Chiens

Un poème

paru dans lundimatin#222, le 23 décembre 2019

Des miettes sur la table en bois.
Cent ans qu’elles sont là

Je me lève mais ne me réveille pas.
Le piano est désaccordé de poussière ce matin
Comme mon esprit

On range nos morts on essaye de se rattraper
Bien que la chute soit vraiment tout à fait amorcée
La main caresse les parois de la falaise...

Non
Décidément aujourd’hui il n’y a pas de raison de se sentir à l’aise.

Ne plus réfléchir
Tout ceci ne fait qu’attiser les braises à moitié éteintes de l’envie.

On s’indigne
On maugréé pour les oreilles de certaines ou de certains
Et c’est jeux interdits dans les chaumières
Cache-toi pour y jouer

Y a aucune question à se poser
Ou alors si
Y en aurais une
Ou trois :
Tu troquerais tes héros
Contre des fantômes ?
Un œil contre un salaire ?
Une main contre de la dignité ?

Hier matin ils ont assassiner le Fret
Comme ils ont ébouillantés les homards
Pour prendre l’autoroute de l’angoisse
Et nous foutre la tronche dans l’aquarium

Demain matin, il faudra s’allonger dans la cage d’escalier et se laisser partir
Se laisser disparaitre dans la maxime de la fourmi

Chut.
Tais-toi.
N’aies pas peur.
Regarde.

Rien n’est grave.
Rien n’est fêlé.

Il y a un tueur
À qui on a appris à pas cracher sur le ventilateur

Il y a des violeurs
Qui ont appris à te souiller avec amour

Il y a un enfant qui chante mes larmes de bataille
Et les rafales dans les plaines
Et mes angoisses
Et mes défaites

Et tu entends les chiens aboyer
Et tu rêves de gueuler avec eux

Aujourd’hui tout est à toi
Y a un petit miracle qui à eu lieu :
Le soleil s’est levé
Alors fonce

Tout est à toi

Une orange
Une prune
Une allumette

Sers toi

Et va au bout du refrain

Sens tout
N’oublies rien

Quentin Barbosa

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