La tuerie produit la tuerie, et l’addiction de l’addiction.
un bar tabac ultra-techno et numérique
un sex-shop multinational
bien dans son jus
un hôpital psychiatrique
tellement cheap et hors de prix
tu m’humilies tu m’humilies
je te salue, Paris
la boutique d’un musée cosmique
un abribus tagué lustré
ordinateur surchargé d’images pixel et abîmées
vieux bâtiment de pierres grises
et repeintes avec des paillettes
et recouvert de vieux oublis
je te salue, Paris
Matelas plein de punaises de lit
paille usagée, billet froissé,
vitrine cassée, capote claquée
WC poudrés désaffectés
immeuble avec fausse devanture
clochardes terrestres et esseulées
Bastille
Whisky
Bernard Tapie
je te salue, Paris
Affiche usée
sticker passé
vélo crevé
tellement de vieux taxis dépassés
bazar pourri multicolore
rayon de soleil sur le café
vieux blouson de cuir délavé
cinéma squatté et racheté
films à l’envie
pas de chichi
je te salue, Paris
Ipad soldé
bouche de métro gercée, fermée
valise qui crisse
pickpockettée
ticket d’amende RATP
sms d’amour oublié
toute mon anxiété m’envahit
je t’aime encore mais je te fuis
je suis haïe
je te salue, Paris
vieille cathédrale enflammée
prostituées
chaise en osier
fausses odeurs de petits pains au lait
feux rouges, feux verts
passages cloutés et œil crevé
du rouge à lèvre empoisonné
jobs pourris
et saisonniers
je te déteste alors je fuis
je te salue, Paris
Bain de foule
passante édentée
rayon de soleil et mosaïques
happy hours pour salariés
tellement de speed au mètre carré
la sous-vie et la boulimie
l’hyperphagie
je te salue, Paris
Échange Argent Pizza Hôtel
Empire Mariage Brasserie Dentelles
Sunshine Chaussures Plombier Voltaire
Boulevard, dealers et RER
tellement de langues au mètre carré
surcharge érotique, sensorielle
envie de drogue
d’intensité
besoin de voler quelque chose
tellement d’orgueils accumulés
je suis l’odeur d’amour acide
je suis l’envie de stimulis
je te salue, Paris
Père de famille et 3 mouflets
sur une trottinette connectée
cheveux mouillés ou gominés
odeur de duvet pas lavé
peuple malade
cigarette sale
crachats d’mégots accumulés
sacoche zappée et oubliée
sacs Tati et syphillis
pornfood et agoraphilie
je te salue encore Paris
pieds boursouflés
odeur de peaux abandonnées
mendiants manchots
les jeunes disent : niquez vos races
j’te salue Paris pleine de crasse
j’te salue Paris pleine de crasse
j’te salue Paris pleine de crasse
tellement de violences au mètre carré
je prends le pli
duplique-moi je t’en supplie
je te salue Paris
Accessoires pour téléphone neuf
voiture de keufs
biture de meufs
faux ongles, beauté et culs bombés
tellement de commerces au mètre carré
statues, Jeanne d’Arc
Vierge Marie
Charivari
je te salue, Paris
vide couille, vide poche
vie de quartier
tellement d’cuisiniers sans papiers
je vous salue Marie, Barbès
Paris Abbesses
Appart’ à 400 000 €
c’est un studio
tellement de Pouvoir au mètre carré
frange délavée
assurance chiottes
Body minute
je me barre en catimini
tu m’auras bien saoulée, Paris
jeune senteur de plastique cramé
poubelles remplies à dégueuler
récup’ cantines
manifs flinguées
tellement de galères au mètre carré
des gens qui meurent dans leur pipi
on en n’est plus tellement surpris
t’es vraiment une grosse pute, Paris
Odeur acide de pisse d’hier
tessons de vieilles bouteilles de bière
rajouts tombés
cheveux au sol accumulés
alimentation générale
les vieux bistrots qui disparaissent
des poubelles pleines de canettes
des arbres imbibés de tristesse
grillés esseulés égarés
tellement de VIDE au mètre carré
les cadenas pèsent sur les ponts
je fais de la scène je passe au-dessus
et quand l’épuisement arrive
je suis repue
je te travaille et te souris
je trouvaille et je calomnie
je te try hard et te trahis
je te salue, Paris
Leïla Chaix