Cette chose là ne vient pas de Nous

Stéphanie Chanvallon

paru dans lundimatin#304, le 13 septembre 2021

70 ans. Quelque chose ne va pas

24 avril 2020, des études statistiques annoncent le nombre de personnes « sauvées » grâce au confinement : 60 000.
Le chiffre sonne comme une victoire, celle de la gouvernance.
Il y a là quelque chose d’indécent.

70 ans, l’âge critique quand on est déjà souffrant. Ne surtout pas attraper le coronavirus. L’âge critique. L’impensable.
Rien n’aurait pu le justifier s’ils avaient oeuvré pour la vie bonne.
Il y a là quelque chose de malade.

Nos vieux ne regardent plus devant, la pandémie s’abat sur le monde,
des astronautes décollent pour la station spatiale internationale.
Notre humanité est touchée, mais eux avancent.
Il y a là quelque chose qui ne va pas.

Pour les soignants qui ont dû faciliter la mort pour sauver des vies, immense est leur responsabilité. Choisir. Le plus lourd fardeau.
La gouvernance, elle, se dédouanera encore.
Il y a là quelque chose de la colère.

Quelle autre situation tragique laisserons-nous advenir ?
Quelle autre situation pour un âge critique ?
Combien de cris d’alarme et de résistances piétinés ?
Il y a là quelque chose contre laquelle se soulever.

Le monde ne sera plus comme avant, assurément.
Ils se donnent la main et nous le concoctent, à leur façon.
Ils pensent avoir écrasé toute possibilité d’émergence autre.
Il y a là quelque chose qui se prépare.

24 avril 2020, des études statistiques annoncent le nombre de personnes « sauvées » grâce au confinement : 60 000.
Nous sommes donc entre de « bonnes » mains, assurément.

70 ans. Nos vieux. Nous, demain.

Quelque chose ne va plus

12 juillet 2021. Quelque chose ne va plus et nous le savions déjà ; ironie de l’intuition.

La France : « Une chance pour tous ».

La santé ? « On peut débattre de tout mais pas des chiffres ».
Transhumanisme et OGM, Médecine 4P pilotée par l’IA : prédictive, préventive, personnalisée et participative : des applis qui gèrent pour vous et dictent vos pas, une étrange responsabilisation et une privatisation de la santé.

La vie en société ? « Ensemble la France ».
Sécurité globale, QR Code et autres digitalisations, reconnaissance faciale, nouvelle CNI et l’IA en tout lieu. La puissance de la connexion pour la plus habile des déconnexions (d’avec l’espace, le temps, le rapport au sensible), l’urgence de devoir répondre, l’urgence de justifier ce que l’on vit et de l’exposer au monde : vite, vite, vite !

L’écologie ? « Les entrepreneurs du vivant » et les bras armée de la techno-science économique : le solutionnisme pour unique et ultime réponse. Expropriation des terres, extractions et pillages, bétonisations, esclavagisme moderne et assassinats. Le numérique toujours plus énergivore.

Le vivant ? « … »
Le silence dans les campagnes, fermes des 1000 vaches et autres cultures hors-sol, l’insipide et le froid, des espaces clos, les mises à distance. La violence informe sur les formes vivantes déjà déformées : réification mortifère. Laboratoires expérimentaux et animal-chimère de la loi bioétique (juillet 2021). Les animaux « sauvages » que l’on croit posséder, tristes désincarnations que l’on achète un jour de pluie, ou que l’on surveille via des balises à même leurs corps.

Consumérisme bien réglé, conformisme exacerbé, sous couvert d’une vie plus commode et ordonnée, sécurisée ; prévisible et propre : le progrès.
Quelques choses ne vont plus. Ils ont la solution, ou plutôt les algorithmes ont la solution. Vous êtes donc entre de « bonnes mains ».

Et pourtant leurs discours s’échauffent : toute opposition complote. Tiens, tiens…
Ils donnent l’impression d’avoir toujours une longueur d’avance : parce qu’armés de leur appliquants les plus appliqués ils courtisent pour mieux déposséder les opposants, ou parce que leur violence les exhorte à toujours anticiper pour faire taire.

Et dans le cœur des hommes devenus bien frêles ?
Les paroles écourtées insidieusement installent les silences.

Et pour nous ? Et bien, ça va !
Nous les sentons arriver avec leurs discours inversés et leurs costards bien trop propres.
Nous apprenons à taire ce qui doit être tu, et à dire haut et fort ce qui doit être entendu.
Nous refusons de jouer le jeu de la lutte sur le terrain miné qu’ils nous imposent.

Ne pas s’isoler ou déserter, mais avec lenteur et profondeur se laisser être poreux et se mélanger au creux des événements faits d’imprévisible et d’incertain, risquer même.

Souillons nos frocs, les cœurs larges, avec la solidarité pour joie et soleil, avec le désir de répandre ce qui partout murmure, ce qui partout leur échappe. Nous avons choisi la terre – même si ce n’est qu’un bout de jardin, le vent et les rivières, les résonances, nous avons choisi les forces et le discernement, la confiance en nos connaissances issues de l’expérience sensible, des savoir faire et sagesses traditionnelles.

Résistances au cœur des villes, paysannes, animales, nomades, nous sommes des formes du monde vibrantes, amoureuses, et sauvages. Nos empreintes ne sont pas les leurs.
Nous sommes des vivants, tragiquement mortels, mais pour cela bien vivants.

Stéphanie Chanvallon

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