Errance et rencontre aux alentours de Kiyv

Chronique et entretien à propos de l’organisation par le bas (mais pas que) de la solidarité en Ukraine.

paru dans lundimatin#335, le 21 avril 2022

Des proches de lundimatin ont rejoint l’Ukraine pour y retrouver quelques connaissances, donner un coup de main là où c’était possible et tenter de comprendre la situation au-delà des cagnottes en ligne et en-deçà des déclarations géopolitiques. On peut retrouver l’ensemble de leurs récits, réflexions et quelques photos sur le blog « Ici Transcarpatie » qu’ils tiennent depuis le début du voyage. Il y a deux semaines, ils nous avaient fait parvenir le récit d’une livraison d’ambulance depuis la Transcarpatie (à l’ouest de l’Ukraine, pour le moment épargné par l’armée russe) jusqu’à Kiyv. Cette semaine, nous publions la suite de ce voyage à Kiyv à travers une « Errance à Kiyv » qui essaye de rendre compte de l’ambiance aux alentours de la capitale quelques jours avant le retrait des troupes russes ainsi qu’un entretien avec Sergueï qui a guidé et invité chez lui nos amis. On découvre à travers ces paroles à quel point la population civile s’entraide de manière massive et décentralisée et, la plupart du temps, en dehors des rapports marchands.

Errance à Kiyv

Le texte qui suit a été rédigé à partir de notes prises entre fin mars et début avril, après une livraison de matériel à Kiyv (voir l’article). À ce moment-là, les troupes russes étaient aux abords de la capitale ukrainienne sans parvenir à y pénétrer. Elles se sont repliées depuis pour se concentrer dans le Donbass.

Le lendemain de la livraison de l’ambulance, Liet et moi-même décidons de ne pas repartir directement dans les Carpates. Sergueï y retourne dans une semaine et en attendant nous découvrirons avec lui comment, depuis ses activités d’avant guerre, il met en place un réseau de solidarité (voir, ci-dessous, l’entretien réalisé avec Sergueï). Ces quelques jours d’immersion nous permettront de mieux comprendre comment la vie fraie son chemin dans une ville à moitié assiégée.

Nous avons donc égrenés les kilomètres pendant cinq jours en voiture entre la maison de Sergueï dans le petit village de Rozhivka et l’immensité de Kiyv.

1) Un jour, entre samedi 26 au soir et mardi 29 mars. Une vingtaine de kilomètres au nord de Kiyv, chez Sergueï, à Rozhivska. Premières impressions.

Au pied des derniers buildings commencent des plaines vides, fin de la capitale. 

Balloté, j’écris dans mon carnet en lettres minuscules.

Villages fantômes, lumières éteintes, maisons cloîtrées,

L’armée russe n’est pas loin.

Le bruit de roulement trahit le silence, l’auto glisse dans la nuit.

On se déplace avec des frontales dans la maison.

On n’entend pas la guerre (pour l’instant), contrairement à Kiyv, mais le vent qui agite les pins sylvestres.

Le sol est sableux, on se croirait dans les Landes.

Drôle d’ambiance dans cette maison neuve parachutée là comme un parpaing sur une plage déserte.

Malgré moi, mes sens cherchent en vain l’océan.

Stop ! Mines

À trois kilomètres à l’est se trouve le village de Skybyn au nord de Brovary, qui est au nord de Kiyv. Après ce village se trouve le no man’s land qui précède les positions de l’armée russe.

C’est ici qu’une colonne de plusieurs dizaines de tanks se sont fait mettre en déroute par une embuscade ukrainienne dès le début de l’invasion.

Un petit oligarque de Brovary, ami de Sergueï, possède une importante production de tomates et de concombres hors-sol, ses 38 hectares de serres sont à l’arrêt depuis le début de la guerre.

Les millions de plants de tomates abandonnés à leur sort se dessèchent lentement.

Les bombardements sont trop proches, impossible d’assurer la sécurité des 600 employés.

Les quartiers autour sont presque déserts, la majorité des habitants ayant décidé de quitter la zone.

Notre petit oligarque reste ici avec deux amis à lui dans cette villa esthétiquement digne de celle de Tony Montana, en bien plus modeste. Il vend des tomates et des concombres, pas de la cocaïne.

Les femmes et les enfants des trois hommes sont partis se réfugier ailleurs, alors ils dorment dans des lits de camps dans la cave sous la cuisine, entre potes.

Mines patibulaires, jogging noir, gros bidons, bagouses et chaînes en or. Leur look de mafieux tout droit sorti d’un film de Scorsese contraste bien avec leur bonhommie enfantine et leur goût pour les papouilles avec le chat de la maison.

Dans le jardin, flotte fièrement un gros drapeau ukrainien, comme un avertissement donné aux éventuels militaires russes qui oseraient s’aventurer dans le coin.

Une bible est exposée sur un meuble pompeux au milieu des icônes orthodoxes, la protection de Dieu semble insuffisante pour se défendre.

De chaque côté du front, on prie pour sa protection, on pourrait être tenté d’y voir un certain paradoxe.

On nous montre une collection de sabres et un mossine, fusil soviétique emblématique de la Seconde Guerre mondiale.

Ça ne suffira pas non plus.

Leur assurance et les sous-entendus nous font comprendre qu’ils ont ce qu’il faut.

Ils sont prêts à mourir ici en héros.

Puis ils décident de nous emmener aux dernières positions de la Défense territoriale, très proches de la ligne de front.

En quelques minutes on est au bout d’une voie express parsemée de hérissons tchèques en fer [1], de longrines en béton et de débris divers.

C’est un axe stratégique car il permet d’aller tout droit dans le centre de Kiyv en venant du nord-est.

Hommage à la « Centurie céleste », la centaine de militants morts dans les combats à Maïdan

Nous arrivons au pied d’une voie ferrée surélevée, où nous sommes accueillis par quelques membres d’un bataillon. L’adrénaline et la tension sont palpables.

Ils nous distribuent des chocolats avant de nous emmener dans un van noir vers les postes avancés.

Nous finissons à pied, zigzaguant entre les mines anti-chars.

Au loin nous apparaissent les tanks russes, immobiles devant une usine coca-cola.

Deux nuances de rouge.

Les empires se côtoient.

Chargé de sable, le vent, encore lui, ponce nos visages et balaie la route.

Sec et froid, dans la dramaturgie il joue son rôle à merveille.

Il souffle où il veut et chaque soldat est un condamné à mort.

Un jeune russe gît là dans son uniforme.

Débris humain parmi les débris de tanks et de maisons explosées.

Épargnées par les missiles à sous munitions, certaines sont encore habitées.


Un horizon plein de promesses

2) Un autre jour. Mes notes en vrac zigzaguent entre les arrêts nombreux, les checkpoints et les nids de poules.

De retour dans les rues de Kiyv, je mets plus de temps à différencier le délabrement ordinaire des stigmates de la guerre qu’à distinguer le bruit de l’explosion d’un missile russe d’un tir de missile de défense anti-aérien.


Comment c’est possible que d’aussi loin ça fasse trembler toute la ville ?

Le regard aussi s’affine, dans les nombreux checkpoints on distinguera ceux tenus par l’armée régulière de ceux des bataillons de volontaires.

Des subtilités dans les équipements, les attitudes et les comportements.

D’un certain point de vue, le front n’est qu’un petit bout de la guerre, une sorte de mirage où ça tire en rafales.

Un jeu entre présence et absence.

Absence de ses enfants et de sa femme dans la maison de Sergueï, de toute la famille dans les appartements de ses amis, où tout montre qu’ils ont été quittés à la hâte.

Brovary, Skybin, Butcha, Marioupol, Kharkiv, Kramatorsk…

Le nom des villes m’apparaissent à mesure qu’elles se font bombarder.

Entretien avec Sergueï

Sergeï fait partie de la diversité de gens que l’on peut rencontrer dans l’une ou l’autre des deux maisons de la coopérative de Longo Maï [2] en Ukraine. L’entretien est un bricolage fait à partir des discussions que nous avons eues durant deux voyages réalisés ensemble. D’abord la livraison d’une ambulance à un bataillon de paramédics à Kiyv (voir le récit de ce voyage, également publié sur Lundimatin par ici et ensuite la livraison de matériel et de nourriture à Zaporijia.

Étant donné le large manque de maîtrise de l’anglais qui fût, en dehors de la communication non verbale et des silences qui en disent long, notre seul moyen de communiquer, il se peut que tout ce qui est écrit-là soit totalement faux et que l’amitié qui est née de ces moments partagés soit un pur malentendu. Bonne lecture.

Comment est-tu arrivé à la ferme de Longo Maï en Ukraine ?
Je connais Vladimir [3] qui possède un Hôtel dans le parc de Svydovets depuis longtemps et il connait Longo Maï par le biais de la lutte Free Svydovets [4].

Je suis arrivé pour la première fois là-bas 7 jours après le début de l’invasion Russe, c’était pour faire passer la frontière à ma famille. Ensuite on m’a demandé si je pouvais aider nottament pour les transferts de réfugiés.

Où sont les autres membres de ta famille ?
À Dortmund en Allemagne. Ma femme voulait partir avant le début de l’attaque car elle était sûre que ça craignait mais je n’y croyais pas [comme la plupart des ukrainiens rencontré NDLR]. Quand l’invasion a commencée nous avons décidé de ne pas partir dans la panique en même temps que des millions de personnes.
Donc ma femme, nos deux enfants, Léa et Lukas, sont chez des amis là-bas [à Dortmund] maintenant.
Quand est-ce que vous imaginez un retour ?
Pour l’instant, je pense que la guerre va continuer et ça m’étonnerait qu’il soit possible qu’ils reviennent avant l’année prochaine, début 2023.
Qu’est-ce que tu avais comme activité avant la guerre ?
En temps normal, j’ai plusieurs activités. Je suis consultant dans la promotion immobilière, j’organise des séjours sportifs et je dirige une petite boulangerie industrielle solidaire d’une vingtaine d’employés, un café social et j’étais en cours d’ouverture de mon propre bar.

La boulangerie et le café social sont des projets sociaux à la base, mon ami et ex-collègue qui dirige Zeelandia [5] (je ne travaille plus là-bas) a un fils trisomique et il a décidé de créer une dynamique qui permet leur intégration. Dans la boulangerie comme dans le café social l’idée est de leur donner l’occasion d’être confrontés à la vie en société pour éventuellemnt pouvoir devenir autonomes par la suite.

La boulangerie s’appelle 21.3, 21 pour la trisomie vingt et un et 3 comme les trois étapes pour une intégration sociale : 1) découverte/immersion/familliarisation dans un milieu mixte, 2) intégration au travail et 3) autonomie.

Zeelandia

Que deviennent toutes ces activités depuis que l’invasion a commencé ?
Mes activités de consulting et d’organisation de séjours sportifs sont à l’arrêt complet. Le café n’a pas eu le temps d’ouvrir mais j’ai décidé de le transformer, d’ici quelques jours, en point de distribution de denrées alimentaires et autres si besoin, de plats chauds gratuits et de lieu de partage et d’échange.

Pour la boulangerie, tous les travailleurs sont des volontaires bénévoles à part une cheffe dont la production dépend. Au debut de la guerre il n’y avait que 2/3 volontaires au lieu de 16 employés en temps normal et maintenant il y en a une dizaine. Beaucoup de gens veulent aider d’une manière ou d’une autre. Mon ami de Zeelandia essaie de trouver des fonds pour essayer de payer tout le monde au moins partiellement.
La boulangerie vue e l’extérieur
Actuellement nous produisons 1300 pains de 400g deux fois par jour et des gâteaux.
La distribution se fait essentiellement au café social avec de la soupe, 270 par jours, mais aussi aux checkpoints dans une clinique de Brovary. À la boulangerie, les riverains peuvent venir se servir à heures fixes.



Préparation et distribution de pain

Tout est distribué gratuitement.

Il y a d’autres points de distribution dans la ville comme à Druzy Christa, une église évangeliste où nous sommes allés ensemble mais je pense qu’il faut multiplier les points de distribution pour que ça soit accessible pour les gens qui ne peuvent pas forcément se déplacer facilement. Surtout avec les checkpoints, le maintient partiel et aléatoire des transports en commun ainsi que les couvres-feux.

On ne sait pas de quoi sera fait demain mais pour l’instant c’est calme à Kiyv même si ça bombarde au loin. Par contre, autour de Marioupol et du Donbass beaucoup de gens sont dans le besoin et avec la possibilité de corridor d’évacuation, ça va augmenter. Avec l’aide de Longo je pense que ça serait intéressant de faire quelque chose là-bas sur le même modèle qu’ici mais il faut aller voir d’abord.

Ok je vois bien l’idée de l’aide et la solidarité mais concrètement ça coûte des sous tout ça, comment tu fais pour faire face aux charges alors que tout est distribué gratuitement ?
Déja il faut savoir que pour moi, c’est impossible d’imaginer faire de l’argent pendant la guerre. Les gens sont dans le besoin et la question c’est : comment aider quand on peut ? Et pas “comment faire du profit” ?

L’entreprenariat ça pourra reprendre après, en temps voulu.

Pour la boulangerie, je m’occupe de trouver de l’argent pour payer les charges de l’atelier mais mon ami qui est PDG de Zeelandia à Brovary fournit tous les ingrédients gratuitement, il se débrouille pour avoir des dons pour financer les pertes mais je ne m’occupe pas de ça donc je ne sais pas exactement comment ils fonctionnent. Pour le reste, les travailleurs sont bénévoles comme je l’ai déja dit. Le café social est aussi subventionné, des personnes s’occupent de trouver des fonds.
Pour mon café j’utilise mes fonds personnels et quand je fais les aller-retours dans les Carpates et que j’emmène du monde aussi. Je fais jouer mes relations aussi pour avoir des dons en matériel et du soutien technique.

En fait, le gros secteur de dépense pour moi c’est l’essence et la voiture, le reste c’est presque rien, surtout que je suis toujours invité à manger ailleurs que chez moi.

Je peux citer mon ami Andrii aussi, il est traiteur et actuellement il fournit 300 à 1000 repas par jours gratuitement pour la police et la défense territoriale qui sont sur les checkpoints : les autorités locales lui fournissent les ingrédients et lui il travaille gratuitement.

Mais j’imagine qu’il a un contrat qui lui permettra par la suite de conserver cette clientèle-la non ?
Non, il n’a qu’un contrat ponctuel, quand une situation normale reviendra, il y aura des appels d’offre pour ces marchés.
Et ça ne vous inquiète pas que par la suite, des entreprises qui participent peu, voire pas du tout à l’effort de guerre comme vous le faites, récupèrent les marchés ? Parce qu’on voit qu’il y a un gros effort de votre part et ça pourrait être normal qu’il y ait une forme de reconnaissance en temps voulu non ?
Tu sais, c’est pas la première fois que le pays est en crise et on est habitués à l’idée qu’il faut parfois repartir de zéro ou presque.

Peut-être qu’après la guerre il y aura un genre de “plan Marshall”, peut-être pas, peut-être qu’on en profitera un peu ou peut-être que ce sont des grosses multinationales qui empocheront les aides et les marchés...

Ceux qui profitent de la guerre, c’est leur affaire ; nous, on n’attend pas de reconnaissance, on sait pourquoi on le fait.

L’intérieur de la boulangerie

Qu’est-ce que font les autorités locales ou l’État pour aider la population ?
Comme tu as pu le voir, dans les églises évangélistes où nous sommes passé (à Khmelnytskyï et Kiyv) il y a beaucoup d’accueil de familles, de stockage et de distribution de nourriture et produits de base. T’as vu aussi que tout le monde se moque bien de porter des masques et les normes ne sont évidemment pas respectées. On peut alors considérer que le fait que les autorités ne nous entravent pas c’est déja une forme de soutien.

À Brovary, des bénévoles ont organisé un lieu de stockage et de distribution dans la salle de sport. Et puis un jour, le maire a décidé de reprendre ça sous la direction de la mairie en communiquant sur le fait que c’était une de leur initiative...

Il faut savoir que pour certains élus, c’est une opportunité facile pour demander des budgets additionnels.

Dans un des villages où nous sommes allés ensemble par exemple, 80% des denrées gérées par la commune, personne ne sait où elles vont.

Je préfère participer et organiser des réseaux depuis des connaisssances déja établies ou qui s’établissent de proche en proche, de personne de confiance en personne de confiance.

Et puis ces réseaux-là, en cas de nouvelle crise, de nouveau problème, on peut se dire qu’ils seront de nouveau mobilisables.

Mais à Kiyv le maire est plus progressiste et les réseaux de volontaires sont assez conséquents, ça à l’air de se passer différement.

Tu penses que c’est quoi la proportion d’aide qui est assumée par les citoyens et celle assumée par les autorités locales ?
Je peux parler uniquement pour le district de Brovary mais je dirais que l’aide et la solidarité sont assurées à 85% par les citoyens.

Le maire a mis beaucoup de temps à se réveiller, entre 10 et 12 jours avant de faire quoi que ce soit : tout le monde se demandait où il se cachait. Alors que les volontaires ont réagit très rapidement.

Pour ce qui est de l’État, je trouve que la réaction militaire à été plus qu’à la hauteur et que là-dessus Zelensky a été efficace.

Pour ce qui est de l’aide et la solidarité, c’est le peuple qui à été très fort.

Est-ce que tu as pensé à t’engager dans l’armée, ou les défenses territoriales ?
J’y ai pensé mais je suis convaincu que je suis plus compétent à l’arrière qu’au combat, domaine dans lequel je n’ai aucune expérience. La boulangerie, le café, le café social sont utiles, d’ailleurs c’est officiellement considéré comme d’utilité publique dans le cadre de la guerre. Grâce à ça, j’ai une dispense de mobilisation. Cependant, j’ai quand même pris conscience après l’annexion de la Crimée et le début de la guerre dans le Donbass qu’il fallait prendre les choses au sérieux, j’ai donc décidé de faire une formation succinte autour des savoirs-faire paramédicaux dans le bataillon Asap Rescue [6] et j’ai aussi fait une formation au maniement des armes à feu pendant six mois (un à deux jours par semaine) dans un organisme privé. Bref, prendre les armes, je suis prêt à le faire mais ça voudrait dire que la guerre est généralisée et même si je m’engage, je ferai en sorte d’être ambulancier.

Ce qui est certain par contre c’est que si le pays est annexé à la Russie je préfère l’exil.

Quelque part dans Brovary

[1Ce sont les dispositifs anti-char de type obstacle statique inventés lors que la Seconde Guerre mondiale contre les chars russes. Ils sont une alternative aux « Dents de dragon ».

[3Vladimir est dans la lutte “free svydovets”

[4Cf. la lutte pour la protection de la forêt de Svydovets contre la construction d’une station de ski : https://freesvydovets.org/fr/

[5Zeelandia est une entreprise qui vend des mélanges de farine pour les boulangeries industrielles.

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