Contre l’université d’été de La République En Marche

La résistance bordelaise à l’affût

paru dans lundimatin#203, le 6 août 2019

La première université d’été de La République en Marche se déroulera le premier week-end de septembre à Bordeaux. Même si pour le moment peu d’informations ont filtré, l’opposition compte se mobiliser pour gâcher la rentrée de la majorité présidentielle. L’événement pourrait avoir lieu à Pessac.

LREM a annoncé il y a quelques mois la tenue de sa première université d’été intitulée « campus des territoires ». Elle se déroulera les 7 et 8 septembre prochains à Bordeaux. Il y a un an pourtant, le groupe de la majorité présidentielle critiquait le modèle des universités d’été « trop formaté, trop "ancien monde". On ne veut pas reproduire l’entre-soi des autres partis. La République en marche s’est construite en rupture avec les anciennes façons de faire de la politique. » [1]. Depuis, LREM semble avoir changé d’avis.

Avec le G7 à Biarritz, le Sud-Ouest est très prisé par une majorité qui semble vouloir multiplier les démonstrations de force après une année difficile. Invitant ses élus et militants de toute la France, 3000 personnes sont attendues pour l’événement.

Bordeaux son fief. Lors des élections européennes de 2019, la liste Renaissance menée par Nathalie Loiseau est arrivée en tête des scrutins girondins et a rassemblé près de 30% des voix à Bordeaux. Surfant sur ce succès, la majorité souhaite lancer son poulain Thomas Cazenave pour les élections municipales de 2020.

Ce choix, éminemment politique, est symbolique. Au fil des semaines, Bordeaux s’est affirmée avec d’autres villes comme étant un bastion de la mobilisation des Gilets Jaunes. La Belle endormie a pris l’habitude de se réveiller tous les samedis, lors de manifestations rassemblant plusieurs milliers de personnes.

Près de 5000 « Gilets jaunes » réunis à Bordeaux pour l’acte VIII du mouvement, Place de la Bourse, 5 janvier 2019 - AFP

Une opposition aux aguets qui sait accueillir ses opposants

Sur Facebook, l’événement Comité d’accueil contre l’université d’été LREM 7-8 septembre a été créé par la page Bordeaux Déborde. Ce dernier rassemble déjà plus de 700 personnes. L’objectif annoncé est clair : gâcher la rentrée de LREM en bloquant leurs festivités. « Gilets jaunes, personnels hospitaliers, enseignants, gilets noirs et tous ceux qui se sentent attaqués, méprisés par Macron, son gouvernement et son parti » sont invités à converger vers Bordeaux. La page Bordeaux Déborde organisatrice de l’événement n’a pas souhaité répondre à nos questions. Le programme n’est pas établi en raison du manque d’information autour de l’événement. Les idées quant à elles, ne semblent pas manquer.

Gabriel (le nom a été modifié) a indiqué sur les réseaux sociaux qu’il participerait à l’événement. En messages privés il nous explique ses principales motivations : « Prévoir une mobilisation ce jour-là, c’est un moyen de maintenir la pression contre ces ministres, députés et représentants du pouvoir qui vont toujours plus loin dans leur arrogance contre les pauvres, travailleur-ses, étranger-e-s. C’est aussi une occasion de discuter avec les gens autour, de les convaincre et de se faire voir dans les médias pour montrer notre détermination ». Il y voit aussi un espoir de convergence des luttes : « Les gens mobilisés ces derniers mois, notamment gilets jaunes ou dans le mouvement contre les expulsions de squats vont être réunis. La préfète (proche de LREM) mène une politique horrible ces dernières semaines vis-à-vis des sans-papiers, multipliant les expulsions et envoyant la police harceler les tentatives d’organisation d’urgence face à une situation où 2000 migrant-e-s sont à la rue

Tous les ans ou presque, des manifestations ont lieux contre l’université d’été du MEDEF. Il est en revanche plus rare que des manifestations soient organisées contre des partis politiques autres que le Rassemblement national.
La ville n’en est pas à sa première manifestation contre la venue de groupements politiques. Le 2 avril 2017, un rassemblement contre le meeting de Marine Le Pen avait eu lieu sous le slogan « Marine, casse-toi, Bordeaux n’est pas à toi ». Un slogan faisant écho à la volonté des manifestants de gâcher la venue d’En Marche.

Manifestation contre le meeting de Marine Le Pen à Bordeaux le 2 avril 2017 - AFP

Pessac, ville hôte de l’événement ?
Le parti présidentiel communique peu autour de l’événement. Si le logo a été rendu public, rien n’a filtré quant au lieu où cette université d’été se tiendra. Contactée via sa page Facebook, la section Gironde de La République en Marche nous affirme que le lieu "n’est pas encore fixé précisément." Plusieurs communes de la banlieue bordelaise sont susceptibles d’accueillir un tel événement. Parmi elles : Pessac.

Son maire, Franck Raynal, réitère régulièrement ses appels du pieds vis-à-vis de LREM. En juin dernier, il est signataire avec 71 élus locaux de droite et centristes d’une tribune dans le JDD en soutien à Emmanuel Macron . Au micro de France Bleu Gironde, il déclare le 9 juin 2019 être un ami personnel d’Edouard Philippe et un « soutien loyal et résolu » du Président de la République. Il ne ferme pas la porte à une liste commune avec la députée girondine LREM Bérangère Couillard aux prochaines élections municipales de Pessac.

https://www.bfmtv.com/politique/emmanuel-macron-en-visite-surprise-a-pessac-pour-un-debat-avec-les-femmes-1641963.html

Dans le cadre du grand débat, Emmanuel Macron s’est déjà invité à Pessac en février dernier à la salle Bellegrave, aux cotés entre autres de Marlène Schiappa. A l’époque déjà, des manifestants avaient été écartés de l’entrée de la grande messe, n’empêchant pas une « gilet jaune » d’apostropher le Président de la République et de tenter de lui enfiler un pendentif en forme de gilet jaune.

Les terres pessacaises ont-elles charmées La République en Marche ? Où se tiendra l’événement ? beaucoup de questions restent en suspens. Une chose est sûre : une fois de plus Bordeaux se soulèvera pour afficher son opposition à la majorité actuelle.

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