L’école, le Bac, la lutte

Comprendre l’opposition à la réforme Blanquer avec Laurence De Cock

paru dans lundimatin#228, le 16 février 2020

Réforme des retraites, réforme du Bac, rétention des copies, des notes, blocages de lycées, salles de classes retournées, police devant les établissements, élèves en garde à vue. Il se passe beaucoup de choses à l’éducation nationale en ce moment. Pour y voir plus clair, nous nous sommes entretenus avec Laurence De Cock, enseignante, qui propose de « redonner ses titres de noblesse à une réappropriation politique de l’école ».

Nous avons encore en tête le mouvement des professeurs contre la réforme du Baccalauréat qui en juin dernier avait perturbé les épreuves et plus particulièrement bloqué les corrections de copies. Depuis le 20 janvier et le début des nouvelles épreuves de contrôle continu (E3C), cet élan de protestation contre la réforme Blanquer a repris dans de nombreux lycées et l’on peut constater que ce ne sont plus seulement les professeurs qui se mobilisent mais aussi les lycéens qui bloquent leurs lycées ou foutent en l’air leurs salles de classe. Néanmoins, cette mobilisation se trouvant enchâssée dans celle contre la réforme des retraites qui mobilise simultanément beaucoup le corps enseignant, nous aimerions comprendre avec vous pourquoi le mouvement a pris dans l’éducation nationale, et ce qui se joue particulièrement autour de cette réforme du bac.
C’est toujours difficile d’identifier exactement quelle étincelle met le feu aux poudres. D’abord il y a la nature particulière du terrain, déterminante pour saisir ce qui se joue derrière une révolte (appelons-la comme ça pour le moment). Ici, celui de l’éducation nationale est formé de couches successives d’humiliations. Cela faisait pas mal de temps qu’il était plutôt en friches sur le plan des mobilisations, pour pas mal de raisons, et en particulier depuis le dernier grand mouvement de 2003 où certains enseignants ont perdu près d’un mois de salaire pour rien. Il se murmure désormais dans les salles des profs que la grève (perlée) est inutile, qu’elle est un moyen dépassé des syndicats en perte de vitesse. C’est un phénomène comparable à d’autres corps de métiers évidemment mais qui, compte-tenu de la tradition syndicale de celui-ci, a eu des effets encore plus paralysants. Puis depuis quelques années est arrivée une nouvelle génération d’enseignants post-2003. Ils et elles sont trentenaires, parfois très diplômés, certains auraient dû entrer à l’université si elle n’était pas fermée. Ils sont nommés souvent dans des quartiers très difficiles (comme en Seine Saint-Denis) et ont pris le métier au sérieux y compris dans sa dimension militante. Syndiqués ou non, ce sont des gens qui ne s’en laissent pas compter, peu impressionnables par la hiérarchie, et suffisamment fougueux pour réanimer l’engagement des profs. Je pense que ce groupe générationnel a donné du courage à quelques désabusés et c’est ce qui a permis le dernier mouvement radical en effet au moment du Bac en juin dernier. Les couches d’humiliations successives sont à la fois le produit d’un calendrier de réformes incessantes, intempestives mais aussi du cumul de facteurs plus localisés (des chefs d’établissements autoritaires, des postes supprimés, des violences dans les bahuts, etc.). Tout cela avait plutôt pour effet jusqu’ici d’assommer les profs. Le vent est peut-être en train de tourner. Il y a un jeu d’échelles qui a joué en faveur du mouvement actuel : la réforme des retraites d’abord, une sorte de coup de grâce qui revenait à dire « On s’est bien foutus de vous, on vous a fait croire que l’un des intérêts de ce métier c’est de partir avec un niveau de pension assez haut même si vous en avez chié toute votre carrière, ben en fait non » ; la radicalité du mouvement porté par les cheminots le 5 décembre qui a fait prendre conscience que les colères étaient partagées et qu’il était possible de s’organiser, puis là-dessus, la mise en place d’un Bac d’un type nouveau à organiser de bout en bout, c’est-à-dire du travail en plus, non rémunéré (l’annonce a été délétère en plein mouvement) et que l’on sait préjudiciable aux élèves. Car ce qui se joue derrière la réforme du Bac, c’est la nature même de l’école publique, et c’est aussi ce qui fédère des enseignants très divisés politiquement mais avec le service public chevillé au corps. Ce nouveau Bac, je vais l’expliquer plus loin, est une sorte de coup de grâce sur ce qui pouvait rester de commun dans le cycle lycée, à savoir un examen d’entrée dans le supérieur, relégué en fin de cycle, proposé de manière égalitaire à tous les élèves, et venant boucler le cycle secondaire. Il y avait plein de faux-semblants, de faiblesses, de choses à revoir, mais enfin se débarrasser totalement de la machine plutôt qu’essayer de la réparer avec celles et ceux qui la connaissent le mieux, c’est le réflexe typique du manager ambitieux et prétentieux qui pense que le monde se construit dans les salons des grandes écoles et des hôtels particuliers.
Lorsqu’on lit la presse, il semblerait que du point de vue des élèves et des associations de parents d’élèves, le grief principal fait à ces E3C soit leur côté brouillon, improvisé, mal préparé. On parle de scanners qui fonctionnent mal, ne reconnaissent pas bien les couleurs sur les copies de géographies, de sujets mal ficelés, etc. En somme des questions d’ordre technique. On a cependant peine à croire que des épreuves mieux organisées raviraient professeurs et élèves, pouvez-vous nous dire ce qui sur le fond génère une telle opposition à cette nouvelle formule du baccalauréat ?
Le fond et la forme sont indissociables en réalité. La dimension technique ne peut pas être considérée simplement comme une anecdote médiatique. On a mis trop de temps à réfléchir au mal que ce qu’on appelle « la technique » fait à l’école. La technique, c’est au moins deux choses : la fébrilité (une sorte de palpitation jouissive) de la hiérarchie pour tout ce qui relève de la technologie mais aussi le cache-sexe des dernières réformes du système éducatif que l’on présente comme « techniques » alors qu’elles sont profondément politiques. Sur le premier point je renvoie au dernier ouvrage collectif paru cette année aux éditions l’échappée, Critiques de l’école numérique, et je vais plutôt m’attarder sur le second. Les réformes de l’éducation nationale intéressent peu de monde en dehors des profs parce qu’on les dit souvent trop techniques. On y trouve peu de prise à un article à sensation, on pique du nez dès que le copain prof essaie de les expliquer, on maintient le sourire poli et faussement complice avant de se risquer à l’analyse de haut vol « oui enfin les profs sont traditionnellement opposés à toute réforme non ? », et de conclure la conversation par une bon vieux « de mon temps » digne d’une séance de projection de diapositives. Et de fait, il est difficile d’imaginer un quelconque ferment révolutionnaire dans la grammaire des EPI, TPE, UPE2A, AESH, SCCCC (oui ça existe), et désormais les E3C qui évoquent davantage le nom d’un nouveau colorant chimique qu’une réforme de l’école. On n’a pas de bol, les universitaires ont réussi à transformer leur LPPR en « lèpre » mais pour le secondaire c’est plus compliqué. Le corps enseignant s’est enfermé dans une langue politiquement inaudible et a toujours un train de retard parce qu’il lui faut commencer par décoder pour expliquer, en d’autres termes, gratter le vernis technique pour révéler le politique. C’est ce qui se passe aujourd’hui avec les E3C. Je vais donc essayer de dire les choses très simplement en partant de la fin.

1) Il y a deux ans, le gouvernement a réformé le mode d’admission dans les études supérieures en décidant que désormais les universités devaient sélectionner leurs bacheliers en fonction de dossiers comprenant les bulletins, le lycée d’origine, parfois un mini CV, et une lettre de motivation. C’est Parcoursup, première énorme entorse à la vocation d’accueil universel des universités.

2) Parallèlement a été décidée une réforme des lycées jusque-là organisés en filières. Au nom d’une logique fast food, on a multiplié les offres de menus pour permettre aux lycéens de choisir trois « spécialités ». Naturellement, sur le terrain a rapidement été constaté le caractère infaisable du truc : emplois du temps impossibles, et surtout caractère très coûteux de quelques spécialités du coup non proposées dans certains lycées.

3) Dans ce nouveau lycée dont on s’étonne qu’ils ne l’aient pas encore baptisé le « lycée agile », on est cool donc on ne va plus stresser pour le bac comme avant avec ces épreuves en juin ; non, on va étaler le stress sur un temps long. Peut-être que selon une règle neuroscientifique très en vogue dans la Sillicon valley, la répartition d’une dose de stress sur deux ans plutôt qu’un mois permettrait de le diluer et l’atténuer, je ne sais pas. Concrètement donc, les E3C sont des Épreuves de contrôle continu qui commencent quatre mois après l’entrée en classe de Première. Les lycéens sont évalués en janvier sur des matières du tronc commun (3 épreuves) puis en avril rebelote (5 épreuves !) puis en terminale once again (4 épreuves de mai à juin) et enfin en juin. Concrètement, ils sont donc en épreuve de manière continue pendant deux ans. Voyez comme c’est réjouissant.

4) C’est là que le scénario à la Buster Keaton peut commencer. Évidemment l’éducation nationale n’est matériellement absolument pas prête pour cette usine à gaz. La banque de sujets a donc été immédiatement piratée et postée sur les réseaux sociaux. Les copies devant être numérisées, il faut s’équiper en scanner et en effet certains ont mal anticipé les croquis couleur de géographie, pas de bol pour un scanner à plusieurs milliers d’euros. Les épreuves doivent être organisées sans banalisation des autres cours, casse-tête impossible pour les chefs d’établissement, les profs ne sont pas payés pour les surveillances et on parle de 50 euros pour les copies, etc.

5) De manière plus générale, l’accès précoce aux sujets favorise évidemment certains élèves et fait le bonheur des officines privées d’aide aux devoirs. C’est une explosion du principe d’égalité. Par ailleurs, les notes de ces contrôles continus figurent dans les bulletins donc nourriront la sélection de Parcoursup. Si on met tous les effets bout à bout on a à la fois la disparition d’un examen national (ça on peut le discuter, pourquoi pas, c’est un sujet sérieux) mais surtout son remplacement par une succession d’examens qui opèrent à chaque étape un tri social supplémentaire. C’est exactement ça qui se joue en ce moment : la demande légitime des lycéens de ne pas stresser en continu pendant deux ans face à cette évaluationnite aigüe, le droit de se planter d’orientation (à un âge où on est plutôt désorienté) sans que cela ferme les portes des études supérieures, la volonté d’être à égalité de traitement avec les autres lycéens dans ses choix d’études supérieures.

Du côté des élèves, il semblerait que la forme la plus évidente de la contestation consiste tout simplement à ne pas se rendre aux épreuves et à bloquer les établissements. Pour les professeurs, le panel d’interventions semble un peu plus complexe et comporter plusieurs choix d’orientation : grève du choix des sujets, grève de la surveillance, grève de la correction. Voyez-vous des différences pratiques et stratégiques entre ces trois modalités (ou plus, si il y en a certaines qui nous ont échappé) ?
Il y a en effet toute une gamme de gestes de contestations. Certains sont assez traditionnels : le boycott, le blocage (on bloque les lycées depuis le XIXe siècle, et de manière autrement plus violente), les grèves. D’autres s’inventent en ce moment, souvent au miroir des autres foyers de mobilisations d’ailleurs : les jets de manuels scolaires usagés si décriés sont une manière de renvoyer l’éducation nationale à ses contradictions et de signifier en creux la dénaturation d’un métier. Ce sont les décideurs politiques qui pilonnent les manuels scolaires en vantant le tout numérique ; ils ont beau jeu ensuite de crier à l’autodafé. Les flashmobs, les occupations de locaux, tout cela relève à la fois de la bataille de l’image (tentatives d’alerter au-delà du cercle des enseignants) mais aussi de la réappropriation de la dimension collective du métier. Certains aujourd’hui réfléchissent à d’autres pistes : comment rendre les résultats des E3C illisibles donc inutilisables dans une perspective de tri ? C’est-à-dire comment démonétiser la note qui, après tout, n’est que la monnaie d’échange de l’éducation nationale ?

Il y a un phénomène actuel de tâtonnements, d’improvisations, d’expérimentations qui rencontre un répertoire d’action plus traditionnel. Cela se lit aussi dans les articulations en cours entre les syndicats traditionnels et les collectifs plus spontanés et moins centralisés. La défiance mutuelle s’amenuise et chacun comprend l’intérêt qu’il a à composer avec l’autre. Cela s’observe aussi ailleurs. Et c’est sans doute la condition de la réussite d’un mouvement : partout, tout le temps, et de manière imprévisible.

On se souvient très bien qu’en juin 2019, la rétention des notes avait donné lieu à la mise en scène par le ministre de l’éducation d’un conflit d’intérêts entre professeurs-qui-bloquent et élèves-et-leurs-parents-qui-paniquent. Cette « opération » est-elle toujours le pivot principal du discours ministériel ou bien est-ce que la mobilisation des élèves eux-mêmes la rend plus difficile ? Par ailleurs, pouvez-vous nous dire comment s’articule l’enjeu déontologique pour les professeurs qui consiste à ne pas pénaliser leurs élèves et l’application stricte de leur droit de grève ?
Vraiment je crois que c’est trop tôt pour fournir une analyse distanciée. Il est vrai que le levier ministériel reste le même, c’est le discours de la prise d’otages, mais on a bien vu comment il a cessé totalement de fonctionner pendant la grève des transports. C’était d’ailleurs assez grotesque de voir les journalistes courir partout pour trouver dans les gares des voyageurs pas contents, sans succès. Dans l’éducation nationale, n’importe quel évènement peut faire changer un parent d’avis : son enfant gazé devant le lycée par la police ou mis en garde à vue par exemple… La mère, Stéphanie, d’un lycéen de Ravel arrêté vendredi 31 janvier a été interviewée par Taha Bouhafs ; en substance elle raconte à quel point d’une minute à l’autre sa vie bascule. Elle n’a aucune connaissance du monde policier et judiciaire, dit-elle, elle n’y a jamais été confrontée. Elle dit « je ne sais rien, la police ne me dit rien, les copains disent que la police s’est trompée, que c’est une erreur ; j’ai pleuré toute la nuit mais aujourd’hui je veux comprendre ». Il y a fort à parier que l’adhésion assez naturelle que cette mère pouvait avoir dans le système s’est évanouie d’un coup.

La répression actuelle d’une dureté inouïe fabrique paradoxalement des citoyens savants en les contraignant à la résistance. Quelle importance cette mère va désormais accorder à la question des E3C de son fils ? L’enjeu est ailleurs. Ce que beaucoup vont mesurer, c’est que leur protection passe par l’anticipation de la résistance ou de la riposte. Je discutais l’autre fois avec une collègue qui me racontait ses affres lors de la rétention des notes en juin dernier. Aujourd’hui elle dit « je ne me pose plus la question et je reçois des mails de soutien des parents ». Les choses vont incroyablement vite. On a lancé un rouleau compresseur sur l’école avec un moteur turbo dessus, il faut bien trouver des moyens d’éviter qu’il la broie. Je pense qu’il s’agit désormais (et je n’ai jamais vu ça) pour beaucoup d’un enjeu de survie. Je rappelle à ce sujet que des collègues se tuent sur leurs lieux de travail. Le symbole est terrible et il viendra forcément un moment où plus personne ne pourra se protéger par le déni.

Outre la question d’ordre « déontologique » qui se pose aux professeurs, la perturbation des épreuves semble être une sorte de ligne rouge que les recteurs ne veulent pas voir dépassée. Nous avons par exemple publié la semaine dernière une lettre du recteur d’Aix-Marseille qui promet des sanctions à toutes celles et ceux qui s’y adonnerait. Avez-vous eu pour le moment des retours de professeurs ou d’élèves en passe de subir la répression promise ?
Il y en a énormément. Le collectif « Stop Bac Blanquer, stop E3C » qui centralise toutes les infos et qui fait un boulot formidable de collecte et de cartographie sont atterrés, les syndicats aussi. Les consignes semblent claires : appliquer les ordres « à tout prix » (la formule a été utilisée par le syndicat majoritaire des chefs d’établissements). Cela s’étend aussi aux élèves désormais surveillés jusqu’à leurs abonnements à des comptes suspects sur les réseaux sociaux. Et par ailleurs, en face, ça craque aussi ci et là. Un mail a circulé d’un chef d’établissement qui s’excuse auprès de son équipe de devoir appliquer les ordres de manières aussi autoritaire ; il a l’air sincèrement clivé le pauvre. Je suppose, j’espère que beaucoup sont dans un conflit de loyauté et au bord de craquer.

En attendant, oui la répression est lourde et aveugle. Une décision est en préparation pour suspendre la règle de limiter à 4 jours de ponction de salaires par mois (le reste étant étalé) des journées de grève, on peut donc s’attendre un jour à des salaires à zéro comme pour les cheminots. Les collègues qui ont pris une journée pour assister à l’enterrement de Christine Renon, directrice d’école qui s’est suicidée à Pantin en septembre dernier, ont été ponctionnés d’un jour de grève aussi. Il n’y aura aucune mansuétude ou humanité du pouvoir en place c’est absolument certain. Pour beaucoup, les sanctions administratives seront défendues syndicalement et ne tiendront pas forcément à l’examen par le tribunal administratif, mais je crois que le ministère compte surtout sur l’effet dissuasif de la procédure. Il n’a pas tort, la peur de la sanction administrative est une réalité, mais là encore, pour combien de temps encore ?

Dans un récent article publié sur lundimatin intitulé « cri d’école », des professeurs qui se définissent comme « débutants » regrettent que la mobilisation contre la réforme des retraites mais aussi contre la réforme du Bac se contente de sauver des acquis (on résume grossièrement) alors que selon eux, c’est tout le rapport à la pédagogie et à la connaissance qui devrait être au cœur de la mobilisation enseignante. Est-ce que cette distinction entre « défense » et « attaque » vous paraît opérante ?
Déjà c’est mieux que quand vous publiez des collègues qui veulent abolir l’école publique ! Ils ont raison en réalité. Tout est à repenser et refonder. Disons pour leur répondre qu’il y a un feuilleté de temporalités et d’objectifs dans la lutte actuelle, mais c’est le propre de tout mouvement social qui n’est jamais chimiquement pur. Oui certains collègues défendent l’existant et n’ont pas forcément de visions politiques plus larges, mais ce n’est pas très grave pour le moment parce que l’heure est au front, et parce que c’est au front que s’opèrent des conscientisations progressives. Il faut donc apprendre à combiner l’instantanéité des luttes et leurs finalités à plus long terme. Il sera temps ensuite de réfléchir en effet à leur transformation. Mais soyons justes, la réflexion sur une révolution du système éducatif a aussi une histoire. Avant de réinventer l’existant il faudra donc commencer par se plonger dans l’histoire de ce qui l’a rendu possible. L’école fabrique sa propre amnésie, c’est à chaque fois un constat qui me fascine. Il y a chez les Freinet, Freire, Illich, Ferrer, Louise Michel et bien d’autres, des pensées radicales de l’école. Toutes sont bien-sûr adossées à un contexte particulier mais restent des références dans lesquelles puiser si on veut rendre l’histoire un peu active. De manière plus générale, ce texte rappelle l’urgence de re-politiser la question scolaire dans le sens de l’émancipation et le chemin est long. D’abord parce qu’on est en train de se faire confisquer le mot (et le projet) par les néo-libéraux, ensuite parce que pour beaucoup, l’école reste le lieu de l’innocente enfance (à ce propos, merci de ne pas illustrer cet article avec la photo de mignons petits n’enfants dans leur classe de CP comme beaucoup de vos collègues) qu’il faudrait protéger des foudres de la politique. Le mouvement actuel aide à cela aussi, redonner ses titres de noblesse à une réappropriation politique de l’école.
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