Élections tunisiennes : de quoi Kaïs Saied est-il le nom ?

Retour sur la victoire d’un anti-candidat

paru dans lundimatin#214, le 1er novembre 2019

En France, en Italie, au Brésil ou aux États-Unis, les dernières grandes élections ont fait du « candidat sorti de nulle part » un phénomène courant... Il est devenu visible, depuis quelques années, que le choix anti-système est une façon comme une autre, pour le système, de se perpétuer. Qu’il se présente sous la défroque du VRP fringant, du clown, du banquier, du gendre idéal ou du porc à frange immonde, du militaire fascisant ou du beauf décomplexé, le candidat anti-système apparaît clairement comme un produit du système et de sa communication, visant à prolonger le bavardage infini, le petit jeu d’oppositions, de crispations, d’indignations, de commentaires, que sa caducité, son inanité, de plus en plus visibles, menaçait d’interrompre.

Seulement il y a peut-être autre chose qui s’est joué en Tunisie lors des dernières élections. Quelque chose aurait déraillé. Un grand réagencement des évidences politiques serait en train d’avoir lieu dans le seul pays arabe où la révolution n’a pas laissé place à la guerre ou au retour sanguinaire de la dictature.

« Nabil Karoui : En fait, votre projet, c’est un peu comme Walt Disney [en français] …

Kaïs Saied : Les jeunes tunisiens, ce n’est pas Walt Disney. Par respect pour le peuple tunisien, ce ne sont pas des marionnettes. Derrière moi, il n’y a que ces jeunes qui croient réellement dans le changement. Vous vous rappelez du film « Le moineau » de Youssef Chahine ? Vous vous rappelez de ce jeune tunisien, le jour du 14 janvier, comment il a libéré un oiseau de sa cage ? C’était une image historique. Le peuple tunisien ne reviendra jamais en cage. Il s’est envolé et ne retournera plus jamais à la cage pour se contenter des miettes »

Fin du débat du second tour à l’élection présidentielle en Tunisie – 11 octobre 2019

« Entre le pouvoir des égaux et celui des gens « compétents » pour gouverner, il peut toujours y avoir des affrontements, des négociations et des compromis. Mais derrière ceux-ci, il reste l’abîme du rapport non négociable entre la logique de l’égalité et celle de l’inégalité. C’est pourquoi les révoltes restent toujours au milieu du chemin, pour le grand déplaisir et la grande satisfaction des savants qui les déclarent vouées à l’échec parce que dépourvues de « stratégie ». Mais une stratégie n’est qu’une manière de régler les coups à l’intérieur d’un monde donné. Aucune n’enseigne à combler le fossé entre deux mondes. »

Jacques Rancière, Les vertus de l’inexplicable

En France, en Italie, au Brésil ou aux États-Unis, les dernières grandes élections ont fait du « candidat sorti de nulle part » un phénomène courant... Il est devenu visible, depuis quelques années, que le choix anti-système est une façon comme une autre, pour le système, de se perpétuer. Qu’il se présente sous la défroque du VRP fringant, du clown, du banquier, du gendre idéal ou du porc à frange immonde, du militaire fascisant ou du beauf décomplexé, le candidat anti-système apparaît clairement comme un produit du système et de sa communication, visant à prolonger le bavardage infini, le petit jeu d’oppositions, de crispations, d’indignations, de commentaires, que sa caducité, son inanité, de plus en plus visibles, menaçait d’interrompre.

On commence à comprendre, un peu partout, la parade. L’anti-système est bien le dernier rempart du système, son joker, sa feinte et même peut-être, à bien y regarder, son essence même.

Qu’est-ce qu’un système ? C’est ce qui capture et absorbe toute donnée extérieure. Ce qui parvient toujours à intégrer la contingence, à la ramener à la nécessité du fonctionnement.

C’est en ce sens que le concept même d’anti-système porte en lui la nécessité de son annulation.
La très mauvaise notion de « récupération », lorsqu’on dit de tel mouvement ou de tel personnage qu’il a été « récupéré » par le système, témoignent du même type d’incompréhension. Il n’y a pas d’autre rapport au système que son intégration, sa désertion ou sa destruction – les deux dernières catégories n’étant « anti-système » que lorsqu’elles sont perçues à partir du système.

À l’heure où l’émeute se propage aux quatre coins du monde (Algérie, Catalogne, Chili, Égypte, Équateur, Honduras, Honk Hong, Irak, Liban...), quelque chose comme une élection présidentielle mérite-t-il encore d’être pris au sérieux ? Mérite-t-il qu’on lui porte le moindre intérêt ? Surtout quand elle a eu lieu dans les règles, sagement, sans heurts, dans le petit pays où l’immolation par le feu d’un certain Bouazizi avait servi de déclencheur, il y a près de dix ans, aux soulèvements arabes... Qu’est-ce que cela peut nous faire quand partout se fissure l’ordre global sous lequel nous vivons ?

Depuis les années quatre-vingt, l’ingénierie libérale a fait en sorte que l’alternance des gouvernements, le spectacle des élections et l’opposition des partis, ne soient laissées comme jouet au peuple qu’à condition d’avoir, au préalable, rendu impossible toute mesure significative et opposée à ses desseins. Nul besoin pour le libéralisme, en France par exemple, de recourir sans cesse aux coups d’États, d’intervenir militairement ou d’attaquer directement la constitution. Il garde ces méthodes pour des zones moins pacifiées, le monde arabe par exemple...

Certes, les limitations juridiques de la démocratie et le démantèlement de ce qu’on appelle « État de droit » se poursuivent en France, de façon plus ou moins brutale, comme l’a montré, entre autres, la répression du mouvement des gilets jaunes. Mais le cadre électoral n’est pas remis en cause. Dès lors, toute illusion sur la vertu d’un candidat ou d’un homme providentiel, si elle n’est pas identifiée comme une énième manœuvre de recouvrement, paraît risible ou tristement nocive.

Seulement il y a peut-être autre chose qui s’est joué en Tunisie lors des dernières élections. Quelque chose aurait déraillé. Un grand réagencement des évidences politiques serait en train d’avoir lieu dans le seul pays arabe où la révolution n’a pas laissé place à la guerre ou au retour sanguinaire de la dictature.

Le casse du juriste

Kaïs Saied est parvenu à être élu sans parti, sans promesses, sans soutien médiatique, sans gros meetings ni moyens financiers ; et surtout sans cette assurance arrogante, lissée, puant le mensonge et la fausse décontraction, que tous les candidats de toutes les élections du monde, en bons communicants, se sentent obligés d’adopter.

C’est là qu’il s’agit de s’entendre. L’événement ne se situe certes pas dans l’apparition d’un homme, un juriste, de son intégrité, réelle ou supposée, de son parler châtié, de son discours de vertu, de son « localisme » ou de ses mesures originales... Il est dans le coup porté à tous ceux pour qui il était entendu, évident, que le pouvoir allait se disputer entre les mêmes, entre cette même petite caste dont tout le monde sait, paraît-il, qu’elle seule a les moyens de se maintenir. Il s’agit d’abord d’une victoire contre la fatalité, le cynisme et l’évidence écrasante, contre toutes les catégories qui déterminent ce qui doit être tenu pour sérieux, censé ou raisonnable en politique – le « vote utile » par exemple...

Avec ce résultat, les commentateurs et ceux qui les suivent ont dû laisser tomber non seulement leur candidat, ancien premier ministre, islamiste favori ou successeur désigné du président défunt, mais aussi l’adversaire qu’ils étaient certains de le voir affronter. Ils ont compris que non seulement ceux qu’ils soutiennent, mais les oppositions sur lesquelles ils se déchirent, sont devenues obsolètes. C’est tout un langage, un cadre prescrit et des schémas censés définir ce qui pèse en Tunisie, ce qui importe, ce qui compte, qui furent balayés. Et ce rapt, ou plutôt cette récupération, est le fait de catégories que toute la classe politico-médiatique avait appris à mépriser, dont il était entendu qu’elles sont trop miséreuses, ignares et facilement manipulées pour avoir voix au chapitre.

Jusqu’ici, Kaïs Saied est donc le nom d’un casse, d’un hold-up, de ce renversement, de ce réagencement. C’est dans cette mesure, dans cette mesure seulement, qu’il y a lieu de se réjouir des perspectives ouvertes par ce qui s’est noué, et surtout ce qui s’est dénoué, au cours de la campagne qui l’a fait élire.

Les ambitions personnelles des uns et des autres, les rumeurs, les petits calculs, les tentatives pour manipuler les réseaux sociaux, le sempiternel affrontement entre « laïques » et « islamistes » sur les questions de « « « liberté individuelle » » », tous ces enjeux derrière lesquels s’agrège une classe soucieuse de préserver ses privilèges, plus les paumés qu’elle parvient à terrifier par ses mensonges, tout cela fut comme désactivé pendant un certain laps de temps, très court peut-être, tout cela est apparu comme dépourvu de sens.

Malgré tous les commentaires pessimistes sur la désillusion et le désintérêt, soi-disant, des Tunisiens pour ces élections (« quels Tunisiens ? » pourrait-on demander... ou même « quelles élections ? »), ce qui s’est passé montre surtout la persistance, en Tunisie, d’une grande lucidité et d’une prodigieuse vitalité politique.

Une victoire contre la tyrannie du présent

Depuis 2011, dans les pays arabes, la révolution n’est plus un horizon chimérique.
Qu’on ait pris part au soulèvement, qu’on s’en réjouisse encore ou qu’on n’y voit que des manœuvres étrangères ayant amené la guerre, l’instabilité, la (re)prise de pouvoir par tel ou tel parti, nul ne peut nier que quelque chose a eu lieu qui a considérablement changé la donne. Les dirigeants arabes et ceux qui les soutiennent ont dû déployer des trésors de patience, de cruauté, de mensonges, de trahison, de techniques et de masques, pour contrer l’embarrassante impression que le pouvoir étatique est obsolète et décidément inutile... Par le coup d’État et la répression aveugle (Égypte), les manœuvres dilatoires et le semblant de concessions (Algérie), la guerre civile (Libye, Yémen), le pourrissement (Tunisie) ou l’écrasement total (Syrie)...

La peur est partout. La déception, l’amertume, la rage et l’horreur ont atteint des degrés difficilement concevables dans les pays où le soulèvement s’est fini en tuerie. Mais aujourd’hui tout le monde sait que ni la reprise en main des dictatures ni la pacification parlementaire et libérale ne peuvent plus donner de recette sûre à la « bonne » gouvernance [1].

En Tunisie, le règne de l’économie ne s’est pas limité aux injonctions du FMI, à la prédation débridée des multinationales et de toutes sortes de mafias qui s’en sont fait les concurrents, les parasites ou les relais. Il a aussi tenté d’imposer sa temporalité, avec d’autant plus de violence qu’elle est en tous points opposée aux manières d’être, de vivre et de penser du pays. Le rapport compulsif au flux d’informations, à la quantification, aux rumeurs, aux sondages, aux déclarations incessantes et contradictoires, a dominé les médias et les réseaux sociaux depuis que le parti unique et son verrouillage ont sauté en 2011. Il n’a pas peu contribué à plonger beaucoup de gens dans l’abattement écœuré et la conviction d’une impuissance politique définitive. C’est contre ce présentisme et la paralysie qu’il amène que Kaïs Saied et ceux qui l’entourent ont mobilisé. La distance qu’il a su prendre vis-à-vis de cet empire de la précipitation et de ce qu’il induit comme manières de penser et de faire de la politique, le temps qu’il a mis à préparer sa campagne, sans ostentation, sillonnant le pays pendant des années, rencontrant des Tunisiens de toutes les régions, tout cela exprime le refus, très largement partagé, de cette confiscation du temps, de cette tyrannie du court-terme qui n’est rien d’autre que celle de l’économie [2].

Tout cela fut très perceptible lors du débat (une première dans le monde arabe) entre Saïed et son adversaire au second tour, Nabil Karoui [3]. Les artifices télévisuels et leur rapport inhumain à la parole et au temps, auxquels en France nous ne sommes que trop habitués, étaient poussés jusqu’à la caricature : éléments de langage, rigidité, temps de parole chronométré à la seconde, quadrillage du vocabulaire et surtout cloisonnement absurde des thèmes via les questions qu’imposait le couple de cyborgs déguisé en journalistes... L’échange qui suit entre le cyborg femelle et Kaïs Saied illustre bien la position de ce dernier et sa mise à distance des cadres prescrits :

—Monsieur Saied, vous disposez également de 180 secondes pour présenter vos promesses électorales au peuple.
— Ce ne sont pas des promesses, c’est un programme. Ce n’est pas une question de promesses. Il ne s’agit pas de dire « je vais faire-ci et je vais faire-ça ». Les Tunisiens en ont marre des promesses. Je veux parler à leurs esprits. Le peuple tunisien a besoin aujourd’hui d’une pensée nouvelle, de mécanismes nouveaux. Je me rappelle de ce que des Tunisiens ont fait à plusieurs endroits, à Kasserine, Makther, à Majel Bouabbes... Ils ont eux-mêmes dirigé les débats. Ils ont des programmes. Ce sont eux qui ont des programmes. Ils réfléchissent à des solutions pour créer des richesses dans leur propre région...

Le cyborg mâle, insinuant qu’il était à côté de la plaque, tenta alors de le recadrer, le pressant pour qu’il réponde à la question « comme il se doit » :

—Le compteur tourne !
— Et bien qu’il tourne ! Et que le temps passe ! Les jeunes Tunisiens sont en train de créer un temps nouveau pour la Tunisie ! Les Tunisiens n’attendent plus des promesses. Ils veulent être des acteurs. Ils veulent être des citoyens. Ils ne sont pas des bulletins de vote.

Le déclin de l’islam spectaculaire marchand (et de ses faux ennemis)

Dans son dernier ouvrage La société ingouvernable, Grégoire Chamayou expose les désaccords des théoriciens libéraux des années 70 sur la possibilité, pour l’économie globale dont ils préparaient le triomphe, de se perpétuer dans ce cadre étrange, suspect, ô combien hostile et dangereux pour eux, qui s’appelle démocratie. L’expression « démocratie libérale », qui passe aujourd’hui pour un pléonasme, était presque devenue pour eux un oxymore.

Contrairement à ce que dit la doxa qu’ils ont fini par imposer comme une évidence éternelle, rien n’est moins naturel, moins spontané, rien n’est moins libre que le libéralisme. Rien ne demande plus de manœuvres, d’arbitraire, de coups de force, de réformes, de réajustements, de règles sournoises, changeantes et floues...

En Tunisie, la greffe médiatico-libérale, qui a voulu faire valider son joug par le vote, a visiblement du mal à prendre. Le peuple se montre rétif à la domestication économique et parlementaire. Il a su garder par contre, malgré toutes les manœuvres, malgré la crainte diffuse et les diverses nostalgies de retour à l’ordre, tout ce que le mot « démocratie » peut encore avoir d’offensif, de puissant, d’ouvert, d’inquiétant pour les pouvoirs en place.

Ces derniers ont cru qu’il leur suffirait d’intégrer les islamistes, de les rhabiller, de les affubler d’une « respectabilité », c’est-à-dire d’un portefeuille, pour pouvoir refourguer aux Arabes le cirque médiatique, l’idéologie du développement et la servitude qu’elle induit. Les « modernistes » ont plus d’un tour dans leur sac. Eux aussi savent pratiquer la taqiyya quand il faut...

Cette élection aura montré dès le premier tour combien l’islam politique est moins central, moins opérant, moins décisif pour les Tunisiens que ce que répétaient non seulement les analystes occidentaux mais toute cette bourgeoisie arabe hors-sol, qui depuis 2011 n’a plus que cette obsession en tête et à la bouche, qui a de plus en plus de mal à cacher son désir d’en finir avec ce peuple qui a osé relever la tête. Il devient de plus en plus clair, lorsqu’elle parle d’intégrisme, qu’elle exprime par là sa haine apeurée de la plèbe, son désir secret de la voir disparaître ou s’écraser comme aux temps de la dictature.

Il est certain que l’islamisme n’est pas, loin s’en faut, ou pas seulement disons, le parti des opprimés ou le nouvel étendard des damnés de la terre. Mais il paraît de plus en plus manifeste que l’anti-islamisme, lui, cette terreur hystérique contre les hordes déferlant pour détruire les sacro-saintes libertés individuelles, soit bien l’affect dominant au sein de la réaction, celui qui concentre la pire nostalgie de l’ordre, le mépris de classe sous sa forme la plus pure, la haine illimitée pour le peuple des « mzamrine », des crevards, des miséreux, des plébiens.

L’événement Kaïs Saied, c’est aussi la mise hors-jeu, temporaire seulement peut-être (hélas), de la centralité de l’islam politique et des polarités qui, depuis 2011, se distribuent autour de lui. Comme les gilets jaunes furent la désactivation, entre autres, du discours sécuritaire et du partage politique centré autour de l’extrême-droite – qui domine en France depuis au moins deux décennies.

Pas étonnant dès lors que ceux qui rêvent de restaurer l’ancien régime (c’est-à-dire non pas le benalisme mais l’ancien partage, les anciennes oppositions, l’ancien type de langage et de polarisations), se soient empressés de qualifier Saied de salaf ou de conservateur, sous des prétextes plus ou moins vaseux. Ennahdha l’a soutenu, par calcul bien sûr, contre Nabil Karoui, mais aussi parce qu’elle appartient à l’ancien monde et qu’elle a tout intérêt à défendre les vieux schémas que cette élection a sévèrement amochés. Elle espère pouvoir réintroduire ainsi la polarisation religieux / modernistes grâce à laquelle elle a pu prospérer... S’il y a risque effectivement qu’Ennahdha se maintienne, ce ne sera pas seulement avec la faible majorité qu’elle a péniblement décroché aux législatives – où il y eut moins de votants, toutes listes confondues, que de voix pour Saied au second tour des présidentielles. Ce risque est d’abord lié à cet ancien régime compris au sens large, ancien régime de langage, ancien rapport au politique et aux médias, qui tient à imposer partout sa paralysie et la dictature blasée du présent.

Depuis 2011, parmi les partis tunisiens, Ennahdha fut nettement hégémonique, même durant les phases où elle n’a pas gouverné. Les raisons matérielles de ce succès ne manquent pas : une base motivée, un parti structuré, des chefs habiles et qui pensent à long terme, des soutiens étrangers, des appuis financiers, un travail en profondeur au sein de la société... Mais il y a aussi la mise au centre de la question éthique, à laquelle ses adversaires n’ont su répondre que par l’économie, par l’adhésion retardataire à une modernité caduque et le suivisme complexé d’un Occident aux abois. Bien sûr, en matière de gouvernance libérale, les leaders islamistes n’ont pas été en reste. Ils ont également montré qu’ils pouvaient être aussi bassement tacticiens, aussi clientélistes, banalement corrompus et électoralistes que leurs adversaires. Leur projet reste néanmoins le seul qui ait un minimum de consistance, et ce peut-être moins pour des raisons liées à l’Islam, comme on le dit souvent, à son interprétation, à sa mécompréhension ou à son détournement par tel ou tel intégrisme, que parce qu’il pense la politique au-delà de la gestion, comme le lieu où se pose la question « comment vivre ? ».

Ceux qui en sont encore à accuser Kaïs Saied d’être le cheval de Troie des islamistes, sous prétexte qu’il n’a pas de parti au parlement, devraient peut-être s’aviser que ce qui s’est passé donne peut-être une occasion de faire en sorte qu’à l’avenir, dans les pays arabes, l’islam politique n’ait plus le monopole de la question éthique.

L’homme qui n’avait rien à ajouter

Depuis la chute de Ben Ali, on entend souvent répéter que le pays doit progresser, qu’il doit se mettre au travail, s’acheminer lentement, gentiment, vers la démocratie, ce qui signifie dans ce cas la raison économique, la modernité, la croissance, le développement, bref, toutes ces valeurs auxquelles les « progressistes » de tous les pays du monde tiennent plus que le religieux le plus fervent à son credo.

En Tunisie, ceux qui portent ce discours l’accompagnent volontiers d’un appel à la raison et à la modération – qui bien sûr cache toujours un appel à la résignation. Ils insistent sur le fait que la démocratie, pour bien fonctionner, exige de confier le pouvoir à ceux qui savent – qu’il s’agisse de politiques, de journalistes, d’hommes d’affaires, de religieux, d’experts ou d’algorithmes... Lorsqu’ils veulent jouer les optimistes, ou faire mine de défendre la révolution, ils adorent évoquer la France et son histoire, ou l’idée qu’ils s’en font, rappelant que là aussi il y eut des tâtonnements, que la démocratie ne s’est pas faite en un jour, puisque le cadre parlementaire a mis près d’un siècle pour se stabiliser – on notera au passage le rôle implicite que jouent dans ce récit l’écrasement de la Commune et l’énorme massacre qui l’a accompagné, en terme de « progrès » vers la « stabilisation » de la « démocratie »...

S’il y a une seule vertu à l’élection de Kaïs Saied, une seule raison d’être enthousiaste, de se réjouir plutôt que d’espérer, c’est pour la gifle administrée à cet immonde élitisme, pour qui le salut du pays dépend d’une clique de gestionnaires éclairés à la tête de l’État. Cette idée de démocratie pédagogique a sévi depuis la révolution comme son euphémisme, son étouffement sournois, sa contention. Plus encore que les discours franchement réactionnaires, clairement benalistes, restaurateurs assumés, elle a constitué le cœur de la réaction, de la contre-révolution. Chez les plus malins, cela prenait l’aspect d’un simple conseil, d’une volonté de tempérer, voire d’un nécessaire rappel à la réalité... Or en politique, un rappel à la réalité est toujours d’abord un rappel à l’ordre.

Un ancien opposant, ministre sous la troïka et figure célèbre de la gauche tunisienne, illustre bien l’égarement de cette élite dépassée, lorsqu’il écrit à propos de Kaïs Saied : « il reste prisonnier de schémas mentaux essentiellement prémodernes ».

Le pauvre homme n’a pas l’air de s’apercevoir que peu de choses aujourd’hui paraissent plus incertaines, plus désuètes, plus inopérantes et péniblement passées, que les « schémas mentaux modernes » qu’implicitement il nous enjoint de ne surtout pas délaisser.

Il poursuit plus loin :

« En guise d’explication, Kais Saïed n’a strictement rien d’autre à ajouter. Rien à ajouter sur les politiques publiques qu’il faut mener pour affranchir la Tunisie de son état de soumission à l’égard des intérêts étrangers. Rien à ajouter sur les politiques publiques nécessaires pour démanteler les positions de l’oligarchie rentière et mafieuse qui saccage l’économie nationale. Rien à ajouter sur les politiques publiques indispensables pour sortir la paysannerie et les masses de l’informel de la détresse où elles se trouvent. Rien à ajouter sur l’appauvrissement permanent des salariés et des petits fonctionnaires. Rien à ajouter sur le déclassement accéléré des professions libérales et des patrons de PME. Rien à ajouter sur la refonte de l’État, sur les réformes de l’enseignement, de la justice, de la santé, du transport, des médias, etc., etc. Sur toutes ces questions essentielles, au cœur d’un vrai projet de renouveau démocratique et patriotique, Kaïs Saied ne dit pas un seul mot. Le peuple saura ce qu’il convient de faire, laisse-t-il entendre. A partir de cet acte de foi, lui, Kaïs Saied, s’estime exempté de toute obligation supplémentaire. On retrouve là la splendide ingénuité de beaucoup de professeurs de droit. L’abstraction est leur domaine de prédilection. Plus un schéma est abstrait, plus il leur paraît parfait et capable, du fait de sa perfection, de modifier le réel à sa convenance. »

Ce paragraphe résume, bien malgré lui, la radicalité de ce qui a eu lieu. Les Tunisiens ont élu Kaïs Saied, le candidat qui n’a rien à ajouter.

Passons sur l’enfermement dans l’abstraction. Si c’était vrai, cela ne ferait qu’ajouter au mystère – qu’un homme sans argent, sans parti, sans soutiens médiatiques, hors système de copinages, se fasse élire président alors qu’il est enfermé dans l’abstraction, voilà qui relève simplement du miracle... Quant à la « splendide ingénuité », on y reviendra en dernière partie.

Le candidat sorti de partout

En fait, Kaïs Saied n’est pas « sorti de nulle part ». Cet homme est connu depuis 2014 au moins. Il est souvent intervenu, y compris à la radio et à la télévision, comme juriste, notamment sur des questions constitutionnelles. Il n’est pas seul non plus. Il a rassemblé beaucoup de gens d’horizons variés, des jeunes surtout, autour d’un projet de réforme des institutions, en vue de redonner du pouvoir aux localités. Rares sont ceux qui mettent en cause ses compétences et son sérieux. On plaisante par contre sa dégaine, sa raideur, son élocution hachée, sa manière de s’exprimer toujours en arabe classique plutôt qu’en dialectal mâtiné de français, comme les autres candidats – et comme tout le monde en Tunisie par ailleurs. Certains s’inquiètent d’une attitude jugée trop austère... Beaucoup de Tunisiens, y compris sympathisants, l’appellent « Robocop » ou « Monsieur Propre » – quand d’autres l’ont plutôt surnommé « Robespierre ».

Au-delà de son idée de réforme de la constitution, le personnage a de quoi effrayer ceux pour qui le parler politique se doit d’être lissé, souriant, conciliant, à la fois ferme et mesuré, produit d’un savant dosage communicationnel, optimisé par les éléments de langage prévus à cet effet. Saied a souverainement ignoré ces règles tacites qu’aucun homme politique n’avait osé transgresser. De ce point de vue, plutôt qu’un candidat « sorti de nulle part » ou « parti de nulle part », il est un peu le candidat parti nulle part. Ou alors le candidat sorti de partout...

Sorti de partout, Kaïs Saied l’est en un double sens. D’abord, comme on l’a dit, par sa mise à distance des formes qu’une campagne est censée revêtir : recours à un parti, moyens mis en œuvre, nécessité des promesses et d’un programme exhaustif, soumission au timing et au langage des médias... Si « partout » nomme le « bien connu », le fameux « là où ça se passe » qui d’habitude capte toute l’attention, alors Saied en est certes sorti, il s’est écarté de ce prétendu « partout »... Mais si « partout » désigne l’ensemble de ce qui travaille le réel tout en restant le plus souvent invisible, alors Saied est bien sorti de partout, cette fois au sens où il a surgi de partout, comme le prouve la diversité des forces que sa candidature a pu rassembler. Sa victoire n’est que le fruit – ou même le corollaire, le symptôme ou le déchet – du travail commun d’individus aux parcours politiques variés et aux ancrages parfois fort éloignés : jeunes d’associations locales, étudiants, avocats, militants communistes, anarchistes, nationalistes arabes ou islamistes...

Il pourra bien décevoir durant son mandat, dès le début même peut-être, là n’est pas l’essentiel. Ce qui mérite d’être relevé, c’est qu’en un sens il a déjà salutairement déçu. Il a déçu les attentes de tous ceux qui voulaient un « vrai candidat » avec un parti, un programme et un avis sur tout. Les journaleux désemparés n’ont pas manqué de lui poser toutes les questions au-delà desquelles ils n’imaginent plus aucun contenu au mot « politique » : « quelles sont vos propositions pour ceci... », « vos réactions sur cela », « comment comptez-vous... », « quelles sont vos promesses... », « seriez vous prêts à vous allier à machine ou machin... ». Questions qu’il a invariablement neutralisées, quitte à laisser ses adversaires et ceux qui n’arrivaient pas à le situer, le dépeindre comme un « ultra-conservateur », à cause d’une ou deux déclarations sans intérêt sur des questions sociétales. Au passage, si ses opinions sur ces sujets, dont il n’a pas voulu faire une priorité, peuvent en effet passer pour réacs, elles ne le sont pas plus que celles des Tunisiens en général et de beaucoup d’autres candidats. Pourtant, étrangement, Saied fut le seul à se voir décerner ce préfixe « ultra » par les médias français – même les islamistes du parti Ennahdha n’y ont plus droit depuis 2011.

Témoignage d’un « taxiste »

Voici le témoignage d’un chauffeur de taxi, quelques jours après le résultat de la présidentielle – ceux qui connaissent la Tunisie savent combien les « taxistes », comme on les nomme là-bas, peuvent être un excellent indicateur informel de ce qui se passe :

« Mon cœur me dit que quelque chose de très positif est en train de nous arriver. Je suis optimiste. C’est un Superman que Dieu nous a envoyé. On en a marre des magouilles de ceux qui ne sont là que pour le pouvoir. Lui, il fonctionne comme une mastra, « une règle » [image tunisienne pour exprimer la droiture]. La pire chose qu’il risque de faire, c’est de ne rien faire ».

La dernière phrase ressemble au précepte bouddhiste : « d’abord, ne pas nuire ». Cet optimisme est le résultat de ce qu’il a pu observer au volant de son taxi, après avoir sillonné le Grand Tunis :

« Partout où je suis passé, j’ai vu des enfants, des familles, des jeunes qui nettoyaient les rues. Notre espoir maintenant c’est la jeunesse. Les vieux, tous ces ploucs, ils nous ont fatigué depuis des années. Ils n’ont rien pu faire. Il faudra les mettre tous dans un bateau pour un aller sans retour (rires) »

L’enthousiasme s’est donc exprimé entre autres dans la rue, à travers des initiatives sur les réseaux sociaux, des appels à prendre en main l’espace par un geste simple mais si symbolique, si politique... Nettoyer les rues, c’est prendre possession de son territoire. Les employés du ministère de l’environnement n’ont pu que suivre en mettant à disposition, après l’avoir officiellement déclaré, du matériel – sacs de poubelle, pelles... Un jeune homme témoigne :

« Le ministère a réagi à une initiative populaire. Ça augure une nouvelle ère, où les initiatives sont populaires et viennent d’en bas. C’est l’application de l’idée même de Kaïs Saied, de démocratie locale. »

On se demande si « Kaïs Saied » est le nom d’une personne ou celui d’un espoir, d’une dignité retrouvée, d’un désir de vivre, d’une volonté d’agir... C’est en tout cas celui d’une sensation de déjà-vu :

« J’ai l’impression que nous sommes en train de revivre les premières journées de la révolution. Sauf qu’au lieu de garder nos quartiers avec des bâtons, on nettoie les rues avec des pelles ».

Un autre homme, traversant le passage piéton et exigeant son droit de passer, scande au conducteur qui s’est arrêté : « Kaïs Saied ! ». Il reçoit immédiatement sa réponse, en plus d’un large sourire : « Kaïs Saied ! ».

Il faut peut-être préciser qu’il y a un nœud en Tunisie à propos des déchets, comme peut-être dans beaucoup de pays dits « en voie de développement » – qu’on devrait plutôt nommer « pays en voie de sous-développement ». Canettes, restes, plastiques envahissant les bords de route, les quartiers, les terrains vagues et les plages représentent ce que le Tunisien déplore et méprise chez le Tunisien (lorsqu’il adopte ce discours de dépréciation, le Tunisien, surtout quand il est taxiste, se met à parler du Tunisien plutôt que des Tunisiens...). Les amoncellements d’ordures que l’on rencontre un peu partout confirment l’infériorité intériorisée, les affects réactifs et tout le mépris de soi de l’ex-colonisé, dans ce qu’il a pu garder comme idée de l’ordre, du développement, de la modernité et de la propreté qui doit aller avec, par opposition à l’incapacité, à la logique de l’échec et à l’arbitraire de l’arriération...

En France, un tel enjeu peut sembler secondaire. Il est facile de confondre ces initiatives avec du citoyennisme, un bénévolat inoffensif et banal, un scoutisme un peu niais, au mieux bon enfant, au pire apolitique et pacificateur – comme dans le cas de certaines actions écologistes...

En Tunisie les choses sont assez différentes. Rien de plus profondément politique que la question des ordures. Si en France, elle est globalement assurée par l’État, c’est qu’elle n’est plus du ressort de la politique, mais de la gestion, du fonctionnement [4].

Il est intéressant, pour comprendre cet exemple, et plus généralement ce qui se joue en Tunisie, de revenir à la distinction de Rancière entre police et politique. Si la politique est réagencement, reconfiguration du sensible et des possibles, la police est la simple gestion de ce qui est déjà là. Ce qui est couramment appelé « politique » est presque toujours de l’ordre de la police. Par exemple, il n’est pas question pour les « hommes politiques » d’aller interroger les cadres linguistiques, sensibles, conceptuels ou juridiques au sein desquels se distribuent les enjeux, les thèmes et les conflits politiques. Ceux-ci sont déjà donnés et implicitement considérés comme allant de soi. À l’inverse, il y a politique au sens fort précisément lorsqu’advient un nouveau partage, lorsque ces cadres se trouvent modifiés.

En ce sens, de la politique peut surgir partout et nul ne peut assurer que tel enjeu, telle question, tel conflit sont le lieu d’un authentique réagencement politique ou qu’elles restent intégrées à la gestion.

Le problème des déchets, qui semble ressortir intégralement de la police, dans un État comme la France, prend une signification des plus politiques dans d’autres contextes.

C’était le cas au Liban par exemple, il y a quelques années, lorsque la crise la plus profonde depuis la guerre civile, annonçant l’incroyable soulèvement de ces jours-ci, s’était concentrée autour des poubelles qui avaient envahi Beyrouth... Et même l’actuel mouvement libanais, qui a désamorcé un quadrillage communautaire et une peur de la guerre qu’on croyait indépassables, est lié à la manière dont les gens ont pallié l’incurie de l’État, s’organisant pour gérer eux-mêmes la dévastation des forêts par le feu [5]. La taxe sur les appels What’s app, dont on a beaucoup parlé, a simplement servi de déclencheur.

La situation tunisienne est très différente, sous bien des aspects, de ce qui a lieu au Liban. Toutefois, dans les deux cas, l’État n’apparaît plus que comme un instrument de pillage au service d’une minorité et le moyen de flicage de la majorité. On peut s’interroger sur les moments où ces États démissionnaires et corrompus, n’assurant plus que les fonctions de police répressive, se voient dépassés par des pratiques collectives, qui font prendre conscience qu’il est possible de vivre et de s’organiser sans eux.

L’Idiot

Avec les armes dont dispose le règne de l’économie, ses forces démesurées, ses moyens hors d’atteinte, ses méthodes de surveillance et d’englobement, de prise en charge du sensible, des affects et du langage, une certaine naïveté apparente, une certaine ingénuité déroutante peuvent s’avérer les meilleurs moyens de ruse, comme dans une sorte de guerre asymétrique.

Le mensonge, le cynisme, la confiscation du sens sont allés si loin qu’il suffit parfois qu’une parole simple, nette et claire s’avance pour leur mettre le doute, pour faire trembler tout ce qui ne peut plus penser, nommer, calculer, discuter, qu’à travers les normes grimaçantes imposées par les « réalistes ».

Cette parole ne pourra jamais les vaincre complètement sur leur terrain. Au mieux parviendra-t-elle à leur donner le vertige, à leur faire sentir que ce terrain vacille... Elle ne parviendra jamais à résoudre leurs problèmes, et puisqu’elle est parole de vérité, elle ne prétend pas pouvoir le faire. Mais elle les fait vaciller, elle inocule le doute. Elle fait qu’ils se perdent dans les différentes couches de faux superposé et achève ainsi de rendre leur mensonge intenable.

La principale caractéristique du prince Mychkine, dans L’Idiot de Dostoïevski, est l’effet apocalyptique de sa présence, son pouvoir de dévoilement. Sa simplicité, sa naïveté, son « idiotie » rend les autres transparents. Elle révèle leur manège en même temps qu’elle le dérègle.

Tout ce que les détracteurs de Kaïs Saied ont trouvé à lui reprocher, c’est précisément qu’il n’ait pas menti. D’autres candidats peuvent bien enchaîner les propositions farfelues, se contredire, aller loin, opérer les pires revirements... Ils sont rassurants tant qu’ils mentent, ou ce qui revient au même, tant qu’ils parlent la langue empoisonnée des communicants. Pour les « réalistes », Kaïs Saied a franchi la seule ligne rouge, celle du parler-vrai.

On a pu parler, lors de sa victoire ou même dès le premier tour, de « révolution légale » voire de « révolution électorale », ce qui laisse un peu songeur... Cette élection a planté là tous les professionnels de la politique. Elle s’est décalée de ce qu’ils pensaient être en droit d’attendre d’une élection présidentielle. Elle en a brisé les cadres sans en enfreindre les règles. Si Saied peut être qualifié de révolutionnaire, sans que cela ressemble à une sinistre fantaisie, à un nouveau chavisme ou à un début de culte de la personne, ce n’est certainement pas en tant que président, ni comme individu, ni même pour son projet, mais pour le geste accompli à travers sa campagne, ou plutôt son anti-campagne... Avant le domaine du droit auquel tout le monde l’a rattaché, soutiens comme adversaires, sceptiques, curieux ou moqueurs, sa révolution a concerné l’usage et le langage.

Et sur ce qui doit advenir, Allahu a’lam comme on dit, Dieu est plus savant.

[1Ce que les irruptions auxquelles on assiste depuis quelques mois, et plus encore depuis quelques jours, aux quatre coins du globe, sont venues rappeler...

[2Voir à ce sujet, dans une perspective beaucoup plus large et détaillée, l’ouvrage de Jérôme Baschet Défaire la tyrannie du présent.

[3Sorte de Berlusconi tunisien, ami du vrai Berlusconi et sur lequel il n’y a pas lieu de trop s’attarder...

[4Sauf dans le cas de certains types de déchets plus dangereusement toxiques, comme le montre l’actualité récente... La problématique des déchets devrait être intégrée à celle, plus large, des « externalités négatives » - voire encore l’ouvrage de Chamayou, La société ingouvernable, notamment les chapitres 19, 20 et 21. Vue sous ce prisme, cette question fait écho, entre autres, à la gestion par l’État français de l’explosion de Lubrizol...

lundimatin c'est tous les lundi matin, et si vous le voulez,
Vous avez aimé? Ces articles pourraient vous plaire :