Le texte qui suit a été rédigé par les vidéastes qui nous ont transmis ce document.
Mais que font les caméras ?
Cette publication répond à une urgence. Elle est à la fois le témoin d’un instant et d’une époque. Se retrouver en possession d’un tel matériau interroge la place de l’image. Il a fallu penser le sens politique de cette dernière et son utilité.
Là où nous voulions compléter, additionner une pratique cinématographique aux multiples formes d’engagements déjà en œuvre pour résister à la violence institutionnalisée, c’est finalement pour répondre à un manque que nous publions ce film.
La logique d’occultation systématique des violences policières s’inscrit par essence dans leurs pratiques. En témoignent les attitudes et les corps, qui se trahissent en tentant de dissimuler. Mais la police se compromet également en faisant disparaître ses propres traces et laisse un vide qui doit être interrogé : Où sont les images des caméras de vidéosurveillance ?
En aucun cas nous n’invoquons la preuve par l’image à travers ce type dispositif, car ici c’est bien l’absence d’image qui condamne les actes. En plus d’engager une évidente culpabilité policière, c’est encore le système de vidéosurveillance qui se fissure entièrement.
Dans ce contexte, il nous semble également nécessaire d’ignorer la simple présentation des faits pour ce qu’ils sont. Filmer ne doit pas être qu’un moyen de défense, dans la faible mesure où la présence d’une caméra retient parfois quelques coups de matraque, mais également une force, un moyen d’inventer ce qu’on nous dissimule. Il ne s’agit pas de rétablir une vérité mais de mettre à jour le mensonge.
Qannes