Face à cette accélération du soulèvement, Jerí a déclaré l’état d’urgence pour 30 jours au Pérou tandis que Noboa demandait le soutien de l’OEA (Organisation des États Américains [1]) et d’Israël pour contenir la révolte. Dès lors que c’est la survie du régime qui est en jeu, les forces répressives sont de plus en plus brutales et s’internationalisent. En réponse, la solidarité doit elle aussi monter d’un cran et s’étendre de par le monde. Pour aider financièrement des brigades de rue qui organisent la défense et le soin des manifestant.es au Pérou ou pour aider des blessé.es du mouvement en Équateur, il est possible de suivre ces liens, ici et là.
Cette contextualisation faite, courte et insuffisante [2], nous avons préféré donner un écho aux voix qui s’expriment directement depuis la lutte en traduisant deux textes de collectifs équatoriens et un troisième d’un collectif péruvien. On ajoutera que le 17 octobre, au moment d’écrire cet article, le « Congrès des Peuples » [3] en Colombie appelait à une manifestation en solidarité avec la Palestine et contre les interventions militaires états-uniennes dans les Caraïbes. Les manifestant.es ont attaqué avec arcs et flèches la police qui défendait l’ambassade des États-Unis de Bogotá. Alors que le 18 octobre marque aussi les six ans du soulèvement de 2019 au Chili (quelques affrontements ont eu lieu à Santiago pour l’occasion), il semble, à travers l’irruption de la Gen Z et l’endurance des organisations indigènes, que le feu de révolte qui souffle depuis 2019 dans la région andine est loin d’être éteint. Le premier texte traduit offre l’exemple inspirant d’une forme de prose du combat et de l’endurance révolutionnaire qui s’écrit depuis la barricade, tandis que les deux autres nous ont semblé avoir la pertinence d’inscrire les révoltes en cours dans des séquences nationales, régionales et internationales, posant deux questions fondamentales : comment apprendre de nos révoltes passées pour aller plus loin aujourd’hui et comment apprendre des révoltes des autres pour résonner avec elles ?
Des soulèvements de septembre à ceux d’octobre : vers la chute du régime ?
En Équateur, les communautés indigènes et leurs soutiens (via la CONAIE, « Confédération des nationalités indigènes de l’Équateur ») mènent un blocage (« paro ») national depuis le 22 septembre contre l’augmentation du prix de l’essence, dont l’épicentre est la province d’Imbabura et la ville d’Otavalo. C’est le troisième blocage national en six ans, après les révoltes d’octobre 2019 et de juin 2022, qui ont toutes les deux laissé plusieurs mort.es (11 en 2019 et 7 en 2022) et des centaines de blessé.es. La réponse du gouvernement autoritaire de Daniel Noboa réitère cette répression féroce, causant trois mort.es lors des affrontements d’Imbabura : le 28 septembre, celle par balle du comunero, agriculteur et leader kichwa Efraín Fuérez, celle de la comunera kichwa Rosa Elena Paqui par arrêt respiratoire à cause des gaz lacrymogènes, et celle par balle, le 14 octobre, du comunero et agriculteur kichwa José Alberto Guamán. Au 15 octobre, l’Alliance des Organisations pour les droits humains dénombrait au moins 144 personnes blessées, 12 disparues et 310 atteintes aux droits humains depuis le début du blocage national. Cette répression s’inscrit dans un contexte de militarisation où depuis 2024, Noboa a déclaré un état d’exception de « guerre interne » contre le crime organisé. Les organisations indigènes en lutte dénoncent le fait qu’à travers cette logique ce soit désormais ses militant.es qui soient désigné.es comme « terroristes » et les blocages populaires d’Imbabura comme « zone de guerre ». Les organisations ont par exemple dénoncé le transfert de 12 prisonniers politiques dans une prison de haute sécurité le jour même où des affrontements entre bandes rivales faisaient 17 morts dans cette prison, le gouvernement mettant ainsi délibérément gravement en péril la vie des prisonniers politiques.
Le mardi 14 octobre, le gouvernement envoyait une véritable colonne contre-insurrectionnelle de militaires, officiellement un « convoi humanitaire » censé apporter de l’aide aux populations « touchées » par les blocages, pour débloquer les routes d’Imbabura et mettre fin au mouvement. Après avoir laissé mort.es et blessé.es sur son passage, le gouvernement se gargarisait le 15 octobre du retour à l’ordre et de l’ouverture de négociation, alors même qu’il réprimait dans la soirée les soutiens au mouvement rassemblés dans l’Université de Quito et que les blocages continuaient à Imbabura. Face à cette répression féroce, les organisations en lutte indiquent que le mouvement ne se limite plus à la question du prix de l’essence mais s’attaque au « pouvoir » et à la « crise multidimensionnelle » causée par le gouvernement. Certains n’hésitent pas à ranger Noboa dans la triste liste des présidents néofascistes d’Amérique du nord, centrale et du sud [4] (Trump, Bolsonaro, Milei, Bukele...), ce président qui en 2024 défendait les militaires après qu’ils aient fait disparaître, torturé et assassiné quatre enfants afro-descendants [5], ou encore qui promeut la réouverture de mines et supprime le ministère de l’environnement. Face à l’opération de contre-insurrection, les révolté.es renversent la charge en affirmant avec détermination que « le véritable terrorisme est celui de l’État » et que contrairement à ce que voudrait le gouvernement, « le blocage ne débloque pas » (« el paro no para ! »).
Le paro s’est donc poursuivi encore plusieurs jours malgré la répression intense. Le convoi présidentiel de Noboa a été attaqué avec des pierres par un groupe de 500 personnes et le président a déclaré avoir été victime d’une potentielle tentative d’empoisonnement après un don d’aliments par des agriculteurs. Malheureusement, après 31 jours de blocage, le paro a été levé par la CONAIE le 23 octobre. L’organisation dénonce la violation des droits humains par le gouvernement et a choisi de lever le blocage pour se préserver de la répression sans limite. C’est la première fois depuis 1979 qu’un blocage national indigène est levé sans avoir obtenu de concession de la part du gouvernement. Cela peut-être vu comme une défaite, mais le mouvement de 2025 a révélé le visage fasciste du pouvoir et l’abandon du blocage ne signifie pas la fin de la confrontation avec le pouvoir.
Au Pérou, les manifestations ont commencé en septembre contre le gouvernement détesté et corrompu de Boluarte. Elles s’inscrivent dans la continuation de la révolte de 2022-2023 où, pour se maintenir au pouvoir, la police du gouvernement de Boluarte avait assassiné 49 personnes dans les manifestations, dont le massacre de 18 personnes à Juliaca lors du blocage de la région de Puno dans le sud du pays. Les manifestant.es reprochent au Parlement et à Boluarte d’avoir favorisé l’insécurité en promouvant des lois d’exception censées blanchir de leurs crimes aussi bien les policiers et militaires que le crime organisé (on retrouve, comme depuis de longues années au Mexique, la collusion entre le pouvoir politique, policier et criminel, composantes d’un « narco-État »). Cette insécurité touche en premier lieu les vendeurs informels et les chauffeurs de transport de Lima, en première ligne des manifestations de septembre, vite rejoints par les jeunes de la Gen Z qui ont critiqué l’instauration d’un système de retraites profitant aux fonds privés et précarisant encore plus le travail informel. Le Parlement, pour maintenir ce système corrompu dont il bénéficie, a finalement fini par faire sauter Boluarte en la destituant et en la remplaçant par Jerí. Ce nouveau président fantoche, accusé de viol et ayant voté les lois favorisant le crime organisé, s’est empressé de se mettre en scène dans les prisons du pays devant des détenus allongés par terre, incarnant ridiculement une petite figure d’autorité fascisante.
Mais les manifestations ont repris de plus belle le 15 octobre, sous le mot d’ordre « Que se vayan todos ! » (« Qu’ils s’en aillent tous ! »), avec l’affirmation que ce n’est pas la figure du président, aussi détestable et ordurière qu’elle soit, qui compte, mais bel et bien l’exercice d’un pouvoir corrompu par le Parlement et la présidence depuis de longues années. La répression et l’exécution par balle lors de la manifestation, par un policier en civil, du rapper engagé Eduardo Ruíz ont radicalisé la revendication de dissolution du Parlement et de la chute du régime. Depuis, l’état d’urgence est déclaré, officiellement pour lutter contre l’insécurité, mais évidemment afin de criminaliser et de mettre fin à la révolte en cours. Comme le développe le texte du collectif anarchiste Periódico Libertaria que nous avons traduit, il ne s’agit plus seulement des retraites et de l’insécurité, mais du pouvoir lui-même, corrompu, colonial et raciste, racine des maux sociaux et économiques, auquel il faut s’attaquer. La suite reste à écrire.
« On sait très bien que rien n’arrêtera les balles s’ils décident de tirer »
Texte écrit depuis et au plus fort du soulèvement d’Imbabura, en Équateur après la mort d’Efraín Fuérez le 28 septembre – initialement paru sur Indymedia Ecuador, le 6 octobre [6].
On sait très bien que rien n’arrêtera les balles s’ils décident de tirer.
La menace militaire latente dans l’air.
Les communes, soutenant les blocages d’autodéfense sur les différents points de la route, se montrent fermes et déterminées à poursuivre la lutte, car elle se poursuit.
Toujours en état d’alerte, la méfiance comme manière de garder une longueur d’avance, comme façon de se protéger et de ne pas baisser la garde face à un gouvernement totalitaire qui se croit maître et seigneur de tout, et de tous.tes.
Et se sentir frères et sœurs pour se réaffirmer dans la nuit qui tombe, avec une forte incertitude parmi les gens, mais aussi avec une profonde conviction parmi tous.tes les présent.es. Les mères, les enfant.es, frères, compagnons, comuneros et comuneras avec leur dirigeant.es, s’opposant sur la décision de rester à l’arrivée du convoi militaire, ou de rester vigilant.es depuis les foyers. Cela paraîtrait être une décision de vie ou de mort, et cela pourrait bien l’être. Tout cela pendant que la barricade de protection continue de s’ériger de nouveau, comme chaque nuit, et chaque fois avec la terreur plus ancrée.
Et la garde et la sentinelle ne se reposent pas. Et les gens pas vraiment non plus ; également dans une tentative de ne pas laisser seuls ni seules les compagnon.nes plus au nord et au centre. On ne peut pas regarder vers ailleurs pendant que dans les communautés proches des familles entières doivent passer la nuit dans les steppes, par crainte que ne se répète l’assaut militaire dans leurs foyers au milieu de la nuit, pendant qu’ils leurs coupent l’électricité et le signal de leurs téléphones. On ne peut pas se reposer ni dormir du tout sous la suspicion permanente de la terreur.
De l’eau en bouteille, des grandes branches d’eucalyptus, des masques, des boucliers en fer, des gants, des plans. Tout est prêt pour se défendre sans savoir si on est tout à fait prêt.es, car on sait très bien que rien n’arrêtera les balles s’ils décident de tirer, comme cette matinée où est tombé mort le comunero Efraín Fuérez, des tirs opportuns des militaires dans son dos.
Ainsi s’écoulent les heures, avec les feux de camp allumés, les familles à l’abri autant que possible dans leurs maisons, et les grenades lacrymogènes tombant dans les cours des foyers des gens et dans les rues où la garde de la première ligne se maintient vive.
Ils n’ont pas essayé d’entrer dans la communauté. Ils n’ont pas coupé la lumière, mais ils ont coupé les communications (le signal). Cette nuit, ils n’ont pas attaqué physiquement, mais psychologiquement, si. La violence qu’implique l’instauration de la terreur dans le quotidien des communautés est multiforme. Elle tue de nombreuses manières. Elle mutile et traumatise dans de nombreux sens. Et là-bas, plus au nord, à Cotacahi, où si, ils ont coupé la lumière et la nuit précédente sont entrés avec arrogance et abus dans les foyers, là-bas cette nuit en particulier, les coups aussi furent psychologiques.
Et le jour suivant, le plus admirable : la mémoire, l’unité, la résistance, debout pour le combat à nouveau.
Photos pour Indymedia Ecuador, prises entre le 28 et le 29 septembre 2025, jours 8 et 9 du Paro National, dans la communauté de Peguche, Imbabura.
#IndymediaEc #MediosLibres #paronacionalecuador #vivalaluchadelospueblos
« [Feuillet] Questions pour le Paro Nacional en Équateur »
Texte écrit par le collectif équatorien Proletarios Hartos de Serlo (« Prolétaires fatigués de l’être »),initialement paru sur leur blog et réseaux le 14 octobre 2025 [7].
En tant que quelques prolétaires de plus qui se sont unis au Paro [blocage] depuis le premier jour, mais qui n’ont pas encore la force pour organiser des actions révolutionnaires de masse, et à partir de notre propre expérience dans les révoltes passées de ce pays, nous rendons publiques les questions suivantes pour contribuer de manière critique à la réflexion et à l’action collective :
- Comment dépasser les limites de la révolte (revendications tièdes, dialogue et négociation avec l’État, etc.) et comment accroître ses puissances (solidarité, autonomie et combativité de classe de forme massive, etc.) pour qu’elle ne soit pas vaincue par l’État et, par-dessus tout, pour qu’elle ne s’auto-sabote pas ?
- Quand allons-nous comprendre que les bourgeois des transports et du mouvement indigène n’ont pas les mêmes intérêts matériels que les prolétaires des transports et du mouvement indigène, et que cela s’applique pour tous les secteurs sociaux ? Quand allons-nous rompre et dépasser l’interclassisme, le populisme, le citoyennisme, le démocratisme et le nationalisme ?
- Quand allons-nous comprendre qu’il ne s’agit pas de lutter pour nos « droits », mais pour satisfaire nos nécessités vitales directement ou sans qu’intervienne l’argent, et que le marché (aucune entreprise, même si elle est « autogérée ») et l’État (aucun gouvernement, même s’il est « populaire ») ne le feront jamais réellement, mais seulement nous-mêmes, qui avec notre travail avons produit tout mais ne le possédons pas, en prenant les moyens de production et de distribution (par exemple, en expropriant et communisant les entreprises du groupe Noboa... et de toute la classe capitaliste de ce pays) ?
- Quand allons-nous comprendre que le pouvoir réel ne s’enracine pas dans les structures de l’État, mais dans les relations de production et de propriété ? Quand vont participer à la révolte les travailleurs des secteurs stratégiques de l’économie de ce pays ? Le feront-ils ? Et s’ils participent, le feront-ils à travers des grèves auto-organisées et radicales ?
- Quand allons-nous comprendre qu’il faut aller plus loin que la spontanéité de la révolte et que l’auto-organisation du prolétariat (en dehors, contre et plus loin que dans les syndicats, partis, parlements, ONG, etc) est le premier acte de la révolution (par exemple, les Assemblées Territoriales au Chili et les Conseils de Travailleurs en Iran lors de la Révolte Mondiale de 2019) ? Comment construire, renforcer et radicaliser l’auto-organisation prolétarienne dorénavant (groupes autonomes, assemblées auto-convoquées, soupes communautaires, autodéfense, médias indépendants, etc.) pour la révolution ?
- Jusqu’à quand allons-nous vivre avec la peur de mourir de faim, par balles ou de dépression ? Jusqu’à quand allons-nous travailler pour payer et payer pour vivre ? Jusqu’à quand allons-nous supporter cette vie de merde sous le capitalisme en crise ? Enfin, jusqu’à quand allons-nous lutter pour des miettes et pas pour tout le pain et la boulangerie pour tous ?
Nous admettons que nous n’avons pas les réponses à coup sûr à toutes ces questions. Ce que si nous savons, c’est que seule la lutte des classes concrète pourra y répondre. Et aussi, qu’il est l’heure d’apprendre des erreurs et de mettre en pratique les leçons apprises des révoltes passées et présentes. Oui : lutte des classes... jusqu’à abolir la société de classes !
RENVERSER LE GOUVERNEMENT DE NOBOA ET SON PLAN D’AUSTÉRITÉ EST NÉ CESSAIRE, MAIS ÇA N’EST PAS SUFFISANT.
PRENDRE OTAVALO, LATACUNGA, QUITO, CUENCA, GUAYAQUIL, ETC. EST NÉ CESSAIRE, MAIS ÇA N’EST PAS SUFFISANT.
IL FAUT EXPROPRIER ET COMUNISER LES ENTREPRISES DU GROUPE NOBOA ET DE TOUTE LA CLASSE CAPITALISTE DE CE PAYS POUR SATISFAIRE LES NÉ CESSITES COLLECTIVES DIRECTEMENT OU SANS L’INTERMÉDIAIRE DE L’ARGENT.
C’EST LÀ QU’IL FAUT FRAPPER LA BOURGEOISIE PARCE QUE C’EST LÀ QUE ÇA L’AFFECTE.
DE CETTE MANIIERE IL FAUT DETRUIRE SON APPAREIL ÉTATIQUE ENTIÈ REMENT ET LUI SUBSTITUER LE POUVOIR COMMUNAL DES ASSEMBLÉES TERRITORIALES.
SEULS LES PROLÉTAIRES AUTO-ORGANISÉS DANS ET EN DEHORS DES LIEUX DE TRAVAIL, DANS TOUS LES ESPACES SOCIAUX, AVANT, PENDANT, ET APRES LA REVOLTE, ET AVEC UN PROGRAMME RÉVOLUTIONNAIRE, NOUS POUVONS LE FAIRE.
NOUS CONSTRUISONS ET RENFORÇONS L’AUTO-ORGANISATION RÉVOLUTIONNAIRE DU PROLÉTARIAT.
NOUS APPRENONS ET METTONS EN PRATIQUE LES LEÇONS DES RÉVOLTES (2019, 2022, 2025) POUR LES TRANSFORMER EN RÉVOLUTION. SI CE N’EST PAS AUJOURD’HUI, CE SERA DEMAIN (2028 ? … 2036 ?... 2049 ?).
POUR LA PROCHAINE, NOUS IRONS PREPARÉS ET NOUS IRONS POUR TOUT PRENDRE.
« La manifestation nationale du 15 octobre au Pérou »
Texte paru le 15 octobre sur le site du collectif anarchiste Periódico Libertaria [8], alors que dans la nuit du 14 octobre l’information fuitait que les renseignements surveillaient au moins 150 personnes avant la manifestation nationale prévue le 15 octobre.
Le motif ?
Les motifs excèdent pour tout donner sur le terrain/ dans les rues.
Le sujet n’est pas qui nous gouverne, le sujet est qu’ils nous gouvernent, et que nous ne le voulons pas.
Depuis cette position nous ne sommes pas contre le nouveau président élu au Pérou, José Jerí, nous sommes contre tous les président.es passées, présent.es et à venir. Parce que justement gouverner signifie opprimer.
Peu importe un président/oppresseur violeur ou bien un qui ne le soit pas, car il opprimera de toute façon sous d’autres formes, comme il le fait déjà en contrôlant les dit.es dirigeant.es de collectifs qui se manifesteront demain. Ainsi qu’un.e président.e qui n’aurait pas violé restera aussi répulsif.ve qu’un.e qui aurait violé, nous autres ne quantifions pas les oppressions parce que toute oppression est oppression tout court. De même peu nous importe si l’oppresseur est un Professeur, même s’il a été destitué illégalement [9].
Nous ne voulons pas non plus laver l’image du Congrès en demandant que ses membres soient changé.es pour d’autres qui travailleraient sous le mot d’ordre creux « Qu’ils s’en aillent tous.tes » alors qu’en réalité ils veulent installer leurs proches aux nouvelles fonctions, comme si le Congrès et l’État avaient été créés pour nous donner la liberté ou au moins le bien-être [10].
Cessons de voir et de traiter les oppresseur.ses comme des êtres et des institutions libératrices ou nécessaires, y compris comme mal nécessaire. Ce sont des oppresseurs et point, il n’y a pas à tourner autant autour du pot. Celles et ceux qui tournent autour du pot avec autant de blabla réformiste sont celles et ceux qui veulent nous gouverner/opprimer « avec amour » et « avec justice ».
Et revenant au thème des motifs, ici nous mentionnons quelque uns de ceux qui nous touchent le plus, pour le dire ainsi.
- Éjecter tout personnage du pouvoir, pour déstabiliser son Ordre Oppressif. Nous pouvons vivre sans oppresseur.ses et sans opprimé.es.
- Diffuser l’auto-organisation, la solidarité et l’horizontalité.
- Laisser sans effet toute loi, en commençant par les plus récentes pour leur rôle de justification des oppressions et oppresseur.ses, comme la Loi d’Amnistie [11], les lois anti avortement, la loi des Retraites dont la fausse solution est de nous faire choisir le moindre mal entre les AFP [12], fonds d’investissement ou apparentés, ou bien nous livrer aux ONP [13] pour laisser notre vieillesse aux mains de l’État, les autres lois qui ne te rendent pas ton argent et précarisent encore plus les retraité.es, qui également sortiront manifester ce samedi 18 octobre, les lois comme celle du « Terrorisme Urbain » supposément opposée au phénomène des tueurs à gages mais qui camoufle la police qui le dirige et continue de l’étendre, les lois qui permettent à la même police de se faire juge après ses interventions, les lois qui continuent de faciliter les concessions et les activités extractivistes comme celles qui réactiveraient entre autres les projets miniers d’Arequipa, et pas seulement celui de Tía María mais aussi celui de La Tapada, très peu couvert jusque dans les médias alternatifs, les lois lesbotransphobes, les lois contre les travailleur.ses sexuel.les, les lois anti-syndicales, les lois pro-Tauromachie et pro-combat de coqs, etc etc etc.
- Dénoncer les Syndicats vendus de toujours ainsi que les nouveaux, comme ces blocs des Transports qui ont annoncé qu’ils ne rejoindraient pas la manifestation du 15 octobre, mais aussi les opérateurs politiques comme ce Maire de Patáz que beaucoup ont vu comme Le Sauveur et qui a la première opportunité transige avec le nouvel oppresseur et tente de saboter la manifestation du 15, ou de la minorer en participant à une « table de dialogue » le mardi 14 et appelant plus de groupes à en faire de même, et puis qui finalement fait sa victime pour annoncer sa non-participation à la manifestation du 15 ; dénoncer également ces célébrités de la télé qui ont pris le train en marche et qui dès l’arrivée d’un nouvel oppresseur ont annoncé ne pas soutenir la marche, dénoncer également les célébrités des réseaux sociaux comme TikTok – je ne sais pas s’ils sont beaucoup ou peu à avoir cette attitude de merde qui consiste à faire de nos manifestations un show pour leur monétisation, et encore plus merdique celles et ceux qui viennent pour ensuite en dire du mal.
- Faire connaître la fermeté avec laquelle l’État essaye d’empêcher cette marche, avec des actions comme convaincre les maires – je ne sais pas s’ils le feront tous – de soutenir le nouvel oppresseur et de rejeter la manifestation du 15.
- Dénoncer le rôle répressif et éhonté, pas que maintenant mais depuis toujours, de la police, non seulement dans la rue avec ses balles et grillages, mais aussi dans leur propagande, comme le font les fascistes bien éduqué.es à l’éloquence et à l’art du Terruqueo [14] et de Pilate [15].
- Dénoncer le caractère arbitraire de la presse, rien de nouveau en vérité, mais qui fait que certain.es, voire beaucoup, de celles et ceux qui sont sorti.es ces dernières semaines à manifester font encore confiance à leurs caméras et journalistes, alors qu’ils finissent toujours par défendre ou justifier le rôle répressif de la police. Et à cela n’échappent pas les néo-journalistes soi-disant indépendant.es comme ce Llanos qui depuis plusieurs années n’hésitent pas à nous à accuser de terroristes [terruquear [16]], mais qui soi-disant est devenu conscient, après avoir défendu pendant des années ce système oppresseur depuis un tabloïd ou depuis la rue.
- Et comment ne pas dénoncer aussi les mégas projets comme le Grand Plan Directeur 2025 qu’a mis en place Lopez Aliaga [17] pour make Lima Virreynal Again [18], affectant les travailleur.ses du dit « Centre Historique de Lima » avec l’expulsion expresse des petits magasins où ils travaillent. Également l’élargissement de la route Ramiro Prialé, du monorail de Santa Rosa à Callao, l’extension de la ligne 2 du métro avec ses expropriations similaires à celles qui ont cours sur la colline San Cristobal pour la construction du téléphérique qui embellira la Place – spéciste – de Acho [19] et les expropriations et expulsions de la colline San Cosme également pour un téléphérique et ainsi donner plus de valeur économique aux fachos du commerce de la zone de Gamarra, etc etc etc.
- Se rappeler des conflits en dehors de notre territoire, comme ceux de Palestine, du Népal, de France, du territoire Mapuche, d’Équateur, du Mexique, etc etc etc.
- … Et se rappeler aussi que la police du Paraguay est aussi merdique que celle du Pérou et du monde entier, et que ce fut seulement pour la récompense et un coup de chance avec la balance de la localisation qu’ils ont fait bouger leurs pions pour attraper le dit « Monstre » [20], qu’ils continueront à faire chanter dans leur intérêt pour des crimes qu’ils savent qu’il n’a pas commis, puisque il a été prouvé que la police du Pérou marchait main dans la main avec lui, et avec d’autres idiots utiles de cette néo-Dictature qui les a utilisés pour sécuriser son contrôle et ses prisons [21].
- L’insécurité n’a pas augmenté à cause de l’arrivée des vénezuelien.nes, l’insécurité a augmenté au même rythme qu’a augmenté la présence policière et ses écoles de production massive de la jeune force de choc du crime organisé, des extorsions, des détentions et des balles dans les manifestations.
- Voler est un délit quand le font les pauvres, parce que quand le font les riches ils appellent ça du Commerce, et quand le fait l’État ils appellent ça expropriation ou levée d’impôts « pour notre bien ».
- D’un autre côté, voler aux pauvres est misérable, et c’est ce que font les politicien.nes, les entrepreneur.ses et celles et ceux du monde la mafia qui sont des idiots utiles et dont les règnes sont toujours plus courts, à cause de la forte compétition territoriale et de l’avarice des têtes policières de ces mafias.
Donne à ta vie la joie, la rage et l’Anarchie.
Manifeste-toi toujours, commence ce 15, déstresse-toi, entraîne-toi, soutien, résiste et attaque le Pouvoir, ses gardiens et ses fanatiques idiot.es utiles.










