Colloque : Faut-il continuer la recherche scientifique ?

Grenoble, du 16 au 18 mai 2022

paru dans lundimatin#339, le 18 mai 2022

Pour célébrer les 50 ans de la célèbre conférence d’Alexandre Grothendieck intitulée « Allons-nous continuer la recherche scientifique ? » Voir ici), un colloque de 3 jours est organisé à Grenoble, qui tentera de repartir de l’intuition du mathématicien : comment tirer le frein d’urgence avant que toute la machine s’écrase dans le mur ? Nous en reproduisons ici la présentation et le programme.

Faut-il continuer la recherche scientifique ? La question peut paraître incongrue dans un monde où le recours à la science est systématique pour justifier les décisions politiques prises ou pour espérer trouver des solutions rapides et efficaces aux différents maux dont souffre notre société (dérèglement climatique, pollution, pandémies, cancers, perte de biodiversité…).

Pourtant après plus de 2 ans de guerre au SARS-CoV2 et à l’effort (de guerre) des scientifiques dans cette bataille, on ne peut que constater le haut niveau de méfiance des populations envers la science – le plus haut depuis Tchernobyl. Quant aux chercheurs eux-mêmes, sous leur vernis de chiffres, ils sont souvent perplexes et indécis : pendant que les scientifiques du GIEC révisent chaque année à la hausse leurs estimations climatiques, des équipes de phylogénéticiens envisagent sérieusement la fuite de laboratoire du SARS-CoV2. Sans parler des chercheurs qui constatent tous les jours comment leur quête désintéressée de connaissances se trouve transmuée en gadgets par le capitalisme triomphant et sa société d’hyper-consommation. Peut-il en être autrement ? L’incertitude sur ce qui nous arrive et va nous arriver dans les temps proches ne sont pas là pour rassurer la population, c’est le moins que le puise dire !

À quelque chose, malheur est bon. Le doute permet la remise en question de l’aura de prestige acquis par la « Science » : plus le vernis idyllique s’écaille, plus des personnalités du monde scientifique se rendent compte qu’au delà des promesses de miracles scientifiques (fin de la faim, mort de la mort…), ce qui se dessine dans les laboratoires est une science à deux faces, inséparables l’une de l’autre. Pollution et dépollution, création de nouvelles maladies et de nouveaux antidotes, propagation de nouvelles connaissances et concentration toujours plus forte des savoirs-pouvoirs aux mains des États, des armées et des grandes entreprises.

Puisqu’il est bon de douter de tout, la double ambition de ce colloque est donc de se demander :
• Quelles sont les conditions structurelles qui pèsent sur les chercheurs et limitent leur marge de manœuvre ? Exigence de rentabilité, hyperspécialisation, financement de la recherche qui privilégie certains sujets pouvant être marchandisés/rentabilisés à court terme ainsi que les laboratoires qui publient le plus, bureaucratisation qui leur impose de remplir de plus en plus de dossiers de demandes de financement – et sélectionne ainsi les recherches qui seront financées … Et comment les changer ?
• Plus largement : est ce que l’expansion illimitée de la connaissance scientifique est une chose souhaitable ? Tout ce qui peut être connu doit-il l’être ? Quelles sont les limites politiques et éthiques qu’une société peut se donner à elle-même ? Faut-il chercher à faire tout ce qui est envisageable ? Faut-il faire tout ce qui est possible ? Où et quand faut-il s’arrêter, et au nom de quoi ?

C’est pourquoi la question sur la pérennité ou l’arrêt de la recherche scientifique mérite d’être posée. Nous sommes d’ailleurs loin d’être les premiers à la formuler de manière aussi radicale. Déjà il y a cinquante ans, en 1972, le grand mathématicien Alexandre Grothendieck demandait lors d’une conférence au CERN « Allons-nous continuer la recherche scientifique ? ». Grothendieck y répondait de manière catégorique avec force argumentaires. Il précisa : « Donc vous me reprochez un nihilisme anti-science ? En fait, c’est vrai que dans la mesure où par science on entend l’activité scientifique telle qu’elle est exercée actuellement, je suis arrivé à la conclusion que, par beaucoup d’aspects, c’est une des principales forces négatives à l’œuvre dans la société actuelle. »

Programme

Vous pouvez télécharger le programme en cliquant ici. ou le visualiser directement ci-dessous.

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