Car c’est à bien d’autres transports que celui des chaises que vous êtes conviés. Comme il fut expérimenté en 2019 dans des débats sur les Gilets Jaunes et la meilleure manière d’en finir avec le capitalisme, autour d’interventions d’Alain Damasio, Frédéric Lordon, David Dufresnes ou en 2020, sur la catastrophe climatique avec Laurence Biberfeld et Corinne Morel-Darleux ou la même année avec la présentation de La Raison Des Plus forts, chroniques du Procès France-Telecom, on débattra des questions brûlantes, on se transportera hors d’un soi confiné depuis deux ans par les angoisses étatiquement contrôlées, hors de l’étouffant huis-clos des pseudo-débats organisés par les médias dominants autour du crop-top islamo-gauchiste, hors du choix obligatoire entre terrorisme de la 5G et antiterrorisme des Tarnac bis, ter et quater.
Il y aura donc pour aider à penser ensemble, deux traductrices grâce auxquelles, que vous parliez ou non la langue qu’elles traduisent, vous saisirez dans la pratique les enjeux de la traduction, un politologue spécialiste d’histoire coloniale, une historienne spécialiste de la Commune et de mai 68, une préhistorienne spécialiste des comportements des néanderthaliens et des sans, un spécialiste de la bougie contre Internet, et beaucoup de non spécialistes. Il y aura un auteur pour nous parler de son expérience directe de la guerre d’Algérie, et une autre pour nous en raconter quelques conséquences à Marseille. D’autres encore vous parleront de femmes rebelles à l’orée du XXe siècle, d’écoféminisme, d’Hocquenghem, de zoonoses, d’insoumission, de solidarités dans le Limousin, et de Cesare Battisti… Et comme penser sans remuer la pâte des émotions et des sensations, sans littérature et sans cuisine, c’est fonctionner à vide, il y aura des banquets littéraires, une romancière pour nous rappeler l’année 69 et les débuts du MLF, un autre pour rire avec nous des ruses des pauvres pour échapper à leur pauvreté, un autre encore pour moquer les chiffres qui commandent à nos vies, une autre encore (bis) pour évoquer un destin de métisse qui refuse de s’enfermer dans une case, et puis encore un pour nous raconter les prostituées mineures au Sénégal…
Il y aura donc, à côté de beaux raisonnements, beaucoup de récits d’une indémontrable exactitude…
Et aussi des performances drolatiques et des lectures vibrantes, quelques films et pas mal de musique.… De la musique avant et après toute chose…
Il y aura… il y aura peut-être ce qu’on ne saurait organiser à l’avance, hormis en lui donnant la possibilité d’être, ce sentiment du partage, l’élan vers un ailleurs, une commune nostalgie du non-advenu qu’il faut ensemble faire advenir… Pour le 700e anniversaire de la mort de Dante, la Vienne sera-t-elle notre Léthé et saurons-nous la franchir comme un Rubicon vers… vers quoi ? « L’amour qui meut le soleil et les étoiles » ? Pourquoi pas ? En tout cas, on va pas s’emmerder.
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