Il faut cesser de bavarder, et être impitoyable !

André Bernold

paru dans lundimatin#221, le 16 décembre 2019

La comédie a assez duré, l’insurrection est à l’ordre du jour, et la destitution immédiate des coupables du désastre.

Il y a chez Aristote l’acte et la puissance, 2 500 ans plus tard, la psychologie la plus moderne fait ses choux gras de l’acte et oublie tout à fait la puissance. Quoi encore ? Élan d’agressivité. Peu d’élaboration. Le bien et le mal, la fin et les moyens. À quoi sert-il de réfléchir si c’est pour continuer à jouer avec ces noix creuses ? À tout cela je ne répondrai qu’une chose : il n’y a pas que le tamis, l’appareil psychique, dans la vie. Il y a des réalités affrontées et irréductibles. Il y a des conflits qui ne sont pas d’interprétation. L’auteur de l’article-manifeste-déclaration de guerre « 5 décembre et après : on va faire simple » constate que la classe au pouvoir, ce n’est pas une représentation, c’est une réalité physique tangible, observable, scientifiquement descriptible. On nous enfume depuis cinquante ans quant à la destruction PHYSIQUE du monde, devenue enfin catastrophiquement évidente, destruction irréversible opérée impitoyablement à son seul profit. Il en conclut qu’il faut cesser de bavarder, et être impitoyable avec cette classe d’assassins ; qu’il faut l’éliminer, la détruire, par tous les moyens, et tendre à ce but par toutes ses actions. Qu’il n’y a plus d’autre solution. Il a raison.

Clivant ? Un peu ! Peu élaboré ? La conclusion est brutale, la réflexion commence avec Marx, clivant, agressif, et a duré un siècle et demi, EN PURE PERTE. Et avant Marx, pour mémoire, il y avait des ingénieurs agronomes qui disaient exactement ce que disent aujourd’hui les experts impuissants des divers comités d’alerte scientifique de par le monde, dont des revues surtout américaines reproduisent les propos désespérés. Entre-temps la planète sera devenue littéralement invivable à l’horizon 2050 en toute certitude, dès 2030 sans doute.

Mais surtout ne soyons pas agressifs ! Élaborons encore un peu. Il y a maintenant des millions de gens qui conviennent de ce que Chirac disait dans ses charentaises, pour la galerie, sans lever le petit doigt : la maison est en feu. Et au pied de la lettre. La terre est devenue une fournaise, et ainsi de suite. La comédie a assez duré, l’insurrection est à l’ordre du jour, et la destitution immédiate des coupables du désastre. Est-ce possible ? Sans doute pas, sauf si l’insurrection était planétaire, ce qui n’est pas à exclure totalement, même si c’est extrêmement improbable. Le rapport de forces entre États et/ou monopoles, pour faire vite, et population, désarmée ou pas, est devenu INCOMMENSURABLE. Totalement inédit dans l’histoire humaine. Marx n’avait pas prévu que l’accumulation dite par lui primitive serait absolue à l’ère postmoderne. C’était impossible à prévoir. Il a fallu deux guerres mondiales, et l’extermination d’environ 200 millions de personnes en quarante ans, chiffres ronds. Ça n’est pas très élaboré non plus, et plutôt violent. Que cette incommensurabilité conduise avec certitude à l’apocalypse n’exclut pas qu’un retournement de situation lui aussi absolu reste faiblement envisageable. C’est dans cette improbable hypothèse que nous nous situons…

André Bernold

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