Gilets jaunes : Les casseurs de malheur

« Ce carrefour de la diversité populaire avec ses monuments de palettes et de fer, son Arc de Triomphe, sa pyramide et sa Tour Eiffel, tombent à leur tour dans les poussières du mépris. »

paru dans lundimatin#210, le 3 octobre 2019

Recevons et transmettons :

Jeudi 26 septembre 2019
Le CAC 40 ouvre en baisse, un séisme secoue l’île de Céram en Indonésie, un incendie ravage l’usine Lubrizol à Rouen et la météo est pluvieuse sur les côtes escarpées de la cité Malouine.
Ce matin, dans ce tumulte d’information, il y en a une qui retient mon attention. Celle d’un saccage offert une nouvelle fois par des broyeurs de misères, pyromanes de la colère, qui ne trouvent pas le souffle pour mettre à bas les grondements populaires.

Après la casse du code du travail, après la casse des retraites, après la casse des services publics, après la chasse aux pauvres et leur stigmatisation, les fanfarons du pouvoir, via leur milice armée, ont décidé de casser l’un des rond-point les plus symbolique de France, celui du Cannet des Maures dans le Var. Ce carrefour de la diversité populaire avec ses monuments de palettes et de fer, son Arc de Triomphe, sa pyramide et sa Tour Eiffel, tombent à leur tour dans les poussières du mépris.
Ils ont été le symbole d’une colère qui à fait naître dans le cœur de cette plèbe déconsidérée, un sentiment de grandeur et d’espoir face aux harcèlements sociaux continus qu’engendre par la force et par la peur ce curieux pouvoir. Ce désir de se réunir et de construire ont été brisé sur ce rond-point où les rencontres, entre sourires et peines à peine dissimulées ont put élever les consciences dans un monde où la folie et l’ignorance, assujetties aux envies avides de quelques-uns, ont poussé « ceux qui ne sont rien » à dépasser l’intérêt de chacun pour offrir au destin collectif, l’aspiration d’un monde où la raison dominerait sur le dominant.

Dix mois de luttes, dix mois d’obstination, autant d’événements et de partage, dix mois d’intelligence et de sacrifices matérialisés par de majestueux monuments ayant fait l’écho d’une souffrance dans le monde entier. Dix mois à créer sans rien lâcher, dix mois à offrir sans rien demander, et pour autant bradé, comme ses innombrables combats, au profit d’une idéologie du capital qui n’offrira à cette Terre que les cendres d’une volonté à satisfaire, quelques plaisirs éphémères et remplira à coup sûr le chagrin de nos mers, d’artifices de misères et d’espoirs pour un temps anéanti, par les fracas d’un bulldozer protégé par des troupes elles-mêmes désabusées mais responsables, par leur pratique de barbares, de ce qui risque de s’annoncer.

Où cela va-t-il nous mener ?

Pourquoi détruire quand il s’agit juste d’avancer ? Pourquoi faire face à un besoin légitime d’oxygène en ordonnant d’étouffer la foule par des lacrymogènes ? Pourquoi mutiler, emprisonner, frapper, détruire, sans réel fondement ?

A ces questions qui n’ont pour réponses que la mission de cette gouvernance à nous faire taire, nous constatons que leurs ambitions ne sont que les chaînes d’une détresse qui n’a pour seule vocation que d’assurer leur domination en transformant notre colère en haine, légitimant leurs absurdités et affirmant notre détermination à ne plus se laisser faire.

On lâche rien ! On ne lâchera jamais rien !

Car face à ce choix cornélien, entre raison et fin, le seul espoir que nous conservons est celui de continuer à y croire. Afin d’éliminer de cet avenir, les désirs morbides de cette ploutocratie pour redonner de la couleur à un avenir noir qui, mêlée au jaune de nos ardeurs n’apporterait que l’espoir d’un monde que l’on aspire de toute notre force, meilleur.

Personne, un Gilet Jaune du Rond-Point de la Paix...

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