(L’instant où.
L’instant où, plus par désœuvrement que par haine ou calcul tactique, ils ont bombardé le cimetière de notre communauté assiégée, comme pour effacer toute trace de nos morts, ils ont d’abord anéanti notre désir.
Notre désir désormais : vivre simplement, sans commentaires, dans l’ignorance souveraine des manigances sordides de tout exercice du pouvoir, quel que soit son objet.
Mais il a suffi de cet instant pour que la mort bascule dans l’oubli.
La vie, un instant, la mort, un instant, l’oubli.
Nos morts retués.
La mort, un instant, l’oubli.
L’oubli sans cérémonie, l’oubli sans palabres, l’oubli sans fleurs, l’oubli sans nom, l’oubli nu, l’oubli l’oubli l’oubli.
La langue saignante de notre désir commun, vivre simplement, a palpité une dernière fois dans ma bouche pendant qu’à travers le filtre de mes larmes je contemplais sa tête arrachée qui avait roulé au pied d’une sépulture.
Non, pas une sépulture, un tas de gravats avec à l’horizon une vie dépouillée, sans humanité.
Désolé, désolant, le monde était devenu une balle d’enfant perdue dans un no man’s land, sans personne pour shooter dedans.
Il n’y avait plus ni cimetière ni mémoire.
Nous ne savons même pas au fond comment nous en sommes arrivés là.
A cet instant où plus rien.)
☹️✈️💣☠️ bonne vieille machine de derrière les fagots
28 € = le flacon d’antibio + la vieille pintade maigre (comment l’attendrir quand le feu sacré vous manque et que la marmite dépeuplée donne à votre âme une gueule de faux jeton)
supprimer la peur suffit parfois à supprimer la douleur
mais supprimer la peur juste pour s’en foutre de la mort ?
supprimer la peur pour être prêt à tout ?
ça craint pas un peu comme discours de la méthode
fourrée dans le n’importe quoi
des considérations stratégiques ?
c’est pas un scoop
y a plus assez d’électricité dans l’air pour choper un éclair de lucidité
j’y arriverai jamais
la sorcière de Radio Lune a beau le dire et le répéter
à chaque pleine
dans toutes les langues
les vivantes et les mortes
INVERSER LES PROCESSUS PSYCHIQUES
REVERSING PSYCHIC PROCESSES
የሳይኪክ ሂደቶችን መቀልበስ
A PSZICHIKAI FOLYAMATOK FORDÍTÁSA
VÄNDA PSYKISKA PROCESSER
DIVORSUS PSYCHIC DE PROCESSIBUS
UKUBUYISA IZINQUBO ZE-PSYCHIC
ЗЕРНЕННЯ ПСИХИЧНИХ ПРОЦЕСІВ
etcetcetcetcetcetcetcetcetcetcect
j’y arriverai jamais
j’y crois plus
je retrouverai jamais les morts de ma vie
mes morts ont plus de patrie
sans parler de mon
c/o/r/p/s
me parlez pas de mon c/o/r/p/s
vous existez pas
suis moi seul
la communauté qui vient
Allo Allo Allo 1000 € de quoi
cramer tout cramer tout cramer
dire que jadis j’étais éligible au programme écologique L’ETAT VOUS ISOLE POUR 1€
je vis désormais pour rien
avec la langue de notre désir qui a dansé ses derniers mots dans ma bouche
y a l’ éternité
mon éternité / ton éternité / nos éternités / l’éternité commune / la commune éternité
100 €= 10 gr. de cbd mix AK47 White Widow garanti 0% psychoactif la détente plutôt que la défonce, putain le pitch envoyé par pigeon voyageur par le dealer d’état putain plutôt crever j’ai fait rôtir le pigeon farci beurre cbd j’ai pas renvoyé le cash ça m’a calmé bouché un trou
et confondre vivre et écrire
si seul si seul
tendre orchidée de lumière éclairant l’astéroïde en kit
même plus envie de jouer la comédie de la révolte
y a personne pour m’admirer
et celle de la révolution qu’on théorise à toutes les sauces possibles épicées à la fiction du collectif
même mon voisin l’historien s’en branle
il étudie la migration future des taupes dans les réseaux sociaux underground
en live en live en live
pensez bordel pensons bordel
les analyses ne sont jamais sorties du laboratoire
c’est normal
toutes les lois de la nature sont obsolètes
le camembert il coule plus
y a plus de camembert
quelle forme de vie tiens-tu par la barbichette
mon frère mon semblable mon ami ?
… en temps de paix, j’aurais passé ma vie à indiquer ma position dans la guerre future, celle qui se joue dans les milliards de territoires de la conscience. La conscience imposée. La liberté obligatoire. Par tous les sbires et toutes les machines de ce gros pourri génocidaire de Fantasmos…
mais là c’est la guerre 🎯 mon cul sur le trône abandonné
l’instant où
c’est la guerre
université rasée
les droits de l’homme nous rendent pas libres égaux
c’est la merde
la grosse merde qu’on chie tous en chœur en aspergeant Miss Monde à l’extincteur d’intégrité morale
y a que la merde qu’à ce pouvoir magique de nous rendre libres égaux
boudin noir ou boudin blanc au four ou à la poêle
c’est là qu’est le secret de l’idéologie
que bien des ultra malins de tous poils
nomment néo-libérale
les mots ne nomment pas les raids des sexes rêveurs dans les lupanars de la castration totalitaire
10000 € = 3,12 litres de diesel coupé et merde l’idée force demeure l’appropriation de toute forme d’énergie nécessaire à la poursuite de la guerre
la guerre la vie
mais la guerre moi je la fais même pas même si je suis même pas pacifiste
j’appartiens plus au monde le monde m’appartient
… inutile de décrire l’horreur où mes semblables délabrés survivent en attendant qu’une mort toute fonctionnelle neutralise leurs derniers NON NON NON
inutile de décrire l’épave de transport de troupes où je végète en jardinant les environs pollués en glanant en zigzag ma pitance d’homme qui ne compte pas
c’est le travail des scribes des jours qui passent
inutile de décrire
les machines matent pour nous
les machines sont les fenêtre aux mille reflets ouvertes sur mon pare-brise mitraillé d’impossibles étoiles rouges
mais parfois on cède à la tentation de regarder encore
pour de vrai pour voir
et on est fauchés par des rafales d’illusions
mais comme nous sommes comme des épis rachitiques dans des champs de blé toxique ça se voit pas
inutile de décrire les éclaboussures de la ratatouille d’images qui bouillonne autour de nos âmes maintenues en détention dans les limbes de l’impuissance
le monde est une peau de chagrin dans un univers en expansion
je l’ai déjà dit mais j’ai rien d’autre à dire
j’en ai plus rien à foutre
je m’acharne éclairé par la langue de mon désir
je suis la folie sans l’être / je suis l’être sans la folie
je m’obstine à coller au réel sans roses ni éclairs
un pion quitte pas l’échiquier de son propre chef
pas plus qu’un nomade renonce à son chameau
pas plus qu’un paysan renonce à sa vache
pas plus qu’un poète se tranche la langue
sans nécessité
la vérité si je mens
tous les arguments du confort sont réduits à néant
les bombes tombent tout autour
armé jusqu’aux dents
le spectre de la langue de mon désir hante ma bouche sèche et déserte
le spectre de la langue de mon désir se dilate
ça va chier des conséquences
je lutte pour tout instant
le temps est la seule matière première
la seule inaliénable
et là
l’instant où
le spectre de la langue de mon désir expédié nulle part
bouche vide
respirant dans rien
face à Fantasmos
pour demeurer moi-même
pas d’autre choix
que d’éprouver
0 sentiment
0 = zéro
les représentations du monde et leurs avatars m’assiègent
nul être plus faible que moi au monde
lopette de l’absolu
annexé
je suis l’annexion incarnée
vision horrible d’un vieillard recroquevillé dans un bunker cinq étoiles
à vos ordres mon général
reclus dans le souvenir de sa jeunesse glorieuse
ça doit être la réalité
ça doit être moi
le bâtard de la bienveillance universelle
les sbires de Fantasmos bombardent leurs ultimes ultimatums
sois utile
hurlent-ils
sois utile
te défile pas pauvre débile
rends-toi utile
ils assiègent dedans comme dehors
mais ça résiste
ça doit résister
si ça veut pas que la folie devienne une tasse de thé
qu’on boit le petit doigt en l’air
en tailleur sur un tapis survolant
ce qu’on nomme pas
92 € = kalach + cacahuètes, je vais pas finir le mois ni le nous
Quoi ?
18 Mars 2022
Illustration : Sébastien Thomazo