Analyse politique de l’économie [1/4]

Inégalité et Hiérarchie
[Les cahiers de vacances de Jacques Fradin]

Jacques Fradin - paru dans lundimatin#348, le 23 août 2022

Rien de telles que les vacances pour s’aérer un peu les neurones tout en reprenant quelques bases parfois trop vites survolées pendant l’année. Reconnaissons-le, l’œuvre de Jacques Fradin que nous publions par bribes et éclats depuis plusieurs années, n’est pas forcément des plus accessibles. Elle n’en est pas moins aussi redoutable qu’incontournable pour quiconque tente de cerner les grands enjeux philosophiques et révolutionnaires de l’époque. Nous allons donc profiter de ce mois d’août pour publier quatre articles en forme de synthèse autour de la question de l’économie politique. Comme pour tout ce qui compte dans l’existence, il faudra là encore s’accrocher et s’acharner.

Cette introduction à l’analyse politique de l’économie, à la reformulation de la critique de l’économie politique, cette introduction sera divisée en deux épisodes.
Le premier épisode définira le problème et présentera quelques résultats.
Le second épisode présentera une analyse plus détaillée, et plus technique.
Cette série sera donc consacrée à la critique de l’économie politique, critique reformulée et qui sera déployée par étapes.

Premier épisode


L’économie (du) capitalisme critiquée
En termes de despotisme politique

Nous emprunterons un sentier escarpé qui nous conduira de la critique de l’économique (« économique », ainsi est nommée la science économique standard), critique qui sera notre base de lancement, à la reformulation de l’économie politique (ce qui est déjà un terme critique) en termes d’analyse politique du despotisme économique (le capitalisme, correctement conceptualisé).
Il s’agira d’une généralisation radicale de la plus classique (marxiste) critique de l’économie politique ; généralisation qui permettra de développer l’idée de destruction (ou de déconstruction) de l’économie politique, pour en arriver à l’analyse politique que nous nommerons non économie : analyse non économique de l’économie.
De la critique de l’économie politique à l’analyse politique de l’économie ; tel sera le chemin, semé de difficultés.
Une pièce essentielle de notre dispositif déconstructif, de notre sentier escarpé, consistera en la formulation d’une anti-économique, que nous nommerons économie générale, par référence à Keynes et au post-keynésianisme.
Cette anti-économique ne sera qu’un intermédiaire (disons pédagogique) développé comme complément à la critique de l’économie politique [1].
Néanmoins, il ne s’agira pas, dans cette série, de construire une sorte de manuel d’anti-économique, comme il y en a beaucoup.
L’anti-économique, ou l’économie générale, ne sera introduite que comme un marchepied critique pour en arriver à la non économie.
Cette non économie analysant le caractère intégralement politique de l’économie politique. L’antagonisme, l’inégalité, la guerre civile permanente, le chaos, l’imprévisibilité, étant des termes centraux de la non économie.
Où donc « politique » signifiera : domination, emprise, colonisation, constitution du travail, mise au travail, accumulation primitive permanente ou sans cesse reprise.
La domination despotique, caractéristique du capitalisme, s’exprimant « économiquement », en termes monétaires comptables, par l’inégalité et la hiérarchie.
Contrairement à l’économique (standard) qui fictionne des agents égaux, voire identiques, la non économie se développe à partir de l’axiome de l’inégalité. La non économie est une analyse politique de cette inégalité (hiérarchie déterminant « la réalité »).
Pour le dire en termes adamiques, sinon académiques : que devient l’économie politique lorsque l’axiome de l’inégalité n’est plus un axiome interdit, ou refoulé, ou dénié, et n’est plus inversé en principe d’égalité, avec le stéréotype de la concurrence des égaux ?
Que devient l’économie politique lorsque l’on place l’oligarchie, les oligarques, et les oligopoles au centre des analyses ?
Reprise du fameux débat (datant des années 1930 keynésiennes) sur « la concurrence monopolistique » ; concurrence monopolistique qui se déploie en : corruption, achat d’un ministre président, achat de la loi donc, lobbying intensif, secret des affaires et mensonges industriels, espionnage généralisé, direction et contrôle de l’information, publicité politique, défense totalitaire du mode de vie consumériste, etc.

Nous allons envisager l’économie comme un système de pouvoir et la critique de l’économie politique (ou de l’économique théorique, cette dogmatique de l’économie monde) comme l’analyse de ce système de pouvoir.
L’avantage du capitalisme sur tous les autres systèmes despotiques est que, pour ce capitalisme, le pouvoir se dévoile immédiatement sous une forme épurée, une forme numérique ; dis-moi combien tu gagnes, je dirai qui tu es.
Dans le capitalisme le pouvoir compose un tableau, un tableau numérique, le tableau de la répartition inégalitaire.
C’est ce tableau de la répartition inégalitaire ou hiérarchique qui sera posé comme le centre de la critique. Et ce tableau de l’inégalité exprime « la loi de la valeur », autant que cette « valeur » est correctement analysée comme MESURE (tous ces points étant décortiqués dans la suite ; mais pour les personnes stressées voir tout de suite les notes 8 & 10)
Nous plaçons la MESURE au point de départ de la critique.
La mesure : mesurer ayant le sens actif d’instituer, puis la mesure effectuée ayant le sens passif d’institution instituée.
La mesure, au sens passif d’ordre institué, est le résultat d’une guerre de colonisation ; et, institution stabilisée (localement ou temporellement), elle est l’expression d’un pouvoir : la capacité de mesurer ou d’imposer des mesures (de prendre des mesures).
Pleinement déployée, dans le capitalisme (capitalisme constitué par ce déploiement, dont l’informatique n’est qu’un avatar), la mesure se présente sous forme d’une gigantesque forêt de tableaux numériques, comme l’univers des livres comptables (les nouveaux livres sacrés) ou des banques (les organisations qui tiennent les comptes de tous, y compris de ceux qui ne tiennent pas de compte).
Que résume ce terme de mesure (avec sa polysémie essentielle, comme le jeu avec « prendre des mesures ») ?
Des codes moraux, avec la comptabilité des peines, et, donc, « la mesure de l’humain » [2], œil pour œil, dent pour dent, l’équivalence, le talion (la réciprocité), la grande comptabilité du pouvoir, le pouvoir exprimé en termes comptables (les gros = les riches, les plus pesants = les plus forts), voilà ce qui organise l’économie.
Nous ne partirons pas de la production (des « biens » ou des utilités ou des plaisirs, petits ou grands) ; nous partirons de l’ordre numérique comptable ; nous partirons de la hiérarchie des pouvoirs.
Par exemple, mais tout sera développé, « les prix », d’abord introduits au sens empiriste non élaboré (celui de l’économique standard), les termes des échanges (souvent pensés en termes physiques, des « prix relatifs »), ces « prix » seront reconceptualisés en termes d’éléments comptables (il n’y a que des prix monétaires, le troc étant un mythème de l’économique) ; les « prix » éléments comptables s’obtiennent au moyen de calculs comptables (de « coûts ») et de calculs stratégiques (expression du pouvoir oligopolistique).
Il faut toujours penser le terme « calcul » (comme le terme de « mesure ») en un sens stratégique : les calculs comptables sont des calculs stratégiques, voire militaires (lorsqu’un État soutient l’économie : les ventes d’armes, les pots de vin, le président voyageur de commerce).
L’élément de base de l’analyse critique de l’économie comme système de pouvoir (ou de mesure) est le tableau comptable (monétaire) de la répartition des revenus.
La répartition des revenus est l’expression directe, mesurée monétairement, de la distribution du pouvoir.
Le tableau numérique de la répartition, cette expression actuelle des plus anciens codes ou livres moraux (codes moraux maintenant désignés sous l’appellation de « loi de la valeur » : la valeur monétaire fait loi), ce tableau statistique dessine le portrait moral du monde capitaliste.
Dans ce cadre, intégralement numérique, on peut poser la question : comment chaque entité comptable (entreprise, ménage) peut modifier son « emprise » (ou son empire) ? Cette « emprise » se nommant « pouvoir d’achat », pouvoir explicité par l’achat ou la dépense.
Pour le capitalisme, qui résume l’histoire des despotismes, le pouvoir s’exprime par le pouvoir d’achat ; et, vice versa, le pouvoir d’achat mesure le pouvoir.
Dont la grande corruption [3] est le trait saillant.
Toute critique de l’économie qui ne commencerait pas par l’analyse critique de la corruption et l’explicitation du rôle central omniprésent de cette corruption, une telle critique est dès l’abord disqualifiée.
La stratégie Uber (telle qu’analysée par Timothy Mitchell [4]) est une stratégie oligopolistique classique : d’abord vendre à perte pour écraser les concurrents et, ensuite, espérer gagner en pouvoir monopolistique, utiliser tous les ressorts de la corruption pour faire modifier les lois [5], acheter des décideurs politiques (« le meilleur achat » est celui d’un ministre candidat à la présidence), pratiquer une stratégie de tension de style militaire (susciter des manifestations).

Il faut alors introduire la marchandise homogène et abstraite en place des supposés « biens » (ce « bien » qu’apporterait l’économie, si morale : le bien c’est bien !).
Ce que nous désignerons par le terme marchandise-H (homogène ou hégémonique) est la particule élémentaire du système capitaliste ; particule qui n’existe que sous forme de combinaisons, combinaisons que nous nommerons « blocs de pouvoir ».
Ce sont ces « blocs de pouvoir » qui forment la trame de la répartition (ou de la distribution inégalitaire des pouvoirs).
Il s’agit bien de dépasser la critique marxiste classique du fétichisme ; ici en éliminant les caractéristiques physiques du dit « bien ». En ne retenant que l’effet de domination ou d’emprise hégémonique (par « la société de consommation »).
L’aspect physique (« valeur d’usage ») du « bien » n’est qu’un leurre ou un piège : un attrape gogos.
Avec le jeu pervers sur la peur de retomber dans la misère noire (celle, par exemple, des Irlandais de la grande famine ; mais misère provoquée par la politique coloniale britannique).
Même le chef mafieux, ayant le plus mauvais goût, pour des ambiances néo-pharaoniques, et ayant des capacités de dépense sans limite, est lui-même piégé par « l’ostentation » (et son ascension sociale « nouveau riche »).
Encore une fois, l’économie n’est pas un système de production de « biens » ou de satisfactions, l’économie est un système de domination hiérarchique qui manipule « le bien » ou les besoins (artificialisés) ; l’économie est un système despotique qui repose sur la croyance et qui « fait croire » que « l’amour » (plus que le « soin » !) est au centre de sa dynamique.
L’économie ne doit jamais être pensée comme un système technique de production de « biens », mais doit toujours être pensée comme un système politique de conformation, de dressage, de manipulation. C’est, disons, un système de psychologie sociale normative.

Il faut dépasser la critique de l’économie politique ; qui s’est trop souvent transformée en nouvelle économie politique alternative. Il faut repenser l’économie politique en termes radicalement et intégralement politiques (encore une fois « politique » signifiant antagonisme : la guerre, pas la concurrence pacifique).
Et, ainsi, repenser l’économie politique jusqu’en ses plus infimes éléments :
Les prix et les revenus seront repensés en termes de « blocs de pouvoir » ;
La concurrence sera repensée en termes de guerre économique, de coups tordus, d’assassinats ou d’emprisonnements arbitraires ; avec des oligopoles armés et des oligarques manipulant les cercles politiques (supposés « démocratiques », mais sous la domination des lobbies), et, surtout, avec un personnel politique « vendu » (ou « asservi » intellectuellement, les fanatiques néolibéraux, relire note 5) ;
Du reste, « la véritable vente » (ou « le véritable achat ») consiste en l’achat politique de la loi au moyen de l’achat des rédacteurs de la loi (toujours mettre la corruption au centre des analyses) ;
Les marchandises, « les biens », ne seront plus jamais pensés en termes physiques de valeurs d’usage (ou d’utilités), ni en termes psychologiques normatifs d’objets utiles ou désirés (puisque les agents désirants sont fabriqués en usine, dans l’usine sociale [6]) ; nous abandonnerons les classements de style : matériel militaire, biens de luxe, biens de consommation, etc., parce que ces classements physiques masquent l’essentiel : la répartition des revenus ; un sous-marin nucléaire n’est-il pas un bien de luxe ou est-il un bien de première nécessité ?
Une marchandise n’est que l’expression d’une position (de classe) dans le tableau de la répartition.
Une marchandise est un marqueur social : quel rapport entre le château fort reconstruit à neuf, le long de la Dordogne, par exemple, et appartenant à un Ambassadeur de France, avec un titre nobiliaire (et des titres boursiers) et la maison Phénix d’un « castor » banlieusard, exilé quelque part au milieu de la Brie (faute de revenu suffisant), et devant chaque jour faire des navettes de 100 kilomètres pour venir travailler à Paris ?
Une marchandise n’existe que comme représentation d’un certain état de revenu (ou de pouvoir).
L’ensemble physique des biens, si cher aux néoclassiques, est stratifié ou fragmenté en sous-ensembles ni denses ni continus : tous les biens ne sont pas accessibles à tous, avec des magasins réservés ; cela valant pour les riches, quel millionnaire s’installerait au milieu de la Brie plutôt qu’à Montfort l’Amaury, et, évidemment, pour les pauvres, qui ne passent pas leurs Week ends dans les boutiques de luxe de la place Vendôme.
Et comme ce sujet (du BIEN) est entièrement déformé par la propagande consumériste (et sa dogmatique économique, qui offre une version élaborée du consumérisme dans la fameuse « théorie du consommateur »), nous devrons commencer par nous attaquer à lui.
Non pas à la manière néoclassique de l’imaginaire individualiste et échangiste (la super propagande consumériste) ; ni à la manière de Marx, tentant de repenser cette marchandise comme « fétiche » [7] ; mais de manière intégralement politique, en introduisant directement l’antagonisme comme noyau de l’analyse critique de la marchandise : dépasser le fétichisme en dévoilant le grand conflit qui est au fond de l’économie, le conflit pour la domination impériale ; et dont « la société de consommation », l’American way of life, n’est qu’un aspect (de guerre froide : balancer le développement dans les pattes des communistes !).
Il faudra penser la marchandise, les biens, les plaisirs, les vacances, le sport, etc., comme des éléments stratégiques ; et, en particulier, des éléments de propagande : faire croire aux pégreleux que, maintenant, les seigneurs les aiment !

L’élimination radicale de l’aspect physique, « valeur d’usage », des biens, élimination par laquelle nous commencerons, tellement ce sujet est hérétique (et para-doxique), cette élimination est le résultat du déploiement de la déconstruction (et, ici, de la casse) de l’idéologie individualiste échangiste du consommateur « libre ».
Le fameux sujet consommateur « libre » (la nouvelle figure époquale du consommateur touriste) n’est qu’un agent de circulation.
Cette critique, au-delà du fétichisme, qui fait fond sur la DÉNÉGATION (symptôme d’une maladie mentale), et analyse la déréliction consumériste (avec les sauveurs oligarchiques), cette critique est nécessaire pour la critique écologiste.
L’écologie politique doit commencer par analyser la marchandise abstraite, la valeur d’échange sans valeur d’usage, ou, la valeur d’échange qui constitue la valeur d’usage.

Un démarrage en trombe
Travail Abstrait & Marchandise Abstraite

Nous commencerons par un point difficile des explications ; explications qui seront, ensuite, longuement développées, avec des reprises.
Nous allons critiquer, déconstruire, défaire, reformuler, reconstruire, l’analyse classique marxiste nommée critique de l’économie politique [8].
Cette analyse marxiste classique commence de manière dualiste, ou avec un dualisme souvent développé de manière dialectique (avec la libération du mal ou du péché que représente « la valeur d’échange » et la rédemption par « la valeur d’usage »).
La marchandise pourrait être envisagée de DEUX manières :
(1) D’abord comme « bien » (avec le thème de la rédemption), ou comme support d’utilité, « valeur d’usage », c’est-à-dire comme objet physique spécifique, un produit ou un service ; disons qu’il s’agit de la qualité de la marchandise, son utilité ;
(2) PUIS comme support de valorisation ou comme fluide transporteur d’évaluation ou de valeur, « la valeur d’échange », là où la marchandise est étiquetée par un prix, le prix du bien (qu’il faut acheter pour être rédimé) 
Ce prix représentant une quantité monétaire, associée à une quantité physique (la correspondance prix – quantité) ; l’introduction du prix (ou du cours) générant DEUX mesures différentes, la mesure monétaire, le prix, et la mesure physique, un poids, par exemple, ou un temps de service.
Ce dualisme « valeur d’usage », utilité, quantité physique consommable, « valeur d’échange », expression comptable, enregistrement d’un chiffre (d’affaire), ce dualisme se retrouve pour le travail ; avec le dualisme travail abstrait – travail concret.
C’est cette analyse dualiste, qui associe, par exemple, un prix à une quantité, que nous allons critiquer puis rejeter.
Ce rejet n’étant qu’une application de la critique déconstruction du métaphysique, métaphysique caractérisé par de tels dualismes (voir note 1, et notre impossibilité de développer, ici, la lourde question de la critique du métaphysique, critique qui, cependant, devrait être préliminaire ; nous substituerons au dualisme dialectique la dualité non dualiste non métaphysique).
Nous allons expliquer qu’il n’y a pas plus de dualisme travail abstrait – travail concret, le travail abstrait étant le travail indifférent défini par une évaluation monétaire, par un salaire, le travail abstrait est le travail salarié mesuré en monnaie, donc il n’y a pas plus de dualisme travail abstrait – travail concret qu’il n’y a de dualisme marchandise abstraite (terme inexistant dans la conception marxiste, mais qu’il faut introduire) – objet concret ou bien.
La marchandise abstraite, que nous noterons souvent marchandise-H, homogène, indifférente, aussi indifférente que le travail abstrait, « la cochonnerie clinquante », la verroterie pour les nouveaux sauvages [9], cette marchandise-H se définit par un chiffre, le chiffre qu’elle rapporte (ou que l’on peut dépenser, la qualité se jugeant par le prix, la supériorité sociale se mesurant par la valeur ostentatoire : le footballeur « nouveau riche » et sa collection de Lamborghinis).

Plus techniquement, si l’on définit la marchandise concrète, une quantité physique de bien (le nombre de nuitées passées dans un super palace ou dans un lodge en Namibie, par exemple), ou le travail concret, un « boulot » spécifique, petit ou grand, supposé producteur de bien (une livraison de pizza), si l’on définit ces objets concrets comme des grandeurs mesurables monétairement, alors on peut montrer que ces grandeurs, des objets supposés concrets, pour être mesurables, évaluables, inscriptibles en compte (débit ou crédit), ces grandeurs doivent être ABSTRAITES (au sens actif).
L’analyse détaillée du travail abstrait ou de l’abstraction du travail en travail salarié s’applique intégralement à la marchandise, au bien [10].
Les grandeurs mesurables sont homogénéisées, indifférenciées (et aussi moralement !), rendues indifférentes : seul compte le compte.
Peu importe ce que l’on vend, « la cochonnerie » (ou du foie de canard malade), peu importe ce que l’on produit, « la camelote » (ou du vent, pour les arnaques si communes), ce qui COMPTE est que tout cela, qui se vend ou qui se produit, ou qui est dérobé (par arnaque ou par extorsion ou vol), que tout soit transformable en monnaie (inscriptible en compte).
Ce que nous allons expliciter est cette indifférence des produits et des productions.

L’erreur empiriste classique qui énonce que l’on peut associer un nombre (abstrait) à une chose (concrète), voilà ce que nous allons déconstruire [11].
Et, plus encore, il faudrait déconstruire cette erreur empiriste en termes d’énoncé métaphysique dualiste (avec, encore, ce métaphysique établi comme dogme du despotisme).

Si ce point de départ peut paraître un peu cavalier, néanmoins il va guider tous les développements.
Autant que le seul travail est le travail abstrait ou salarié, inscriptible en compte (comme coût ou revenu), le seul type de bien est « la cochonnerie clinquante », la marchandise abstraite, apporteuse de chiffre.
L’illustration empirique, et donc tout à fait insuffisante, de la marchandise-H pourrait être l’ensemble des étalages d’une rue commerçante d’un quelconque pèlerinage touristique, une rue de Lisieux par exemple, avec la pacotille pour touristes low budget.
De même que la seule qualité d’un travail, dit concret, est la quantité monétaire qu’il peut rapporter, la seule qualité d’un bien, sa supposée utilité, est la captation monétaire qu’il permet ; un bien est un piège, une attrape. Surtout lorsque ce bien n’est que du vent !
Un bien, mesuré monétairement, avec un prix, n’est qu’un élément de répartition.
C’est ce thème de la répartition ou de la division du revenu généré, le chiffre (faire du chiffre), qui sera mis au centre de l’analyse critique.
Le prix ou le cours d’un bien sera introduit comme un indicateur de répartition ou d’inégalité.
L’évolution ou la dynamique des cours ou des prix ne sera jamais associée à un mécanisme (de psychologie normative) style offre / demande ; mécanisme qui exigerait, pour être explicité et critiqué, d’en passer par l’analyse de la géométrisation, et, donc, de la conformation (de la rationalisation – l’agent n’est pas rationnel mais rationalisé).

Le revenu monétaire et sa répartition inégalitaire
Élément central de la critique

Nous tentons donc de reformuler ce qui est traditionnellement nommé « critique de l’économie politique ».
Une telle analyse mène de la déconstruction de l’analyse économique standard, la théorie néoclassique de l’équilibre automatique, jusqu’à ce que nous nommons non économie, une théorie du pouvoir ou du despotisme, une théorie du capitalisme en termes de despotisme, avec sa caractéristique principale, le CHAOS ou la crise permanente : la transformation permanente des structures du pouvoir économique, hiérarchique.
Nous posons le chaos en place de l’équilibre.
Pour en arriver là, l’analyse déconstructive traversera l’espace de ce qui est nommé « économie générale », la théorie générale post-keynésienne en sa formulation « théorie du circuit ».
Le capitalisme, considéré comme despotisme, peut se représenter en termes d’un système de répartition inégalitaire ou hiérarchique.
Du point de vue économique, économique au sens de représentation numérique, la distribution du pouvoir s’exprime en termes de répartition inégalitaire (richesse et puissance se confondent).
Le capitalisme se définissant par l’évaluation universelle, le pouvoir, qui caractérise l’ordre despotique de ce capitalisme, ce pouvoir s’exprime monétairement.
L’analyse politique du capitalisme, la non économie, peut se concentrer sur l’analyse de la répartition inégalitaire (ce point aveugle de toutes les analyses économiques).
Cette introduction de l’identité pouvoir = richesse met, immédiatement, en lumière trois points initiaux de la non économie :
(1) La répartition inégalitaire : l’inégalité est un axiome constructif de l’économie (du) capitalisme (et qui pose le capitalisme comme l’expression actuelle du despotisme le plus archaïque : toute réalité est inégalitaire).
Cette économie étant un gigantesque système (ou réseau) numérique (« financier »), l’inégalité, l’ordre hiérarchique du despotisme, se présente, évidemment, en termes numériques : le pouvoir est directement visible par son expression financière (les comptes en banque).
Contrairement aux assertions du marxisme, c’est dans le capitalisme que l’ordre hiérarchique des pouvoirs apparaît le plus limpidement, sous forme de tableaux numériques. Il faut alors, pour ce despotisme new-look, déployer le plus gigantesque système religieux de croyances (en « la liberté » par exemple), afin de cacher l’évident.
(2) L’inégalité fondamentale implique, évidemment, que les agents économiques ne sont pas égaux ! Ces agents ne disposent pas du même pouvoir, mesuré par le pouvoir d’achat (ou de corruption).
Il est donc impossible, mensonger, de poser que l’économie met en relation des agents de pouvoir équivalent ; comme le fait la théorie dite de la concurrence parfaite.
Le principe européen, néolibéral (ou ordolibéral), de la concurrence juste et non faussée est donc une fumée de propagande (mais mirage idéologique institué comme principe constitutionnel : l’Europe nouvelle est donc un grand système idéologique – là où il est supposé que toutes les idéologies ont disparu !).
L’inégalité des pouvoirs, observable immédiatement par la différence des revenus (ou des « pouvoirs d’achat »), cette inégalité, les oligopoles, les oligarques et les oligarchies, cette inégalité est structurante.
Par exemple, c’est bien la différence abyssale des pouvoirs d’achat, qui permet la corruption, l’achat des voix (le clientélisme), les publics relations (la propagande « privée »), l’achat des « experts », par des firmes chimiques produisant des pesticides – cela n’est-ce pas de l’abus de bien social ?
L’expression numérique de cette hiérarchie, la répartition, doit ainsi être posée comme le point de départ de la critique.
(3) Nous retrouvons alors un principe post-keynésien essentiel : les prix ou les cours ne peuvent être associés à une quelconque loi dite naturelle (selon la psychologie de la nature humaine) du type offre / demande.
Les prix ne sont pas constitués par le jeu de l’offre et de la demande (jeu qui est un résultat normatif) ; ce sont des indicateurs de répartition ; la répartition, la distribution des pouvoirs, l’inégalité étant ce qui permet la constitution du jeu économique (les prix résultent de la géométrisation du monde en ordre hiérarchique rigidifié).
Et plus encore, par l’intermédiaire du Grand Théorème Keynésien, l’analyse de l’évolution de la répartition, est-elle plus ou moins inégalitaire (l’inégalité étant mesurée par l’indice de Gini, pour rester simpliste – mais l’inégalité est une courbure d’espace), cette analyse est la clé de l’analyse des fluctuations des cours et des crises.
Pour le dire de manière simple : le CHAOS est l’expression de l’inégalité.
Ou, encore, inégalité = chaos.
Nous avons proposé ailleurs une analyse tout à fait différente du chaos qui règne dans le despotisme (le despotisme est un ordre au chaos) ; une analyse directement politique en termes de dynamique de la dualité Réel / réalité (nous y reviendrons dans le second épisode).
Si nous considérons que le capitalisme est et n’est qu’un système politique de domination, un despotisme, l’analyse directement politique en termes de dualité Réel / réalité ou de puissance destituante, cette analyse peut être complétée dans les termes de l’analyse de l’erratisme généré par l’inégalité.
Il suffit de penser que l’inégalité ou la hiérarchie, la mise en ordre autoritaire, ne constituent pas des structures stables, mais forment des structures à antagonisme (à dualité non dialectique). La guerre éternelle des riches contre les pauvres (la domestication) ou des pauvres contre les riches (la libération) est le corrélat de l’inégalité.
Résumons simplement : inégalité = guerre = chaos.
L’analyse directement politique du conflit (en termes de puissance destituante) peut donc facilement être combinée à cette critique de l’économie.

Reformulation de la théorie de la valeur

Nous allons procéder à une reformulation de le théorie de la valeur en termes de théorie de la mesure ou encore en termes de théorie de la comptabilité, c’est-à-dire en termes de géométrisation monétaire du monde.
Il s’agit de produire une théorie du capitalisme, capitalisme envisagé comme systématique, système d’interrelations comptables.
Cette reformulation se situe dans le cadre général de la critique déconstruction reconstruction de la dialectique hégélienne (renvoi à Slavoj Zizek). Critique de la dialectique qui est elle-même une pièce de la critique de la métaphysique théo-téléo-logique.
Précisément, c’est sur la base d’une pensée de l’immanence radicale (ni spinoziste, ni deleuzienne) ou d’une analyse des dualités non dualistes (voir le second épisode) que se déploie cette reformulation de la théorie de la valeur.
Le résultat le plus notable de cette reformulation complexe, de la critique du métaphysique à la critique de l’économie, est l’énoncé d’une théorie de la valeur SANS le travail (voir notes 8 & 10).
Exactement la doctrine classique de la valeur travail est généralisée en théorie de la mesure, c’est-à-dire en analyse de la réification de l’agir (en immanence) sous forme d’une canalisation colonisation numérique, la valeur, la mesure valeur qui est une mesure policière (et toute l’histoire des despotismes doit commencer par l’histoire des comptabilités).
La conséquence immédiate de cette généralisation de la doctrine de la valeur travail (ou du substantialisme naturaliste du marxisme ricardien) en analyse de la colonisation comptable numérique (la folie de l’évaluation qui est constituante du capitalisme) est de produire une conception du capitalisme en termes de formation de domination.
Le capitalisme est envisagé comme un système politique despotique de type colonial. La valeur est alors l’effet de cette colonisation ; une mise en réseau numérique totale (dont découle la possibilité du « net » — l’informatique dérivant de la comptabilité).
Ce système despotique coordonne des sous-systèmes techniques qui sont eux-mêmes des pièces politiques ; la technique incorporée par le capitalisme a toujours une finalité de renforcement de la domination du système despotique.
Il existe de nombreuses manières d’expliciter cette caractérisation du capitalisme en termes de formation de domination ou comme accumulation primitive sans cesse répétée.
Une manière, critique de la psychologie normative de l’économique, consiste à mobiliser la psychanalyse lacanienne (toujours Zizek).
Dans la tension entre la jouissance (Réelle) et le désir (plaisir, satisfaction, demande, en réalité) l’ordre symbolique, la mesure valeur comme LOI centrale du symbolique, avec l’abstraction ou la réduction, l’ordre symbolique est toujours du côté du plaisir. La satisfaction est un effet de la mise en ordre. La mesure, cette LOI symbolique, fonctionne comme une forteresse, un rempart, un abri, contre l’effet déstructurant, traumatique, inquiétant de la jouissance ou de la poussée réelle négative. La LOI (de la valeur) agit comme « inter-dit » :
ce qui est obligatoirement énoncé (ce qui est obligatoirement énoncé l’est sous forme comptable).
L’ordre symbolique établi par la mesure valeur (la LOI de la valeur : tout est compté) a pour but de garantir « la satisfaction » contre la créativité illimitée de la jouissance. La LOI ouvre un espace pour permettre le repos de l’ordre homéostatique, l’équilibre et le bien-être.
Dans la théorie économique « les prix » sont donnés et ne sont jamais expliqués (pas d’analyse de la forme valeur, pas d’analyse de la constitution des espaces de mesure ou des ensembles numériques).
Un autre résultat important dérive de cette reformulation de la théorie de la valeur en termes de colonisation (de civilisation) : la proposition de l’identité du capitalisme et de l’économie.
Exactement, l’idéologie de l’économie fondamentale, avec un substrat matériel, physique ou physiologique, cette idéologie doit être rejetée comme métaphysique dualiste.
Toute structure métaphysique dualiste, valeur d’usage / valeur d’échange, travail concret / travail abstrait, bien / marchandise H, réel / monétaire, industriel / financier, est refusée.
L’idée d’économie fondamentale « réelle » ou de système techno-économique est une invention métaphysique mythologique ; invention chargée de cacher ou de rationaliser le despotisme (du) capitalisme, en fictionnant une économie infrastructurelle de style néoclassique (économie « réelle » qui serait au service du peuple des besoins !).
La distinction dualiste si populaire de l’économie « productive » et de « la finance » parasitaire, cette distinction métaphysique est intenable ; « la finance » n’est que l’organisation comptable qui constitue le capitalisme.
La théorie de la mesure comptable monétaire conduit à la proposition que la valeur d’usage (sociale) est déterminée ou produite par la valeur d’échange.
Seul ce qui se vend a, tautologiquement, de l’utilité : utility is not but payworthiness, or utility is purchasing power, utility is revealed by prices.
Le cercle vicieux de « l’utilité révélée par les prix » (P. A. Samuelson) se retrouve pour tout dualisme : seul est travail concret ce qui se vend, est salarié ou mercenaire, donc seul est travail concret le travail abstrait.
L’idée qu’il pourrait y avoir une économie fondamentale, économico-technique non monétaire, en position d’infrastructure ou « avant » sa transformation vampirisation capitaliste est un non-sens. Notons que cet « avant », le fondamental, doit être repensé en termes « d’en-dehors » non métaphysique : « l’avant » n’est plus alors un espace (« naturel » ou « spontané ») mais un non-lieu ; non-lieu qui permet d’expliquer le non-sens du fondamental métaphysique.
Il est identique d’affirmer :
(1) la valeur est mesure comptable monétaire ;
(2) l’économie n’est que capitaliste, il n’y a pas d’économie non capitaliste.
Le capitalisme en sa systématique économique de l’évaluation forcenée est un appareil, une machine sociale, une mégamachine d’abstraction en un sens fort constituant.
L’économie (du) capitalisme est un système politique ou un système techno-politique.
L’idée métaphysique du dualisme économie / capitalisme revient à dépolitiser l’économie ; ou à dépolitiser la technique ; revient à introduire la croyance en la récupération possible (la rédemption) de l’économie ou de la technique ; chassons le méchant capitalisme « financier » parasitaire, il restera « la bonne économie » !
Pour dire les choses autrement : la société émancipée ne peut jamais être une société post-capitaliste au sens d’alter-économique, voire de super-économique, comme pouvait se penser le socialisme de la gestion rationnelle.
La théorie de la valeur substantialiste, en termes de travail substance de la valeur, est liée au fantasme économiste capitaliste de développement matériel d’une société « libérée par l’abondance », société nommée socialiste ou de consommation ; soit est liée au projet d’une société alter économique (ou alter capitaliste) ; dont le développement, la sacro-sainte croissance sotériologique, consiste à traverser et rationaliser le capitalisme, déguisé en économie de marché, à récupérer « le progrès matériel », le progrès technique, la productivité, la technoscience valorisable, que ce capitalisme (économie de marché) est censé impulser.
Témoignent de ce nœud théo-téléologique les développementismes modernisateurs, souvent auto-désignés « socialistes » (même après leur corruption).

En termes anthropologiques, plus classiques, la proposition de l’identité du capitalisme et de l’économie signifie : il n’existe pas d’invariants anthropologiques.
Invariants qui, justement, définiraient l’économie fondamentale, le gros invariant an-historique.
Tout le monde sait qu’il faut travailler pour vivre et que, donc, l’économie (l’organisation technique, l’artisanat, le boulot, etc.) est universelle. Il y a toujours eu de l’économie, même les hommes préhistoriques pensaient économiquement (sans le savoir).
Nous soutenons (à charge de l’expliciter) que l’institution du capitalisme produit une rupture, la rupture de l’économie, et introduit l’économicisation (ou la colonisation) des formes de vie non économiques (anté-économiques, si l’on veut).
Le capitalisme, comme forme élaborée du despotisme le plus archaïque, déploie l’ordre hiérarchique qui définit tout despotisme ; il déploie cet ordre archaïque en le rendant systématique ou total. Et c’est cette systématicité ou totalité (l’interrelation comptable générale, « la finance ») qui définit l’économie.
Le capitalisme doit être envisagé comme systématique (comme économie), comme formation sociale politique totale. Tous les éléments que l’on peut imaginer voir dans des formations despotiques antérieures (comme le travail des esclaves, ou la monnaie pour payer les mercenaires, ou des marchés locaux, etc.), tous ces éléments composants forment désormais une structure et ne prennent sens que par cette systématique.
Si l’on était rigoureux, il faudrait distinguer entre les éléments non interreliés (le travail esclave n’est pas salarié, la monétisation n’a qu’une emprise infime, l’impôt monétaire n’existe pas, etc., les termes travail ou monnaie ou impôt devant être soigneusement redéfinis) et leur systématisation ou leur interrelation générale.
Ainsi la valeur, l’évaluation monétaire universalisée, est la caractéristique centrale du capitalisme, justement parce qu’elle est universelle ; de tous les despotismes, seul le capitalisme est devenu une énorme machine comptable, bientôt mécanisable, avec des agents mécanisés, avec la pensée devenant du travail cognitif (le travail étant défini par sa monétisation, le salariat – le travail concret est défini par le travail abstrait).
Il faut donc dire, radicalement, la valeur est un élément du capitalisme et n’est qu’un élément du capitalisme ; il n’y a pas de valeur hors du capitalisme. De même la monnaie, la base numérique comptable de la valeur, son écriture, est et n’est qu’un élément du capitalisme ; il n’y a pas de monnaie hors du capitalisme.
Si l’on parle rapidement, et avec erreur, de « monnaies non capitalistes », des monnaies archaïques, comme l’or des sauvage (Keynes), il faut toujours avoir en tête qu’il s’agit d’une facilité de langage (qui mène à l’erreur de l’invariant trans-historique et à la téléologie métaphysique) et que ces dites monnaies primitives n’ont rien à voir avec la monnaie (comptable financière) du capitalisme. À ce sujet il est essentiel de comprendre que la monnaie est une simple écriture ; qu’il ne peut y avoir de « monnaie matérielle », que la monnaie n’est pas de l’or (revenir à Keynes dont nous développerons certains thèmes dans le deuxième épisode).
Pour distinguer soigneusement lesdites monnaies primitives de la monnaie capitaliste, la seule monnaie de compte (ou financière), il faudrait utiliser des mots différents.
Mais il semble que les sciences sociales, trop pressées de passer « aux applications », n’ont pas la patience de la conceptualisation rigoureuse.
Au moins pour qu’il y ait monnaie (du) capitalisme, il faut un système bancaire développé, c’est-à-dire un réseau de comptes interreliés (les banques sont des teneurs de comptes qui tiennent la comptabilité de ceux qui ne tiennent pas de comptabilité !).
Le capitalisme est défini par cette interrelation des écritures comptables : il est donc toujours « financier ».
Notons le décalage que nous opérons par rapport à la théorie néoclassique (et par rapport au marxisme métaphysique) : les néoclassiques traitent aussi des interrelations, mais uniquement des interrelations techniques entre des marchés naturalisés, ce qui est l’expression parfaite de l’économie fondamentale mythique (avec des « prix relatifs » non monétaires).
La monnaie étant une écriture, l’écriture de la valeur, la monnaie ne se définissant que par les virements de compte à compte, des écritures comptables, le capitalisme est un système abstrait d’écriture ; une vaste fiction réalisée.
Notons encore que le rejet de la dialectique hégélienne (téléologique) contient le refus de l’idée de « germe » : la monnaie primitive serait « le germe » de la monnaie (du) capitalisme, chercher l’erreur !
Et, bien sûr, mais nous le répétons sans cesse, il faut dire : le travail, toujours mort, est et n’est qu’un élément du capitalisme.
Le travail esclave (si l’on conserve le terme travail) n’est pas « le germe » du travail salarié : ce n’en est que l’analogue structural ; l’homologie esclave – salarié trouve sa place dans une rétroprojection, celle du despotisme déployé vers le despotisme ancien (l’anatomie de l’homme est la clé de l’anatomie du singe : il s’agit d’homologie, non pas de téléologie, même inversée).
Sur ce sujet du travail, nous partageons la critique de Moishe Postone ou la doctrine de la WertKritik (en particulier son Manifeste contre le Travail).
Mais, curieusement, la WertKritik continue de partager une version ancienne du marxisme, celle de la théorie ricardienne de la valeur travail, et, donc, commet une erreur sur la définition de la valeur en parlant de mesure de la valeur et en continuant de se référer à la substance travail (qui est une bonne substance métaphysique). La critique de la WertKritik n’est donc pas allée assez loin ; ce qui amène cette doctrine à continuer à soutenir les idées les plus éculées sur « l’auto-destruction » du capitalisme, ici « auto-destruction » due à l’évanouissement du supposé contenu travail de la valeur. Mais l’analyse de la crise (finale !), par cette WertKritik n’est que la conséquence d’une mauvaise reformulation de la valeur ; malgré la splendide critique du travail.
Nous pouvons écrire :
Doctrine de la valeur travail substantialiste = doctrine du capitalisme sotériologique ou téléologie économiste de la croissance (il faut passer par le capitalisme pour récupérer l’économie substantielle).
Insistons : la doctrine de la valeur travail contient trois erreurs :
(1) Une mauvaise définition de la mesure : non pas mesure de la valeur (ce qui est métaphysique) mais valeur mesure ;
(2) L’incompréhension de la signification de l’opération politico-policière de mesure : la mesure est « abstraction », colonisation, canalisation, réification ; erreur de la réduction de la mesure à la recherche d’une « substance commune numérique » ;
(3) Cercle vicieux de la substance travail qui doit être numérique et, donc, doit être informée par sa forme : la substance a la forme de sa forme, et, donc, cette forme détermine la substance.
Le seul travail, ayant un sens économique, est le travail salarié, le travail évalué, le travail couché dans des livres de compte.
Avec l’impôt, le salariat est un des éléments d’un système comptable monétaire.
L’idée même de « travail mesurable », selon n’importe quelle dimension, temps, chaleur, énergie, n’a de sens que pour le capitalisme universellement comptable. Rétroprojeter cette propriété historiquement spécifique comme « invariant an-historique » est simplement une erreur « européanocentriste », c’est du racisme pur et dur.

La reformulation de la théorie de la valeur en termes directement politiques de despotisme autoritaire, cette reformulation est liée à un projet politique émancipatoire non économique de formes de vie indistinctement anti-capitalistes & anti-économiques.
L’émancipation est l’émancipation HORS de l’économie ; et non pas l’émancipation PAR LA VOIE de l’économie.
Changeons alors de registre ; pour parler du capitalisme comme religion.
La nouvelle laïcité doit être anti-économique et non pas simplement anti-religieuse ; à moins de comprendre que l’économie est la nouvelle religion.
L’émancipation est l’émancipation hors du travail ; et non pas l’émancipation par la généralisation du taylorisme.
SORTIE de l’économie, économie vue comme systématique monétaire comptable, capitalisme, et non pas économie vue comme économie fondamentale physiocratique (cette économie fondamentale n’étant qu’un mythème métaphysique).
Rejet de l’emprise des systèmes techno-scientifiques qui ne sont que des supports matériels des réseaux comptables, la connexion informatique des banques (notons encore que la monnaie est une écriture et que son support est indifférent, le papier étant le plus classique – mais un support d’écriture n’est pas l’écriture, la monnaie n’est pas de l’or).
Le communisme de SORTIE de l’économie sera donc anti-économique, anti-travailliste ; comme il est anti-démocrate (« la démocratie » n’étant que le prête nom du despotisme).

Résumons la reformulation.
Pour définir le concept de Marchandise-H en termes de grandeur mesurable évaluable ou pour définir le travail comme travail abstrait salarié et inscriptible en compte monétaire, il faut d’abord définir un champ de mesure, le chant de la valeur.
Le chant de la valeur est un espace de mesure constitué par géométrisation.
La géométrisation est une géo-maîtrisation politique.
Cet espace de mesure peut être écrit comme un triplet (E, F, m) où E le domaine des grandeurs abstraites politico-sociales symbolique (la marchandise abstraite est un objet symbolique à la Baudrillard), donc où E est homogène au domaine F des comptes.
Il est important de noter que cet espace F de mesure, de comptabilisation, est préalable : c’est cela que signifie colonisation. Le compte vient toujours avant l’objet.
Dans le triplet (E, F, m) les grandeurs mesurables, marchandises abstraites social-politiques symboliques, ne sont plus que des objets comptables définis et constitués par leur mesure comptable.
Il est donc impossible, comme nous l’avons expliqué plus haut, d’envisager les marchandises abstraites, dont le travail, comme des objets « doubles ».
Dans le chant de la valeur il n’y a pas de place pour des choses « empiriques concrètes ».
C’est pourquoi un « capitalisme vert » est une impossibilité.
Nous pouvons présenter la géo-maîtrisation, l’abstraction réalisée ou incarnée, au moyen d’une critique de la dialectique du travail.
Mais nous pouvons également la présenter en termes de processus historique, le processus de la colonisation capitaliste, l’accumulation primitive permanente.
Bien entendu, ces deux présentations, critique de la dialectique du travail et analyse historiale non téléologique, auxquelles nous pourrions ajouter une reformulation de l’anthropologie politique manière Alain Testart, ces présentations appartiennent à des ordres totalement différents qui ne sont combinés que pour leur effet de rupture.
Ce que cache l’analyse substantialiste de la valeur, en termes de substance travail, est le processus historial de colonisation ou de réduction de l’agir au travail, travail enrégimenté, organisé, calculable ; la théorie de la valeur travail refoule l’opération militaro-politique de réduction de l’invention institutionnelle, comment composer une forme de vie communiste, à la techno-politique du pouvoir hiérarchisé. Ce que cache le soi-disant universel technique du « il faut toujours travailler » est un processus politique de renforcement de la domination.
La possibilité même de l’évaluation sans limites, de l’extension illimitée du champ de la valeur, exprime le renforcement de l’autoritarisme du despotisme économique. Ce despotisme que nous nommons toujours éco-Nomique ou étho-Nomique processus de normalisation de tous les aspects de la vie, processus nomothétique et performatif, « la civilisation ».
Et pour finir par l’École de Francfort : tout progrès de la civilisation est un progrès de la barbarie.

Copule
Mathèmes de la Domination Mesure : le schématisme énergétique

Cette section copulatoire a pour objet d’introduire le deuxième épisode (qui sera, lui-même, scindé en deux, pour des raisons d’espace).

Le cadre du schématisme a été donné dans le série Punk anarchism, Punk anarchism, lundimatin, LM 277 et suite, à partir du 1er mars 2021, 10 épisodes + Épilogue (voir note 8).
Résumons les points essentiels.
Nous partons de la dualité Réel / Réal (réalité réalisée).
Cette dualité est une formalisation du thème de la guerre (civile).
Le Réel est déterminant en dernière instance (DDI).
Nommons le Matière Énergie.
Ce Réel est non consistant, anté-catégorique.
On peut le considérer comme le Vide, vide de déterminations.
Mais aussi comme l’anti-Réal, le vide de réalisations.
Ce Réel est un chaosmos de poussées à vide chaos-logiques.
Le Réel est l’ensemble des puissances négatives destituantes ; qui propagent le chaos dans la réalité.
Pour le dire autrement : au début se trouve la rébellion, la force faible ou pauvre ; mais ces forces faibles sont désastreuses.
Le Réel est « source de tout » : de l’énergie illimitée du vivre, ou de la rage de vivre, de la violence (vie-aux-lances).
Ce Réel est la généralisation non métaphysique du Travail ; généralisation négative ou « vidée ».
Le Réal de la réalité effective est constituant, sans être déterminant.
Le pouvoir est producteur ; et la production est effet de pouvoir.
La question fondamentale de la composition d’un ordre effectif Réal est celui d’arrêter le mouvement désastreux de la puissance destituante Réelle ; tout en en conservant l’énergie.
Comment rendre harmonieux le désastre ou comment mettre de l’ordre dans le chaos ? Tâche à la fois nécessaire ET vaine (dualité de la guerre civile).
Dualité (non dualiste et sans résolution) signifie qu’il est nécessaire de poser deux axiomes pour déployer la théorie des institutions (ou de la valeur).
Si le Réel est DDI, source de l’institution (la poussée de vie), source de toute énergie, néanmoins ce Réel ne « produit » pas l’institution.
Pour employer un vieux vocabulaire, l’institution (la valeur) est « auto-constituée ».
La réalité Réale est constituée par captation ou retournement de l’énergie Réelle.
Comme l’énergie Réelle n’a pas de SENS (elle est non métaphysique, ni téléologique ni finalisée), elle a besoin d’être DIRIGÉE, conduite.
Tout ordre social est une CONDUITE d’ÉNERGIE.
Le pouvoir réalisé est une centrale de captation d’énergie et de transformation « productive » de cette énergie à vide.
Le pouvoir est donc constituant, architectural, bâtisseur, organisateur. Tout ce qui se nomme RICHESSE.
Mais toute richesse sera détruite (en dualité).
La seule matière disponible pour le pouvoir et la production est la rage de vivre ; qui est finalement désastreuse. On peut nommer cette rage de vivre « liberté » (mais liberté toujours négative) ; elle constitue l’agir, en Réel, et désubstructurant.
L’agir est négatif ; et sa captation transformation en force est un problème redoutable et religieux.
Comme la caractéristique de l’agir (Réel) est d’être SANS SENS (ou d’être un NON SENS), la première étape de la captation consiste à générer du SENS (ce qui est un travail religieux).
Pour l’analyse en dualité, non métaphysique, l’agir sans sens prend la place du travail orienté, ce thème téléologique du dualisme métaphysique.
Il n’y a pas d’autre Réel que la rébellion : dégoût, refus, rejet, révolte, rébellion, insurrection.

Seul le soulèvement est Réel : c’est le mouvement de la puissance rebelle, une puissance d’agir, mais négative, improductive.
Cette puissance est celle de la femme indigène pauvre, naufragée, méprisée, humiliée.
Cette force pauvre qui ne peut jamais être annihilée (« la vie ») ; toujours elle sera en mouvement, là, maintenant, ou ailleurs, bientôt. Sans autre but que le mouvement sans but.
C’est la force qui électrise le monde, l’énergie inépuisable, durable, renouvelable à l’infini, de l’origine du monde.
Cette force est l’inconsistance permanente qui détruit tout par son agir insurrectionnel.
Le Réel fait du monde un chaos qu’il est impossible de stabiliser définitivement.
Alors le monde réalité réalisée apparaît comme prison (ou caverne).
Le monde est l’effet canalisé de la puissance Réelle, mais ce monde n’est pas lui-même Réel ; c’est un artefact constituant la réalité, royale, dominante.
Comme un château fort ou une haute tour de guet qui menacent la plaine électrique.
Mais, pierre à pierre, ce château a été élevé par la captation des forces pauvres et par la machination de ces forces.
Le château de la domination surveille, menace, est le lieu de cohésion des bandes esclavagistes ; ce château qui dépend de la puissance négative (à vide) qu’il réprime, en transformant la puissance en force productive exploitable ; comme un château flottant dans les nuages ; comme une image maléfique, un dieu méchant, une idole sanguinaire.
Devant laquelle tous plient le genoux et détournent le regard.
Ce dieu de pacotille qui fixe pour tous leur mesure, leur place, leur action, leur travail.
Au château, les machinistes s’affairent : sans cesse capter l’énergie inépuisable et si redoutable ; transformer l’inconsistance durable de cette énergie en flux régulier et permanent.
Tout en connaissant sa dangerosité renouvelée ; tout en acceptant que le chaos que cette énergie propage soit inévitablement, et mortellement, la force motrice de la machine énergétique humaine.
La machine énergétique humaine est une machine religieuse : machine double théologico-politique à la Agamben-Esposito.
La valeur est la production de la machine théologico-politique ; production religieuse pour constituer une emprise sur l’énergie humaine en lui conférant un sens, sens toujours religieux.

[1Le keynéso-marxisme étant aussi important que le freudo-marxisme, ou le lacano-marxisme, comme étape intermédiaire de la critique.

Renvoyons au plus classique : Paul Mattick :
Marx et Keynes, Les limites de l’économie mixte, publié en 1969 ; achevé en 1953 ;
Theory as Critique, Essays on Capital, 1944-1970, reedition 2018 ; this book is a collection of essays previously published and now reelaborated.
Cet ouvrage très important contient les chapitres suivants, qui nous concernent au premier chef :
2. Marx’s Abstraction, 3. Questions of Method, 4. Theory as Critique ;

Lire la note de Charles Reeve, sur le dernier ouvrage de Paul Mattick, Marxisme, dernier refuge de la bourgeoisie, édition posthume, 2011 :
Charles Reeve, entremonde.net, Éditions Entremonde.

[2La mesure de l’humain, qu’elle soit morale, monétaire ou comptable, la morale se définissant en termes comptables (« les gens de peu », les pégreleux), la mesure comparative de l’humain est la base de toute société et de toute économie.
Il faudrait, sans cesse, revenir à cette inégalité essentielle, inégalité assumée comme « ordre » ou hiérarchie, ordre sacré.
Il ne peut exister d’ordre social sans comparaison des humains, et donc sans mesure de ces humains.
Le despotisme, qui culmine dans le capitalisme, est un ordre moral inégalitaire ; qui « sait » distinguer les « gens de bien » (avec des « biens », il faudra sans cesse revenir sur ce terme moral, central en économie, « les biens ») et les « gens de rien ».
Évidemment nous commentons La Généalogie de la Morale de Nietzsche !
Par-delà le bien et le mal, ainsi pourrait s’introduire « la loi de la valeur », ce code du capitalisme, l’expression codifiée, numérique, rigide, de la hiérarchie (du) despotisme.

[3Il faut commencer par lire Pierre Lascoumes.
Favoritisme et corruption à la française, petits arrangements avec la probité, 2010 ;
Sociologie des élites délinquantes, de la criminalité en col blanc à la corruption politique, seconde édition, 2018 ;
L’économie morale des élites dirigeantes, 2022.
Nous posons toujours « la corruption » comme un thème central ; qui ne peut introduire, au cœur des dispositifs, la corruption, ne sera jamais capable d’analyser la dynamique de ces dispositifs.

[4Revue du Crieur N° 15, UBER EATS, Comment le capitalisme dévore l’avenir ;
Repris dans Médiapart, 12 juillet 2022.

[5Uber Files : un asservissement volontaire aux intérêts privés, Médiapart, Martine Orange, 12 juillet 2022.

[6Voir, par exemple, Fascisme ou Économisme Ultra ? Nous voulons les deux, lundimatin, LM 164, 8 novembre 2018.

[7L’analyse marxiste du fétichisme est une étape obligatoire. Mais cette analyse marxiste, cacher les relations sociales derrière le choix « libre » des consommateurs, consommateurs qui, par fabrication d’usine, DÉNIENT l’ordonnancement productif, avec sa prédation, sa corruption, son exploitation, son manque d’honnêteté, le vol, le pillage, l’assassinat, les désastres écologiques (« il faut du gaz » !), cette analyse marxiste du fétichisme est incomplète.
Il faut retravailler Jean Baudrillard, pour dépasser ce stade critique (et introduire le consommateur fabriqué en usine ; rappelons que l’économie ne s’intéresse pas à la production des choses, mais à la production des humains disciplinés ; l’économie n’est pas un système technique, mais un système politique de mise en ordre hiérarchique – voir note suivante 8, Qu’est-ce que l’économie, LM 59).
La Marchandise-H est un objet symbolique, au sens de Baudrillard.
Le système des objets, La consommation des signes, 1968 ;
Pour une critique de l’économie politique du signe, 1972 ;
L’échange symbolique et la mort, 1976.

[8Une précédente analyse critique,
Signification politique de la théorie de la valeur, lundimatin, LM 346, 4 juillet 2022, combinée à :
L’autonomie relative, lundimatin, LM 343, 13 juin 2022,
peuvent servir d’introduction à cette longue explication (où « nous allons nous expliquer »).
Mais, encore une fois, toute la partie critique du métaphysique, et, ici, critique du dualisme, ne sera qu’évoquée, bien que ce soit la plus importante déconstruction à effectuer : la critique de la dialectique dualiste.
Nous devons là renvoyer à notre longue critique de la dialectique dualiste :
Punk anarchism, lundimatin, LM 277 et suite, à partir du 1er mars 2021, 10 épisodes + Épilogue.
Ce dernier texte est beaucoup plus détaillé, concernant la critique du dualisme dialectique métaphysique.
Maintenant, cette présente analyse, l’analyse politique de l’économie, reprend, de manière plus technique, de plus anciennes analyses :
Qu’est-ce que l’économie ? lundimatin, LM 59, 3 mai 2016 ;
La série Pacification et Colonisation, lundimatin, LM 123 du 20 novembre 2017 à LM 130 du 22 janvier 2018 ;
Suivie de :
Refermer le plus ancien débat sur la valeur,
Troisième Série, Le noyau politique colonial de l’économie, la valeur, lundimatin, LM 135 du 28 février 2018, LM 143 du 23 avril 2018.

[9Nous introduisons ainsi « le fétichisme ».
Dire que la marchandise-H est indifférente revient à dire qu’il est indifférent au consommateur de connaître « les conditions sociales de la production » : le consommateur est un indifférent conformiste ; attrapé par la verroterie clinquante ou ostentatoire des palaces de la séparation (apartheid).

Sur la cochonnerie nommée « bien » (et chemin du paradis) :
Ulrich Brand, Markus Wissen, Le Mode de Vie Impérial, 2021 ;
Stefano Boni, Homo Confort, 2022 ;
Razmig Keucheyan, Les Besoins Artificiels,2019, La Nature est un Champ de Bataille, 2018 ;
Et dans un genre plus ostentatoire :
Grégory Salle, Superyachts, 2021.

[10Relire note 8 et :
Signification politique de la théorie de la valeur, lundimatin, LM 346, 4 juillet 2022.

[11Cette proposition n’étant qu’une expression particulière de la fameuse question « des mots et des choses ». Nous y reviendrons en détail : la comptabilité est un système d’écriture avec une langue particulière, numérique, exprimée monétairement ; la monnaie, le système monétaire, n’étant qu’un système d’écritures comptables. Une gigantesque fiction performative (un texte religieux).

Jacques Fradin Économiste anti-économique, mathématicien en guerre contre l'évaluation, Jacques Fradin mène depuis 40 ans un minutieux travail de généalogie du capitalisme.
lundimatin c'est tous les lundi matin, et si vous le voulez,
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