ce qui, en chacun, est l’autre de soi, bien qu’en soi. C’est à cette condition qu’une rencontre peut avoir lieu : lorsqu’un quelque chose (l’acuité d’une manière de lire, une réflexion déstabilisante, le vertige éprouvé d’un paradoxe) est soudain en résonance secrète avec ce qui en chacun, à l’insu de chacun, désire, espère et parfois désespère. Cet insu est le coup d’envoi d’une singularité, dont il organise secrètement le point de résonance sensible, l’existence (comme l’ont montré la tragédie, la littérature, la psychanalyse).

Autant dire que chacun recèle une région clandestine d’opacité, qui lui est constitutive tout en lui échappant. Cet inconnu à soi, en soi, fait de chaque existence un mode de « déchiffrer » ce qui arrive selon une différence qualitative qui lui est propre ; il la rend irréductiblement singulière et irremplaçable, inéchangeable. Il peut la pousser au délire, mais aussi à penser ou à créer ou encore (ce qui revient largement au même) à résister, à être « indocile et difficile à gouverner ». Par exemple, en luttant sur un point dit « impossible », en excès sur la loi de la valeur d’échange.

Un tel enseignement, susceptible d’atteindre un individu dans sa singularité, le touche par là même dans le souci de sa destinée, de sa naissance et de sa mort, dans ses questions brûlantes ultimes, intimes, à quoi il n’est pas de réponse déjà prête.

L’inéchangeable, c’est là où une ardeur ou une passion, un feu peut être allumé, justement, qui fait limite au devenir marchandise de tout et de tout un chacun.

Seul l’oubli de cette altérité au-dedans, la reddition sous la vie administrée aujourd’hui, la démission existentielle, rendent les individus parfaitement permutables, sans reste, superflus. Voués à la vie vaine, inane, soldée dans les produits de consommation, née pour mourir. Celle à laquelle le système s’emploie aujourd’hui à accoutumer notre existence, à l’acculer, par l’extension sans précédent de la gestion libérale de nos corps, de nos esprits et de nos vies ; par exemple en détruisant droits et libertés élémentaires, ce dont ladite Loi Travail acte à présent la dernière offensive.

Mais une vie née pour mourir, c’est une vie déjà morte. L’indignation que cette seule perspective suscite en chacun de nous, atteste déjà que si nous sommes nés, si nous naissons, c’est pour bien autre chose : pour inventer de nouveaux possibles, amener au jour l’autre de ce qui est, commencer à neuf.

L’art d’enseigner affirmé ici s’inscrit dans cette perspective. Il se doit de susciter et de cultiver, de creuser en chacun sa singularité irréductible, en exception de la loi du monde libéral de l’échangeabilité générale. Cette singularité trace une ligne de résistance ultime qui est en même temps une ligne générale d’existence. Le gage qu’on peut, peut-être, mener encore une vie qui vaille. À chacun de faire hommage, à son existence singulière, d’un travail sur soi et sur l’autre de soi qu’il ou elle lui doit. Condition, on l’a dit, pour se rendre digne de la politique du juste à venir.

Plínio W. PRADO enseigne à l’université de Paris 8 - Vincennes à Saint-Denis.

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