Agathe ou l’effraction

Remarques – faites par la jeune fille – sur le harcèlement de rue

paru dans lundimatin#493, le 20 octobre 2025

#### ########, jeune fille, a fait oralement devant nous des récits, et des réflexions attenantes à ces récits – que nous avons pris en note et dactylographiés aussitôt. Rien n’a été ajouté ou inventé – et transformé presque rien, sinon pour raisons euphoniques ou rythmiques (afin que le texte s’il devait être donné à voix haute puisse porter). #### ######## a participé avec nous à ce retravail.
Emma Fournier / Frédéric Metz

« Mais le vert paradis des amours enfantines... »
Baudelaire

LA MAIN [1/4]

La jeune fille. –
Une fois, à Charles-de-Gaulle, à Rennes,
un homme, qui devait être une sorte de clodo,
m’aborde. Il dit vouloir me serrer la main.
Je la lui tends. Il la porte à sa bouche.
Il ne la baise pas comme on ferait un baise-main.
Il fait plutôt quelque chose
dans ma paume
qui s’apparente à un suçon. Alors,
je lui retire ma main. 
Après, j’ai une impression étrange
(qui me fait culpabiliser) : je sens
ma main droite plus lourde que ma main gauche ;
je sens
la nécessité de la laver – aussitôt.
Je suis mal à l’aise d’éprouver cela.
Et quand même je trouve vite un lavabo :
où je lave ma main.

LA MAIN [2/4]

La jeune fille. –
Dans le métro (quelque temps après),
un homme saisit ma main. (C’était
hormis mon visage le seul morceau de chair
qui sortait de mes vêtements.) Il commence
à lécher ma main. Je lui dis : « Je dois
sortir. Je dois descendre. » Il continue.
Il lèche ma main. Si je tire pour la reprendre,
il la retient de force. De sorte
que la seule manière dont je peux m’en sortir,
c’est, au lieu de tirer en arrière, de donner
un coup en avant – vers son visage.
Ce que je fais – et alors
en effet il me lâche.
Celui-ci n’est pas un clodo. (Mais c’était
quelqu’un qui – d’une certaine manière –
sentait la misère.)

LA MAIN [3/4]

La jeune fille. –
Je me suis demandé – après –
ce qui pouvait pousser des hommes
à faire ça. Parce que
ça m’est arrivé aussi qu’un type veuille
m’entraîner quelque part, dans un appartement :
pour coucher avec moi. Mais là, ces hommes,
c’était différent : ils ne semblaient pas
avoir d’autre fin que de
prendre ma main, de la porter
à leur bouche… J’ai commencé
à me dire que ce n’était pas une drague, cela – alors que
d’habitude pour parler de harcèlement on dit : « C’est une
drague devenue “pesante”, “collante”, et cetera. » Or,
de la façon que s’y prennent ceux-là – non,
ils n’ont même pas l’intention
de séduire la femme et de l’emmener
avec eux dans un lit ou ailleurs. Il n’y a
pas cet espoir
en eux. Mais dans ce cas :
qu’est-ce que c’est ce qu’ils font – quand
ils prennent
pour la porter à leur bouche
ma main ?

UN MENDIANT

La jeune fille. –
« — Vous avez pas une pièce ? » me demande
un type qui fait la manche. Je réponds : « Non,
je ne crois pas... » (Il se trouve que j’étais chargée,
il pleuvait, je n’avais pas d’argent en poche.
J’étais à Dieppe ce jour-là, en vacances pourtant.)
Je mets mon sac à terre pour y fouiller au cas où
— mais le préviens : « – Peu probable
que j’aie quelque chose. Attendez, je cherche. »
Il me regarde, étonné. Et il dit
(il était ivre mais semblait lucide) :
« – C’est bizarre, normalement les jolies femmes,
elles s’arrêtent pas... » Dans un élan – ou réflexe –
de féminisme, je réponds : « – Tu
exagères, tu te permets de dire ça sur les femmes…
Est-ce que tu dirais des hommes beaux, pareillement,
qu’ils ne s’arrêtent pas… ? » Il me regarde,
encore plus surpris. Il sourit. Après
un temps, il dit : « Tu ne comprends pas.
Ceux qui s’arrêtent pas : c’est
les belles femmes et les hommes riches… »
Je ne sais même plus ensuite si j’ai
ou non trouvé une pièce à lui donner. Il avait l’air
de s’amuser de
ce que je ne le comprenais pas.

CELUI DE LA DALLE DE VILLEJEAN [1/2]

La jeune fille. –
Celui de la dalle de Villejean, c’est Celui qui
m’a mis un doigt. Quand je le rencontre dans mon quartier,
sur la dalle,
il dit : « T’es chaude, salope ! T’es chaude ! » en
se prenant la tête dans les mains… Et alors le o
de chaude est un o
qui dure un temps très long :
ce o dure tout le temps que le type laisse sa tête dans ses mains, cessant
de me regarder.
(Dans ses poings ses doigts se crispent.)
Puis il sort sa tête de ses mains et
— à nouveau —
il me regarde.

RUE LE BASTARD. EFFRACTION. [1/4]

La jeune fille. –
Rue Le Bastard à Rennes, de loin,
sur moi je sens les regards d’un type : ce sont
des regards transperçants. De ceux
que les femmes apprennent à sentir
dans la rue, sur elles.
C’est un homme noir, assez jeune, pas un clodo,
pas un bourge non plus – plutôt « mec de quartier »,
bien sapé.
La réaction – spontanée – quand on est
une femme, dans la rue, et qu’on
reçoit des regards aussi transperçants c’est :
détourner les yeux. Ne pas
offrir d’accroche – en vue de l’instant
où il sera à notre hauteur. (Et me suis rappelé
la phrase du mendiant, à Dieppe : « Elles
ne s’arrêtent pas. »)
Son regard essayait de capturer le mien,
— qui se détournait —, essayait
de me ramener à lui.
Il arrive
à ma hauteur :
et là, il fait comme ça. (Geste.)
C’est-à-dire : il a approché sa tête
de ma tête, très près.
Il a
fait comme s’il allait me donner un baiser – mais,
à quelques centimètres de ma bouche, à ça (Geste),
s’est arrêté. Il aurait pu atteindre ma bouche,
par surprise, faire le baiser.
Il ne l’a fait pas. Il s’est arrêté.

UN AUTRE, AILLEURS. EFFRACTION. [2/4]

La jeune fille. –
Je ne me souviens pas
— avec celui-là — du regard
qui a existé en amont mais
dans la rue au moment de passer
à ma hauteur lui aussi a
pénétré mon champ de vision.
Il est
entré dans l’espèce de bulle que j’avais créée et qui
devait me
protéger contre lui.
Mais il entre – comme pour se rappeler à moi. Alors
c’est presque comme si j’entendais (dans ses yeux ?)
une voix qui me crie : « Tu ne veux pas me voir ! Oui mais
tu vas me voir  ! » Lui aussi arrête
son geste
à quelques centimètres de mon visage,
à ça. (Geste.)
Il ne fait pas de baiser sur moi. C’est comme si son geste
consistait à dire
seulement
qu’il existe ;
et que je ne puis faire,
— n’ai pas le pouvoir de faire —
qu’il n’existe pas.

ENTRÉE D’UN IMMEUBLE

La jeune fille. –
Dans l’entrée d’un immeuble
un jour (mais c’est un exemple
très différent, je vais dire pourquoi),
un type avait saisi mon bras, là (Geste),
au-dessus du coude. J’avais perçu
une intention : je veux dire qu’il faisait cela pour ensuite
faire autre chose. Alors, pour me dégager je lui ai donné
dans les testicules
un coup de pied. Si j’ai fait ça,
c’est parce que j’ai senti une intention…. J’ai senti
une intention qui dépassait
ce qui était en train de se passer.
(Et j’ai senti dans cette intention un danger.)
Tandis que non, dans les autres choses que j’ai racontées,
— avec la main qu’ils lèchent —
— avec le visage dont ils s’approchent à ça —
non là
il se passait
— et c’est pour ça que je n’avais pas peur —
seulement ce qui se passait.

EFFRACTION [3/4]

La jeune fille. –
Quand c’est comme ça et que je sens
sur moi commencer à peser leur regard,
de loin,
à mesure qu’ils approchent, mon pas
se fait plus rapide : comme si j’étais
pressée et que je ne pouvais pas m’arrêter ;
comme si j’avais à faire
bientôt
quelque chose d’important.

EFFRACTION. PARIS. [4/4]

La jeune fille. –
Une autre fois – c’est à Paris –
c’est rare que je sois à Paris et je connais mal la ville –
je marchais et j’ai croisé un homme
très bien habillé, il portait
une belle chemise, bien repassée – sans doute était-il
d’une classe sociale supérieure.
Et dans ses yeux au moment de
me croiser, un regard transperçant
— de la sorte de ceux que j’ai dits. J’évite
ce regard, sachant la galère qui pour moi s’ensuit sinon.
Il me croise sans rien dire ni rien faire.
Mais après un certain temps, j’ai
entendu des pas derrière moi, qui se rapprochaient.
Les pas qui se rapprochaient, ça voulait dire
qu’il avait fait demi-tour. Je me retourne.
(Il ne faudrait pas se retourner. Mais avec les pas
qui se rapprochent, à force,
derrière soi, on ne peut pas faire autrement.)
Alors il me parle, aussitôt il dit qu’il est patron de je ne sais
plus quelle entreprise, qu’il a
tout près d’ici
un bel appartement
(sachant que nous sommes dans le centre de Paris).
Il me propose de me loger, me propose –
parce qu’il a vu mon appareil photo à mon cou –
un travail (en tant qu’illustratrice ou en tant que
par exemple
graphiste dans sa boîte).
Il joue
ses cartes.
(J’ai pensé après coup : « Lui, il n’entre pas dans ta bulle.
Regarde : Il ne fait pas d’effraction. Il joue ses cartes. »)
Ça a duré très longtemps ; il me suivait
toujours. À un moment,
on a croisé une dame roumaine qui faisait la manche,
et qui m’a sollicitée. Elle m’a parlé un moment,
de ses enfants, et cetera.
Ça m’a débarrassée de lui.

CELUI DE LA DALLE DE VILLEJEAN [2/2]

La jeune fille. –
Je le croise un jour, exceptionnellement dans le métro.
Il était très alcoolisé.
(Celui dont je parle là c’est Celui
de la dalle de Villejean : et presque tous les jours
nous nous croisons dans le quartier.)
(Je ne sais, cependant,
si lui me reconnaît, d’une fois sur l’autre.
Rien ne ramène jamais, dans
ce qu’il dit ou fait, au souvenir d’une entrevue précédente.
Mais il dit à chaque fois : « T’es chaude ! »
ou il dit : « T’es bonne ! »
Et pendant qu’il dit cela, il
est courbé en avant,
comme j’ai dit,
il penche sa tête
en l’enserrant dans ses mains
en étau – comme j’ai dit.)
Dans le métro ce jour-là il a commencé
par dire des choses qui ressemblent
à des compliments vulgaires. Et c’était comme si
sa pensée devenait des paroles aussitôt ; comme si
ce qu’il disait ne s’adressait même pas à moi ; exprimait
des désirs – contenus dans le dedans de lui – seulement.
Et en parlant il s’approchait… Il était à ça maintenant (Geste)
de mon visage.
Il me disait : « J’ai envie de te mettre ma bite. »
Ou bien il disait : « J’ai envie de te baiser. » Peut-être d’ailleurs
disait-il ou que j’entendais seulement :
« J’ai envie de baiser. » Ce que je sentais c’était
contre mon visage sa vinasse. Il m’avait
bloquée à l’arrière du métro. Au début, des gens
se trouvaient
près de nous.
Mais ensuite j’ai vu que les gens s’étaient éloignés ;
et puis j’ai vu qu’ils s’étaient tournés dans l’autre sens.
(Quand un clodo délire dans la rue, on voit les gens s’écarter :
c’est comme s’il y avait une énergie qui les faisait s’écarter.)
D’un coup il a
passé sa main sous ma jupe,
la main est passée sous la culotte,
ses doigts sont entrés en moi,
pas entièrement –
de ça (Geste).
D’une phalange.
Il n’y a pas eu de violence au sens où il aurait tenté
de me maintenir. Mais
par la vitesse, par la surprise,
il est entré en moi –
de cette façon.
(On définit le viol – je sais – comme une pénétration
forcée – obtenue par
la « violence », le « chantage », ou la « surprise ».)
Ses doigts sont rentrés… ça a été…
je sentais des doigts
en moi mais c’est pas
la sensation de ses doigts
dans mon sexe... Ça m’a pas fait mal... C’est pas
le contact de ses doigts dans mon sexe, mais
c’est la vinasse et
c’était comme si l’odeur elle
rentrait à l’intérieur de moi…
J’ai fait un geste comme ça. 
(Geste, qui est un coup donné dans le visage.)
Je n’ai pas même donné ce coup pour me libérer. (J’aurais
pu m’écarter sur le côté…). Mais c’était
plutôt répondre
par un autre geste – et qui allait dans l’autre sens –
à son geste à lui.
(Je dis « répondre » parce que c’était
la première fois que je lui
répondais vraiment. Toutes les autres
fois, quand sur la dalle je disais « Je dois
prendre mon métro », « Je dois
y aller », ce n’était pas du tout répondre
à cela qu’il disait.)
Il s’est écarté, je suis sortie
à la station
où la porte s’ouvrait.
Pourquoi je suis
sortie à Pontchaillou – alors que
c’était pas du tout ma station je ne sais pas. C’était
peut-être juste dans le
prolongement de tous ces gestes,
il fallait que ça se continue dans un élan… J’ai
fait à pied tout le chemin qui restait. En marchant je pensais : « Mais, espèce de gros débile, tu voyais pas qu’il y avait
une caméra au-dessus de nous ? Tu voyais pas
que la caméra filmait tout ? » Et je lui
en voulais d’être aussi bête qu’il était. « Tout ça
pour mettre dans mon sexe
son doigt
pendant une seconde. » Je ressentais
une espèce de rage. « T’es même pas capable
de jouer pour ton propre intérêt… ! » « Tu n’as même pas conscience de ce que tu fais ou veux faire. Tellement tu es... taré… ! » « Tellement tu es paumé ! » J’ai marché
jusqu’à Sainte-Anne.
Je suis arrivée en retard.

LA MAIN [4/4]

La jeune fille. –
Sur le clodo de Charles-de-Gaulle, celui
de la main – qu’il a sucée – dont j’ai parlé en premier :
en partant, je sentais ma main – comme j’ai dit –
sale – et j’avais vu son regard : c’était
un regard très – comment dire – pas un
regard agressif : un regard assez doux,
lointain.
En mémoire me sont revenues des paroles
d’une chanson que chante
un chanteur communiste, que j’écoutais
quand j’étais enfant : « Vous voudriez
au ciel bleu croire, je le connais
ce sentiment. » Ce n’est pas au sens où le type aurait eu
un regard plein d’espoir, mais dans ce regard qu’il levait
vers moi
on voyait que brillait
un désir merveilleux.
En me rappelant après coup si souvent
tous ces regards – aussi ceux de ceux
qui avaient approché si près leurs yeux
de moi
quand ils avaient fait effraction dans ma bulle –
j’ai cru trouver une ressemblance avec la manière
dont plusieurs fois aussi j’avais
regardé
des « bourgeois » – lesquels avaient
(mes parents étaient des prolos)
(et c’est par eux que je connais le chanteur
communiste dont j’ai parlé)
cet air de dédain infini ; et je me suis souvenue que j’avais eu
parfois
distinctement l’impression d’être transparente
pour eux.
Et je me suis souvenue du désir que j’avais eu de leur éclater
au visage et de leur
(« J’y crois aussi moi par moments... »
« Parfois... »
« J’y crois aussi je vous l’avoue... »)
faire sentir qu’il n’était pas vrai que mon existence fût
(fût !)
(fût ! parce qu’alors je voulais apprendre pour
cette raison à bien parler)
inférieure à la leur.

DISCUSSION AVEC AMAZONE, 15 ANS

La jeune fille. –
Je discute avec Amazone, quinze ans.
Je dis : « – Huck… Huckleberry
Finn – tu sais ? – l’ami de Tom Sawyer : il
apporte à ceux qu’il sait être des criminels
à manger
(car ils sont sur un radeau au milieu du fleuve,
sans avoir plus rien à manger),
en se disant : “Qui sait si un jour
sur le radeau
ce ne sera pas moi qui serai ?” »
À l’adolescence on est mieux qu’à
n’importe quel autre âge placé pour
comprendre comment on peut devenir criminel.
« – Alors c’est peut-être, dit-elle,
c’est peut-être un désir d’effraction, d’accord, mais
comme on peut avoir quand
on va voler un objet très cher et dont
on n’aurait pas besoin et c’est
pas tant de posséder l’objet en tant
qu’on va pouvoir l’utiliser après mais plutôt c’est :
voler quelque chose qu’on n’aurait pas dû avoir,
et qu’en vérité on n’aura jamais ! »
Au musée elle remarque
Vulcain dans la forge suant.
(Vénus à la porte apparaît.)

BLOCAGE. PRINTEMPS 2023.

La jeune fille. –
Lors des blocages de la rocade, à Rennes
(c’était pendant la lutte contre la Réforme
des retraites, en avril), on arrêtait
les voitures ; on faisait
ce qu’on appelle un « barrage filtrant ». J’ai
arrêté la voiture d’une femme qui aussitôt
a fait des gestes énervés : puis elle
a dit être DRH chez Carrefour.
J’ai dit aux camarades en riant
(pour un instant j’avais
le pouvoir sur le corps de cette personne) : « Celle-là, on
la garde au chaud. Quinze minutes ! », quand les autres on
ne les arrêtait généralement que quatre ou cinq minutes.
Alors elle est sortie
de sa voiture. Elle a marché
droit sur moi : « Savourez, a-t-elle dit,
vos quinze minutes de gloire :
parce que le reste du temps vous n’êtes rien. »
Pour ne pas perdre contenance j’ai
dit à la cantonade : « On va
plutôt la garder trente minutes,
alors... »
(Et puis au bout de dix minutes on a ouvert la barrière. Elle nous
regardait –
très fixement.)

UN PARKING

La jeune fille. –
Au moment de me rasseoir dans la voiture, mon mouvement
sans doute
a fait que s’est découvert
sur ma cuisse
le haut de mon bas : et je vois qu’assis
dans la voiture d’à côté
(c’était l’été, j’attendais un ami sur le parking du cabinet
médical),
un type
se met à fixer éperdument
l’endroit dénudé.
Il se crispe, on dirait qu’il veut
de toute sa volonté arrêter de regarder.
(À le voir, on se dit que certainement
regarder de cette façon lui fait mal.)
Pour finir,
il fait
descendre sa main
droite
sur sa cuisse –
à l’endroit précis qui serait ou aurait été
sur ma cuisse
l’endroit de peau dénudé –
et là, à cet endroit se griffe,
avec son ongle – frénétiquement –
il se griffe.
Après je ferme la portière, j’attends.
Il ne se passe rien d’autre.

FIN

Image : Le Nain, « Vulcain dans sa forge, visité par Vénus » (détail). (Tableau du musée de Reims prêté à Rennes, 2020-2025, pendant travaux.)

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