2. On est certes autorisé.e.s à le trouver idiot, voire analphabète, mais Donald l’agent orange et Musk, son encombrant [1] avatar nazional-capitaliste ont au moins un mérite. Celui de pousser jusqu’à l’extrême les principes qu’ils tirent de leur vision du monde. Pour ne prendre qu’un exemple, les joyeux lurons de la bande à Debord, si gourmands de scandales, n’auraient eux-mêmes pas osé associer dans le plus malséant de leurs détournements le théâtre d’un génocide et la Riviera méditerranéenne.
3. Nous ne nous réjouissons nullement que des détraqués prennent le contrôle de la marche du monde. C’est effrayant. Ces grands enfants tarés, qui consacrent une bonne partie de leurs indécents butins à construire des tanières post-effondrement ont pourtant peur aussi. Peur de la mort ? Du grand Rien ? Nigauds puérils. Si nous étions aussi bêtes qu’eux, nous moquerions cette faiblesse. Au moins nous renseigne-t-elle sur la valeur qu’ils attachent à l’existence. Plus de nature. Pas de ciel. Jamais d’ami.e.s. Des jouissances, sans doute, mais aucun plaisir. En réalité, Donald Musk survit déjà [2]. Comme le chantonne un copain précaire, I’d rather be a free man in my grave, than livin’ as a puppet or a slave. C’est une force.
4. Sans doute Donald Musk pressent-il confusément l’irrémédiable décadence d’une civilisation capitaliste occidentale bâtie sur des cadavres dont la décomposition sape (logiquement et biologiquement) les fondements. Une décadence inédite puisque depuis le début de l’Humanité, aucune civilisation ne se sera montrée aussi autodestructrice. Nous serons donc peut-être les premiers à disparaître sans être remplacé.e.s, si ce n’est par des blattes ou des rats.
5. “Funestes conjectures...” nous objectera-t-on. Sans doute. Joyeux.ses Cassandres, nous tentons d’alerter depuis longtemps sur l’ensauvagement du capitalisme. Après Marx, Donald Musk nous prouve enfin que nous n’avions sans doute pas tout à fait tort. Avec Donald Musk, le pire est là et ne peut plus servir d’épouvantail au conservatisme des couards – qui se pensent parfois progressistes- pour qui tout va toujours mieux que si c’était moins bien. La démocratie est dissoute, les droits rencognés, la guerre est à nos portes, les génocides se multiplient, la destruction du vivant s’emballe. Petits-bourgeois pusillanimes, nous vous le répétons : le pire est là. Pendant que vous vous inquiétez, devant vos écrans, de la “radicalité” d’élans de subversion sociale, les puissants et leur violence, eux, gardent la tête froide [3].
6. La paresse intellectuelle et le confusionisme ne sont pas l’apanage exclusif de Donald Musk. Il est grand temps que les jobards apeurés par la perte de leur triste confort [4] comprennent enfin que “Yes, There Are Alternatives. An’ even a fuckin’ package !”. Travailler au remplacement d’un “système économique et social qui se caractérise par la propriété privée des moyens de production et d’échange, la concentration de gros capitaux et par la recherche du profit” apparaît désormais vital [5].
Rassure-toi, (futur) camarade ! Lutter ne se limite pas aux cortèges syndicaux fatigués [6] ou au catéchismes piteux [7]. Nous sommes d’accord pour fuir les “révolutionnaires” qui s’agitent à ce que rien ne bouge. Ceux qui pensent obtenir la victoire en ayant recours aux stratégies de l’adversaire, dans un jeu dont il a défini les règles, donc perdu d’avance. Ceux qui sont à la fois dans la posture et l’imposture. Dieu merci [8], les possibles sont légion dans l’élan de transformation sociale. Du plus timide à l’autonome achevé, renseigne-toi et fais ton choix.
7. On peut aussi déprimer et se sentir impuissant.e.s. Dans ce cas, il faut avoir le courage de ses idées noires.
8. D’aucuns rétorqueront que les aussi sinistres qu’inquiétantes facéties de Donald Musk ont cours de l’autre côté de l’Atlantique, sur le continent de la démesure et de l’outrance. Pourtant, on sait aussi travailler activement à la mort du spectacle en France. Où, huit mois après l’annulation du résultat des élections législatives par le suzerain [9], un vieux bourgeois propre à rien de province ne rougit pas de couvrir des agissements pédophiles. Où un ministre de l’Intérieur, non content de s’atteler avec ses complices à la “destruction méthodique de l’héritage du CNR” [10], s’attaque désormais à l’héritage de 1789 en remettant en cause l’Etat de Droit. Où un roi nu sur le retour fait nommer un combinard de ses - plus que rares- amis à la tête du Conseil constitutionnel avec le soutien d’une héritière néofasciste. D’ici à la publication de ce texte, ces quelques informations de la semaine du 17 février 2025 seront sans doute reparties avec l’écume sidérante du flot de merde médiatique charrié en temps réel par des médias aux ordres de Donald Musk nationaux. En somme, nous ne sommes pas si loin de l’obscurantisme trumpien.
9. Le succès de Donald Musk est prévisible depuis que la contre-réforme néolibérale a réussi a naturaliser les règles économiques, déifier l’entreprise et faire idolâter les plus riches. Tendez un peu l’oreille, écoutez vos proches ; Le chemin à parcourir pour sortir de cette croyance rancie est encore long. Il le sera moins si nous reprenons la parole. Gramscisons à notre échelle.
10. La victoire de Donald Musk consacre le triomphe du fétichisme techno-numérique. Mais là encore, les complicités sont à peu près universelles. “On ne peut pas aller contre le progrès”, “On est fliqués, mais on a rien à cacher”, “c’est antiécologique mais si pratique”… Ces antiennes prennent désormais un écho bien différent à l’heure ou les “gourous de la tech” assument leurs fascismes refoulés. Le plus éclairant reste que, grands contempteurs de l’interventionnsime étatique, il font allégeance à Donald Musk par peur de perdre les subsides fédérales sur lesquelles ils ont bâti leurs empires de beats ecocidaires et décérébrants. Dépouiller ces tyrans – nous en avons les moyens- ne signifie pas pour autant retourner à la bougie.
11. Donald Musk, c’est le triomphe de “la win”. Sommes-nous si sûr.e.s de ne jamais adhérer à cette poisseuse idéologie de compétition qui imprègne jusqu’aux plus perdants ? Individuellement, professionnellement, sexuellement, philosophiquement, combien refusent en effet de parvenir ?
2. Les effets du pouvoir de Donald Musk ne sont pas qu’une vue de l’esprit. Ils ont des conséquences violentes pour des millions de personnes. Le front que nous leur opposons doit être radical. C’est ce que doivent enfin comprendre celles et ceux qui considèrent que contenir le fascisme est un fascisme. Votre naïveté trouillarde nous a fait perdre trop de terrain. Donald Musk répand dans son sillage les pires remugles idéologiques de l’Histoire. On tente de remettre à la mode le virilisme ,la brutalité et la bêtise d’abrutis testosteronnés qui adorent se montrer torse nus et pleins de muscles mais détestent “les “pédés”, qui glorifient des valeurs de compassion et de justice en animalisant et réclamant le droit de tuer, qui s’en remettent aux “lois de la nature” quand le propre d’une espèce est de travailler à sa perpétuation , pas à son anéantissement.
13. Beaucoup hésitent encore à devenir acteurs. La résignation, l’assignation à l’impuissance restent les freins les plus puissants à la transformation sociale. L’Histoire nous montre pourtant qu’aucune réalité n’est intangible. Et encore, l’Histoire racontée par les puissants occulte bien des résistances et des conquêtes.
14. Vous avez aimé Donald Musk ? Vous adorerez à coup sûr Javier Bukele. L’anarchocapitalisme argentin ou le fascisme 4.0 salvadorien, c’est la possibilité du commerce des enfants, le recours à l’internement massif et à la torture tels que les pratique celui qui se dit lui-même “dictateur le plus cool du monde”. Quand tu crois qu’c’est fini, et ben y’en a encore.
14 bis. Nous n’avons pas le choix.
15. Vouloir en finir avec ce vieux monde, scène de cauchemars et d’espoirs, ce n’est pas promettre du sang et des larmes. C’est parier sur le plaisir plutôt que la jouissance. La puissance plutôt que le pouvoir. Le lien plutôt que la séparation. La vie plutôt que le spectacle. L’intelligence naturelle et collective (l’artificielle n’augmente que la fortune de Donald Musk, en aucun cas l’humain). C’est réfléchir ensemble à d’autres solutions. C’est essaimer ce qui ce pratique déjà dans les interstices (viens voir...). C’est créer. C’est résister. C’est vivre. C’est savoir mettre un point final à des énumérations interminables qui nous attachent à un écran.
16. Donald Musk signe la fin du Spectacle ?
A nous tou.t.e.s de vivre enfin...
1maquis2 le a dans le o riseup.net