Brest contre le One Ocean Summit

Entretien avec Antoine Costa
#LesSoulevementsDeLaMer

paru dans lundimatin#324, le 31 janvier 2022

Comme nous l’annoncions il y a deux numéros, l’acte inaugural de la campagne les soulèvements de la mer se tiendra à Brest du 4 au 6 février prochain. Pour cette occasion, nous avons interrogé Antoine Costa auteur "la nature comme marchandise" (éditions Le Monde à l’Envers) : « Que les gouvernants s’intéressent soudainement à la protection de l’océan est pour moi étonnamment suspect. Je les soupçonne de... mais de quoi exactement ? Peut-être d’aller à la pêche aux crédits carbones ou aux nodules polymétalliques »

Peux-tu nous présenter le One Ocean Summit et les raisons qui poussent celon toi à s’y opposer ?
En vérité, personne ne sait ce qu’est le One Ocean Summit. Tout ce qu’on sait on l’apprend en épluchant la presse locale. On sait donc que «  le sommet prendra des engagements en vue de renforcer la gouvernance internationale de l’océan » et que « la France a pris l’initiative d’une résolution sur la protection de la haute mer, qui est en cours de finalisation avec l’UE pour être présentée lors du One Ocean Summit. Elle doit interpeller les chefs d’État du monde entier sur la nécessité de protéger ce réservoir de biodiversité qui est aussi le premier puits de CO2 et donc un élément essentiel de la régulation climatique  » [1].

Seulement je ne comprends pas pourquoi la protection des océans serait soudainement devenue une urgence dans l’agenda de la France et de l’Union Européenne. Je pense que l’océan recèle bien d’autres choses pour eux : des crédits carbones, des minerais, de l’énergie. La promesse d’un nouveau cycle de croissance.

Bref. Ça c’est pour la version officielle. Mais je vois autre chose autre chose. Premièrement la promesse du sommet s’est faite le 3 septembre à Marseille lors du congrès de l’UICN (Congrès International de Conservation de la Nature). Notons qu’en parallèle de ce congrès il y avait un contre-congrès Notre terre, Notre nature, dénonçant le « colonialisme vert ». Deux écologies s’affrontaient : une écologie s’accommodant très bien du marché et en vantant ses mécanismes (compensation biodiversité, nature based-solutions et financiarisation de la conservation), et de l’autre une écologie défendant la justice sociale et les droits humains. Pour l’ONG Surival International qui organisait le contre-congrès, cette « écologie de marché » est devenue un ennemi pour les peuples autochtones, au même titre que la déforestation ou le braconnage.

À ce congrès, le congrès officiel, la France a refusé de signer une motion concernant un moratoire sur l’exploitation minière des fonds marins. En réponse à ce refus, Barbara Pompili, se faisant passer pour ministre de la transition énergétique, affirme qu’il ne faut pas exclure l’idée de rouvrir des mines en France, ni de se priver de l’extraction minière des fonds marins (deep sea mining) [2]. Il ne faut, selon elle « rien s’interdire ». Voilà donc le premier ministre de l’environnement qui veut rouvrir les mines ! Elle poursuit « je préfère qu’on fasse les choses chez nous, et qu’on les fasse bien », un argument rabattu des centaines de fois : si-on-ne-le-fait-pas-les-chinois-le-feront-à-notre-place. Personnellement je laisse la bombe nucléaire, la 5G et la vidéosurveillance à reconnaissance faciale aux autres.

Bref. Ce sommet est promis au moment où l’on demande à la France de s’engager concrètement pour les océans en signant un moratoire sur l’extraction des minerais en haute mer. Deuxième date importante, un mois après, le 12 octobre. C’est Richard Ferrand, bien connu localement, qui l’annonce en tant que président de l’assemblée nationale. Dans son communiqué il souligne que lors du G7 parlementaire de septembre 2019 sur l’exploitation et la préservation des océans, « les présidents des parlements avaient acquis la certitude que les océans [recelaient] des richesses inestimables et de forts potentiels de développement », notamment en termes de « ressources insoupçonnées  » [3]. Le jour même est enregistrée à l’Assemblée une proposition de résolution [4] qui vise à la « conservation » et « l’utilisation durable  » de l’océan. Protéger et détruire. Elle sera adoptée un mois après.

Mais surtout, le 12 octobre, le président annonce le Plan Relance 2030 [5]. Devant un parterre d’investisseurs, de startupers et d’industriels ce plan vise, paraît-il, à « décarbonner l’économie ». Au programme : des milliards, des milliards et encore des milliards pour des sujets aussi urgent en ces temps de pandémie que les Small nuclear Reactor, la micro-électronique, la robotique et la génétique dans l’agriculture, l’avion vert, la voiture verte, l’hydrogène vert … 34 milliards d’euros à faire pâlir un infirmier urgentiste. Et au bout d’une heure et demi, Macron en remet une couche sur les océans. Il parle de « connaître les fonds marins », d’ « exploration » de « connaissances scientifiques  » … Ce gouvernement fait décidément une fixette sur les fonds marins.

Le chercheur en histoire environnementale Thomas le Roux qualifie ce Plan de «  nourri par un imaginaire productiviste reposant sur les « succès français » des années de Gaulle – Pompidou (le TGV, le Rafale, le nucléaire, le Concorde, etc.) [6] » Hors ce dont nous avons besoin, plus que de voiture verte, d’avion vert et de petite centrale nucléaire, c’est de sobriété.

Macron poursuit :

« J’entends déjà le débat venir, je ne parle pas d’exploitation à ce moment-là, je parle d’exploration. Mais qui peut accepter que nous laissions en quelque sorte dans l’inconnu la plus complète une part si importante du globe ? Et nous avons dans nos zones économiques exclusives, la possibilité d’avoir accès à ces explorations, qui est un levier extraordinaire de compréhension du vivant, peut-être d’accès à certains métaux rares, de compréhension du fonctionnement de nouveaux écosystèmes, d’innovation en termes de santé, en termes de biomimétisme, etc. Il y a des familles d’innovations derrière, justement l’exploration des grands fonds marins qui est inouï. Et donc, notre volonté est aussi, pour cette France de 2030, d’assumer un investissement de la nation dans le champ des grands fonds marins qui soient la clé là aussi, pour ensuite évaluer les applications possibles et conduire ce cheminement. »

Avouez que cette déclaration est suspecte.

Elle me fait beaucoup penser à certaines justifications de la colonisation. Dans les années 1920 un colonialiste parlait de « mise en valeur du globe ». Un autre de « mettre en valeur les richesses naturelles d’une région et créer l’outillage économique nécessaire ». On accusait les autochtones d’être incapable d’exploiter les ressources rationnellement, les « races inférieurs bloquent stérilement » de « vastes accumulation de richesses naturelles ». Les puissances civilisées avaient un droit naturel et supérieur à « se substituer aux races incompétentes dans l’exploitation des richesses terrestres » [7].

Ceux qui ont lutté ces dernières années savent que le débat c’est ce qui arrive quand tout est fini. Il suffit de penser dernièrement aux cahiers de doléances des gilets jaunes « enfouis dans les cartons des archives départementales où ils sont pour l’heure consignés » [8] ou des propositions de la Convention citoyenne. Les décisions sont déjà prises, les budgets sont votés. Il y aura peut-être un débat sur la 5G quand on aura fini de poser les antennes.

Cela fait six mois que le premier ministre a adressé une circulaire à ses ministres visant à « valoriser les ressources des grands fonds marins en lien avec le potentiel industriel français (…) dans le cadre de notre environnement maîtrisé » [9]. Donc quand Macron dit qu’il « entend le débat », il attend en effet un débat de façade qui viendra valider des décisions déjà prises.

Penses-tu que la question des fonds marins sera abordée frontalement lors de sommet ?
Le Deep Sea Mining, l’exploitation minière des hauts fonds marins est un sujet extrêmement polémique et pour l’heure les technologies ne sont pas prêtes. Récemment un article de Vice titrait Oops, cette compagnie d’extraction minière à perdu son robot à 4,000 mètres de profondeur [10].

Les technologies sont onéreuses et hasardeuses. La réalité pour l’heure c’est ça : des multinationales essayent d’aller chercher des cailloux à 4000 mètres de profondeur et elles font tomber des joujous à plusieurs millions de dollars.

Disons qu’on prépare le terrain. Cela fait des années qu’on en parle : les métaux rares sont entre les mains de pays en guerre (en Afrique) ou avec lesquels les tensions sont fortes (Chine). On annonce un pic prochain pour certaines minerais (l’équivalent du peak oil mais pour les métaux) tandis que leur consommation est exponentielle. Par exemple, on voit bien que l’électrification promise bute contre la réalité des ressources en cuivre, matériaux indispensable. Pareil pour le lithium des batteries. Macron parle de «  sécurisation des approvisionnements  » cela veut dire réduire notre dépendance à l’égard de la Chine. Lisez La guerre des métaux rares de Guillaume Pitron.

Pensons au fait que l’énergie verte ne fait que repousser la pollution ailleurs. La première centrale électrique, Pearl Street Station à New-York, brûlait du charbon dans le sud de Manhattan, pour donner de l’électricité au centre-ville. Le renouvelable poursuit cette invisibilation de la réalité matérielle et ne fait que délocaliser les pollutions plus loin. Avec le deep sea mining tout ça se passe loin de la côte à plusieurs milliers de mètres sous l’eau.

La France possède le deuxième domaine maritime mondial après les États-Unis. L’IFREMER a reçu deux permis d’exploitations sur les 31 délivrés par l’AIFM (Autorité Internationale des Fonds Marins). Cette autorité ne peut délivrer les permis qu’aux pays, pas aux entreprises. On estime pourtant que 42% des permis sont entre les mains de trois groupes miniers : The Metals Company, le belge DEME et UK Seabed Resources Ltd, filiale anglaise du marchand d’arme américain Lockheed Martin. [11] Ces entreprises se servent de cache-nez, des « États parrains » des îles du Pacifique : Kiribati, Tonga, les îles Cook et Nauru. Donc la course à l’exploitation a déjà commencé. Reste à en définir un cadre juridique.

Souvenons-nous qu’en 2015 Obama avait fait voter le « Space Act » qui « permet aux compagnies américaines non seulement de prospecter l’eau et les métaux des astéroïdes et des planètes, mais de les extraire et de les vendre. En clair, de s’approprier les matières premières de l’espace.  [12] ».

Ce Space Act s’est fait au mépris du droit international et du Traité de l’Espace de 1967, signé par les USA et faisant de l’espace un bien commun. Alors même qu’aucune entreprise n’était en capacité de ramener un astéroïde sur terre pour en extraire le nickel, l’or et autre terres rares.

Habituellement, sur les questions de technologie la loi vient valider un fait accomplie. La technologie est là et la loi arrive après, en prétendant définir des normes pour les encadrer. Cela empêche le débat puisqu’on ne peut plus faire marche arrière. Mais là, le cadre juridique ouvre la porte.

Ce scénario ressemble au film à succès de Netflix Don’t Look Up. Le PDG de The Metals Company, Gerard Barron, dit à propos des grands fonds marins « Il y a tout ici, tous les métaux dont nous avons besoin (…) C’est la coïncidence la plus étonnante que j’ai jamais rencontrée Mère Nature a fait ces nodules ... C’est comme, ’Ok, vous les gars, vous avez sali la planète Terre. Venez me chercher » [13]. Il dit à peu près la même chose que Irschwell, le milliardaire fou du film, responsable de la destruction de la planète « cette comète qui se précipite vers nous depuis l’espace lointain contienne en fait au moins 32 trillions de dollars de ces matériaux critiques - critiques pour la technologie  ». Fiction ou non, pour les deux personnages les océans ou l’astéroïde représentent « une opportunité formidable ». En fait on ne sait plus trop qui a inspiré qui : entre Irschwell, Elon Musk et Macron.

L’urgence ce n’est pas de regarder le ciel, c’est de regarder au fond des océans. L’urgence c’est Don’t Look Down.

Macron a prévu d’être présent à Brest le 11 février. Ursula Von Der Leyen l’apôtre du Green New Deal européen aussi. Vous comprenez donc que cet empressement à préserver les océans est étonnamment suspect. Pourquoi un gouvernement qui s’évertue à « détricoter le droit de l’environnement  » selon les mots de Thomas le Roux, voudrait-il subitement protéger la mer et y mener des explorations scientifiques ? Il suffit de penser à la loi ASAP, votée en plein confinement et qui vise à faciliter l’installation d’entreprises au mépris de la législation environnementale. L’État met en place des lois qui lui permettent de contourner ses propres lois.

On les soupçonne de. Mais de quoi exactement ? On ne sait pas. Deux ans de confinement m’ont rendu légèrement conspirationniste. Ce qui est certain c’est qu’il y a un complot : des gens s’organisent, à la commission européenne, au ministère de la transition énergétique et dans des entreprises pour préparer l’exploitation énergétique, minière et financière des océans et ils font passer ça pour de l’écologie.

Une blague qui circule à l’OMS « Quelle est la différence entre la vérité et une théorie du complot ? Six mois ». On verra bien si l’avenir nous donne raison.

Selon toi quelque chose a changé avec le virus et le confirment mondial ?
C’est certain. Le capitalisme est plus que jamais technologique. Il a une base industrielle évidemment mais son moteur c’est la technologie. Les révolutions technologiques se succèdent, nucléaire, informatique, et maintenant NBIC, IA, biologie de synthèse … Mais il se retrouve perpétuellement face à deux contradictions : sa demande exponentielle en énergie et la finitude des ressources. Ces deux contradictions, les cornucopiens pensent pouvoir les résoudre dans la croissance verte et l’économie bleue. Pour eux l’océan recèle une promesse de développement infinie, comme la fusion nucléaire ou le transhumanisme.

Ce qui s’est passé pendant le confinement c’est que, comme le virus, le capitalisme a muté. Nous avons été naïfs, nous n’avons pas voulu le voir pendant le premier confinement. Nous pensions « au monde d’après » et à L’An 01.

Il n’y a pas eu de crises : l’économie se porte très bien, mais il y a eu une mutation. Il suffit de voir ce que sont devenues nos vies : télétravail, télélicenciement, téléconsultation, apéro skype, rencontre sur Tinder, soirée sur Netflix. Notre vraie vie dépend de QR code. « La quarantaine nous a permis de faire un bon de dix ans  » affirme Eric Schmidt l’ancien patron de Google oeuvrant maintenant pour le Pentagone.

La demande de pétrole s’est effondrée pendant le premier confinement. Le baril est même passé sous zéro. On le donnait avec 39 dollars en plus, une première dans l’histoire. Parallèlement à ça le gouvernement a augmenté la bande passante des antennes relais et accéléré la mise en place de nouvelles antennes. Le prix des énergies ne cesse d’augmenter, pour l’instant les gouvernements mettent des pansements. Mais parallèlement ils souhaitent amorcer la transition vers un capitalisme « décarboné ».

Ce qui est risible dans cette histoire c’est que l’on fête cette année les cinquante ans du rapport Meadows du Club de Rome. Le fameux « Une croissance infinie dans un monde aux fini est impossible » c’était il y a cinquante ans. Pendant un demi siècle les gouvernements ont essayé de résoudre cette contradiction avec des concepts comme la révolution des services, la troisième révolution industrielle, la dématérialisation, le numérique … Pour les économistes la contrainte physique du développement de l’économie n’existe pas, ils espèrent toujours un découplage entre croissance et émissions de carbone. Un découplage qui n’arrive pas. Ce mirage est maintenant entretenu par la croissance bleue et verte.

Tu parles aussi d’un risque de financiarisation et de privatisation des océans. De quoi s’agit-il ?
Dans l’Accord de Paris (COP21 de 2015) l’article 2 stipule que l’objectif à atteindre est la neutralité carbone. C’est une nouveauté. Avant on pensait qu’il suffisait de baisser les émissions. Là on découvre qu’on doit arriver à cet objectif par des « puits de carbones » (article 4). Ces puits de carbones peuvent être naturels (c’est les forêts, océans …) ou artificiels. Derrière le terme de Technologies à Émissions Négatives (TEN) on se laisse la possibilité d’enlever du carbone artificiellement de l’atmosphère. Personne ne sait ce qui se cache derrière ce terme, mais les projets à la mode sont : la Capture et Stockage du Carbone (remettre le carbone sous-terre), les BECCS (qui consiste à brûler de la biomasse pour produire de l’électricité puis rejeter le carbone sous-terre), la compensation carbone classique via l’achat de forêts, et des projets plus farfelus comme fertiliser les océans pour favoriser la croissance du phytoplancton, étendre de grandes bâches blanches sur les glaciers pour renvoyer le rayonnement du soleil …

Ce concept de neutralité carbone est nouveau car il implique d’arriver à un équilibre entre les émissions et les capacités d’absorptions. Il pourrait être une bonne chose : respecter les limites terrestres. Mais on voit aussi là le piège : si ces capacités d’absorption augmentent on peut sans cessent repousser les objectifs de réductions d’émissions. À la COP26 de Glasgow Barbara Pompili annonce fièrement la fin du financement à l’exploitation des fossiles. Oui mais. Voir conditions on magasin. Les projets continueront à être financé du moment qu’ils incorporent une technologie de capture et stockage. Soulignons qu’il s’agit d’une technologie qui ne marche pas. Un exemple, le projet gigantesque de Arctic LNG 2, projet de Gaz Naturel Liquéfié à plus de 20 milliards de dollars. Total est soudainement en train d’étudier la possibilité de faire du Capture et Stockage. « Tout sera question d’interprétation du texte » [14]. Le gaz vient d’être classé vert dans la taxonomie européenne. Le pétrole pourrait encore longtemps bénéficier de subventions du moment qu’il incorpore des projets de compensation.

Bref, l’idée de neutralité carbone risque d’être détournée : dans les années à venir les industriels vont essayer de s’approprier tout ce qui stocke du carbone pour le faire rentrer dans leur comptabilité carbone. Et plus que l’Amazonie, le poumon de la planète c’est l’océan.

En décembre 2019 le Fond Monétaire International a produit une étude sur la capacité des baleines à stocker du carbone. Elle souligne l’importance à mettre en place un mécanisme financier pour les protéger. En gros faire rentrer la baleine, dont le FMI évalue la valeur à 2 millions de dollars, dans le marché carbone. Pareil pour les mangroves. L’économie, via le marché carbone, cherche à tout transformer en marchandise. Il y a fort à parier qu’à l’atelier « finance bleue » du One Ocean Summit on parlera de ça. Cela sera formulé différemment : « il faut protéger l’océan qui est un véritable puit de carbone et réorienter la finance vers des engagements durables ». La BNP ne dirait pas autre chose. Bref des conneries comme ça.

Il y a un an l’eau faisait son entrée à la bourse de Chicago [15]. Il est désormais possible de spéculer via des contrats à termes sur l’eau Californienne. C’est ça la finance bleue. En quoi un indice boursier va-t-il permettre d’affronter les cataclysmes (sécheresse et mégafeu) qui nous attendent ?

Il faut se rappeler d’une chose : en 2008 les traders se rendaient à la City en jogging, leur costume caché dans un sac. Ils venaient de faire une grosse connerie et se faisaient alors discrets. Et puis soudainement la finance est devenue responsable et verte. Elle serait même devenue nécessaire à la transition. La question n’est donc pas de savoir si la finance verte marche ou si la finance bleue marchera. Même le responsable des fonds durables de Black Rock, Tariq Fancy, s’est barré pour dire que tout cela était bidon. La question est de savoir dans quelle mesure ce discours va-t-il effacer dans nos mémoires les excès des marchés des années précédentes. Plus le monde s’effondre plus la rapacités des puissants est grande. Qu’ils se drapent dans un voile bleu ou vert est le comble de l’hypocrisie.

[7Toutes les citations sont extraites de Mission civilisatrice de Dino Costantini (éditions la Découverte, 2008).

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